Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée
2097
2098
PIGH1 (ALBERT) ŒUVRES.


les conséquences que L’esprit <le système en avait antérieurement Urées. Le t. VI, enfin, est consacré à l’étude des conciles. Pighi y prend vivement à partie la théorie conciliaire professée à Bàle, au début du xve siècle, et Gerson qui en était le plus illustre représentant. Bien loin que les conciles puissent avoir une autorité supérieure à celle du pape, leur autorité, en définitive, ne provient que de la délégation que leur donne celui-ci. Leur rôle, purement consultatif, est indiqué par leur nom même. Conciliorum quod sit opus proprium indicari ipsa ratione nominis, nem.pt consultare consiliaque conferre et irwenire cjuid melius aut utilius : (il agendi excquendique qu.se deliberando inventa siint non fam esse concilii opus, ut ejusmodi, sed ad sununam in Republica aulhorilatem perlincre. Cette auihoritas summa est celle du pape. Plusieurs théologiens, dès cette épocpie, trouvèrent que certaines exagérations déparaient un livre par ailleurs excellent ; les gallicans du xvii siècle lui seront plus sévères encore. Mais l’ouvrage fait certainement époque.

3° Controversiarum pneeipuarum in comitiis Ralisponensitus tractatarum et quittas nune exagilatur Christi fides et religio diligens et lueulenla explicatio, Cologne, mars 1542 (les neuf premières controverses sont foliotées, i-cxxv ; à partir de la 10e controverse, il n’y a plus de foliotation) ; en appendice se lit une dissertation, De divorliatorum novis conjugiis et uxorum pluralitate (5 fol.) et une autre De actis quæ nuper emissa eireumjeruntur VI et VII synodorum, quod parengrapha sint et minime germana (16 fol.) ; il y a une édition de Cologne, 1545, présentée comme ab ipso autore summa diligentia sub mortem recognita, non foliotée, mais qui reproduit très exactement l’édition de 1542, sauf la dissertation sur les VIe et VIIe conciles ; je n’ai pas vu les autres éditions signalées dans Paquot, p. 184 : Paris, 1542 ; Paris, 1543 ; Paris, 1549 ; Paris, 1586, sous le titre : Explicationes catholiese prsecipuarum controversiarum, etc.

La publication de ce livre a toute une histoire qui se traduit du reste dans l’aspect extérieur de l’édition que nous avons décrite. Pighi avait certainement commencé cet ouvrage avant le colloque de Worms. C’est de lui qu’il parle dans une lettre du 5 mars 1540 au cardinal Alexandre Farnèse, donnée dans Zeitschr. fur Kirchengesch., toc. cit., p. 117 sq. ; l’ouvrage aurait porté le titre de LTep !. àp-/6>v, aut de principiis novæ ejus doclrinæ quant falso evangelicam vocant ; de ces principes, Pighi entendait faire une abondante réfutation, en les groupant autour de trois points : 1. la justification et la pénitence (considérée plutôt comme vertu que comme sacrement) ; 2. le libre arbitre, la nature, la grâce et le péché ; 3. enfin, les sources de la connaissance théologique, Écriture et surtout tradition. A cette date, la I re partie était déjà rédigée. Appelé à Worms à l’automne de cette même année, il a dû en montrer des extraits à ses collègues ; plusieurs, et spécialement Jean Eck, s’émurent de certaines doctrines exprimées par l’auteur, lequel ne laissa pas de continuer son travail. En février 1541, il fait commencer, depuis Ingolstadt, l’impression de la I re partie. Jean Eck a vent de la chose et met tout en œuvre pour empêcher la publication ; il allègue en particulier que le secret le plus absolu avait été prescrit sur les tractations de Worms et que Pighi ne pouvait traiter des matières en question sans violer le secret. Finalement, le ministre de Charles-Quint, Granvelle, intervint et fit retarder la publication du livre. Sur tout ceci voir Zeitschr. fur Kirchengesch., p. 127-145, où l’on trouve des détails extrêmement intéressants. Arrivé à Ratisbonne, Pighi fait lire au légat Contarini les bonnes feuilles de son ouvrage et particulièrement ce qui concerne le péché originel et la justification. Le légat,

d’abord un peu surpris, finit par se rallier aux vues de Pighi. Voir les Regeslen de Contarini aux endroits signalés plus haut, col. 2095. Rentré aux Pays-Bas, l’ij^lii peut enfin achever l’impression et la publication de son ouvrage dont il écrit la préface le 5 janvier 15 12 et qui paraît en mars ; on voit s’il a fait vite.

Sous la forme définitive, il se divise en seize controverses. 1. Le péché originel. 2. La justification, la foi et les œuvres. 3. L’Église. 4. L’eucharistie, la présence réelle, la transsubstantiation. 5. Le sacrifice de la messe ; son utilité, sa valeur. 6. Les messes privées.

7. La communion sous une seule ou sous deux espèces.

8. L’adoration du Christ dans l’eucharistie. 9. La pénitence (sacrement) et ce qui s’y rapporte : contrition, confession, satisfaction. 10. Le septénaire sacramentel et l’usage des sacrements en général. 11. La hiérarchie ecclésiastique. 12. Les traditions humaines et ecclésiastiques. 13. Le culte des saints. 14. Les vœux de religion. 15. Le célibat ecclésiastique. 16. Le pouvoir de l’Église.

On voit que la plupart des points qui faisaient difficulté entre catholiques et protestants sont touchés dans ces controverses, mise à part la question du libre arbitre dans ses rapports avec la grâce sur laquelle l’auteur se proposait de revenir. Les deux appendices de la l ro édition se rapportent, nous l’avons dit, d’une part à la discussion de la thèse protestante sur la dissolution du mariage en cas d’adultère d’un des conjoints et, d’autre part, à l’étude des actes des VIe et VIIe conciles qui venaient d’être publiés. Le fait d’Honorius régulièrement condamné par un synode œcuménique portait une grave atteinte à la théorie développée par Pighi au 1. VI de la Hiérarchie ecclésiastique. Notre théologien met donc tout en œuvre pour démontrer, prédécesseur en ceci de Bellarmin et de Baronius, l’inauthenticité des actes du VIe concile. Voir l’art. Honorius I er, t. vii, col. 117.

L’ensemble des doctrines développées par Pighi dans ce gros livre ne présente rien de particulier, à l’exception de ce qui concerne le péché originel et la justification, sur quoi nous reviendrons. L’ouvrage se fait remarquer surtout par la clarté de l’exposition, un —sérieux effort pour saisir la pensée de l’adversaire, une mise au point fort précise des positions catholiques souvent mal décrites par les novateurs, un recours plus fréquent qu’il n’était alors d’usage aux sources de la doctrine et particulièrement aux Pères de l’Église. Il suffirait d’étoffer cette documentation pour avoir un excellent traité de controverse.

4° Ratio componendorum dissidiorum et sarciendæ in rcligione concordiæ Cologne, 1542 ; publié en appendice, des Controverses, dans l’édition de Cologne, 1545, 15 feuillets. C’est, en effet, une suite de l’ouvrage précédent. Les colloques de Worms et de Ratisbonne ont montré à l’évidence la vanité des réunions où les théologiens des deux confessions rivales s’efforcent de rapprocher leurs thèses. C’est, dit Pighi, perdre de vue la définition de l’hérésie qu’entamer ces colloques. Comment est-il possible de discuter avec des gens qui partent de principes totalement différents, puisqu’ils nient ce qui, pour le catholique, est l’évidence, c’est-à-dire l’autorité de l’Église. Ces colloques ne servent en somme qu’à donner aux hérétiques bonne opinion d’eux-mêmes. Qu’on les laisse entre eux ; qu’on s’efforce de donner au peuple chrétien une solide instruction, que, par tout moyen, y compris l’appel au bras séculier, l’on préserve laïques et ecclésiastiques de la contagion des fausses doctrines ; cela vaudra bien mieux que ces entretiens où les opinions catholiques et protestantes semblent mises sur le pied d’égalité.

5° De libero hominis arbitrio et divina gratia tibri X, Cologne, août 1542, in-fol., 183 feuillets numérotés, sans compter l’épître dédicatoire au cardinal Sadolet,