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    1. IÉTISME##


IÉTISME. ACTION DE Sl’KA I’. I !

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Vertangen nach gottge/àlliger Besserung der wahren evangelischen Kirchen, sami einigen dahin abzweckenden christlichen Vorschlàgen (Pieux désirs ou aspiration cordiale vers une amélioration conforme au bon plaisir de Dieu des véritables Églises évangéliques, avec quelques projets chrétiens tendant à ce but). lei encore. Spener affirmait sa dépendance par rapport à Arndt. Son ouvrage ne se donnait que connue un avant-propos à une réédition des Sermons du célèbre prédicateur de Celle.

lue brève analyse des Pia desideria nous portera au cœur même du piétisme spénérien. L’auteur fait d’abord un saisissant tableau de la décadence religieuse de son temps. A ce point de vue. son livre est un témoignage historique de premier ordre. Il passe en revue les trois états. La noblesse ne songe qu’à ses plaisirs et le petit nombre de ceux qui se soucient de religion le font par pure politique et pratiquent un césaropapisme qui étouffe toute liberté religieuse. Le clergé est totalement corrompu aussi. Il manque d’abnégation. Il vit bourgeoisement sans aucun souci d’imiter les vertus de Jésus-Christ. La théologie n’est plus que la science de la discussion et de la controverse. Enfin, dans le tiers état, régnent en maîtres l’amour de l’argent, l’esprit de chicane, l’ivrogneri-e, le manque de respect pour le bien d’autrui, la grossièreté morale et religieuse, notamment la prétention de recevoir l’absolution, sans l’aire pénitence. Heureusement, dit Spener, avant que Rome ne retombe encore plus bas qu’elle n’était au temps de la Réforme, Dieu a ménagé à son peuple une nouvelle conversion. Quels sont donc les moyens par lesquels cette conversion sera produite ? Spener les expose :

1° La parole de Dieu pourra être introduite plus richement parmi nous, si le père de famille lit chaque jour la Bible à la maison, si on restaure ces réunions qui se tenaient au temps des apôtres, où chacun exposait, en lisant l’Écriture, ce que l’Esprit lui disait au cœur.

2° Le second moyen sera l’érection et l’exercice du sacerdoce universel. Tous les chrétiens ont été faits prêtres parleur Sauveur. Ce fut une tromperie affreuse du diable qui restreignit tous les pouvoirs, sous la papauté, aux seuls clercs. Tous les chrétiens ont le droit et le devoir d’enseigner, d’exhorter, de convertir, d’édifier, en un mot de travailler au salut du prochain. Par la création, au sein des communautés religieuses, de petits cercles où ces pouvoirs sont exercés, les communautés entières seront finalement converties.

3° Il est nécessaire de faire comprendre à tous que le christianisme n’est pas seulement une foi, une connaissance, mais qu’il consiste avant tout dans une » pratique .

I" A l’égard des dissidents ou de ceux qui ne pensent pas comme nous, Spener recommande la prière, le bon exemple, une discussion grave et douce des erreurs, sans contention ni recherche personnelle. Il a horreur de la controverse pure. Il donne comme idéal au chrétien le retour à l’unité parfaite de l’Église, mais sans recours ni à la violence, ni aux querelles dogmatiques. « ) » Il préconise une réforme radicale de l’éducation des futurs prédicants dans les universités. Il faut que cesse la vie désordonnée des étudiants, qu’on veille sur leur conduite morale autant et plus que sur leur savoir, que les académies cessent d’être des instruments d’orgueil, de débauche, de duels, de disputes, etc. Il conviendrait de restreindre les études de controverse et d’exercer les étudiants à la lecture de bons livres tels que la Théologie allemande, les œuvres de Tailler et de Thomas a Kempis. Enfin, il faudrait que dans les universités, comme dans les paroisses, des réunions de piété apprennent aux étudiants à s’édifier

mutuellement par la lecture commentée de la Bible, la prédicat ion. le soin des malades et des ignorants.

6° Enfin, Spener demande une réforme radicale de la prédication, qui ne sert, dit-il, qu’à briller et non a convertir. Et il cite en modèle les sermons d’Arndt.

L’ouvrage de Spener. qui exprimait avec chaleur les aspirations intimes de milliers d’âmes pieuses, fut accueilli, dans toide l’Allemagne, avec enthousiasme par les uns et méfiance par les autres. Le inouvemenl était lancé. H ne devait plus s’arrêter. Ce qui permet d’en mesurer l’importance, c’est, d’une part, la diffusion de l’ouvrage de Spener, qu’il fallut publier sépa rément : d’autre part, l’éclosion d’une formidable littérature autour de ses idées : approbations, réfutations, pamphlets anonymes, etc. On compte, dans la collection de Gœttingue, qui n’a pas la prétention, malgré tout, d’être complète, plus de 501) titres de brochures diverses autour du piétisme, pour les seules années de 1690 à 1699. L’une des premières oppositions qui se dessina lui celle du consistoire de Dariustadl, sous l’influence du prédicateur de la cour, 15. Mentzer. Le 26 janvier 1678, une circulaire de ce consistoire interdit les Collegia pietatis, qui commençaient à se répandre un peu partout. Le pasteur de Nordhausen, C. Dilfeld, écrivit également contre Spener et essaya de le convaincre d’hétérodoxie. Ce que l’on reprochait à Spener c’était de sympathiser avec les dévotions catholiques, et. comme on était en guerre avec la France, d’être hostile à la cause de l’empereur. On accusait les habitués des conventicules d’atfecter des airs de rigorisme moral, de faire prêcher des servantes, d’établir entre eux la communauté des biens, etc.

lue phase décisive dans l’activité de Spener, ce fut sa nomination, le. Il juillet 1686, comme prédicateur de la cour à Dresde. C’était la plus haute fonction religieuse de la Saxe. Justement, la même année, exactement le 17 juillet 1686, il se fonda à l’université de Leipzig un Collegium pliilobiblicum, dont les promoteurs étaient, sous l’inspiration du professeur J.-B. Carpzov, les professeurs Augustc-Hermann Francke et Paul Anton.

Bien que ce Collège, où les étudiants s’exerçaient à l’étude de la Bible, restât encore dans le domaine strictement scientifique, il était trop conforme aux intentions de Spener, pour que celui-ci s’abstînt de l’approuver chaleureusement, au cours d’une inspection qu’il fit à l’université en 1687. Tout alla bien au début. Mais, lorsque, après une courte absence, Francke revint à Leipzig, « converti », le collège prit une telle allure que des protestations éclatèrent. D’un cercle scientifique, on entendait faire une simple réunion édifiante. Les laïques de la ville fondèrent à leur tour des collèges du même genre. Les étudiants inanités t aient bruyamment leur aversion pour la scolastique officielle. On jetait au feu les livres et les cours des professeurs. Ces excès déterminèrent Carpzov, le premier promoteur du collège, à se prononcer avec vivacité contre le piétisme. La situation devint si tendue que Francke dut démissionner et quitter la ville. Une ordonnance électorale, en date du 10 mars 1690, vint interdire aux citadins les conventicules de piété. Dès 1689, Spener avait perdu tout crédit auprès d< l’électeur Jean-George III. qu’il avait mécontenté par une lettre personnelle où il lui faisait de pastorales remontrances. Soutenu par la laveur de l’éleclrice, il put se maintenir jusqu’en 1691, mais fut tout heureux alors d’accepter le poste de premier pasteur de Saint Nicolas à Berlin. Il resta en fonctions dans celle importante paroisse jusqu’à sa mort, le 5 février 1705. Ses dernières années fuient une lutte continuelle. Ses adversaires s’acharnaient contre lui. L’université de Wittemberg ne découvrit pas moins de 283 erreurs dans ses ouvrages ! L’un des plus rudes pamphlets