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PIERRE LK VÉNÉRABLE
« au fur et à mesure qu’on les lui rapportait : cette

seconde relation correspond au Ie * livre actuel des Miracula ; mais elle était divisée en deux livres après le c vin ; et les e. xxiii. xxiv et xxv étaient rejetés après l’actuel C xxvi ; telle est la leçon du Paris, lai. 14 463, et celle du manuscrit S. V.. dont la Iiiblio theca Cluniacensis a noté quelques variantes textuelles. Enfin, vers 1150, Pierre le Vénérable ajouta quelques notices sur les miracles à son second essai, quelques récits de visions à sa Vie de Matthieu d’Albano, et il réunit les deux compilations en un ouvrage unique, qui a été reproduit seul dans la Bibliotheca et traduit par d’Avenel : La vie de Pierre le Vénérable, suivie de ses re’eits merveilleux. Malgré la discrétion que l’abbé de Cluny affiche envers les miracles et les visions, I. ii, c. xxv. col. 937, malgré quelques enquêtes consciencieuses, col. S71. il a admis une foule de prodiges controuvés ou exagérés, dont les péripéties laissent peu de place aux développements théologiques. On y trouve pourtant quelques remarques sur l’efficacité de l’eau bénite ex opère operautis, col. 859 et 862, efficacité qui est assimilée cependant sur ce point à celle des principaux sacrements de l’Église : sur l’efficacité des prières et offrandes pour les morts, col. 003 ; l’efficacité de la confession sincère, col. 860 ; sur la défiance qu’on doit avoir contre certains songes, col. 038 ; sur l’activité des démons contrôlée par Dieu, col. 878.

2. Sermons.

On a conservé quatre sermons de Pierre le Vénérable, qui se lisent encore dans le lectionnaire de Cluny du XIIe siècle (ras. Paris, lat. 17 716), ce qui montre qu’ils ont servi pour l’office liturgique et qu’ils ont même été composés pour cet usage, lors de l’introduction de ces nouvelles fêtes à Cluny, durant l’abbatiat de Pierre.

Le î", De transflguratione Doniini, le seul qui ait été donné par A. Duchesne dans la Bibliotheca Cluniacensis, est un commentaire moral de l’Évangile, avec les préoccupations d’exégèse littérale et d’apologétique familières à l’auteur. Le n’In lauctem sepulcri Domini, publié comme les deux suivants par dom Martène, Thésaurus nov. anecdot., t. v, col. 1417, fait état du miracle annuel du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Le ive sermon, In veneralione quarumlibet reliquiarum. a été prononcé à la date du G janvier, lors de l’arrivée à Cluny de reliques du pape martyr saint Marcel ; et le m e, plus spécialement intitulé De sancto Marcello, est un essai historique sur la vie de ce saint martyr, d’après des Actes plus que suspects.

3. Office liturgique de la transfiguration.

Cet office, qui est noté dans le lectionnaire de Cluny du xiie siècle, Paris, lat. 17 716, et transcrit par A. Duchesne dans le 942 du même fonds, avec la mention : officium a S. P. Maurilio dicto Venerabili editum, est bien vraisemblablement l’œuvre de Pierre le Vénérable ; mais si l’arrangement est de lui, beaucoup de pièces ont été prises à l’ancien répertoire, comme les hymnes et quelques antiennes ; on peut croire cependant, sur la foi de l’ancien lectionnaire, qui porte : Responsoria a domno Pelro Venerabili composita, que les douze répons de cet office monastique ont été écrits par lui : le texte en est d’ailleurs scripturaire ou patristique, et la mélodie centonisée sur des airs plus anciens. On trouve dans les mêmes manuscrits des tropes sur la Kyrie ou le Sanctus faits ou réunis par le pieux abbé.

4. Poésies.

La plupart d’entre elles sont également liturgiques : une prose, In laude Salvaioris : A Paire miltitur. col. 1012 ; une autre. De resurrectione Domini : Morlis portis jortis vim intulit ; deux proses, In honore Moins Domini ; une dernière. In honore sanctw Mariai Mugdalemr, toutes éditées d’ailleurs sans aucun souci des stiques, marqués pourtant par des assonances assez puériles pour devoir être remarquées ; deux hymnes en vers classiques a saint Benoît : Inter œternas mperum

coronas et Claris conjubila, que l’abbé avait composées pour remplacer d’anciennes productions « remplies de fautes de prosodie et d’une vingtaine de mensonges », col. 360 ; une hymne très longue à saint Hugues, abbé de Cluny : Hugo, plus pater. Un trope versifié : Christe Dei splendor, mentionné par lui dans une de ses lettres, col. 146, est aujourd’hui perdu. Le théologien a d’ailleurs peu de chose à glaner dans ces compositions liturgiques, et rien dans les épitaphes du comte Eustache, du prieur Bernard, de l’archevêque Raynaud, et enfin d’Abélard, qui terminent la série des œuvres de Pierre de Cluny, ni dans les essais poétiques pour la défense de son secrétaire, Pierre de Poitiers, col. 10051(112. et pour l’encouragement du moine Ravmond, col. 354.

1° Textes. l.es œuvres de Pierre le Vénérable,

publiées fragmentairement à Paris en 1522, complétées du traité contre P. de Bruys à Intfolstadt en 1546, ont d’abord été rassemblées par dom Marrier et A. Duchesne dans la Bibliotheca Cluniacensis, in-fol., Paris, 1614, col. 622-1420, avec les statuts de Cluny et des diplômes clunisiens de son époque, mais sans tes trois sermons de l’auteur, qui furent publiés en 1717 par Martène, Thésaurus anecdntorum, t. v, col. 14 17— 1452, ni leContra Surræenos, dont les deux premiers livres furent trouvés par Martène également, en 1733, Vetcrum scriptor. amplissima collectif), t. ix, col. 1120-1184 ; on n’y trouve pas non plus la Dispositio rci familiaris donnée par Baluze dans ses Miscellanea, t. iii, p. 74. Tous ces opuscules ainsi que des chartes de Pierre de Cluny, ont été reproduites dans Migne, P. L., t. ci.xxxix, col. 9-1054, d’après les anciennes éditions. Ce qui est pris à la Bibliotheca Cluniacensis laisse beaucoup à désirer pour la correction du texte et la disposition en alinéas ; aussi, pour les lettres à saint Bernard, il faut consulter l’édition des œuvres de ce saint par Mabillon, et pour les lettres aux rois et aux papes, on peut recourir à l’édition partielle annotée par dom Brial, dans le Recueil des historiens des Gaules, t. xv.

Depuis Migne, on n’a guère publié que des fragments sans importance : la principale contribution est celle de A. Bruel, Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny, t. v, Paris, p. 321538, qui fournit une dizaine d’actes inédits de Pierre le Vénérable. On trouve encore une lettre de Pierre, prieur de Domène dans le Cartul. S. Pétri de Domina, Lyon, 1859, p. 230 ; une autre à saint Bernard dans Huiler, Ungedruckte Bernard lirieje, p. 210, et une lettre de saint Bernard — très élogieuse — à Pierre de Cluny, cf. Satabin, Études religieuses, t. lxii, p. 322, et P. Séjourné, dans.Saint Bernard et son temps, t. ii, p. 260. On pourrait signaler d’autres inédits d’importance secondaire, tels que la concession à Clairvaux des dîmes d’Arconville (1147°, conservée aux archives de l’Aube avec le sceau | Petrus Cluniacensis abbas ; de même V Officium trans figurations Domini secundum usum Cluniacensem que lui attribue le Paris, lat. S42 peut fort bien remonter jusqu’à lui dans son arrangement général. Mais on n’a pas retrouvé encore le Carmen de virtute que signale Fabricius, ni l’opuscule De veslimentis fratrum, ni surtout les trois derniers livres du Contra Sarrucenos. Quant à la traduction latine du Coran qui fut faite par son ordre, elle ne fut republiée ni dans la Bibliotheca Cluniacensis, ni dans la P. L. ; elle avait pourtant été imprimée à Zurich, en 1513, parBibli inder, et avait pris place dans la Max. biblioth. Patr. de I.yoi, t. xxii. La Biblioth. de Paris, 1644, t. x, avait donné un opuscule de Pierre le Vénérable : De sacrificio misses, qui n’est qu’un extrait de son traité contre Pierre de Bruys. Cet extrait fut traduit en 1573, par N. Chesneau sous le. titre : Traité du saint sacrifice de la messe, recueilli des écrits du vénérable abbé Pierre. L’ensemble du traité le lut par Bruneau, Les œuvres du bon et ancien P. Pierre, abbé de Cluny… contre les hérétiques de son temps, Paris, 1581. Des autres œuvres de Pierre le Vénérable, seul le De miraculis a été traduit et présenté au public par.1. d’Avenel sous ce titre : Vie de Pierre le Vénéra hic, suivie de ses rteits merveilleux, Paris, 1874.

IL Sources. — Pierre de Poitiers, son secrétaire, mit en tète du recueil de ses lettres, sur l’ordre même de l’abbé de Cluny ; quatre pièces de vers dithyrambiques.. Il n’existe sur Pierre le Vénérable qu’une Vie contemporaine, celle de Raoul, compagnon de plusieurs de ses voyages, qui écrivit ses brefs souvenirs vers 1160, et d’après Martène devint abbé de Cluny (1 173-1176) ; cette Vila fut donnée par Martène d’après un manuscrit de Souvigny. Amplis*, coll.,