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i’IULOSTOUGK — PHIL0T1IEK KOKKINOS


Père, àirapâXXaxToç e’.xwv TÎjç tou Jl^rpôç o’jaîaç. ///s/ » /-. eccl., 11, 15 ; Bidez, p. 25, 25 ; P. G’., col. 477. Toutefois, il ne veut pas admettre que le Fils soit dissemblable (iv6u.oi.oc) au Père. Il rappelle que, devant l’empereur Constance, Aétius a protesté que le Fils est incommutablement semblable au Père àTrapaXXâxTtoç 8u.01.0C ; et qu’Eunomius a enseigné la similitude du Fils au Père selon les Écritures 8u, oioç xaxà ràç ypacpàç. Histor. ml., vi, 1 ; Bidez, p. 70, 17 ; P. G., col. 533. Luimême professe que le Fils est très semblable au Père, mais dans la mesure où il convient qu’il le soit, par rapport au Père qui a engendré sans passion, ô[i.oi.ÔTaTOv xocrà xoùç ii, ovOY£vet ©soi irpoç tov àr.’Mûç Y £ Y £vv ) ><0Ta LTaTÉpa Tipoa/)xovTaç Aoyouç. Loc. cit. Il ne semble pas avoir fait d’objection au terme éxEpoouaioç, c’est-à-dire d’une substance différente, pour formuler les rapports du Père au Fils.

Philostorge croyait à la réalité du corps du Christ, car il reproche à Uémophile d’avoir dit que le corps du Christ disparaît dans sa divinité, comme un peu de lait jeté dans la mer. Histor. eccl.. ix, 14 ; Bidez, p. 121 ; P. G., col. 580.

Quant au Saint-Esprit, Philostorge, avec Aétius et Eunomius, en fait un serviteur du Fils. Histor. eccl., vi, 2 ; Bidez, n. 71, 8 ; P. G., col. 533..

Avec Eunoi.nus, il nie la perpétuelle virginité de Marie ; il admet l’existence de relations conjugales entre elle et saint Joseph, après la naissance du Sauveur. Loc. cit.

Il nous apprend que ses coreligionnaires ne reconnaissaient pas la validité du baptême conféré par les orthodoxes et qu’ils baptisaient par une seule immersion « en la mort du Seigneur », elç tov Oocvoctov toû Kuplou. Histor. eccl., x, 4 ; Bidez, p. 127, 15 ; P. G., col. 585.

Philostorge vénère les reliques. Voir tout le t. VII, où il relate les profanations de reliques perpétrées sous Julien l’Apostat. Il admet aussi qu’on honore les images, mais non qu’on les vénère, aé6ew xctl TCpoax’jvetv. Histor. eccl., vii, 3 ; Bidez, p. 78, 16 ; P. G., col. 540.

Batiffol a constaté des préoccupations apocalyptiques chez Philostorge. Queest. Philost., p. 12. En effet, notre historien voit dans le mariage de Placidie avec le roi wisigoth Ataulf l’accomplissement de la prophétie de Daniel, ii, 33 et 41 sq. Histor. ceci., xii, 4 ; P. G., col. 609. Les guerres, pestes et tremblements de terre si fréquents au début du ve siècle sont pour lui des effets de la colère divine, clairement annoncés au monde par la comète en forme de glaive qui parut en 389 et par l’éclipsé de soleil qui eut lieu sous Théodose II. Histor. eccl., xi, 7, et xii, 8 ; Bidez, p. 137 et 146 ; P. G., col. 601 et 616. Aussi, traite-t-il de fables les explications naturelles des tremblements de terre proposées par les naturalistes grecs Histor. ceci., xii, 9 ; Bidez, p. 147, 4 ; P. G., col. 617. Dans le même ordre d’idées, il reproche au célèbre médecin Posidonius d’expliquer les maladies mentales par des raisons physiologiques, au lieu de voir leur raison d’être dans l’influence des démons. Histor. eccl., viii, 10 ; Bidez, p. 111, 12 ; P. G., col. 565.

Toutefois, il ne semble pas avoir fixé un terme pour la fin du monde. S’il l’avait fait, Photius ne se serait pas privé de nous le dire.

III. Appréciation.

Toute l’histoire de Philostorge gravite autour de deux personnages, Aétius et Eunomius. Elle donne des détails très précieux sur leur formation théologique, ainsi que sur leur activité dans la controverse et dans la fondation de l’Église anoméenne. Aussi, c’est avec le retour d’exil d’Aétius, sous Julien l’Apostat, que Philostorge termine le i er tome de son histoire, et il consacre le iie exclusivement à l’histoire de l’Église anoméenne, au point

qu’un personnage important de l’Église orthodoxe, comme Jean Chrysostome, est complètement passé sous silence.

Philostorge semble avoir eu d’excellentes sources à sa disposition. Il connaît les écrits des Cappadociens et ceux d’Apollinaire. Il parle de lettres de Constantin, de Constance, d’Euzoius ; il semble avoir eu sous les yeux une collection de lettres d’Eunomius. Il a dû consulter des actes conciliaires, en particulier ceux des conciles d’Antioche, de Constantinople, de Lampsaque et de Rimini. Il a puisé des renseignements précieux dans les écrits d’ariens notoires comme Astérius, Théophile l’Indien, Ulfilas (ces deux derniers, missionnaires ariens), ainsi que dans la continuation qu’un arien anonyme fit à l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée. Enfin, il a dû connaître certains textes hagiographiques concernant des célébrités ariennes, comme le martyr Lucien, Agapet de Synnade, Théophile l’Indien et Ulfilas. Malheureusement, le texte de Philostorge étant perdu, il ne nous est pas possible de savoir si notre auteur a consulté directement ces sources ou s’il n’en a eu qu’une connaissance de deuxième ou de troisième main. Sur la question des sources de Philostorge, voir Bidez, p. cxxxiv sq.. et Batiffol, Un historien anonyme arien du IVe siècle, dans Romische Quartalschrift, t. ix, p. 57 sq.

Depuis Photius, tous ceux qui se sont occupés de Philostorge lui ont reproché sa partialité. Bidez estime cette inculpation excessive, parce que, Aétius et Eunomius mis à part, Philostorge a dit du mal de tous ceux dont il parle, et parce qu’il reconnaît la haute valeur intellectuelle de Basile de Césarée et de Grégoire de Nazianze, auxquels du reste il préfère Apollinaire. Histur. eccl., viii, 11 ; Bidez, p. 111 ; P. G., col. 565.

Contentons-nous de dire que Philostorge donne la version anoméenne de l’histoire de l’Église pour le siècle qui suivit le concile de Nicée, et que la perte de cette version, présentée par un homme de valeur, est très regrettable pour la critique historique.

Au dire de Photius, le style de Philostorge est élégant ; il recherche les locutions poétiques, mais sans exagération et non sans grâce ; ses métaphores sont parfois trop hardies ; sa prolixité laisse parfois au lecteur une impression de lassitude. Photius, Bibl., cod. 40, P. G., t. ciii, col. 72 sq.

L’édition princeps parut à Genève, en 1649, chez Jean Chouet, par les soins de Gothofredus. Trente ans plus tard, Henri Valois en publia une seconde à Paris. Cette édition fut reproduite par Reading, à Cambridge, en 1720, et passa dans la Patrologie grecque de Migne. Aucune de ces éditions ne donne les fragments au complet. L’édition critique et complète, par Bidez, dans le Corpus de Berlin, Leipzig, 1913.

G. Fritz.

    1. PHILOTHÉE KOKKINOS##


PHILOTHÉE KOKKINOS, deux fois

patriarche de Constantinople (nov. 1353-nov. 1354, oct. 1364-fin 1376), polygraphe byzantin et théologien du palamisme, mort en 1379. I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Les seuls renseignements que nous ayons sur Philothée avant son patriarcat se réduisent à quelques données éparses dont voici l’enchaînement très probable. Il naquit aux confins des xme xiv e siècles, à Thessalonique même, ainsi qu’il nous l’apprend dans le prologue de la Vie (inédite) de son compatriote Germain l’Athonite. Ses parents étaient de race juive, circonstance humiliante que ses adversaires exploitèrent avec complaisance. Le patronyme Kôxxtvoç étant d’une espèce très courante (sobriquet que ses contemporains ont bien pu lui appliquer à cause de la couleur rousse de sa chevelure), il paraît sans lien de parenté avec des homonymes signalés dès la fin du XIIIe siècle (par exemple en 1285, Échos d’Orient, t. xxvi, 1927, p. 149), au premier rang des