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PIERRE THOMAS — PIERRE DE TRABIBUS


morum pontificum a Christo usque ad Benedictum XII, que J.-H. Sbaralea revendique pour Pierre Thomas, doivent être considérés, semble-t-il, comme des œuvres de Ponce Carbonell, O. F. M., contemporain de Pierre Thomas. Cf. At. Lôpez, O. F. M., Description de los manuscritos franciscanos exislentes en la biblioteca provincial de Toledo, dans Archivo ibero-americano, t. xxv, 1926, p. 192-193. Quant aux Commentaria in libros Aristotelis, attribués par L. Wadding à Pierre Thomas, on n’en a pu découvrir jusqu’ici aucune trace.

L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1906, p. 194 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 368-370 ; F. Gonzaga, De origine seraphictv religionis, t. III, Rome, 1587, p. 79 ; Antoine de Venise, Giardino serafico istorico, t. ii, Venise, 1710, p. 50 ; J. Coll. Chronica de la prov. serafica de Catolufia, Barcelone, 1738 ; ’F. Torres y Amor, Diccionario de escritores catalanes, Barcelone, 1836, p. 622 ; I-. Meier, O. F. M., De sclmla franciscana Erfordiensi sieculi XV, dans Antonianum, t. v, 1930, p. 166, 168-169, 170 ; Martin de Barcelone, O. M. cap., Fra Père Tomas. Doctor slrenuus et invincibilis, dans Estudis franciscans, t. xxxix, 1927, p. 90103 ; H. Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. ii, cot. 384.

Am. Teetært.

68. PIERRE DE TRABIBUS, frère mineur de la fin du xme siècle. I. Vie et ouvrages. II. Doctrine.

I. Vie et ouvrages.

Les belles études de B. Jansen, S. J., de E. Longpré, O. F. M., et de F. Delorme, O. F. M., ont attiré l’attention des historiens de la scolastique sur le nom et les travaux de Pierre de Trabibus, resté inconnu jusqu’à ces derniers temps. Il est cité à plusieurs reprises dans VEpitome IV librorum Sententiarum, composé pendant la première moitié du xive siècle par Jacques de Trisanto, O. F. M. et conservé dans le ms. Conv. sopp. F. 3. 606 de la bibliothèque nationale de Florence. Depuis le xvie siècle, des notices brèves et insignifiantes lui sont consacrées par Rodolphe de Tissignano, Gonzaga, L. Wadding, Jean de Saint-Antoine et J.-H. Sbaralea. Comment expliquer ce silence absolu autour du nom et de l’activité de Pierre de Trabibus ? Faut-il recourir à l’identification de ce maître franciscain avec Pierre— Jean Olivi (Olieu), le célèbre théologien et mystique provençal ? Quelques historiens ont cru devoir admettre l’identification de ces deux frères mineurs à cause de la conformité doctrinale, qui se révèle entre les théories des deux franciscains. Parmi eux, il faut mentionner en tout premier lieu Fr. Ehrle, S. J., Pelrus Johannes Olivi, sein Leben und seine Schriften, dans Archiv fur Literalur-und Kirchengeschichte des Mittelalters, t. iii, 1887, p. 459. Les autres, cependant, à savoir B. Jansen, E. Longpré, F. Delorme, etc., distinguent Pierre de Trabibus de Pierre-Jean Olivi. Plusieurs raisons plausibles s’opposent, en effet, à l’identification de ces deux franciscains. Pierre Olivi n’est jamais désigné du nom de Pierre de Trabibus, ni dans les documents contemporains, ni dans les plus anciens catalogues. Ensuite Jacques de Trisanto considère déjà, pendant la première moitié du xive siècle, les deux franciscains comme deux personnages distincts. Enfin, si leurs œuvres sont parallèles en beaucoup de cas, elles ne sont pas, d’autre part, sans dissemblances notables non seulement pour le style et la forme, mais aussi pour la richesse de l’information et ia virtuosité philosophique avec laquelle sont discutés les problèmes les plus complexes. Il serait donc plus conforme aux données de la critique interne et externe de distinguer Pierre de Trabibus de Pierre-Jean Olivi.

Pierre de Trabibus, comme son nom l’indique, serait originaire d’une localité appelée en latin Trabes. C’est sous cette forme que se lit habituellement le nom du franciscain. Une seule fois, à savoir sur le dos du .ms. 154 de la bibliothèque communale d’Assise, le

relieur ancien a mis l’inscription : A Trabe. Où faut-il chercher cette localité, dans laquelle le maître franciscain aurait vu le jour ? J.-H. Sbaralea a jadis émis deux hypothèses. Il note d’abord que dans les Marches, dans la custodie de Camerino existait une localité appelée de Trabe Bonantis. Cette bourgade avoisine Camerino et porte actuellement le nom de Ponte délia Trave, d’après F. Delorme, Pierre de Trabibus et la distinction formelle, dans La France franciscaine, t. vii, 1924, p. 256. Ce dernier auteur admet que cette hypothèse est très plausible et que, si elle est juste, le nom Petrus a Trabe serait aussi plus exact. J.-H. Sbaralea émet une seconde hypothèse, d’après laquelle Pierre de Trabibus pourrait être originaire d’une localité française, mentionnée dans une bulle de Boniface IX, publiée par L. Wadding, Annales minorum, t. ix, Quaracchi, 1932, Regestum pontificium, an. 1391. n. ii, p. 519, où il est question du Soudan de La Trau fsoldicus de Trabe), baron d’Arbanats, dans le diocèse de Bordeaux. Toutefois, on reste dans l’incertitude si le nom de La Trau (de Trabe) désigne un lieu, ou simplement une famille. D’après F. Delorme, cette dernière hypothèse offre bien peu de probabilité, de même que celle émise par B. Jansen, Petrus de Trabibus, seine spéculative Eigenart oder sein Verhàllnis zu Olivi, dans Festgabe zum 70. Geburtstag Clemens Bàumkers, dans les Beitràge de Bâumker, 2e supplément, Munster, 1923, p. 244-245. Ce dernier, s’appuyant, d’un côté, sur les affinités doctrinales évidentes qui existent entre Pierre de Trabibus et Pierre Olivi, et, d’un autre côté, sur un texte reproduit par Baluze, dans Vitæ paparum Avenionensium, t. i, p. 729 ( Guil. de Preyssiaco oriundus ex loco, qui vocatur Trabes, diœcesis Basatensis), soutient que Pierre de Trabibus doit être considéré comme Français. Le rapprochement, toutefois, de ces deux données ne paraît pas à F. Delorme un argument suffisant pour admettre l’origine française de Pierre de Trabibus. Il n’est donc pas possible de se prononcer résolument sur ce point, bien que l’hypothèse de l’origine italienne de Pierre de Trabibus présente une plus grande probabilité que celle de son origine française.

Quoi qu’il en soit du pays natal de Pierre de Trabibus, il est certain qu’il appartint à l’ordre des frères mineurs. Les mss. sont explicites à ce sujet. Il n’est nullement établi qu’il ait étudié à Paris, y ait obtenu le grade de docteur en théologie et y ait enseigné, comme le suppose Sbaralea. Au contraire, F. Delorme opine qu’il ne fut en possession d’aucun grade universitaire et qu’il ne fut que simple lecteur dans un Studium générale de l’ordre. Étant donné qu’il n’existe aucune indication au sujet du lieu où il aurait enseigné, le même F. Delorme propose de préférence un Studium situé dans la province de Toscane. Comme, après le chapitre général de 1287. Olivi enseigna à Santa-Croce de Florence, il croit qu’il faut chercher probablement de ce côté, si l’on veut expliquer avec vraisemblance la communauté de pensée entre Olivi et Pierre de Trabibus. Art. cité, p. 262. D’après E. Longpré, Pietro de Trabibus, un discepolo di Pier Giovanni Olivi, dans Studi francescani, nouv. sér., t. viii, 1922, p. 269, Pierre de Trabibus aurait enseigné vers la fin du xme siècle, puisqu’il dépend d’une façon manifeste d’Olivi. Il faudrait placer toutefois son enseignement avant celui de Duns Scot, parce qu’il ignore les théories caractéristiques de ce dernier.

Pierre de Trabibus a composé un Commentarium super Sententias, dont les deux premiers livres seuls nous sont connus. Le Commentarium in I" m librum Sententiarum est conservé dans le cod. 154 de la bibliothèque communale d’Assise. Il débute : Ad Deum ponam eloquium meum qui facit magna et inscrutabilia et mirabilia absque numéro, et finit : cum ab ejus exprès-