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PIERRE DE SICILE — PIERRE THOMAS


niée par une note marginale du cod. vaiic. SOS, signalant que la copie de ce manuscrit est d’une époque ab auctoris temporibus parum distante. Or, ce manuscrit paraît être du xiie siècle, K. Krumbacher, Geschichle der byzantinischen Literatur, 2e éd., 1897, p. 78. L’opinion de Ter-Mkrttschian est généralement acceptée aujourd’hui comme très probable, bien que la preuve n’en soit pas absolument faite. Le même examen critique avait d’ailleurs conduit cet auteur à un résultat pareil pour le Contra manichœos de Photius. Seule, une faible partie (i, 1-10 selon les uns, i, 1-16 selon les autres) serait de lui et le reste daterait du temps d’Alexis Comnène. Mais cette hypothèse ne cadre pas avec les données de la tradition manuscrite. Voir art. Photius, col.. 1542.

L’existence de Pierre de Sicile est donc fort contestable, car on ne connaît de lui que ce qu’on en lit dans l’Histoire des manichéens. Vers 870, il se serait rendu à Téphrik, capitale des pauliciens, en Arménie, pour y traiter, au nom de l’empereur Basile le Macédonien, du rachat des prisonniers byzantins. C’est au cours de cette mission qu’il se serait renseigné sur les doctrines des hérétiques. Ce récit se trouve encadré dans l’Histoire des maniche’ens, sans doute pour donner plus de valeur à l’ouvrage, car on ne saurait admettre qu’il remonte au ixe siècle. Quoi qu’il en soit de l’auteur, l’œuvre attribuée à Pierre de Sicile ne présente pas une grande valeur particulière, car les renseignements qu’elle donne sur l’histoire et les doctrines des pauliciens se retrouvent ailleurs, surtout dans les ouvrages similaires attribués à Photius, assez souvent même en termes identiques. L’Histoire des manichéens, dont Sirmond découvrit le texte, a été publiée la première fois par M. Rader, S. J., à Ingolstadt, en 1604, puis par Gieseler à Gœttingue, en 1845. Le cardinal A. Mai en a donné un texte légèrement différent, d’après le Cod. vatic. 508, Noua Patrum bibliotheca, t. iv, 3e part., Rome, 1847, p. 3-47. A la suite, il a édité trois discours, également attribués à Pierre de Sicile et dirigés contre les pauliciens. Ibid., p. —48-79. Primitivement, il y avait six discours, mais la moitié a été perdue. La P. G. a reproduit les textes publiés par Mai, t. civ, col. 1240-1349. En appendice à l’Histoire des manichéens de Pierre de Sicile, Gieseler a édité à Gœttingue, en 1849, un écrit de Pierre l’Higoumène. Il considérait l’identité de celui-ci avec Pierre de Sicile comme très vraisemblable. Cette opinion a été abandonnée de nos jours. Ter-Mkrttschian, op. cit., p. 1-6, a tenté de prouver que le De paulicianis et manichseis de Pierre l’Higoumène est l’œuvre grecque la plus ancienne sur les pauliciens. Friedrich estime que le Chronicon de Georges le Moine est cette source et que Pierre l’Higoumène n’a fait que l’utiliser.

Dom Cellier, Hist. gén. des aut. sacr. et eccl., 2e éd., t. xii, Paris, 1862, p. 622-624 ; Karapet Ter-Mkrttschian, Die Paulikianer im byzantinischen Kaiserreiche, Leipzig, 1893, p. 1-6, 14-16 ; K. Krumbacher, Geschichle der byzantinischen Literatur, 2e éd., Munich, 1897, p. 78 ; J. Friedrich, Der urspriingliche bei Georgios Monachos nur leilweise erhaltene Berichl tiber die Paulikianer, dans Sitzungsberichte der Mùnchener Akademie, 1896, p. 81-89.

R. Janin.

65. PIERRE DE STEENBERGHE, frère

mineur de l’Observance (xviie siècle). Originaire des environs de Zutphen, dans la Gueldre, en Hollande, il appartint à la province de l’Allemagne inférieure, dans laquelle il exerça les charges de lecteur en philosophie et en théologie morale, de gardien, de définiteur et de custode. Il mourut à Diest, en Belgique, en 1660. Il publia Welenschap nootsakelyk tôt de saliyheyt, ofte noodelycke middelen om de helle te onlgaan ( « De la science nécessaire au salut et des moyens à employer pour éviter l’enfer » ). Il traduisit lui-même cet ouvrage

en français. Il composa encore Den wærom der catholyken leyen den wærom der anderghesinden, by een veryadert door eenen liefhebber der wærheit ende der sielen saligheyt ( « Les raisons des catholiques contre les raisons de leurs adversaires, rassemblées par un amateur de la vérité et du salut des âmes » ). D’après L. Wadding, il sérail aussi l’auteur d’une Apotogia contra guemdam ministrum hæreticum circa controversias fidei.

L. Wadding, Scriplores ordinis minorant, Rome, 1906, p. 193 ; J.-H. Sbaralca, Supplementum ad scriplores ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 367 ; S. Dirks, Histoire littéraire el bibliographique des frères mineurs de l’Observance de Saint-François, en Belgique et dans les Pays-Bas, Anvers, 1885, p. 211-212.

Am. Teetært.

66. PIERRE DE SUTTON, frère mineur

anglais (fin du xme —début du xive siècle). Il fut le trente-sixième lecteur des frères mineurs à Oxford et viendrait entre Thomas de Pontetracto et Ranulphe de Lockysley, d’après Thomas de Eccleston, O. F. M., De adventu fratrum minorum in Angliam, éd. A.-G. Little, Paris, 1909, p. 69. Il aurait composé un Quodlibetum, dont quelques questions seraient alléguées dans des notes marginales d’un commentaire manuscrit sur les Sentences de Guillaume de Ware, conservé dans le ras. Plut. 33, dext. 1 de la bibliothèque Laurentienne de Florence, aux fol. 57 r° fapud Sutton, q. xxii) ; fol. 129 r° ( Hec questio disputatur bene apud Sutton, in quolibet, q. XXVII) ; fol. 166 r° (Hec opinio apud Sutton ponitur melius et magister <’.’) improbatur. Vide q. XXV in quolibet) ; fol. 182 v° (sed Sutton, in quolibet, q. xxxï improbat hanc opinionem ). De ces citations, il résulte que Pierre de Sutton doit avoir composé un quolibet. De plus, il est mentionné assez souvent dans le commentaire sur les quatre livres des Sentences, contenu dans le ms. 300 du Gaius and Gonville Collège de Cambridge et attribué à Guillaume de Nottingham par E. Longpré, Le commentaire sur les Sentences de Guillaume de Nottingham, O. F. M., in Arch. francise, hist., t. xxii, 1929, p. 232-233. On y trouve le nom de Pierre de Sutton cité aux fol. 1 v°b, 5 v°b, 62 v°ab, 62 °a, 63 °a, 98 r°a, 104 r°b, 105 r°b. Enfin, une question de Pierre de Sutton sur l’univocité de l’être en Dieu et dans les créatures est conservée dans le ms. Ottob. 205, fol. 170 r°a172 r°a, de la bibliothèque Vaticane, débutant : Circa quæstionem de univocatione entis respeclu Dei et creaturarum est sciendum. Cette question a été éditée par M. Schmaus, dans Collectanea franciscana, t. iii, 1933, p. 8-25. L’auteur y rejette la doctrine de Duns Scot sur l’univocité de l’être et s’y révèle comme possédant des connaissances étendues des Pères, des philosophes grecs, arabes et juifs. Cette question ne peut avoir été composée avant 1305.

M. Schmaus, Die Quæstio des Petrus Sutton, O. F. M., ùber die Univokation des Seins, dans Collectanea franciscana, t. iii, 1933, p. 5-25 ; Ch. Balië, O. F. M., A propos de quelques ouvrages faussement attribués à Jean Duns Scot, dans Recherches de théologie ancienne et médiévale, t. ii, 1930, p. 171176 ; J. Lechner, Beitrâge zur mittelallerl. Franziskanerschrifttum, vornehmlich der Oxforder Schule des XIII.-XIV. Jahrhunderls, auf Grund einer Florentiner Wilhelm von Ware-Hs., dans Franziskanische Studien, t. xix, 1932, p. 120-122 ; A.-G. Little, The grey friars in Oxford, Oxford, 1892, p. 165.

Am. Teetært.

67. PIERRE THOMAS, frère mineur (xive s.). Sans doute originaire de la Catalogne, il appartint probablement à la province des frères mineurs d’Aragon ; d’autres l’inscrivent parmi les membres de la province de Santiago. Il fut un disciple fidèle de Duns Scot, dont il enseigna les doctrines. Quelques historiens soutiennent même qu’il fut l’élève du Docteur