Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée
2043
2044
PIERRE DE SAINT-JOSEPH — PIERRE DE SICILE


gnant, Lyon, 1633, Douai, même date ; Suavis concordia humanæ libertatis cum immobili certitudine prædestinationis et effîcacia auxiliorum gratiæ, Paris, 1639. L’apparition de l’Augustinus (il fut publié à Louvain en 1640, à Paris en 1641) décida dom Pierre de Saint-Joseph à entrer en lice. Il fut l’auteur du premier ouvrage réfutant ex professo le livre de Jansénius : Defensio S. Augustini Hipponensis adversus Augustinum Iprensem quoad auxilia gratiæ et humanam libertatem. cum defensione S. Thomæ Aquinatis, Paris, 1643. Voir ici l’art. Jansénisme, col. 454. Peu après paraissait Sensus S. Francisci Salesii in controversia de gralia. Paris. 1644.

Bientôt, d’ailleurs, le feuillant abandonnait la langue latine pour la française espérant donner à ses réfutations plus de retentissement. C’est ainsi qu’il publie, en 1645, à propos de la controverse sur « les deux chefs de l’Église » suscitée par Barcos, voir art. cité. col. 473, le livre suivant : L’avocat de saint Pierre et de ses successeurs contre l’avocat non avoué de saint Paul, ou l’examen du livre qui porte pour titre : « De l’autorité de saint Pierre et de saint Paul », et, après la riposte de Barcos, intitulée : La grandeur de l’Église romaine, une réplique à celle-ci ayant pour titre : Second examen touchant la question des deux chefs de l’Église qui n’en font qu’un, pour réponse au livre : De la grandeur de l’Église romaine », Paris, 1647. Cette même année, et antérieurement au livre ci-dessus indiqué, Pierre de SaintJoseph avait fait paraître un Premier examen des matières de la grâce pour la défense de Molina, jésuite, et de M. Habert, évêque de Vabres contre « l’Apologie de Jansénius ». Ces divers traités de polémique furent réunis en 1647 sous le titre : Théologie du temps examinée selon les règles de la véritable théologie, en 2 volumes, auquel fut ajouté, en 1648, un 3e, traitant, en réponse à Arnauld, Du sacrement de pénitence et de la fréquente communion.

L’année suivante, dom Pierre revenait à l’essentiel du débat, c’est-à-dire à la discussion des « cinq propositions » que N. Cornet venait d’extraire de l’Augustinus : Les sentiments de saint Augustin et de toute l’Église touchant les propositions que la faculté de théologie a fait examiner depuis quelque temps, Paris, 1649, ouvrage auquel Bourzéis répondait dans sa Conférence de deux théologiens molinistes sur un libelle de Pierre de Saint-Joseph, feuillant, faussement intitulé : « Les sentiments de saint Augustin et de toute l’Église ». Dom Pierre, là-dessus, fit imprimer, en avril 1650, une Lettre de remerciement à M. Bourzéis, avec la réponse à ses conférences. Puis, l’assemblée des évêques de mai 1650 ayant demandé au pape Innocent X de porter un jugement clair et définitif sur les « cinq propositions », et cette résolution ayant provoqué dans le camp janséniste une vive effervescence, notre feuillant fait paraître une Défense de Mgrs les évêques qui ont écrit au Saint-Père louchant quelques points de la doctrine de Jansénius pour réponse aux considérations très inconsidérées que les jansénistes ont fait sur leur lettre, Paris, 1651.

F.n mai ou juin 1652, le P. Pierre de SaintJoseph fut invité par M. Olier, encore curé de Saint-Sulpice, à agir auprès du duc et de la duchesse de Liancourt, qui ne laissaient pas de contrister leur pasteur par leurs fréquentations jansénistes. De cette démarche devait sortir une conférence contradictoire entre le feuillant et l’oratorien Toussaint Desmares, conférence qui est naturellement décrite, comme un triomphe du P. Desmares par le janséniste G. Hermant. Mémoires, t. i, p. 610-615, comme un énorme succès du P. Pierre de Saint-Joseph par le jésuite Bapin, Mémoires, t. i, p. 477-482. La conférence avait roulé exclusivement sur la grâce suffisante, sujet particulièrement affectionné de dom Pierre, qui avait

publié, en 1652, un Consensus orbis de gratia sufficienti. Une relation de cette conférence fut publiée un peu plus tard par les soins de dom Pierre, sous le titre de Lettre d’un ecclésiastique à un évêque. Voir G. Hermant, ibid., p. 626. Le duc de Liancourt, présent à la conférence, ayant prétendu que cette relation était inexacte, dom Pierre riposta dans une Deuxième lettre d’un ecclésiastique à un évêque ; la polémique se développa au point que le feuillant « écrivit jusqu’à huit lettres sur cette matière ». G. Hermant, p. 628. Tout cela ne servit d’ailleurs qu’à ancrer dans ses sentiments le duc de Liancourt, persistance dont on sait qu’elle fut la cause du procès d’Arnauld en Sorbonne avec toutes ses suites, y compris les Provinciales.

Cependant, les « cinq propositions » avaient été condamnées en mai 1653 par la bulle Cum occasione. A cette condamnation les jansénistes avaient répliqué par la fameuse distinction du fait et du droit. Le P. Pierre de Saint-Joseph intervint dans cette controverse, en 1661, par sa Réponse exacte au livre de Denys Raijmond (pseudonyme de Noël de La Lane) touchant les cinq propositions de Jansénius pour la défense des constitutions d’Innocent X et d’Alexandre VII contre la doctrine de ce prélat. De même intervint-il dans la question du formulaire dont les évêques de France voulaient imposer la souscription : La défense du formulaire dressé par l’assemblée du clergé contre les derniers libelles des jansénistes, Paris, 1662. Cette « défense » fut réfutée par Noël de La Lane, le 15 juin 1662. Celui-ci eut le dernier mot, dom Pierre étant mort le 10 juillet 1662.

Notice sommaire dans C. de Visch, Bibliotheca scriptorwn ordinis cisterciensis, Cologne, 1656, p. 267-268 (forcément incomplète) ; elle est complétée dans G. J. Morozzo (Morotius), Gistercii reflorescentis… chronologica historia, Turin, 1690, p. 86-90 ; R. Rapin, S. J., Mémoires, éd. Aubineau, t. i, p. 116, 477-482 ; G. Hermant, Mémoires, éd. Gazier, t. i, p. 145, 321, 324-325, 328, 417, 462, 610-615, 625-628 ; t. ii, p. 162 ; t. v, p. 479-480 ; voir aussi l’art. Jansénisme, passim ; et cf. Ilurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 996.

É. Amann.

63. PIERRE DE SAXE, frère mineur allemand, qui, d’après J.-H. Sbaralea, doit avoir vécu non en 1319, mais plutôt en 1419. Il est l’auteur d’une Summa casuum conscientiæ, de Sermones de tempore et de Sermones de sanctis. C’est à tort cependant que quelques historiens affirment qu’il a édité les œuvres de saint Bernardin de Sienne. C’est à Pierre-Bodolphe de Tossignano qu’il faut attribuer cette publication.

L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1906, p. 193 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriplores ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 366 ; Pierre-Rodo^ihe de Tossignano, Hisioriarinn seraphicæ religionis libri très, Venise, 1586, p. 333.

Am. Teetært.

64. PIERRE DE SICILE, polémiste grec.

— Jusqu’à une époque récente, on croyait que Pierre de Sicile était contemporain de Photius et qu’il avait laissé quatre écrits contre les pauliciens (une histoire et trois discours de polémique). L’Historia manichseorum qui Pauliciani dicuntur de Pierre de Sicile, offre de telles ressemblances avec le Contra mqnichœos attribué à Photius, que l’on se demandait lequel de ces deux auteurs avait copié l’autre. La question semble éclaircie de nos jours. Karapet Ter-Mkrttschian, Die Paulikianer im byzantinischen Kaiserreichc, p. 13-16, a non seulement contesté que l’ouvrage attribué à Pierre de Sicile soit de lui, mais il met encore en doute l’existence même de cet auteur. Les écrits mis sous son patronage n’ont vraisemblablement vu le jour que sous l’empereur Alexis I er Comnène (1081-1118), au moment où cet empereur se donna pour tâche de convertir les pauliciens. Cette hypothèse semble confir-