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PIERRK DE LA PALU — PIERRE LE PEINTRE


contre les thèses du général des franciscains, Michel de Césène, dans le débat sur la pauvreté du Christ.

Ainsi Pierre de La Palu avait-il acquis parmi les théologiens français de son époque une considération toute particulière. Rien d’étonnant donc qu’à la mort de Raymond Réguin (1329), il ait été désigné par Jean XXII pour succéder à celui-ci, sur le siège patriarcal de Jérusalem. Le pape le sacra lui-même et lui confia, en même temps, l’administration de l’Église de Némosie (Limisso, Limisol) en Chypre. Le nouveau prélat partit aussitôt pour l’Orient, poussa jusqu’en Palestine où il essaya de traiter avec le soudan, pour améliorer la situation des chrétiens ; il ne put rien obtenir, et revint en Europe pour préparer une nouvelle croisade. C’est ainsi que, en octobre 1332, il parla dans une grande assemblée convoquée par le roi de France Phili| pe VI, avec tant de force qu’il amena le roi et un grand nombre de barons à prendre la croix. Mais la guerre avec l’Angleterre devait empêcher la mise à exécution de tcus ces beaux projets.

L’année suivante, 19 décembre 1333, Pierre de La Palu préside à Vincennes une réunion de vingt-neuf maîtres de l’université de Paris, assemblés par le roi pour dire leur sentiment sur l’opinion soutenue privément par le pape Jean XXII et relative au délai de la vision béatiflque jusqu’après la résurrection. Voir ici art. Eenoît XII, col. 657 sq., et particulièrement col. 666.

Certains prétendent que Pierre retourna ultérieurement en Chypre ; ce n’est pas exact ; il est prouvé qu’il échangea l’administration du diocèse de Némosie pour celle de l’Église de Consérans en Guyenne ; il y résidait en 1337. D’ailleurs, à la fin de 1335, le patriarche de Jérusalem était à Pont-de-Sorgues, étudiant avec Renoît XII la question de l’état des âmes séparées, que le pape devait trancher le 29 janvier 1336 par la constitution Benedictus Deus. De même, en 1338, il est encore en Avignon, s’efforçant, mais en vain, de détourner Renoît XII de modifier les constitutions des prêcheurs au sujet de la pauvreté. Nous avons la réponse qu’il adressa au maître général Hugues de Vaucemain qui l’avait consulté officiellement. Cf. Mortier, op. cit., t. iii, p. 131-136 ; Ribl. nat. des Uffizi, Florence, ms. /, x, 51.

Pierre mourut à Paris le 31 janvier 1342 et fut enseveli au couvent de Saint-Jacques, où ses restes ont été découverts en 1631.

II. Œuvres. — 1° Commentaires sur l’Écriture sainte. Pierre a commenté un très grand nombre des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Rien n’en a été publié, et l’inventaire même des mss. contenant ces travaux n’est pas fait. Voir les quelques indications données par Quétif-Échard.

2° Le Commentaire sur les Sentences est une œuvre de jeunesse, d’une extrême importance pour l’étude de Durand de Saint-Pourçain. Seuls ont été publiés le t. III, Paris, 1517, et le t. IV, Venise, 1493 ; Paris, 1493 ; 1518 ; le 1. I est contenu dans le Mazar. 898, le Basilen. B, ii, 21 ; le 1. II dans le Mazar. 899, le Basilen. B, ii, 22 et le Vatic. lat. 1073. J. Koch a montré que le dernier ms. cité est bien la reproduction de l’œuvre de Pierre et il a étudié la méthode de cet auteur qui consiste à suivre pas à pas Durand et à lui opposer les réponses du thomisme, déjà officiel dans l’ordre. Le R. P. Martin a publié quelques parties du t. II, dist. > XX-XXXIII, op. cit., p. 239-283, cf. p. 138-144.

3° Parmi les questions quodlibétales, on en a signalé récemment quelques-unes : dans le ms. de Toulouse, n. 744, fol. 75 r°-118 v° ; le cod. Ampl. F. 369, de Rerlin, fol. 77 r° 6-80 r° b : Utrum in divinis sit aligna processio per intellectum agentem ; le Monac. lai. 26 309, fol. 230 v° a : Utrum primus motor sit infinitus in vigore, mais dont la lecture est extrêmement difficile.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

4° Aux discussions avec Jean de Pouilly se rattachent les ouvrages suivants : De causa immediata ecclesiasticæ potestatis, qui étudie successivement le pouvoir de saint Pierre, celui des apôtres, celui des disciples, celui des évêques, celui des curés ; on y a ajouté, dans l’édition donnée à Paris en 1506, un article Circa confessos fratribus de superiorum licenlia gênerait sine licentia curatorum, qui est également de Pierre. Il faut lui attribuer aussi les textes suivants encore inédits : Judicium fr. P. de Palude contra mag. Johannem de Poliaco, contenu dans le Vindobon. theol. 2168, fol. 8 v° sq. ; Conclusio fr. P. de Palude contra responsionem datam a Joanne de Poliaco, ibid., fol. 17-35 ; Responsiones Pétri de Palude ad ea quæ sibi imposuit mag. Johannes de Poliaco, ibid., fol. 110 r°.

5° A la réfutation de Michel de Césène est consacré le traité De paupertate Christi et apostolorum contra Michælem de Cessena, inédit dans le Paris, lat. 4046, fol. 36 v°-60 v°. Inc. : Constitutionem contra conditorem canonum quidam nituntur mullipliciter impugnare.

6° On a attribué avec plus ou moins de raison à Pierre de volumineux recueils de sermons : Sermonum thésaurus novus de tempore, Strasbourg, 1491 ; Sermones de sanctis, ibid., 1485 ; Sermones quadragesimales, ibid., 1493 : Nuremberg, 1496. Quétif et Échard doutent de leur authenticité. D’autres éditions ont été données, Paris, 1572-1573, 3 vol. ; Lyon, 1574-1576, 3 vol., expurgées par rapport aux éditions précédentes.

7° Quétif et Échard signalent un Liber bellorum Domini, que nous n’avons pu identifier.

Quétif-Échard, Scriptores O. P., t. i, p. C03 b sq. ; Féret La faculté de théologie de Paris. Moyen Age, t. iii, p. 394399 ; Denifle-Chatelain, Charlularium universit. Paris., t. ii a, Paris, 1891, p. 1, 156, 204, 239 ; Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’ordre des frères prêcheurs, t. ii, p. 522 Sq. ; t. iii, p. 131-136 ; l’Histoire littéraire de la France doit consacrer incessamment une notice considérable à Pierre de La Palu, voir, en attendant, t. xxxiv, 1915, dans les notices de Jean de Pouilli (Noël Valois), surtout p. 234246, de Jacques Duèse ou Jean XXII (Noël Valois), p. 453 sq., 461 ; t. xxxvi, 1927, notice de Gui Terré (P. Fournier), p. 453, etc. ; J. Koch, Durandus de Sancto-Porciano, dans les Beilràge de Cl. Bâumker, t. xxvi, 1927, p. 15-31, 203-208, 272-279 ; R. Martin, O. P., La controverse sur le péché originel au début du XIVe siècle, dans Spicihgium Lovaniense fasc. 10, Louvain, 1930, p. 137-144, 235-283. R. Hedde et É. Amann.

54. PIERRE LE PEINTRE, poète latin de la fin du xie et du début du xiie siècle. De sa vie, l’on sait seulement qu’il était chanoine de Saint-Omer, après avoir été, sans doute, grammairien et écolâtre. Il est l’auteur d’un certain nombre de poèmes, d’étendue variable, dont plusieurs ont été recueillis, dès 1120, dans le Liber floridus compilé par Lambert, lui aussi chanoine de Saint-Omer. (Voir l’analyse de ce recueil dans P. L., t. clxiii, col. 1003-1030 ; les pièces en provenance de Pierre sont les n. 68, 134 et 135.) Les éditeurs du xviie siècle ont malheureusement attribué le poème le plus important de Pierre (De sacramento altaris) soit à Pierre de Rlois (Jean Rusée, Goussainville), soit à Hildebeit, évêque du Mans (Reaugendre). C’est Guingené qui, en 1814, a restitué cette pièce à son véritable auteur, encore qu’il se soit gravement trompé sur l’époque de celui-ci. Hist. litt. de la France, t. xiii, p. 429 sq. Depuis, les recherches des médiévistes et particulièrement de R. Hauréau ont permis de mieux connaître l’auteur.

On peut lui attribuer : 1. Un poème, Contra simoniam, édité, après d’autres, par H. Rœhmer, dans Mon. Germ. hist., Libelli de lile, t. iii, p. 708-710, cf. p. 740 ; — 2. Une satire sans titre, que Manitius propose d’appeler le Domnus vobiscum. Sous ce nom, qu’on est assez étonné de trouver déjà avec ce sens, l’auteur désigne le riche ecclésiastique grassement

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