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l’IKKKK MONGE — IMEHKE D’OSMA


loire de l’Egypte chrétienne, dans les Mémoires de la mission du Caire, t. iv. p. 196. Amélineau a fort bien démontré le caractère apocryphe de cette correspondance ; elle est en contradiction avec la tradition historique concernant l’Hénotique, avec Y Hénolique lui-même et avec la Lettre à Acace de Pierre Monge, lettre conservée par Évagre. dont nous parlons plus loin. Comme prix de son adhésion à l’Hénotique, Pierre Monge fut reconnu par l’empereur comme patriarche d’Alexandrie. Son compétiteur chalcédonien, Jean Talaia, élu pour remplacer Salofaciol décédé, fut obligé de se réfugier à Rome.

Mais, si Pierre Monge avait fait sa paix avec l’empereur, il s’était exposé à l’animosité des avancés de son parti. Pour leur donner des gages, il raya des diptyques de l’Église d’Alexandrie les noms des patriarches Protérius et Timothée Salofaciol. Il fit aussi enlever le corps de ce dernier du lieu de la sépulture patriarcale. Ne réussissant pas à apaiser les extrémistes, il employa les mesures de rigueur surtout contre les monastères. Indignés, les moines monophysites se plaignirent à l’empereur et. au nombre de 30 000, ils vinrent à Alexandrie, pour se rendre compte de l’orthodoxie du patriarche. Effrayé, Pierre sollicita la protection de la force publique. Il reçut dans la grande église d’Alexandrie une délégation de deux cents moines et fit si bien que, sans condamner ouvertement le tome de Léon et le concile de Chalcédoine, il parla de façon à les persuader qu’il ne les acceptait pas. Tout en se radoucissant à son égard, les moines refusèrent de le reconnaître comme leur patriarche. Avec tous les avancés du parti monophysite, ils se tinrent à l’écart, mais sans se constituer en Église séparée. C’est pour cette raison qu’on les nomma les « acéphales ». Voir t. i, col. 308 ; Évagre, Hisl. eccl.. t. III, c. xxii ; Zacharie le Rhéteur, Hist. eccl., t. VI, c. n.

Tout en rusant avec les moines, Pierre écrivait à Acace de Constantinople une lettre qu’Évagre nous a conservée ; il y niait effrontément avoir exhumé le corps de Salofaciol, « ce qui serait un crime contraire aux lois divines et humaines » ; il protestait de son respect pour o la très sainte et très œcuménique assemblée de Chalcédoine, qui n’a fait que confirmer ce qui a été décrété à Nicée ; il se plaignait amèrement des moines qui excitaient le peuple contre lui et, finalement, demandait le secours de l’empereur. Voir cette lettre dans Évagre, P. G., t. lxxxvi, 2e part., col. 2629 sq.

Après la mort d’Acace, Pierre Monge écrivit à Fravitas, successeur d’Acace sur le siège de Constantinople. Dans cette lettre, il répudiait la doctrine d’Eutychès, professait « un seul Fils de Dieu le Père, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est Dieu, le Verbe du Père, qui pour notre rédemption est devenu homme et malgré sa nature divine a pris la forme de l’esclave dans l’économie. Il adhérait de nouveau à l’Hénotique et répudiait « tout ce qui a été effrontément enseigné à Chalcédoine et dans le tome de Léon ». Voir cette lettre drms Zacharie le Rhéteur. Hist. eccl., t. VI, c. vi, trad. Ahrens-Kriiger. p. 94 sq.

Malgré cette déclaration nettement antichalcédonienne, Pierre ne parvint pas à rallier les « acéphales ». Il mourut le 29 octobre 489 et figure au calendrier monophysite.

Comme sources, il faut indiquer l’Histoire ecclésiastique d’Évagre, cille de Zacharie le Rhéteur et les Gestn de nomine Acacii. Cf. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen I.ileratur, t. IV, p. 82.

C Fritz.

53. PIERRE DU MONT DE BURET,

frère mineur belge de l’Observance. Il naquit à Perwez vers la fin du xv siècle et fit ses études à l’université de Couvain, où il prit le grade de licencié en théologie. Nommé régent du collège du Faucon,

en 1539. il fut élevé en 1542 à la dignité de recteur de l’université. Peu après, cependant, il s’enrôla dans l’ordre des frères mineurs de l’Observance. Il exerça dans l’ordre les charges de lecteur en théologie à Louvain depuis 1545 jusqu’en 1555, et de gardien à Louvain et, en 1578, à Anvers. Il refusa de souscrire la formule de serment par laquelle les calvinistes d’Anvers, députés aux États, voulaient contraindre les frères mineurs à promettre obéissance à l’archiduc Mathias et à vouer leur haine à don Juan d’Autriche. Ce refus entraîna l’exil du P. Pierre et de ses religieux. Il mourut de la peste, à Louvain, en 1579.

Il est l’auteur des ouvrages suivants : Dominicw passionis secundum quatuor evangelislas dilucida cruditaque enarralio ex veterum orthodoxorum commentariis studiose desumpta ac concinnata, Anvers, 1555 ; le même ouvrage, multo exactius quam anlea ab ipso authore recognila, Anvers, 1571 ; Elucidationes in seplem psalmos pcenitentiales, Anvers, 1567. Le P. Pierre aurait dressé aussi une relation des vexations que lui et ses religieux ont eu à subir à Anvers lors de l’affaire du serment. Le P. Delrio, S. J., en aurait inséré la substance dans son ouvrage : Commentarius rerum gestarum in Belgio a Petro Henriquez, comité Fontano, Cologne, 1611.

L. Wadding, Scriptores ordiuis minorum, Rome, 1906, p. 191 ; J —H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 352 ; S. Dirks, O. F. M., Histoire littéraire et bibliographique des frères mineurs de l’Observance en Belgique et dans les Pays-Bas, Anvers, 1885, p. 100-101.

Am. Teetært.

51. PIERRE D’OSMA ou PIERRE MAR T I N EZ. — On sait peu de chose sur la vie de ce théologien espagnol, né à Osma, d’où son surnom, et professeur à Salamanque au milieu du xve siècle. Il est surtout connu par les propositions extraites d’un de ses ouvrages, De cohfessione, qui ont motivé tout d’abord une condamnation portée par le vicaire général de Saragosse, sede vacante, et l’inquisiteur d’Aragon (15 décembre 1478) ; puis un jugement de l’archevêque de Tolède, Alphonse Carillo, jugement condamnant onze propositions, discutées les 17, 19, 20 et 21 mai 1479, dont, finalement, Sixte IV retiendra les neuf premières pour les réprouver dans sa bulle Licet ea, du 4 août 1479, avec cette note théologique : omnes et singulas proposiliones prædictas jalsas, sanctse catholicæ fldei contrarias, erroneas et scandalosas et ab evangelica veritate penitus aliénas, sanctorum quoque Patrum decrelis et aliis apostolicis constitutionibus contrarias fore ac manifestam hæresim conlinere… declaramus. Denz.-Bannw., n. 733.

Le texte authentique de la bulle de Sixte IV présente en raccourci les propositions que le text% vulgarisé de l’archevêque nous a transmises. Mais le sens reste le même. Denzinger-Bamvwart donne le texte vulgarisé, n. 724-738 ; Cavallera donne le texte de la bulle, et, en note, celui de l’archevêque, n. 1219, 1227, 1255, 1203, 1269, 378.

Nous avons déjà reproduit le texte de six propositions (1-5, 9) concernant le sacrement de pénitence, voir PÉ.N’iTENCK, col. 1047-1048. Voici les trois autres, communes au texte épiscopal et au texte pontifical : 6. Papa non potest indulgere alicui vivo (al. viro) pœnam purgatorii ; 7. Ecclesia urbis Romx errare potest ; 8. Papa non potest dispensare in statut is universalis Ecclesiiv. Denz.-Bannw., n. 729-731. Dans le texte de Sixte IV, les prop. 6 et 8 sont unies : Romanum pontificem jturgalorii pœnam remittere et super his quæ universalis Ecclesia statuit dispensare non posse. Cavallera, n. 1269.

Les deux dernières propositions, non retenues par Sixte IV, étaient les suivantes : 10. Venialia excluduht etiam ad audiendum divina ; 11. Constitutiones Eccle-