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MKKRK DE LUN. ŒUVRES

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sombre drame du Grand Schisme se terminait en bouffonnerie.

De cette fin absurde, il faut rendre à coup sûr responsable Pierre de Lima. Plus encore porte-t-il largement la responsabilité de [’indéfinie prolongation du Grand Schisme. En une admirable page, son plus récent historien, X. Valois, l’a ainsi caractérisé : « L’énergie la plus indomptable jointe à l’intelligence la plus cultivée ; un de ces génies pleins de ressources, qui. par la plume, par la parole, par la force, par la ruse, par le prestige même de leurs vertus privées, inspirent la confiance, endorment les soupçons, touchent les cœurs, triomphent des animadversions… Il s’était fait une conviction, il s’était assigné un but ; il y tendit pendant vingt-huit années sans se laisser décourager par les plus puissantes coalitions, par l’abandon le plus lamentable ; passé maître, d’ailleurs, dans l’art de jouer avec le temps, de piétiner sur place, en feignant d’avancer ; sachant donner le change et ne se faisant point scrupule d’annuler, par des protestations secrètes, ses plus solennels engagements ; cramponné, pour tout dire, à ce siège apostolique, auquel il prétendait ne point tenir, et d’autant plus résolu à ne jamais l’abandonner qu’il possédait une puissance d’illusion peu commune ; affichant, au moment où on le croyait écrasé, des prétentions inouïes, bravant, du haut de son rocher, la chrétienté entière, luttant poulie plaisir de ne point céder, prolongeant le schisme, autant qu’il était en lui, jusqu’à son dernier jour, et prenant, en mourant, des dispositions propres à le perpétuer après sa mort. » Op. cit., t. iv. p. 480-481.

Tel nous l’ont montré ses actes, tel aussi nous le révèlent les écrits qui se sont conservés sous son nom.

II. Ouvrages.

Nous laissons ici de côté les actes officiels émanés de Benoît XIII en tant que pape. En particulier, nous ne ferons pas état du mémoire considérable présenté par Benoît XIII au concile de Perpignan et qui est un exposé justificatif de sa conduite depuis son élection. Tous ces écrits seront plus utilement étudiés à l’art. Schisme d’Occident f Grand). Nous ne nous occuperons que des productions sorties de la plume de Pierre de Luna en tant que personne privée, soit avant, soit durant son pontificat. Les anciens bibliographes espagnols, X. Antonio et F. de Latassa, nous serviront de guide ; les recherches de Fr. Ehrle et de X. Valois compléteront leurs indications.

Écrits divers.

Le Traclatus de horis du-endis per

clericos, a disparu. Antonio en avait encore vu un ms., qui attribuait explicitement ce traité < à Pierre de Luna. cardinal d’Aragon, depuis élu pour être un des successeurs de saint Pierre ». Cette indication reporte la composition à une date antérieure à 1393. Au témoignage de l’ïncipit, c’était la reproduction d’une leçon faite par Pierre. Voir Antonio. Bibl. hisp. velus. 2e édit., t. ii, p. 211, n. 100.

Le De consolationc theologitc. contenu dans le Vaticanus lat. 4853, fol. 1-42 v°, a vraisemblablement été composé dans les loisirs du séjour forcé à Peniscola. Comme Boèce captif se consolait par la philosophie, le pape déchu et abandonné cherchait quelque douceur dans la méditation de l’Écriture et r’es mystères chrétiens : cogitavi de infinitis consolationibus contentis implicite vel explicite in Scripturis quasdam redigere. Une traduction espagnole de cet ouvrage se trouve à l’Escurial, Y, ni. 7. Cf. Antonio, ibid., n. 99.

Un catalogue des mss. qui étaient conservés au collège Saint-Barthélémy à Salamanque (aujourd’hui P. 301, de la bibl. nat. de Madrid), mentionne, fol. 72. n. 305, un Traclatus contra judœos compositus a papa olim Bcnedicto de Luna. Peut-être y aurait-il lieu de rapprocher cette indication de celle de F. de Latassa, op. cit.. t. ii, p. 129-130, qui parle d’un ms. de l’P’scu rial, L, ///, 0, où serait contenu le récit de disputes théologiques tenues à Tortose (où Benoît XIII *a résidé quelque temps, après 1409) entre Jérôme de Santa-Fé et les juifs du royaume d’Aragon.

Les indications fournies par Antonio sur des ouvrages du < pape de Luna », qui se trouvaient encore, en 1613, au couvent des dominicains de Gotôr, et qui traitaient respectivement De l’histoire de Troie. De l’histoire des gentils, et de sujets divers de morale, d’économie domestique et politique, ces indications, disons-nous, sont trop vagues pour qu’il y ait lieu de s’y arrêter. Elles tendraient du moins à montrer que Pierre de Luna fut un écrivain fécond. Voir Antonio, n. 101.

Écrits canoniques.

Beaucoup plus importants

sont les traités canoniques émanés de la plume de Pierre de Luna, et que Fr. Iîhrle a réussi à identifier. Die kirchenrechllichen Schrijten Pelers von Luna (Benedikts XI IL), dans Archiv fur Literalur-und Kirchengeschichte des M. A., t. vu. 1900, p. 514-575. Aucun d’entre eux n’est une exposition sereine de doctrine ; nous avons affaire à des traités de circonstance, où la polémique joue le plus grand rôle. Tous consacrés à la défense du point de vue opiniâtrement soutenu par le pape aragonais, ils ne laissent pas de jeter un jour intéressant sur plusieurs circonstances historiques d’abord, mais aussi sur la conception de l’Ég ise et de l’organisation des pouvoirs que se faisait Pierre de Luna. Pour avoir été utilisés à la défense d’une cause médiocre, sinon mauvaise, les principes professés par lui n’en étaient pas moins d’une parfaite justesse.

Suivant une voie analytique, Fr. Erhle a étudié ces ouvrages non dans leur ordre chronologique, mais en allant des plus certains ou de ceux qu’il était plus facile de dater aux moins certains ou aux moins faciles à situer. Tenant pour établie la démonstration de l’authenticité qu’il en a faite, nous présenterons ces traités dans leur ordre chronologique.

1. De ( principali) scismate. — Il est mentionné dans le catalogue des livres emportés par Pierre en ses déplacements, voir art. cité, p. 517 [n. 9], avec cette indication : Dominus noster papa Benedictus XIII. lune cardinalis de Luna, super scismate, cf. [n. 12] et [n. 19]. Il s’agit donc d’un traité composé avant le pontificat auquel Pierre se référera dans les écrits suivants. Il n’a pas été retrouvé en entier jusqu’à présent ; mais les Allegationes domini cardinalis de Luna. contenues dans le Paris, lat. 1169, fol. 172-178 (identiques à un texte du Paris, lat. 1462, fol. 63-71. et du ms. des archives vaticanes, arm. 54. n. 11. fol. 1 1-18) en représentent une section. Le sujet en était certainement la démonstration de l’irrégularité d’Urbain VI et de la légitimité de Clément VII. Cette question avait été traitée tout au long par Pierre de Luna dans la grande réunion de Médina del Campo de 1380. Le discours du légat de Clément VII est conservé comme tel dans les Paris, lat. 1469, îo. 117 sq. ; 1470. fol. 129 sq. ; 9724, fol. 142 sq.

2. Allegationes pro papa et contra rebellantes per quemdam venerabilem doctorem. — Ce traité assez bref est contenu dans les mss. suivants : arch. vat., arm. 54, n. 29, fol 112 r°-182 v° ; ibid., n. 23, fol. 207 r°-286 v° ; ibid.. n. —’-5, fol. 64 r°-77 v° (incomplet) ; bibl. Vat.. lat. 1178, fol. 47 r°-135 V ; bibl. Barberini. XVI, 77, foi. 1-48.

L’attribution à Pierre de Luna n’est pas absolument certaine ; elle repose sur la comparaison de ce texte avec d’autres certainement authentiques. Le traité a été composé pendant la première « soustraction d’obédience i et plus précisément vers 1400-1401, au cours d’une dure captivité. Il répond aux objections faites au pape par les cardinaux rebelles. Ceux-ci lui repro-