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PIERRE LOMBARD. LES SENTENCES, ÉDITIONS


car, sans cela, il n’aurait pas eu la plénitude de grâce ; il saisit cette occasion pour développer tout le traité des vertus théologales et morales. Le traité De mandatis. dist. XXXYII-XL, vient ensuite, rattaché par une transition des plus simples, sed jam distributio decalogi consideranda, ibid., p. 715. à l’amour de Dieu et du prochain, fin de la dist. XXXVI et début de la suivante ; le mensonge et le jurement y sont spécialement développés, dist. XXXY1Il et XXX IX ; le traité se termine par la supériorité de l'Évangile sur la Loi, dist. XL.

Le livre IV. — Les sacrements, déjà annoncés dans le prologue du 1. III comme alligamenta, et dans le c. 3 de sa dernière distinction, ibid., p. 550 et 734, occupent la grande partie du t. IV, qui s’ouvre par un rappel du principe de division des res et des signa, depuis longtemps oublié. La dist. I traite de quelques questions des sacrements en général et des sacrements de l’ancienne Loi : les cinq suivantes, II-YI, sont consacrées au baptême, la " I Ie à la confirmation ; l’eucharistie prend les dist. VIII-XIII, la pénitence les neuf suivantes. XIY-XXII, l’extrème-onction, la XXIIIe. Le traité de l’eucharistie et celui de l’ordre qui occupent les dist. XXIY-XXY, donnent une attention spéciale aux problèmes débattus durant la polémique théologique des investitures à propos des messes des hérétiques et des excommuniés, dist. XIII, où vient la question de l’essence de l’hérétique, à propos aussi des ordinations faites par des hérétiques et des simoniaques, dist. XXY ; dans le traité de la pénitence, il faut signaler le rôle de la contrition, dist. XVII, celui de l’absolution, dist. XVIII, et la question de la reviviscence des péchés pardonnes, dist. XXII ; pour l’extrème-onction, celle de sa réitération, dist. XXIII. Le traité du mariage, auquel sont dévolues 17 dist., XXYI-XLII, attire l’attention, entre autres par sa théorie consensuelle du mariage, dist. XXY II, XXYIII et XXX. et par la partie extraordinairement développée des empêchements canoniques, dist. XXIXXLII, avec quelques autres questions entremêlées : l’indissolubilité, les biens, l’usage, l’unité du mariage, dist. XXXI-XXXIII. Pour finir, le traité des fins dernières, rattaché sans lien logique explicite à ce qui précède, postremo de conditione resurrectionis… disserendum est, ibid., p. 994, donne deux distinctions à la résurrection des corps, dist. XLIII et XLIY, une au purgatoire et aux suffrages pour les âmes y détenues et une à l’enfer, dist. XLV et XLY1 ; le jugement dernier prend deux distinctions ; enfin l'éternité, au ciel ou en enfer, fait l’objet des deux dist. XLIX-L, et l’ouvrage se termine par une allusion à un texte d’Isaïe vi, 1, ibid., p. 1058, qui rappelle allégoriquement, plutôt que clairement, toute la matière traitée dans les quatre livres des Sentences.

Éditions des IV libri Sententiarum.

Les exemplaires de l’ouvrage principal de Pierre Lombard se

multiplièrent dès le xiie siècle, et surtout au xme, dans une proportion qui n’est dépassée que pour les textes de la bible..Nous nous contentons ici de quelques renseignements statistiques, les mêmes données devant être utilisées plus loin avec beaucoup d’autres, qui concernent davantage le succès et l’influence théologique des / V libri Sententiarum.

Il n’est pas de bibliothèque médiévale de clercs ou de moines, peut-on dire, qui n’ait au moins un exemplaire du Livre des Sentences et les dépôts actuels accusent la même abondance : la Bibliothèque nationale, à Paris, en possède plus de 50 exemplaires, lai. 2014-2027, 2027 a, 2027 b, 3028-3032, 3403-3405,

16 321-15 325, 15 701-15 728, 1(1274-16 378, 17 464 17 466 ; celle de Reims en a cinq : 460-464 ; celle de Troyes, dix : / ;  ;, 286, 304, L’M, 588, 899, 900, 1182, 1712, 2264 ; la bibliothèque Mazarine, une douzaine,

DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

n. 755-767 ; celle de Vienne, bibliothèque de l'État, une quinzaine, n. 1283, 1204, 1381, 1383, 1402, 1415, 1436, 14 10, 1469, 1525, 1627, etc. ; celle de Bamberg en a huit, 118-125 ; e fonds Vatican à la bibliothèque Vaticane, à peu près vingt, Vat. lat. 679-605 ; celui de la Bibliothèque royale, de Bruxelles, plus de dix : 1525-1544 et 1546, etc. Ces indications suffisent pour donner une idée de la diffusion de l’ouvrage.

On peut en dire équivalemment autant des éditions. Les recherches anciennes sur l’histoire de l’imprimerie aboutissaient déjà à fixer une liste d’une vingtaine d’incunables. Une aimable communication de la direction du Gesamtkatalog der Wiegendrucke, due à l’obligeante intervention de M. von Bath, bibliothécaire en chef de l’université de Bonn, nous permet de rectifier et de préciser les anciennes listes des bibliographes d’après le relevé de visu des exemplaires originaux : Strasbourg (Eggestein), vers 1471 ; Venise (Wendelin de Spire), 1477 ; Xuremberg CKoberger), 1481 ; Cologne (H. Quentell), 1484 ; Bàle, 1486 ; Venise, 1486 ; Bàle, s. d. ; Strasbourg, s. d. ; en outre, avec le commentaire de saint Bonaventure, Nuremberg, 1491 ; Fribourg-enBrisgau, vers 1493 ; Nuremberg, 1500, et avec les Conclusiones de Henri de Gorcum (Gorichem), Bàle, 1486, 1487 et 1488 ; Venise, 1489 ; Bàle, 1492 et 1498 ; Lyon, 1499 ; Fribourg, s. d. Ajoutons-y une espèce de résumé, intitulé Thésaurus Sententiarum et publié à Spire par Pierre Drach, en 1495. Il n’y a pas eu d'édition complète des trois œuvres, Gloses et Sentences, comme l’affirment quelques bibliographes ou historiens. Voir aussi les anciennes listes de Maittaire, Annales lypographici, t. v, part. 2, Londres, 1741, p. 25, et M. Denis, Annalium tijpographicorum supplementum. Vienne, 1789, n. 996, 1698, 2003, 5298 et 5299, p. 136, 217, 251, etc. ; Hain, Repertorium, n. 10 183-10 200 ; W.-'A. Copinger, Supplément to Hain’s Repertorium, part. II, Londres, 1898, n. 3655.

Après l’année 1500, les éditions se succèdent non moins nombreuses. Citons, Bàle, 1502 et 1507, 1510 et 1516 ; Venise, 1507 ; Paris, 1514 et 1536 ; Cracovie, 1519 ; voir Panzer, Annales lypographici adannum MD, t. ii, Nuremberg, 1802, p. 467. Mais cette liste de Panzer est loin d'être complète, même pour l'époque antérieure à 1550. Il faut mentionner en outre au moins huit éditions à Louvain entre 1546 et 1574 ; quatre à Cologne entre 1509 et 1604 ; deux de Venise, en 1563 et 1584 ; six à Lyon en 1525 et 1528, avec réimpressions en 1581, 1593, 1594 et 1618. Mais c’est Paris qui figure en tête de liste, avec une trentaine d'éditions non énumérées ci-dessus et qui s'échelonnent entre 1516 et 1574 ; mentionnons celle de Josse Bade d’Assche, en 1535, et celle de 1542T, avec les corrections de Jean Aleaume, dont une réimpression d’Anvers de 1757 a été reproduite par Migne, P. L., t. cxcii, col. 519-964 ; voir l’Histoire littéraire de la France, t. xii, p. 607-609. Le mérite critique de ces éditions n'était malheureusement pas en rapport avec leur nombre et leur fréquence, qui attestaient la grande vogue de l’ouvrage.

Parmi les plus vieux mss., il faut faire une place à part à celui de Troyes, 900, qui appartenait à Clairvaux et qui porte sa date ; le scribe qui l’a transcrit en 1158 nous a transmis son nom, Michel d’Irlande, voir Catalogues des manuscrits des bibliothèques des départements, série in-4o, t. ii, bibliothèque de Troyes, Paris, 1855, p. 373-374 ; et Le traite de Pierre Lombard sur les sept ordres, art. de la Revue d’histoire ecclésiastique, t. x, 1909, p. 721, n. 2 ; un autre ms. de l’ancienne abbaye des Dunes, actuellement à I linges, bibliothèque de la ville, n. 184, avait été donné par son premier possesseur à celle abbaye, avant 1194. Les témoins du XIIe siècle, sans être tous datés avec cette précision, ne manquent pas ; mentionnons, entre

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