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PIERRE LoMliA III). LES SENTENCES, DIVISION

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tionnés et hiérarchisés, niais des membres ou parties de l’exposé, parfois très courts, contenant un argument,

une objection, une citation, etc. Os capitula sont, dans quelques anciens manuscrits, au nombre de 207 pour le 1. I ; 266 pour le 1. Il ; 161 pour le 1. 1Il et 27<S pour le I. IV. Un certain groupe des mss. anciens répètent dans la marge, vis-à-vis du texte, le numéro d’ordre des capitula.

Une autre anomalie est due à l’omission des capitula dans le corps même de l’ouvragé. On aurait pu croire que Pierre Lombard en aurait pris la nomenclature pour guide de ses divisions ultérieures, il n’en est rien. Mais, à en juger par les remaniements que les scribes ont fait subir aux titres de ces capitula, dans le cours même des chapitres, il semble bien que Pierre Lombard ait divisé son texte sans plus tenir compte de sa liste primordiale. Les. scribes, ou le reviseur éventuel, qui aurait ultérieurement orienté leur travail, ne se sont pas fait scrupule d’introduire d’autres subdivisions ou de les multiplier à plaisir, ce qu’ils eussent évité si Pierre Lombard leur eût servi, dans son texte même, les divisions libellées d’après son prologue. L’accord, ici de nouveau, est remarquable entre les scribes, ce qui soulève plus d’un problème de critique textuelle sur lequel l’on ne peut insister en cet endroit. Ainsi, comme le font remarquer les éditeurs de Quaracchi, t. i, p. xlii, dès la I re dist. du t. I, on constate que la liste du prologue contient trois capitula seulement, tandis que les éditions, autres que celles de Quaracchi, et les mss. en présentent jusqu'à huit. L'édition de Quaracchi des œuvres de saint Honaventure sectionnait le texte lombardien à l’aide des titres fournis pour la liste du prologue ; l'édition de 1916 a préféré, pour la clarté et la suite logique des idées, grouper plusieurs capitula en un seul. On ne peut que l’en louer ; l’antique sectionnement, qui tronquait parfois le développement, n'était pas toujours bien inspiré ; la liste de ces modifications est fournie au t. i, p. xlii, n. 3.

Contenu détaille des quatre Hures.

D’une façon

générale, Pierre Lombard a divisé tout l’ensemble de la théologie en quelques grands traités que, dans la langue de la théologie actuelle, on dénommerait comme suit et que nous répartissons, pour la facilité du lecteur, d’après le classement universellement reçu, en distinctions :

Livre I, en 48 distinctions. — De Deo Trino et Uno : la Trinité, dist. I-XXXIV ; attributs de la divinité et action ad extra, avec prescience, puissance et volonté, dist. XXXV-fin.

Livre II, en 44 distinctions. — De Deo créante, de yratia, de peccato originali, de peccalo actuali : fin de la création, l’angélologie, dist. I-XI ; l'œuvre des six jours, dist. XII-XVI ; l’anthropologie, dist. XVIIXXI II ; la grâce, dist. XXIV-XXIX ; le péché originel et actuel, dist. XXX-fin.

Livre 111, en 40 distinctions. — De Verbo incarnato et de Christo redemptore, De virtutibus, De decem mandalis : incarnation et christologie, dist. I-XVII ; rédemption, dist. XVIII-XXII ; vertus théologales et dons du Saint-Esprit, dist. XXIII-XXXVI ; commandements, dist. XXXVII-fin.

Livre 1 V, en 50 distinctions. — De sacramentis in génère, De sei>lem sacramentis in sj>ecie, De novissimis : sacrements en général, dist. I ; baptême ; dist. II-VI ; confirmation, dist. VII ; eucharistie, dist. VIII-XIII ; pénitence, dist. XIII-XXII ; extrême-onction, dist. XXIII ; ordre, dist. XXIV-XXV ; mariage, dist. XXVI-XLII ; fins dernières, dist. XLIII-fln.

Le Ie ' livre, après le chapitre d’introduction sur les res et signa décrit ci-dessous, t. I, dist. I, a donc comme objet le De mysterio Trinitatis ou le Deinexplicabili mysterio summir Trinitatis ou le Mysterium divinae Unitatis atque Trinitatis, comme il est dit dans les pro logues des I. 1 1 et 1 1 1. p. : ?d< ; et 550, et consacre à cette matière 47 distinctions. L’ordre suivi est assez simple dans ses grandes lignes, mais beaucoup moins satisfaisant dans le détail des ramifications. Après une saine déclaration de principes et de méthode, empruntée < saint Augustin. I. I, dist. ii, c. 3. p. 22, sur la place de la révélation biblique et fie la raison humaine dans l’exposé de la doctrine trinitaire, la dist. II donne les appuis bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament en faveur de la Trinité, puis la dist. III passe a la connaissance de la Trinité par les vestiges des créa tures ; la personne du l'ère lait alors l’objet de la dist. IV, celle du Fils, des distinctions V a IX, avec la grosse question de la simplicité divine, fort bien libellée dans la dist. IX ; la personne du Saint-Esprit est étudiée dans les dist. X-XVIII.

Les seize distinctions suivantes, XIX-XXX1Y. prennent pour matière les trois personnes en général, surtout les questions de terminologie trinitaire, sans se défendre toutefois de quelques digressions sur le terrain des attributs souvent appelés relatifs, comme dans les dist. XIX, XXII, c. 2, et XXX, c. 1 ; l’auteur le reconnaît lui-même dans son préambule de la dist. XXXV : cum supra disseruerimus ac plura dixerimus de lus quiv communiler secundum substanliam de Deo dicuntur. Ibid., p. 220. Dans les quatorze dernières, dist. XXXV-XLVIII. viennent les attributs divins et l’action divine ad extra, « eorum tamen qiwdum specialem eflagitant tractalum » : science, prescience, providence et prédestination, volonté et puissance. Ibid., p. 220. Comme on le voit, il est plus d’une question relative à l'être divin, dont le Lombard ne s’est pas occupé ou dont il ne s’est occupé qu’incidemment, et le classement logique, malgré l’usage qu’il fait de la dialectique, aurait pu avantageusement être amélioré.

Le livre II, qui a pour titre De rerum creatione et formalione corporalium et spiritualium et aliis » luribus eo perlinentibus, ibid., p. 306, traite de la création en général, dist. I, puis de la création des anges et de l’angélologie, dist. II-XI ; l’hexaméron prend les quatre dist. suivantes, de XII à XX' ; puis vient le premier homme, dans les dist. XVI-XX, et la chute, dist. XXI-XXIII ; la grâce et la liberté, avant et après la chute, la grâce opérante, coopérante, prévenante, et le pélagianisme occupent les dist. XXI'-XXTII, le péché originel, chez Adam et ses descendants, les dist. XXIX-XXXIII, tandis que les onze dernières dist., de la XXXIXe à la XLIVe, sont consacrées au péché actuel en général ou en particulier, avec l'étude de l’intention de la volonté dans ses actes.

Avec le IIIe livre, De incarnatione Verbi et humani generis reparatione, nous avons toute la doctrine de l’incarnation et de la rédemption, qui prend les 22 premières distinctions. L’incarnation, avec le mode d’union, dist. X et VII, la naissance et l’adoration de l’humanité du Christ, dist. X’III et IX, les questions dialectiquement fort débattues alors du nihilisme christologique. An Clirisius secundum quod homo sit aliquid, et de l’adoptianisme, dist. X-XII, et celle de la science du Christ, dist. XIII-XIX*, s'étend jusqu'à la dist. XX' II. Puis, commence l’exposé de la rédemption, qui remplit les dist. XVIII-XXII, avec la grosse question ardemment discutée alors de l’union de la divinité du X’erbe avec le corps durant le séjour au tombeau, dist. XXI. A ce traité de l’incarnation se rattache celui des vertus théologales, qui prend les dist. XXIIIXXXII, et celui des vertus morales, des dons du Saint-Esprit et de leur connexion, dist. XXXIIIXXXVI. Mais la place que Pierre Lombard assigne à ces traités est introduite par une transition assez curieuse : à propos du chapitre sur la grâce du Christ, dist. XIII, l’auteur revient sur ses pas et se demande si le Christ avait la foi et l’espérance comme la charité,