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    1. PIERHK LOMBARD##


PIERHK LOMBARD. LES SENTENCES, DIVISION

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qu’on peut en conclure. Que Pierre Lombard ait par-ci par-là remanié quelque détail de son texte au cours de i-on enseignement, rien ne s’y oppose, sans que pour cela il faille recourir au moyen d’une nouvelle édition, et les expressions rencontrées dans telle noiula, comme p. t)7ô, éd. Quaracchi, chez le glossatcur de bamberg, surtout, quand il dit : Magister qui in prima traditione Sententiarum tradidit… Sed postea hoc correxit et quod secundo traditum est est tutius dictum, ibid., fol. 34, art. cit., p. 92, ou chez l’anonyme de Paris, bibl. nat., tat. 14 423, fol. 81 r° : Istud magister post compositas Sententias apposuit, Landgraf, art. cit., p. 89, ou Magister posuit quæ ipse cum prinium legcret Sententias asseruit sed… cum setundo eadem legeret, improbavit, ibid., fol. 88 v°, ibid., p. 93, ou bien encore : hanc enim ( glossam volatilem) et quam plures alias apposuit magister in marginibus post libri ediiionem, ibid., p. 88, permettent, semble-t-il, d’entendre dans le sens de remaniements secondaires ajoutés par écrit ou proférés de vive voix, au cours, ce qu’on pourrait en arguer pour une 2e édition. Qu’il ait fait ces remaniements à la suite de discussions contradictoires dans des exposés publics, cela n’est nullement impossible. Récemment, Landgraf a cru pouvoir signaler quelques allusions à des qua’sliones ou disputationes, art. cit., p. 96-98, et nous savons par Jean de Cornouailles que lui-même, que Maurice de Sully, que Robert de Melun, dont il était le disciple, s’en prenaient en public à l’enseignement du Magister Sententiarum, Eulogium ad papam Alexandrum 111, c. iv, P. L., t. cxcix, col. 1055 A ; mais l’on est trop peu renseigné, au stade actuel des recherches, pour sortir d’une sage réserve au sujet de ces disputationes, dont il a déjà été question à propos des Clossæ in S. Pauli epistolas, et rien ne semble pouvoir en être tiré en faveur d’une nouvelle édition des Sentences.

4° Division du contenu en livres, en distinctions, en chapitres. — Les divisions que présentent les éditions actuelles des 1 V libri Sententiarum ne sont pas dues toutes à Pierre Lombard.

La division en quatre livres émane de l’auteur luimême : nous en avons pour preuve sa propre affirmation : volumen… compegimus… in IV libris distinctum, contenue dans son prologue, t. i, p. 3, qu’il a composé après la rédaction de son livre : compegimus, in laborc multo ac sudore, præmisimus, ibid., p. 3.

Un sectionnement ultérieur a été e"ectué par l’auteur, mais ce n'était pas celui de la division des livres en distinctions : primitivement, chaque livre se subdivisait uniquement en un certain nombre de capitula. Les témoins primitifs du texte, comme le ms. 900 de Troyes, qui date de 1158, celui de Bruges 184, donné par un doyen de bruges, Hugues l’Ours (ou De béer ?) avant 1194, celui de Florence, Conv. ri, 28, de la fin du xiie siècle, ne connaissent pas ces distinctions ; elles sont ajoutées dans un certain nombre de mss., même anciens, par une main postérieure. Le témoignage du De vera pliilosophia va dans le même sens : son auteur ne fait pas ses citations d’après les distinctions, mais d’après les capitula. L’on ne peut donc dire avec Protois, Pierre Lombard, p. 100, ni avec G. Annat, Pierre Lombard et ses sources patristiques, dans le Luit, de litl. ecclés., de Toulouse, 1906, p. 89, que les chapitres sont appelés distinctions par P. Lombard.

Le nombre des distinctions, dues aux scribes ou mieux à des reviseurs ou commentateurs, durant le cours du xiii c siècle et sans nul doute dès la première moitié du siècle, est identique dans les diverses familles d’exemplaires : il y en a 48 pour le 1. I ; 44 pour le 1. 1 1 ; 40 pour le 1. 111 ; 50 pour le 1. IV. Mais il n’y a pas accord tout à fait parfait pour le commencement de chaque distinction et le sectionnement même n’a pas toujours été heureux. Déjà saint bonaventure faisait

la remarque que la dist. XXVII du 1. II aurait dû commencer un peu plus haut. L. II, dist. XXVII, divisio textus, dans Opéra omnia, édit. Quaracchi, t. ii, p. 650 et 652. Saint Thomas, Opéra, édit. Parme, t. vi, p. 628, la commence comme saint bonaventure, c’est-à-dire quatre capitula plus haut que dans le texte du Lombard. Mais Richard de Médiavilla, édit. brescia, t. i, 1591, p. 544 et 546, et Albert le Grand, Opéra, t. xv, Lyon, 1651, p. 261, reprennent la division primitive, aux mots Hic videndum, et non pas à Hic considerandum est. Un autre exemple nous est fourni à la dist. XV du même 1. II : Albert le Grand, Opéra, tome cité, p. 150 et 153, qui restait lidèle à la division du Lombard pour la dist. XXV II, ibid., p. 261, et saint Thomas, Opéra, t. vi, p. 511, la commencent avec les œuvres du quatrième jour, tandis que le texte du Lombard la commençait au cinquième jour, édit. Quaracchi, t. i, p. 374 ; ce que fait aussi Richard de Méd.avilla, op. cit., t. ii, p. 192, et, avant lui, saint bonaventure, op. cit., t. ii, p. 370. Pour la dist. XXVII, le texte de Quaracchi, t. i, p. 444, la fait commencer aux mots Hic considerandum est, comme l’exige la suite logique des idées, conformément à la remarque de bonaventure. Il n’y a pas lieu d’allonger la liste de ces exemples ni de s’attarder à l’examen des gloses les plus anciennes, celles de bamberg, par exemple, qui donnerait lieu à plus d’une remarque intéressante. Il semble toutefois que les commentateurs, ou les reviseurs, auteurs de ce sectionnement en distinctiones, aient été habituellement d’accord pour faire commencer les distinctions aux mêmes endroits.

Le mot lui-même de distinctiones, qui a eu une si grande fortune dans la suite, n’a nullement le sens qu'évoquerait de prime abord, dans nos esprits, le lien étroit qui l’unit à la disputatio et aux discussions syllogistiques et quodlibétales. Primitivement, il ne désigne pas une différenciation de sens ou de nuance dans l’idée contenue dans un texte, mais une simple division dans le contenu matériel d’un ouvrage. Ce sens de « division », que lui donnent les anciens vocabulaires alphabétiques, comme celui de la bibl. de Mayence, Carthause 248, p. 34, peut s’entendre de façon très diverse, depuis le sens de livres, chapitres, paragraphes, jusqu'à celui de pause dans la lecture ; pour Hugues de Saint-Victor, par exemple, l’ensemble des livres des rois est compris en quatre livres ou « distinctions » : « Liber regum apud nos quatuor distinctionibus clauditur, quarum duæ priores apud Hebrseos liber Samuelis dicuntur », Adnotationes elucidatoriæ in libros regum, P. L., t. clxxv, col. 95 D, tandis que, pour Yves de Chartres, Serm., ii, De excellentia sacrorum ordinum, P. L., t. clxii, col. 5V4 D, la « distinction » est, dans la lecture de l’office liturgique, une pause qui doit se mesurer d’après la ponctuation ; ce dernier sens est aussi le seul que donne Du Cange, Glossarium, t. ii, Paris, édit. Didot, 1842, p. 887, qui lui donne comme synonyme le mot incisio, ibid., t. iii, p. 795, destiné à une fortune moins brillante et moins prolongée. Plus tard, les Distinctiones theologicæ, les Distinctiones auctoritatum per modum alphabeti, les Distinctiones super libros Decrelalium, les Distinctiones alphabeticæ, les Distinctiones secundum ordinem alphabeti, sous forme de postilles, de dictionnaires mêmes, de courts commentaires, de développements exégétiques ou parénétiques, abondent dans les mss.

Par contre, si ces distinctiones ne proviennent pas du Maître, les capitula ont été introduits par Pierre Lombard lui-même. Mais, ici encore, le lecteur des Sentences se heurte à des anomalies. D’abord, les capitula, dont la liste est fournie par l’auteur aussitôt après son prologue : titulos quibus singutorum librorum capitula distinguuntur præmisimus, t. i, p. 3, fin du prologue, ne sont nullement des chapitres, logiquement sec-