Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/262

Cette page n’a pas encore été corrigée
1959
1960
PIERRE LOMBARD. LES SERMONS


cf. Lacombe et Landgraf, The » questiones » of cardinal Stephen Langton, part, iii, dans The new scholasticism, t. IV, 1930, p. 100, et 115-164. D’autre part, chez Robert de Melun, contemporain de Pierre Lombard, le genre d’enseignement par questions discutées est beaucoup plus net et ne semble pas supposer cette dissociation entre la ieclio et la disputât io. R. Martin,

0. P., op. cit., p. xxxiv-xi.v ; voir aussi Mandonnet, dans Bulletin thomiste, t. viii. 1931, p. 233. Jean de Cornouailles, dans un souvenir d'école, P. L., t. cxcix, col. 1071, qui sera rappelé plus loin à propos des Dubia velspuria, parle aussi de la disputât io, mais vise plutôt, semble-t-il, la seconde moitié de la carrière professorale du Maître. Il nous suffit d’avoir indiqué ici le problème historique, qui regarde moins l’histoire littéraire de Pierre Lombard que l’histoire d’ensemble de la théologie médiévale. Son contemporain, Clarembauld d’Arras, comme Gilbert de la Porrée, pratique le genre des Quæstiones, à l’aide des écrits d’Aristote, d’une manière beaucoup plus technique que Pierre Lombard. G. Jansen, Der Kommentar des Clarembaldus von Arras zu Bo Ihius de Trinilale, dans les Breslauer Studien zur historischen Théologie, t. viii, Breslau, 1926, p. 29-75.

/II. ££5 sermons. — Le troisième groupe des œuvres authentiques de Pierre Lombard est formé par ses sermons.

Authenticité.

La tradition manuscrite, raisonnablement ferme cependant, n’a pas été respectée par

les éditeurs, qui ont publié la grande partie de ces sermons sous les noms d’Hildebert de Lavardin, évêque du Mans, comme l’avait fait Beaugendre, Hildeberti Cenomanensis episc. opéra omnia, Paris, 1708, et à sa suite Bourassé, P. L., t. clxxi, col. 339964, ou en leur en ajoutant de Pierre Comestor, de Geoffroy Babion, de Maurice de Sully et d’autres. Cave, Scriptor. eccles., t. ii, Oxford, 1743, p. 221, et Oudin, Commentarius, t. ii, Leipzig, 1722, col. 12201221, ignorent l’existence de ces sermons ; FabriciusMansi, habituellement plus exact et personnel, n’a garde de les omettre, Biblioth. lat. med. et inf. setatis, t. v, Padoue, 1754, p. 262. Ceillier, Histoire des auteurs eccl., t. xxiii, 1763, p. 52, et le Gallia christiana, t. vii, col. 69, se contentent d’une brève mention prise à Henri de Gand ou à Eysengrein (dit à tort Cisingrenius) ; l’Histoire littéraire de la France, t.xii, p. 603, sans se douter que Beaugendre avait déjà publié la plupart des sermons, ajoute un léger apport original par la désignation de quelques manuscrits d’Angleterre, de Belgique et de Paris.

C’est à Hauréau qu’est dû le premier essai de reconstitution de l'œuvre parénétique de Pierre Lombard ; il n’est pas impossible que cette liste puisse se compléter encore au fur et à mesure des recherches dans les bibliothèques médiévales. Le xme siècle n’ignorait pas cet aspect de l’activité littéraire de Pierre Lombard ; il connaissait le recueil de ses sermons, comme on peut le voir dans Vincent de Béarnais, Spéculum historiale,

t. XXIX, c. i, dans la Bibliotheca mundi, t. iv, Douai, 1624, p. 1185, et dans le pseudo-Henri de Gand, De scriploribus ecclesiasticis, c. xxxi, dans Le Mire, Bibliotheca ecclesiastica sive Nomenclatures VII veteres, Anvers, 1639, p. 168 et 174 : Inveniuntur eliam sermones aliqui de diversis solemnilatibus ab ipso scripti. Jean Boston de Bury, qui catalogue les bibliothèques anglaises vers 1410, connaît aussi les Sermones utiles, voir le texte plus loin, aux Opéra dubia vel spuria. Trithème leur fait écho, à la fin du Moyen Age, en 1492, en mentionnant les « Sermones varias, librum unum i, De scriploribus ecclesiasticis, Cologne, 1546, p. 160, et Guillaume Eysengrein, un siècle plus tard à peu près, parle de Sermones plures. Catalogus testium veritatis locupletissimus, Dillingen, 1565, p. 95 v°.

D’autres recueils, mais anonymes et ordinairement moins fournis, se rencontrent aussi à Paris et ailleurs : quelques sermons, sans nom d’auteur également, ont trouvé place, en nombre très inégal, dans divers manuscrits de la Bibliothèque nationale, de la Bod léienne, de celle d’Auxcrrc, etc. On trouvera les renseignements sommaires dans Hauréau, Notice sur les Sermons attribués à Hildebert de Lavardin, dans les Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxxii b, 1888, p. 107-166, et Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, Paris, 1890, t. i, p. 216-223 ; t. ii, p. 80, 151152, 274 ; t. iii, p. 44-50, 65, 144-145, 314 ; t. v, p. 155 ; dans l’introduction de l'édition des Sentences de Quaracchi, p. xxix-xxx ; dans les catalogues de Vienne, Tabulée codicum…, t. i, Vienne, 1863, p. 168 et 215 : dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements, t. xxv, 1894, p. 285. et dans Aug. Molinier, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque Mazarine, Paris, 1886, t. ii, p. 177 ; t. iii, p. 395, etc.

La question d’authenticité n’a plus été mise en discussion depuis les travaux d’Hauréau ; le dernier mot est-il dit ? Tout doute, au moins pour chacune des pièces, n’est pas écarté, croyons-nous, jusqu'à ce que l'étude interne de ces pièces ait été poussée dans le détail. Ainsi l’expression, consortes nostræ professionis, dans un sermon sur le carême, P. L., t. clxxi, col. 450 B, pourrait bien désigner des confrères en religion, mais plus haut, on a domesticos fidei, et nobis in fide fratres ; et le long développement sur le Samaritain, contenu dans un sermon sur l’Avent, ibid.. col. 378 B-D et 380 B, ne présente rien qui se rapproche du début du 1. IV des Sentences, où la même parabole est appliquée à l’institution des sacrements, t. IV, dist. I, 1, p. 745. Par contre, un passage du sermon xxvi, sur la sainte Trinité, à propos des res quibus fruendum est, se retrouve au début du livre des Sentences, P. L., t. clxxi, col. 435 C et 436 C, et 1. L dist. I, 2, p. 15 sq. ; t. II, dist. XVI, 3, p. 380, etc. ; un autre passage sur la circoncision, sermon xvi, est emprunté aux gloses sur les psaumes, -ps. lxxi, 6, P. L., t. clxxi, col. 395 CD, et t. cxci, col. 661 D.

Où et quand ces sermons ont-ils été prononcés ? Il serait difficile de le dire avec précision ; le xxixe semble bien avoir été prêché à l’abbaye de SaintVictor, par Pierre Lombard évêque, Hauréau, op. cit., t. iii, p. 50, et il n’est pas improbable qu’il en aille de même pour d’autres. Il n’y a pas de doute qu’ils n’aient été composés et prononcés en latin, comme c'était l’usage quand il s’agissait d’un auditoire monastique ou d’une assemblée de c/ercs des écoles ; voir Bourgain, La chaire française au XIIe siècle, Paris, 1879, p. 169-193, et Lecoy de la Marche, La chaire française au Moyen Age, 2e édit., Paris, 1886, p. 233 et 266.

Caractéristiques.

Sans avoir l’animation apostolique de Raoul l’Ardent, ni la simplicité profondément pastorale de Maurice de Sully, ni la mesure et

le goût de Geoffroy Babion, pour ne citer que quelques contemporains du xiie siècle, les sermons de Pierre Lombard ne sont pas dépourvus de qualités ; ils ne pèchent pas par mauvais goût ou violence de langage, comme tant d’autres du Moyen Age ; ils sont pieux, clairs et instructifs, d’allure grave et sérieuse, mais d’une froideur aussi qui engendre la monotonie ; l’auteur s’est fortement inspiré de l'Écriture et les expressions, les réminiscences, les allusions bibliques foisonnent dans ses pages, comme résultat d’une exégèse qui abuse du sens spirituel. La composition en est soignée, lucide, mais souvent artificielle ou recherchée ; la division tripartite des développements rappelle trop l'école. Voir F. Protois, Pierre Lombard, évêque de