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1957
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IMEHKK LOMBAM). COMMENTAIRE SUH SAINT PAUL


Pelagius : Expositions o thirte.cn epistles o/ St. Paul, édit. Souter, dans Texts and studies, t. ix, fasc. 2, 1926, p. 3 et 4 ; les développements sont plus amples, l’allure beaucoup plus ferme et plus personnelle, bien que l’exégèse ne soit pas encore remarquable pour la recherche du sens littéral. Nous savons aussi par Herbert de Boseham que Pierre Lombard ne croyait pas que son œuvre exégétique pût prendre place parmi les livres de l’enseignement scolaire, ms. de Cambridge cité plus haut, fol. 1 v°, et que la correction n’en était pas terminée au moment de son épiscopat ; c’est ainsi sans doute qu’il faut expliquer la présence de quatre citations de Jean de Damas ; voir plus haut à propos des gloses sur les psaumes, col. 1955.

Une initiative nouvelle, ici fortement accusée mais' inconnue à peu près aux Glossæ psalterii, même à propos de l’adoration, -P. L., t. cxci, col. 893, se fait jour dans le grand nombre de questions théologiques, que suscitent certains versets et, par suite, un intérêt spécial s’attache à ce commentaire, car il trahit ainsi l’influence de la méthode d’Abélard (voir plus loin) et constitue la préparation immédiate des Sentences. Comme le faisait déjà remarquer Éberhard de Bamberg dans son échange de vues avec Gerhoch, à propos de l’adoration du Christ, les Sentences marquent un réel progrès sur le Commentaire de saint Paul. Epist., xvi, P. L., t. cxciii, col. 562. Vraie, en général, cette remarque se vérifie aussi dans les questions particulières, par exemple dans les diverses questions de la grâce, malgré quelques propositions rejetées (voir plus loin, I, 1 ; II, 1, 2, 3 ; IV, 6), les Sentences sont plus méthodiques, plus précises, plus sûres, plus réservées. Par contre, l’idée spéciale sur la charité et le Saint-Esprit, t. I, dist. XVII et t. II, dist. XXVII, n’apparaît pas encore dans l'œuvre exégétique. Schupp, Die Gnadenlehre des Petrus Lombardus, p. 300 et 223-231.

Les questions théologiques se formulent parfois dans les mêmes termes dans les Glossæ sur saint Paul et les Sentences ; d’autres fois, sans qu’il y ait identité textuelle, ce sont les mêmes idées et les mêmes citations patristiques qui se retrouvent de part et d’autre ; habituellement aussi, et plus encore dans les Glossæ pauliniennes, Pierre Lombard est fort réservé dans l’emploi de la dialectique. Dès le début des Glossæ sur Rom., i, 3, se rencontre ce parallélisme, P. L., t. cxci, col. 1308 HCD, et t. III, dist. XI, 1, p. 597-598, à propos du Christ faclus an creatura ? ou à propos de la prédestination, qui suscite un plus fort groupe de questions dans IcsGlossæ que dans les Sentences, P. L., col. 1309 B, 1310 B, 1449-1450, cꝟ. t. I, dist. XXXV, 1-7, p. 220-223, et t. III, dist. VII, 2, p. 584 et 588 ; ou à propos de la foi, où nous trouvons quelques lignes identiques de part et d’autre, P. L., col. 1324 A, et t. III, dist. XXIII, 2, p. 655, et la suite accuse les mêmes idées ; ou à propos de la circoncision, qui fournit matière à des développements identiques, en partie déjà chez Strabon, P. L., col. 1371 C-1372 C, et t. IV, dist. I, 9, p. 749-750 ; ou à propos de la survivance des derniers vivants au moment du jugement, où les deux œuvres ont une rédaction et des citations identiques, P. L., t. cxcii, col. 304 CD et 305 A, et t. IV, dist. XL III, 6, p. 998, etc. Cette liste, qui pourrait s’allonger sans peine, suffît à montrer comment le Commentaire sur saint Paul préparait les questions théologiques et les matériaux pour les Sentences. On trouvera d’autres indications dans les prolégomènes de l'édition de Quaracchi, t. i, p. xxvii-xxix. Les questions sont introduites par les quæritur, hic videndum, fit hic quæstio, hic dicendum. etc., ou quæri solet a quibusdam, hic quæri solet, quæri etiam solet, P. L., t. cxci. col. 1311 C, 1312 A, 1340 A, 1363 C, 1559 C, 1644 C, 1645 BC, et t. exen, col. 304, et sont souvent réunies

en faisceaux, au début d’un exposé, comme nous les trouvons dans les Sentences.

Par suite, et surtout à cause de ces hic quæri solet. on est amené à se demander si l’enseignement théologique de Pierre Lombard a pris d’abord comme matière le texte de la Bible, en l’occurrence les épîtres pauliniennes, et peut-être les psaumes (mais, dans ceux-ci, les questions théologiques sont rares), avant de commencer l’espèce de synthèse contenue dans le* Livres des Sentences. Les renseignements que l’on possède sur cette période sont malheureusement peu amples et peu nets, et le programme scolaire ne semble pas être déterminé comme il le sera plus tard ; on connaît l’exemple d’Abélard, qui a commencé par donner ses cours sur Ézéchiel à Laon, puis à Paris, bien avant 1121, Epist., i, 3, 4 et 5, P. L., t. clxxviii, col. 125 ABC et 126 A ; dans son Expositio in epistolam ad Romanos on rencontre déjà un certain nombre de questions ou de problèmes qu’il pose : pauca disculienda, quæstio se ingerit, quæritur, très quæstiones occurrunt, etc., ibid., col. 806 C, 816 C, 833 D, 841 C. 843 D. Tout permet de croire qu’il en fut de même pour les Commentaires de Pierre Lombard sur saint Paul, mais rien non plus ne vient appuyer avec certitude une réponse affirmative. Les recherches actuelles arriveront un jour à éclairer ce problème. La solution entrevue ici serait confirmée par le titre de sacra pagina, doctor sacræ paginas, donné respectivement à la théologie et aux maîtres en théologie durant le XIIe siècle, et un auteur contemporain, Robert de Melun, ne craint pas d’intituler son œuvre biblicothéologique Quæstiones de divina pagina, édit. R. Martin, O. P., dans le Spicilegium sacrum Louaniense. fasc. 13, 1932, p. xxxviii-xxxix, etc. : voir aussi Robert, Les écoles et l’enseignement de la théologie. Paris, 1909, p. 120-121, qui ne distingue pas nettement entre la méthode de l’enseignement proprement dit et celle de l’exposé par écrit. L'épithète de magister. employée par Gerhoch de Reichersberg, en 1142-1143. à propos précisément des Glossæ sur saint Paul, Liber de ordine…, dans Libelli de lite, t. iii, p. 275, ferait volontiers croire que l’enseignement du magister avait pour objet les épîtres de saint Paul, et ce témoignageexterne confirmerait ainsi ce que suggère l'étude interne de l'œuvre. Le renseignement fourni vers 1170 par Herbert de Boseham, et dont il a déjà été question, appuie la même conclusion..Ms. 150 de Trinity Collège. Cambridge, fol. 1 v°.

La place de ces questions théologiques, si nettement posées par le Lombard dans sa Glossa, et reprises avec développements par le glossateur anonyme mentionné ci-dessus, P. L., t. clxxv, col. 431-634, suscite un autre problème, qui n’intéresse plus l'élaboration des Sentences, mais qui concerne directement le développement des procédés scolaires vers le milieu du xii K siècle : jusqu’où ces questions, introduites si abondamment par Pierre Lombard, ont-elles favorisé l’entrée de la disputatio dans les écoles'? Il serait difficile de le dire. Les nombreux commentaires ou gloses sur ces Glossæ du Lombard, Denifle, op. cit., p. 90-91. p. 94-106, p. 106-107, etc., ne purent qu’aider à la diffusion de cet usage. Les recherches faites ou à peine commencées sur le commentaire de la Magna glossatura de Pierre Lombard, dû à un maître influent comme Etienne Langton, permettent peut-être d’entrevoir comme aboutissement de cet usage des quæstiones l'épanouissement de la disputatio proprement dite ; car, fréquemment, Langton, qui écrivait avant 1206, déclare explicitement qu’il rejette à la disputatio : « in dispulatione plenius, hoc disculiendum in disputatione, etc. », la discussion des problèmes qu’il ne peut résoudre tous dans son commentaire, Bibl. nation., lai. U 143. fol. 37, 74, 112, 132, 155, 176, etc. ;