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1937

PIERRE G A EL EGO

PIERRE LE GROS

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qu’il a probablement composée au début de son épiscopat, dans le but d’instruire les chrétiens du nouveau royaume de Murcie.

Le Liber œconomicorum, attribué à Aristote, n’est pas cité dans cet opuscule, qui constitue probablement le traité le plus ancien qui ait été écrit, en latin, sur l’économie ou le gouvernement de la famille, et est probablement antérieur au fameux code Alfonsino des Siete Partidas, terminé en 1263, dans lequel sont développées les mêmes doctrines et les mêmes idées que dans le traité de Pierre Gallego. Les relations exactes qui existent entre ces deux ouvrages n’ont pas encore été déterminées. Toujours est-il que les chapitres du traité de l’évêque franciscain se retrouvent en partie, glosés, commentés et amplifiés dans les Siele Partidas. Il n’est pas impossible que les compilateurs de ce dernier ouvrage aient travaillé sur les mêmes sources que Pierre Gallego.

Le texte de cet opuscule important et intéressant a été publié par A. Pelzer, art. cité, d’après les deux mss. mentionnés. Cet écrit comprend cinq chapitres, dont le I er expose les avantages de la richesse. Le c. n développe le mode, d’après lequel le mari doit vivre avec son épouse. La doctrine y est nettement chrétienne, de telle sorte que, probablement, elle n’a pas été empruntée à un philosophe musulman. L’auteur y exalte les liens de l’union conjugale et condamne la polygamie. Le c. m traite des relations qui doivent exister entre parents et enfants et insiste sur la nécessité d’instruire les enfants à conserver les bonnes mœurs, sur l’urbanité à observer dans le manger, le boire, le parler, les gestes et la manière de se vêtir. Il s’étend surtout sur la nécessité de l’instruction religieuse que les parents doivent fournir à leurs enfants. Pierre Gallego attire spécialement l’attention des parents sur le devoir qui leur incombe de veiller à ce que leurs enfants, arrivés à l’âge de puberté, ne soient point dominés et emportés par leurs passions. C’est pourquoi ils sont obligés d’exposer à leurs enfants les dommages qui peuvent résulter d’une vie déréglée. Il termine en insistant sur les soins avec lesquels les parents doivent administrer leurs biens, afin de pouvoir laisser à leurs enfants un héritage qui suffise à leur assurer une existence honorable. Dans le c. iv, l’auteur franciscain expose comment le patron doit traiter ses ouvriers et ses domestiques. Il doit les considérer comme ses seconds enfants ; il doit les traiter avec égard, avec amour. Le c. v traite de l’acquisition des richesses et des biens temporels et constitue un abrégé important de sociologie chrétienne : il faut acquérir les richesses avec honnêteté, les posséder avec joie et les dispenser avec largesse. Le vol, la ruse, l’usure sont sévèrement condamnés. Il est défendu d’être l’esclave de ses richesses et de les considérer comme une fin, étant des moyens qui doivent conduire l’homme à sa fin. Il enseigne que ne s’appauvrira pas celui qui donne avec profusion, à savoir celui qui donne à ceux qui en ont besoin, dans la mesure requise et au temps requis.

Ces deux traités ont une grande importance non seulement pour l’histoire des traductions latines des ouvrages arabes, mais aussi pour la connaissance des mœurs, de la vie chrétienne pratiquée au temps du franciscain Pierre Gallego.

P. Fita, Fundamentum Ecclesiæ Cariaginensis, dans Bolctin de la real Accad. de la historia, t. iii, p. 275 sq. ; P. M. Ortega, Cronica de la S. Provincia de Carlagena, t. i, Murcie, 1746, t. I, c. vi ; P. Diaz Cassou, Série de los obispos de Carlagena, sus hechos y su liempo, Madrid, 1895, p. 15-19 ; A. Lôpez, La provincia de Espafia de los frailes menores, Santiago, 1915, p. 171 sq. ; du même, /->. Pedro Gallego, primer obispo de Carlagena (1250-1267), dans Archiva ibero-amerieano, t. xxiv, 1925, p. 65-91 ; A. Pelzer, Un traducteur inconnu : Pierre Gallego, franciscain et premier évêque de Carlhagène (1250-1267), dans Miscellanea Fran cesco Ehrle, t. i, Rome, 1924, p. 107-156 ; C. Eubel, Ilierarchia calhol. medii et recentioris u-ui, 2’éd., t. i, 1913, p. 168.

Am. Teetæht.

38. PIERRE DE GAND (de Mura), frère mineur de Belgique. Né à Gand, il entra dans l’ordre comme frère lai et partit en 1523 pour la Nouvelle-Espagne. Il séjourna cinquante années dans ce pays où, à cause de sa charité, de ses travaux apostoliques et des services rendus, il s’acquit le surnom de « Père des Indiens ». Il mourut à Mexico, le 29 juin 1572. Sa mémoire reste toujours l’objet de la vénération populaire au Mexique, qui lui élève des statues et donne son nom à des rues et à des places publiques.

Il est l’auteur d’un Catéchisme en lanque aztèque, imprimé à Anvers en 1528 et réédité à Mexico, en 1555 ; d’après le P. Marcellin de Civezza (op. cit., p. 203). le frère Pierre de Gand serait le premier européen qui ait écrit un ouvrage en langue aztèque. Un abrégé de ce catéchisme a été très probablement édité à Mexico, en 1547. Deux longues lettres du frère Pierre, écrites en langue espagnole et adressées à l’empereur Charles-Quint, ont été publiées dans les Carias de Indias, n. vin et xviii, ouvrage édité à Madrid, en 1878, par le gouvernement espagnol. Dans la première de ces lettres, qui date du 31 octobre 1532, le frère Pierre donne un rapport détaillé des travaux apostoliques qu’il accomplit chez les indigènes du pays. La seconde, écrite le 15 février 1552, constitue une protestation énergique contre les abus des corvées et du service personnel qu’on imposait aux Mexicains. Le P. Amand de Zirickzée a publié, dans sa Chronica compendiosa (Anvers, 1534), la version latine d’une autre lettre du frère Pierre, écrite le 27 juin 1529 en langue flamande. Elle était adressée au gardien du couvent de Gand, et donne de curieux détails sur le Mexique et les mœurs de ses habitants. H. Ternaux-Compans a traduit cette lettre en français et l’a publiée dans Voyages, relations et mémoires originaux pour servir à l’histoire de la découverte de l’Amérique, t. x, Paris, 1838. Le P. Kieckens, S. J., en a fourni une autre traduction française, qu’il a publiée dans Les ancieas missionnaires belges en Amérique, dans Précis historique, Bruxelles, 1880. Une version espagnole de la même lettre a été éditée par J. Garcia Icazbalceta, Bibliografia mexicana del siglo XVI, Mexico, 1886, p. 397-400. De nombreuses autres lettres inédites sont conservées dans les archives d’Espagne. Gonzalez de Vera, De los primeras misioneros en Nueva Espana, dans Revista de Espana, t. iii, Madrid, 1868, p. 387, a édité une lettre que Pierre de Gand écrivit, le 23 juin 1558, à Philippe IL Enfin, YArchivio de Indias de Séville conserve une lettre que Pierre de Gand adressa, le 20 juillet 1548, à Charles-Quint, dans laquelle il exprime sa profonde douleur de la mort de son confrère, le P. Jean Zumarraga, premier archevêque du Mexique.

L. Wadding, Scriplores ordinis minorum, Rome, 1906, p. 189 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriplores ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 341 ; Marcellino de Civezza, Saggio de bibliografia sanfrescana, Prato, 1879, n. 244, p. 202-203 ; S. Dirks, O. F. M., Le frère Pierre de’Mura. Sa vie et ses travaux au Mexique, Gand, 1878 ; du même, Histoire littéraire et bibliographique des frères mineurs de l’observance en Belgique et dans les Pays-Bas, Anvers, 1885, p. 97-99 ; J.Garc ia Icazbalceta, Bibliografia mexicana del siglo XVI, Mexico, 1886, p. 32-44, 393-394.

Am. Teetært.

39. PIERRE LE GROS (Petrus Crassus) (xie siècle). — Juriste laïque de Ravenne, ce personnage composa en 1084, alors que l’empereur Henri IV venait de s’emparer définitivement de. Rome et de convoquer un concile pour en finir avec le pape Grégoire VII, une Defensio Heinrici IV régis, qui est une virulente attaque contre le pape et une revendication énergique des droits souverains de l’empereur.