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1929
1930
PIERRE DIACHE — PIERRE DE FALCO


formule des deux natures et celle de l’una Dei Verbi natura incarnata, c. ii, col. 84 D. Nous avons affaire avec la théologie qui sera canonisée au Ve concile. C’est ce qui fait l’intérêt de ce petit traité. La doctrine sur la grâce qui s’exprime dans la seconde partie, c. vi-vm, est l’augustinisme le plus strict, dont on voudrait faire croire qu’il a reçu l’approbation sans réserve du Siège apostolique. C’est à cette partie de la lettre que firent surtout attention les évoques africains ; et, dans leur réponse, ils approuvèrent pleinement Pierre et ses cosignataires. Fulgence, Epist., xvii, P. L., t. lxv, col. 451-493. Ce n’est pas à dire pourtant que la théologie de l’incarnation des Africains soit de tout point superposable à celle des Scythes et il serait fort intéressant de comparer, membre par membre, les deux textes. Quant à la doctrine de la grâce, la préoccupation Visible des évêques est de renforcer la documentation scripturaire de Pierre Diacre.

Voir P. L., t. lxii, col. 79-92, qui t’ait précéder la lettre de la dissertation de Gallandi où se trouvent tous les éléments nécessaires à la discussion des textes.

É. Amann.

33. PIERRE DIACRE, bibliothécaire du Mont-Cassin (xiie siècle). — Cet auteur a pris soin de nous renseigner abondamment sur lui-même, sa famille, ses œuvres, tant au c. xlvii de son De viris illuslribus Casinensis cœnobii, P. L., t. clxxiii, col. 1048-1050, que çà et là, dans sa Chronique. On sait ainsi que, né en 1107, il fut offert dès 1112 à l’abbaye du Mont-Cassin. Banni du couvent en 1128, il y rentra en 1130, en devint archiviste et bibliothécaire, prit une part considérable (au moins à ce qu’il dit) dans les négociations de 1137 où la médiation de l’empereur Lothaire essaya de réconcilier le Mont-Cassin et le pape Innocent II. Il vivait encore à l’avènement du pape Lucius II (1144), peut-être a-t-il encore signé un document en 1153. On ignore la date de sa mort.

Son œuvre littéraire, qui est très considérable et n’est encore que partiellement éditée, n’intéresse que d’assez loin la théologie. Les récits hagiographiques, les homélies, les explications et commentaires de la règle bénédictine y occupent une grande place ; la meilleure partie est consacrée à l’histoire de l’abbaye : De viris illuslribus Casinensis cœnobii, P. L., t. clxxiii, col. 1009-1050, rédigé sur le modèle du travail de saint Jérôme ; De ortu et obitu juslorum cœnabii Casinensis, ibid., col. 1063-1110 ; mais surtout Chronicon Casinense. Cet ouvrage, précieux à bien des points de vue, avait été commencé à la fin du xie siècle, par Léon d’Ostie, qui en avait rédigé deux livres et commencé un troisième. Sur l’ordre de l’abbé Rainald, Pierre Diacre entreprit la continuation de ce travail, retoucha et compléta le I. III et en écrivit un IVe qui conduit le récit des événements jusqu’à la mort d’Anaçlet II (25 janvier 1138). L’édition de la P. L., t. cit., col. 439-978, reproduit celle qu’avait donnée W. Wattenbach, dans les Mon. Germ. hist.. Script., t. vu. Le théologien s’arrêtera avec quelque intérêt au récit de la discussion qui eut lieu en 1137, en présence de Lothaire V, entre les représentants du pape Innocent II et ceux du monastère, dont le principal était justement Pierre, Chron., t. IV, n. 107 sq., col. 931 sq. De cette Altercatio, Pierre a donné un récit plus détaillé dans un ouvrage indépendant. Texte dans E. Caspar. Pelrus Diaconus, p. 248-280. De même convient-il de signaler une discussion qu’eut, au même moment, notre Pierre avec un « philosophe grec » qui attaquait l’Église romaine, Chron., . IX, n. 117, col. 956-957. Pierre a rédigé également le texte de cette discussion. Voir Miscellanea Cassinensia, t. i, l re part., 1897, p. 10 sq.

Il y a une excellente monographie sur Pierre Diacre : Er. Caspar, Petrus Diaconus und die Monte Cassineser Fàlschungen, Berlin, 1909, qui dispensera de recourir aux travaux

plus anciens. Parmi ceux-ci, citons au moins II. CeiUier, Hist. des mil. (’ « !., t. xxiii, 17<i : 5, p. 78-90, on y trouvera l’indication des textes hagiographiques qui ont été reproduits dins les Aria sanctorum ; l’excellente introduction de Wattenbsch, dans les Mon. Germ. hist., Script., t. vii, p. 551-574 (reproduite dans P. /-., t. c.i.xxin, col. 139 sq.), complète les indications de CeiUier ; voir aussi Manitius, Gescli. der lai. Liler. des M. A., t. iii, 1931, p. 549 sq.

Aux textes publiés dans I’. L., il faut ajouter ceux qui figurent dans le Florilegium Casinense, t. v, ! ’" part. (dépouillement du cod. Casin.’J57, qui est un autographe de Pierre) ; et ceux qui figurent dans Caspar, p. 206-280.

É. Amann.

34. PIERRE DE FALCO, frère mineur du xme siècle, qu’il faut très probablement identifier avec Guillaume de Falegar. Celui que Salimbene, dans sa Chronica, en parlant du chapitre général de Milan (1285), appelle : Fraler Pelrus, minister Aquitaniæ qui erat cathedratus magister [et qui] vicarius fuit in illo capitulo et habuit militas voces ut effet generalis minister, dans Mon. Germ. hist., Script., t. xxxii, p. 578, et un peu plus loin : Vicarius fuit ibi frater Petrus de Falengaria qui postea missus fuit ad legendum in curia, cum esset cathedratus magister (ibid., p. 613), la Chronica XXIV generalium ordinis minorum, dans Analecta francise, t. iii, Quaracchi, 1897, p. 701 et 702, le dénomme Guilielmus de Falgario. Il ne peut donc être douteux que le Petrus de Falengaria ou le Petrus tout court de Salimbene doit s’identifier avec le Guilielmus de Falgario du catalogue des ministres généraux. Ce frère mineur s’appelait donc indifféremment Guillaume ou Pierre de Falegar. Comment résister dès lors à la tentation d’identifier Pierre de Falco avec Pierre de Falegar, qui est lui-même un seul personnage avec Guillaume de Falegar, d’autant plus que les deux noms de Falco et de Falgar sont extrêmement voisins comme prononciation et graphie ? Cette hypothèse devient encore plus probable si nous considérons que tout ce que nous savons de la vie et de l’activité de Pierre de Falco s’applique également à Guillaume de Falegar. Pour la thèse de l’identification de ces deux maîtres franciscains, voir P. Glorieux, Maîtres franciscains de Paris, Pierre de Falco, dans La France franciscaine, t. xii, 1929, p. 269-289.

Autant les données sur Pierre de Falco sont parcimonieuses et peu nombreuses, autant celles sur Guillaume de Falegar sont abondantes et riches. Au sujet de Pierre de Falco, la production littéraire, conservée sous son nom, dans quelques manuscrits, nous apprend seulement qu’il fut religieux, maître en théologie et régent à l’université de Paris. De ce que ses ouvrages se trouvent toujours parmi les œuvres d’autres franciscains, il résulte qu’il appartint sans doute à l’ordre franciscain, fl fut probablement contemporain de Richard de Médiavilla, avec lequel il se rencontre le plus souvent. Il aurait été, dans ce cas, régent de l’école franciscaine après 1277 pendant deux années au moins, puisque dans la iiie et à paràr de la xiie question du premier de ses quodlibets, il connaissait et utilisait, en faveur de ses thèses, la condamnation portée par Etienne Tempier en mars 1277. C’est à cette période de son enseignement qu’il faudrait placer les quodlibets et les questions disputées qu’on possède de lui. La soutenance de disputes quodlibétiques, en effet, était strictement réservée aux maîtres actu régentes et les questions disputées constituaient la rédaction littéraire d’exercices scolaires, les disputes ordinaires, soutenues par le maître en théologie en son école.

De Pierre de Falco, nous connaissons jusqu’ici vingt-cinq Questions disputées et deux Disputes’quodlibétiques. Les Questions disputées sont conservées dans cinq manuscrits : le cod. 759, fol. 148-213, de la bibl. communale d’Assise ; le cod. 185, fol. 14-68, de la bibl. communale de Bruges ; le cod. 738, fol. 1-85 de l’uni-