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des Romains fournit au pape une occasion de manifester ses prétentions, ce qui amena un schisme déplorable. Les deux prétendants s’adressèrent à Jean XXII pour lui demander de confirmer leur élection, mais sans lui en envoyer les actes, ce qui empêchait le pape d’instituer un examen exact et détaillé au sujet de la légitimité de l'élection. Tous deux demandaient, par conséquent, au pape, la confirmation pure et simple et non un examen de l'élection.

Tant qu’ils n’avaient pas accepté par principe ce dernier point et reconnu le pape comme arbitre, toutes leurs tentatives de rapprochement avec Jean XXII devaient nécessairement rester stériles. Le pape persista dans son idée que, avant une décision de sa part, aucun des deux prétendants n'était rex Romunorum, mais que chacun n'était qxx’electus in reijem. De plus, d’accord avec lui-même, il persista à user de ses pouvoirs de régent en Italie par l’entremise du légat du roi de Sicile. Robert, bien qu’en janvier 1315 Louis de Bavière eût nommé Jean de Belmont vicaire général pour toute l’Italie et que, peu de temps après, Frédéric le Bel eût également cherché à faire valoir les droits de l’empire en Italie.

Les deux prétendants recoururent aux armes et Louis de Bavière triompha, près de Miihldorf, le 13 juillet 1322. A son avis, la cause était jugée et il ne restait plus au pape qu'à le couronner. Jean XXII ne partageait point cet avis. D’après lui, ce n'était point le sort des armes, mais une sentence pontificale qui devait résoudre la légitimité de l'élection. Louis passa outre, envoya le comte Berthold de Neiffen comme vicaire impérial en Italie et s’empara du pouvoir. Jean XXII riposta en reprochant à Louis de s’arroger indûment le titre royal et d’usurper les pouvoirs en Allemagne et dans l’empire. Il y ajouta le reproche d’alliance avec les Visconti de Milan, ennemis de l'Église et condamnés pour hérésie. Un délai de trois mois fut accordé à Louis pour modifier son attitude, avec menaces de peines ecclésiastiques.

Louis envoya en Avignon pour s’assurer du fait de la procédure entamée contre lui et aussi pour obtenir une prolongation du délai de trois mois. Jean XXII accorda cinq mois au lieu de trois ; mais, pendant que les ambassadeurs de Louis négociaient à Avignon, celui-ci déclara lui-même ouvertement la guerre au pape et affirma l’entière indépendance de l’empire visà-vis de la papauté. Ce n’est point une décision du pape, dit-il, mais le vote des électeurs qui met fin à l’interrègne dans l’empire ; c’est des électeurs que le roi tient ses pouvoirs et même le couronnement par le pape ne lui confère aucun droit nouveau. En même temps, il accabla le pape d’accusations de toutes sortes et en appela du jugement du pape à un concile général, auquel il se rendrait en personne.

Les adversaires du pape cherchèrent alors à tirer parti de cet état d’esprit de Louis, surtout les frères mineurs qui se rangèrent derrière lui pour le stimuler dans cette voie. Jean XXII, en effet, par différents décrets, s'était attiré la colère non seulement des

spirituels », dont il avait désavoué, en 1322, par la bulle Ad condilorem canonum. la conception rigoriste, mais aussi des « conventuels. en déclarant hérétique. en 1323, par la dccrétale Cum inter nonnullos, la proposition que le Christ et les apôtres n’avaient eu ni propriété personnelle, ni propriété commune, ni le droit d’aliéner ce qui était à leur disposition. Tout l’ordre, le général Michel de Césène en tête, s’insurgea et protesta contre cette condamnation. Réprimandés par le pape pour leur obstination, Michel de Césène. Guillaume d’Occam et Buonagrazia de Bergame, procureur de l’ordre, cherchèrent de l’appui auprès de Louis de Bavière.

Poussé par les frères mineurs. Louis publia, en 132 I.

à Sachsenhausen, un nouvel appel, beaucoup plus blessant, contenant contre le pape des accusations plus violentes encore que le premier. Prenant prétexte de la théorie des franciscains rebelles sur la pauvreté absolue du Christ, il accusa le pape d’hérésie et, de nouveau, lit appel au concile général. Après l’expiration du délai de cinq mois, l’excommunication l’ut lancée, le 23 mars 1324, contre Louis de Bavière. Le coupable fut invité à se disculper devant la curie, sous menace de peines plus sévères en cas d’obstination. Le même jour, le pape excommunia les partisans de Louis

en Italie, principalement les Visconti, et ordonna une

! croisade contre eux. Les censures du pape firent peu d’impression en Allemagne, d’autant que l’on cher ; chait à persuader aux princes électeurs que le pape voulait supprimer leurs droits électoraux. Aussi, Jean XX II fut-il contraint de protester contre ce mensonge et, le. Il juillet 1324, déclara-t-il Louis déchu de tous ses droits à l’empire.

Entre temps, Louis de Bavière subissait les excitations de ceux qui s'étaient faits ses alliés : les franciscains spirituels, en révolte contre Jean XXII, et les légistes Jean de Jandun et surtout Marsile de Padoue. Ces derniers persuadèrent le prince allemand de la subordination de l'Église à l’empire. Les polémiques littéraires auxquelles le conflit fournit l’occasion ont une grande importance. Marsile de Padoue était un esprit universel, qui porta des coups sensibles à l’influence de la papauté, par son fameux ouvrage, intitulé Defensor pacis, paru en juin 1324. Voir l’art. Marsile de Padoue, t. x, col. 153-177. Louis de Bavière prit son parti et fit le meilleur accueil à Jean de Jandun et à Marsile de Padoue. A partir de cet instant, les situations étaient tellement tranchées que toute conciliation devenait impossible. Le 3 avril 1327, Jean XXII porta contre Louis de Bavière une quatrième sentence, le déclarant déchu de la couronne et de tous les fiefs tenus de l'Église et de ses prédécesseurs ; le 23 octobre de la même année fut publiée la censure solennelle des principales propositions du Defensor pacis.

Sur ces entrefaites, Louis de Bavière, donnant suite à l’invitation des gibelins de la péninsule, entreprit son expédition en Italie. Le 31 mai 1327, il se fit imposer, à Milan, la couronne des rois lombards. Une révolution, organisée par le vieil ennemi de la papauté, Sciarra Colonna, éclata à Rome. Louis s’y rendit, fut accueilli avec des cris de joie et, le 17 janvier 1328, reçut l’onction impériale des mains de l'évêque italien intrus, Jacques de Castello et la couronne des mains de Sciarra Colonna. Louis porta, dès lors, le titre d’empereur et fit tout son possible pour renverser le pape et annexer les États de l'Église et Xaples. Le 18 avril, il arrangea une scène solennelle dans l’atrium de SaintPierre : revêtu de tous les ornements impériaux, il déclara le pape hérétique pour avoir nié la pauvreté du Christ, l’accusa de nombreux crimes, entre autres de vouloir anéantir le pouvoir civil et le déclara déchu et déposé de la dignité pontificale. Dans une autre séance scandaleuse, le 12 mai, jour de l’Ascension, Louis de Bavière, après avoir consulté le peuple, proclama pape, sous le nom de Nicolas V, le franciscain Pierre de Corvaro. Séance tenante, on lut le décret impérial de ratification, puis l’empereur, debout, imposa à l’intrus le nom de Nicolas V, lui passa au doigt l’anneau du pêcheur, lui délivra le temporel de l'Église et le conduisit dans la basilique, où eut lieu l’intronisai ion. Le 22 mai, jour de la Pentecôte, l'élu fut sacré évêque et ensuite couronné par Louis, qui, à son tour, se tit sacrer par lui. Ce fut d’ailleurs le commenceme I i < revers du Bavarois.

Lorsque le pape apprit le couronnement de Louis à Rome, il le déclara nul, lit prêcher en Italie la croisade