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de son extraordinaire arc’eur au travail ; c’était un n anj nir de livits.

Ii. Œuvbe i itti : i’.iiæ. — Les principales œuvres de Pierre Con estor sont VHistoria scolastica et des

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Historia scolastica.

Elle fut composée vraisemblablement

pendant que Pierre exerçait les fonctions de chancelier, bien qu’eu tête de la dédicace l’auteur se donne le simple titre de prêtre. Elle est dédiée à Guillaume de Champagne, qui fut archevêque de Sens, jusqu’à 1 169, date de sa translation au siège de Reims, En 1173. la ehronique de Saint-Marien d’Auxerre écrit au sujet de Comestor : Petrus Comestor celebris habetur in Francia magistrorum Parisicnsium primas, vir facundissimus et in scripluris diuinis excellenler înstructus ; qui ulriusque Testamenti luslorias uno cumpingens volumine, opus cdidil salis utile, satis gralum, ex diversis historiis compilation. Mon. Germ. hist., Script., t. xxvi. p. 2-ln. lig. 49. Cette donnée, fournie par la chronique, corrobore la précédente et peiniet de fixer la composition de VHistoria scolastica entre 1169 et 1173.

L’Hisloria scolastica, véritable histoire sainte, pour employer la terminologie moderne, commence avec la Genèse et se teimine avec les Actes des apôtres. Dans ce travail, destiné à remplacer les gloses antérieures et écrit à la sollicitation de ses amis, Comestor procède de la manière suivante. Après avoir reproduit le texte de l’Ancien ou du Nouveau Testament, il en donne une explication littérale et allégorique avec parfois bien des exagérations. Ceillier écrit à ce sujet : « Il mêle à ses explications diverses opinions des philosophes et des théologiens de son temps sur le ciel empyrée, les quatre éléments, la formation du monde, sur l’esprit qui était porté sur les eaux, que Platon pensait être l’âme du monde ; sur le firmament, qui nous paraît en forme de voûte. Par la division de la lumière d’avec.les ténèbres, il entend la séparation des bons anges d’avec les méchants et cite, d’après les Hébreux, que Lucifer fut fait diable le second jour ; à quoi il rapporte l’usage où l’on était en quelques églises de célébrer tous les lundis une messe en l’honneur des anges qui avaient persévéré dans la justice. Il désapprouve le sentiment de Platon sur la formation de l’homme. Ce philosophe disait que Dieu avait créé l’âme, mais que le corps d’Adam était l’ouvrage des anges. Pierre croit que Dieu, en formant les corps, crée en même temps les smes qui doivent les animer. » Ces quelques lignes donnent un aperçu de l’esprit dans lequel l’ouvrage a été cemposé. Les explications fournies sont souvent arbitraires, mais en conformité avec les vues scientifiques de l’époque.

L’auteur ne s’arrête qu’aux livres historiques de l’Ancien Testament, sauf celui de Job, sur lequel il ne dit rien. Quand le récit de la Bible laisse des vides, il les comble non seulement par les données fournies par saint Augustin, Méthodius et quelques autres Pères de l’Église, mais aussi par des documents extraits des auteurs profanes. Il fait de nombreux emprunts à Josèphe, entre autres ce passage typique où l’historien juif rapporte que la statue de sel, en laquelle la femme de Lot avait été changée, existait encore de son temps. Parmi les renseignements empruntés à Pline le Naturaliste, il y a surtout la description de la divinité égyptienne, dénommée Apis. Dans le récit de la période des juges et des rois d’Israël. Pierre Comestor insère un certain nombre de faits tirés de l’histoire profane que et romaine, tels que les combats du géant Hercule, l’enlèvement d’Hélène, la prise de Troie, les orilégendaires de la fondation de la ville de Rome et la capture des jeunes Sabines. Par le recours fréquent, <t souvent malheureux, aux explications étymologiques, données aux noms propres et inspirées la plu part du temps d’Isidore, et par l’adoption inconsidérée des fables et des légendes au même titre que des événements historiques, l’auteur manifeste le peu de discernement qu’il a apporté à l’élaboration de son travail.

Pour le Nouveau Testament, Pierre suit le même procédé d’exposition, mais avec plus de jugement. Son abrégé historique se limite au récit des faits rapportés par les quatre évangiles et le livre des Actes. Cependant, quelques traits, qui n’ont rien à faire avec l’histoire de l’Église, sont donnés comme lui appartenant, tels, par exemple, le catalogue des grands prêtres d’Israël et la députation juive, qui vint à Rome protester auprès de l’empereur Agrippa parce qu’Ismaël, qu’il avait nommé grand prêtre, n’était pas de la race d’Aarou.

Malgré ses défauts, dus en grande partie à la mentalité du temps et que les contemporains ne semblent pas avoir relevés, VHistoria scolastica a de réelles qualités. Grâce à sa supériorité incontestable sur ce qui avait été fait auparavant, elle fut longtemps considérée comme un modèle parfait du genre et connut un gros succès dans les écoles où elle devint bientôt d’un usage courant. C’est ce qui explique qu’elle fut souvent rééditée et traduite en diverses langues.

Dès la fin du xme siècle, VHistoria scolastica fut traduite en français par Guyart des Moulins. Celui-ci, cependant, compléta l’oeuvre de Pierre Comestor et, aux livres historiques de l’Ancien et du Nouveau Testament, il adjoignit les autres de sorte que sa traduction, ainsi qu’il le dit dans sa dédicace, peut être considérée comme la première Bible française historiée. Elle fut imprimée, la première fois, à la requête du roi Charles VIII, aux environs de 1483, puis vers 1498 et 1545. Ces dates sont approximatives et hypothétiques, puisque ces éditions ne portent aucune mention d’année ou de Heu. Au témoignage de Fabricius, d’autres traductions de cet ouvrage furent faites en Allemagne, « l’une en rimes saxonnes par ordre de Henri Raspon, landgrave de Thuringe, l’an 1248, et l’autre en rimes tudesques par Jacques Van Mierlande, environ l’an 1271°.

2° Sermons. -- Les sermons de Pierre Comestor n’ont pas eu le même succès que VHistoria scolastica. Par suite d’une erreur du P. Busée, ils furent d’abord attribués à Pierre de Blois et publiés dans les œuvres de celui-ci, à Mayence, en 1600 et en 1605. Après avoir fait remarquer, dans la préface de son édition des œuvres de Pierre de Blois, que l’attribution faite par | le P. Busée, d’après le manuscrit de Louvain, n’était qu’une simple conjecture que détruisait l’examen attentif des recueils anciens, Pierre de Goussainville se refuse à les insérer dans son travail. Dans la Maxima bibliotheca veterum Palrum, de Lyon, t. xxiv, p. 1385sq., les auteurs donnent encore, à la suite des œuvres de Pierre de Blois, les sermons en question, mais ils notent avec attention qu’ils sont de Pierre Comestor.

Les sermons imprimés sont au nombre de cinquante et un. Des difficultés sont soulevées à propos de l’authenticité de quelques-uns d’entre eux. Les sermons

VII, XV, XVII, XXI, XXII, XXIII, xxv, XXVI, XXVIII,

xxxiv, xxxv, xl, i, i, se trouvent en effet, bien qu’avec certaines différences, dans les œuvres d’Hildebert, évêque du Mans. Cependant, il est très vraisemblable qu’ils appartiennent à Pierre Comestor, parce qu’ils portent son nom dans la plupart des manuscrits et que leur péroraison se termine par une formule très souvent utilisée par le doyen de Troycs : Prwstante Jesu Domino nostro, judice noslro, qui venturus est judicare vivos et mortucs et sseculum per ignem, ou quelque autre semblable.

Les dimanches et les principales fêtes de l’année ont fourni l’occasion de ces divers sermons. Trois ont trait aux dimanches de l’Avent, six au carême, dix mil