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    1. PIERRE CM UYSOI##


PIERRE CM UYSOI.OGUK

PIERRE COMESTOR

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gieuses de Constantinoplê, lui demanda son aide (449) ; la réponse de l’archevêque, P. L., t. lii, col. 2 I, est un monument du sens catholique : Pierre refuse en efl’et de prendre parti sans connaître les arguments des adversaires d’Eutychès et déclare que le jugement définitif de l’affaire appartient au bienheureux pape de la ville de Rome, quoniam beatus Pelrus. qui in propria sede et vivit et præsidel, prsestat quærentibus fnlei veritatem. Sur cette lettre, qui figure encore parmi celles de saint Léon le Grand, P. L., t. liv, col. 739714, voir les explications des Ballerini, P. L., t. liv, col. 737 sq. ; P. Batifîol, Le Siège apostolique, Paris, 1924, p. 445-446 ; cf. F. Maassen, Gcsch. fier Quellen und der Lileratur-des canon. Redits im Abendlande, t. i, . Graz, 1870, p. 370, 693, 747.

La lettre à Eutychès. est le seul morceau de la correspondance de saint Pierre Chrysologue qui nous ait été conservé. Par contre, nous avons, sous le nom de l’archevêque de Ravenne, un grand nombre de sermons : une collection de ces sermons faite au début du vme siècle par un de ses successeurs, Félix (709-725), ne compte pas moins de 725 morceaux, P. L., t. lii, col. 183-666 ; mais il est certain que déjà des pièces apocryphes figurent dans cette collection et, d’autre part, il est probable que des sermons authentiques pourraient être retrouvés, ici ou là, sous des noms différents. La critique des sermons de saint Pierre est d’ailleurs fort difficile à réaliser et seuls, à ce qu’il semble, le style et la langue peuvent permettre le discernement de l’authentique et de l’apocryphe ; encore faudrait-il que nous eussions à notre disposition une bonne édition, et ce n’est pas le cas jusqu’à présent.

La plupart des homélies authentiques de saint Pierre sont consacrées à l’explication des passages de l’Écriture qui avaient été lus au cours de l’office. Son exégèse est avant tout morale, et l’on trouve dans ces sermons les plus intéressants renseignements sur la vie chrétienne au milieu du ve siècle. Bien que l’orateur s’efforce de parler le langage du peuple afin d’être mieux compris de ses auditeurs, Serm., xliii, il lui arrive souvent de tomber dans l’emphase et de rester fidèle aux préceptes de la rhétorique, cela au détriment de la clarté. D’ailleurs, presque tous ces discours sont très brefs, Serm., xxxvi, cxxii, cxxxii, et Pierre érige en système sa brièveté.

Les sermons doctrinaux sont l’exception : la plupart d’entre eux traitent de l’incarnation et sont dirigés contre les ariens, les nestoriens et les eutychiens. Les sermons lvi-lxii sont consacrés à l’explication du symbole ; les sermons lxvii-lxxii commentent l’oraison dominicale ; ces deux séries sont destinées à achever la préparation baptismale des catéchumènes.

La postérité a honoré l’archevêque de Ravenne du nom de Chrysologue, qui est attesté par Agnellus. Nous trouvons aujourd’hui qu’un tel nom n’est pas entièrement mérité. Saint Pierre a été un excellent évêque et un bon prédicateur ; on ne saurait lui accorder, malgré le titre de docteur de l’Église que lui a donné Benoît XIII en 1729, une place de premier plan parmi les théologiens.

H. Dapper, Der heil. Pelrus Chrysologus, derersle Erzbischof von Rtwenna, eine Monographie, Cologne, 1867 ; H. Jannel, Commentationes philologicas in Zenonem Veronensem, Gaudentium Brixiensem, Petrum Chrysologum Ravennatem, Ratisbonne, 1905-1906 ; F. J. Peters, Pelrus Chrysologus (ds Homilel, ein Beitrag zur Geschichte der Predigl im Abendlande, Cologne, 1918 ; J. H. Baxter, The homilies of St. Peler Chrysologus, dans Journal of theological studies, t. xxii, 1921, p. 250-258 ; D. L. Baldisserri, S. Pier Chrisologo, arçivescovo di Ravenna, Imola, 1921 ; G. Kriiger, dans Schanz, Gesch. der rômischen Literatur, t. iv 6, Munich, 1920, S 1218 ; O. Bardenhewer, Gesch. der altkirchlichen Literatur, t. iv, Fribourg, 1924, p. 606-610.

Dom Cabrol a essayé de montrer que saint Pierre Chryso logue était l’auteur du Rotulus de Ravenne, Autour île lu liturgie de Ravenne. Suint l’ierre Chrysologue et le Rotulus, dans Revue bénédictine, t. xxiii, 1906, p. 489-500.

G. Hardy.

28. PIERRE COMESTOR (xiie siècle). I. Vie. II. Œuvre littéraire.

I. Vie.

Selon le témoignage de Tiraboschi, qui s’appuie sur quelques auteurs italiens, Pierre Comestor serait d’origine lombarde et frère de Pierre Lombard, le Maître des Sentences, et du célèbre canoniste Gratien. C’est là une légende. Voir J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, p. 172-173, et l’art. Pierre Lombard, col. 1942. L’opinion commune des historiens suit Henri de Gand d’après lequel Pierre Comestor est né à Troyes, en Champagne.

Quoi qu’il en soit de ses origines, il est certain que Pierre appartint au clergé de l’Église de Troyes. Il y exerça même les fonctions de doyen, de l’année 1147 à 1164. A cette date, et peut-être même quatre ans plus tôt, s’il faut en croire le récit d’Etienne de Bourbon sur l’élection à l’épiscopat de Maurice de Sully, il était membre du chapitre parisien. En tout cas, en 1164, il succède à Eudes dans la chancellerie de Paris. De ce fait, il a la surveillance de l’enseignement scolastique et, en plus, donne lui-même des leçons publiques de théologie, jusqu’en 1169, où il cède cette charge à Pierre de Poitiers, tout en conservant encore la fonction de chancelier. Il jouit, parmi ses contemporains, d’une très grande réputation, qui devait attirer sur lui les faveurs du pape Alexandre III. D’après les dispositions prises par celui-ci au début de son pontificat, et qu’il fit sanctionner au IIIe concile du Latran, en l’année 1179, les chanceliers, qui octroyaient le pouvoir d’enseigner dans les limites du territoire ecclésiastique qui leur ressortissait, devaient donner gratuitement la « licence » à ceux qui en étaient capables. Malgré cela, Alexandre III autorise Pierre Comestor à percevoir une petite taxe, pas trop onéreuse pour les professeurs, mais il restait bien entendu que ses successeurs n’auraient pas ce privilège (1175). Quatre ans plus tard, quand le cardinal Pierre de Saint-Chrysogone, légat pontifical en France, est sollicité par Alexandre III sur les hommes du royaume les plus méritants et dignes des légitimes récompenses, il parle en ces termes du chancelier, qui était au nombre des trois ecclésiastiques choisis dans l’Église de Paris : litteraturam et honestatem M. Pétri Manducaloris, decani Trecensis, credimus vos non ignorare. Du Boulay, Hist. univ. Paris., t. ii, p. 369.

Vers la fin de sa vie, Pierre Comestor abandonne son poste et, dans le désir de la solitude et de la prière, se retire comme chanoine régulier au monastère de Saint-Victor. Il y mourut à une date qui ne peut être fixée que très approximativement. Vincent de Beauvais place sa mort en 1160, Labbe, s’appuyant sur des documents trouvés au couvent de Saint-Victor, en 1198. Le premier témoignage, en opposition avec les données biographiques, ne peut être retenu. Le second ne peut pas être éliminé absolument. En faisant état des chroniques de Robert, chanoine de Saint-Marien d’Auxerre et de Guillaume de Nangis, et en accord avec la majorité des auteurs de notices biographiques, il est plus vraisemblable, malgré certaines affirmations favorables à 1178, de fixer la mort du chancelier à l’année 1179.

Pierre Comestor fut inhumé au monastère de Saint-Victor. Sur sa tombe, on grava l’épitaphe suivante en vers hexamètres, qu’il avait composée lui-même : Petrus eram quem petra tegit, dietusque Comestor ; Xunc comedor. Vivus docui ; nec eesso docere.

Cette inscription nous apprend que Pierre fut appelé Comestor, ou Manducator. Ce surnom, dont l’origine n’est pas absolument certaine, lui vint probablement