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1903

PIERRE LE CHANTRE

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de trop multiplier les gloses sur récriture sainte et d’alourdir tellement le texte scripturaîre par leurs explications qu’ils le rendent souvent incompréhensible. Ils ont tort aussi de négliger les vérités éternelles en s’arrêtent dans leurs diseussions aux questions frivoles et trop subtiles. Pour remédier à ces abus, il faut l’en tenir aux données de l’Écriture et de la tradition. et rejeter les fantaisies humaines. Les prédicateurs, de leur côté, au lieu de chercher à briller et à flatter les oreilles de leurs auditeurs, doivent vouloir le succès de leur activité apostolique par la sainteté de leur vie. L’auteur proleste aussi contre l’habitude prise par certains prêtres de dire plusieurs messes par jour, uniquement dans un but de lucre ; de donner dans la pratique des messes « à double l’ace ». pour recevoir plus d’offrandes : ils recommencent plusieurs fois, avec quelques variantes, suivant les intentions des donateurs, la partie de la messe qui précède le canon. Les moyens proposés pour remédier à ces abus sont radicaux : il faut diminuer les églises, les autels et les clercs et n’accepter dans les ordres sacrés que ceux qui ont des qualités suffisantes.

Des blâmes justifiés sont également adressés à ceux qui cumulent les bénéfices et aux simoniaques. Pierre s’élève contre l’incertitude, la témérité de ceux qui, pour juger un délit, ont recours aux épreuves du fer chaud et de l’eau bouillante, car ce ne sont là qu’enchantements et inventions diaboliques.

Après avoir donné un aperçu sur les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, sur les vertus cardinales et les vices qui leur sont opposés, l’auteur, parlant de la pénitence et des conditions nécessaires pour en tirer des fruits spirituels, donne d’excellentes règles pratiques pour les confesseurs et les pénitents. L’ouvrage se clôt par des réflexions sur l’enfer et le paradis. Le dernier chapitre cliii a pour titre : Contra monachos proprietarios. ou De prnprietate monachorum. Il a souvent été considéré comme un ouvrage à part ou comme un sermon de circonstance, car il ne se trouve pas dans tous les manuscrits du Yerbum abbrei’iatum.

Ce bref résumé donne une faible idée de toute la richesse doctrinale du Yerbum abbreviatiim, dont la valeur est incontestable. Fidèle à ses principes théologiques, l’auteur appuie sa démonstration sur les textes scripturaires et les affirmations des Pères de l’Église et des conciles. Les citations des auteurs profanes, poètes ou historiens, comme Horace, Ovide, Virgile, Juvénal, Térence, Caton, Cicéron et autres ne constituent qu’un agréable ornement de style, qui ne gêne ni n’alourdit le développement de l’argumentation. Ces qualités se trouvent aussi dans le traité sur les sacrements.

2. Summa de sacramentis.

La Summa de særamentis et anima’consiliis, est souvent mal citée sous le titre de Summa de conciliis et rébus ecclesiasticis. Cet ouvrage est jugé de cette façon dans le Pénilenliel, de Pierre de Poitiers, chanoine de Saint-Victor : In his et in aliis animarum consiliis, in quibus semper mallem audire quam audiri, consultius est recurrere ad scripta pige recordationis Pétri, cantoris Parisiensis, ad illam summam pnecipue quæ est de secretis animarum consiliis, qiue sic incipil : Quæritur de sacramentis legalihus, qinr sunt data per/ectis in signum, superbis in jugum, infirmis in psedagogum. Gutjahr, p. 55.

De la Summa, il existe deux recensions ; la première est représentée par les mss. 959 : et / / 591 de la Bibliothèque nationale, et la seconde par le ms. 2 7 6 de la bibliothèque de Troyes. Entre elles, il y a peu de différence. Dans la dernière, l’ouvrage se compose de deux livres : le I er est constitué de cent dix-neuf chapitres, qui traitent des sacrements légaux de l’Ancienne Alliance, de leur valeur et de leur rapport avec ceux de

la Loi nouvelle, du baptême du Christ et de celui de Jean-Baptiste et île la circoncision. Pierre le Chantre expose d’où le baptême tire sa valeur, l’intention du baptiseur et du baptisé et les rites du baptême. Il donne une explication de la confirmation, de la consé eration de l’église et de l’autel, du sacrement de l’eucharistie et des paroles de la consécration sur le mélange d’eau et de viii, sur l’intention qu’il l’a ni avoir à la consécration, sur la communion.

L’exposé sur le sacrement de pénitence fait connaître un certain nombre des questions agitées au Moyen Age, par exemple, la rémission et les influences du péché, les punitions pour les fautes vénielles et mortelles, le changement de la pénitence infligée, et insiste sur certains points particuliers : la rupture du lien matrimonial, la restitution, la bonne réputation, la manière de se confesser, le pouvoir des clefs, l’absolution des censures et les relations avec les excommuniés.

Le IIe livre formé de quarante-six chapitres con lient la solution de cas intéressants de morale sur les vœux, les promesses, la simonie, la législation canonique et surtout le droit matrimonial, sur la dogma tique sacramentelle, en particulier le baptême et l’eucharistie et sur l’incarnation.

3. Distinctiones A bel.

Ces distinctions, ainsi nommées parce qu’elles commencent par ces mots : A bel dicitur principium Ecclesiw roulent sur le dogme et la liturgie. Le cardinal Pitra, qui en a édité une partie, dans Spicilegium Solesmense, t. iii, p. 1-276, voulait prouver, par les passages contenant les explications mystico-morales sur l’Écriture, que la Clavis Melito qu’il croyait avoir trouvée, était connue de Pierre le Chantre et employée dans les distinctions. Mais dom Bottmanner a établi que ces vues étaient erronées. On connaît de cet écrit de nombreux mss. : Paris, 455. 613, 3236 B, 3388, 3664, 14 923, 10 633 ; Berlin, 390.

4. Questions sur la simonie.

Ces questions traitent de cas subtils de simonie et relèvent surtout du droit canonique. Elles sont contenues dans le Paris. 14 445. et le Monac. 052 6.

5. Travaux sur l’Écriture sainte.

Au’nombre des écrits composés par Pierre le Chantre sur l’Écriture sainte, il faut citer le De tropis loquendi, ou De tropis theologicis, et les gloses. Dans le premier ouvrage contenu dans le Paris. 14 445, souvent intitulé aussi De contrarictatibus Iheologiæ ; De contrarietatibus Scripturæ ; De contrarietatum solutionibus, et même Grammalica Iheolagorum, et qui commence par ces mots, qui. malgré la diversité des titres, permet l’identification : Videmus nunc per spéculum in cTnigmate, l’auteur s’efforce d’apporter une solution aux contradictions apparentes du texte biblique. C’est pourquoi cette étude est de valeur pour l’intelligence des livres sacrés.

Bon nombre de gloses sont perdues. Celles que nous avons et dont Brial suspecte l’authenticité sans raison probante sont brèves en général, de développement inégal et de qualité variable. Pour l’Ancien Testament, les gloses sur les psaumes, et pour le Nouveau, celles sur l’Apocalypse et l’harmonie des évangiles occupent la première place. Ces diverses gloses se trouvent dans les mss. Paris. 15 565, 14 426, 12 011, 682 ; Mazar., 87, 133, 777 ; Valentian., 8.4 ; Cornât., 213.

Sur ces écrits, Balph de Coggeshall porte le juge ment suivant, rapporté par Gutjahr : Hic inlcr pluru opuscula, r/iur potins religioso ai : mora/i sti/lo diqessit quam pompatico eloquio utpole verborum phaleras devilans, novas quasdam glossas super psalterium et saper epislolas Pauli brèves et dilucidas composait, fastidiosis lecloribus atqùe labili mémorise neenon et paupertati scholarium in omnibus consulens. In quibus çlo&sis non a sensu vel a tramile pnecedentium Palrum in aliquo aberrant !, sed exposilioncs multipliées atque pro/usas in