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PIERRE DE CANDIE

1892

rcporiatum. c’est-à-dire une rédaction faite par quelqu’un de ses élèves du commentaire qu’il exposa à Paris. Comme ces rcportata reproduisent le commentaire du maître d’une façon exæte et bien souvent même mot à mot, on peut être certain d’y avoir la doctrine et les théories authentiques du commentateur. Ce reporlatum du commentaire sur les Sentences île Pierre Candie fut rédigé entre 1378 et 1380, époque a laquelle Pierre expliqua les Sentences à Paris. Le témoignage explicite de quelques manuscrits concorde parfaitement avec cette date. Dans le cod. Vat. lat. 1081, on lit : Explicit lectura super Sententias nenerandissimi /ratris Pétri de Candia, ordinis fratrum minorum, anno Domini M° trecentesimo ocloagesimo eompilata lempore quo Parisius legebat Sententias. façon de rerbo ad verbnm ut jæet, suis seolaribus in scolis antedicti ordinis perlegebat. Ce texte constitue également un témoignage important en faveur du caractère de rcportatum, attribué à ce commentaire. Un explicit semblable se lit dans le cod. Theol. 12 8 de la bibliothèque universitaire de Qættinguc, ainsi que dans le cod.. Il de la bibliothèque Marcienne de Venise. Le eod. 110, fol. 7. de la même bibliothèque porte : hanc Sententiarum Iccturam compilatam Parisius in scolis fratrum minorum anno 1379. Dans le cod. Amplon. fol. 94, de la bibliothèque d’Erfurt, il y a la rubrique : Compléta et lecta Parisius a venerabili magistro Petro de Candia, anno Domini M° CCCC. LXXX°.

Cet ouvrage, comme d’ailleurs toutes les œuvres analogues du xive siècle, ne constitue point un commentaire du texte même du livre des Sentences de Pierre Lombard, comme c’était l’usage habituel au xme siècle ; mais il traite simplement quelques questions choisies, plus ou moins nombreuses, distribuées d’après l’ordre suivi dans le recueil des Sentences de Pierre Lombard. Cette indépendance, par rapport à l’œuvre du Lombard, constitue une note caractéristique des commentaires sur les Sentences du xiv° siècle. Ainsi, Pierre de Candie consacre au 1. I six questions : au 1. II trois questions ; aux I. III et IV une question.

A l’exemple de saint Thomas et des autres commentateurs du xiii siècle, Pierre de Candie divise les questions en plusieurs articles. Quant à la méthode suivie par le maître franciscain dans l’exposé de la matière de chaque article, bien qu’il se rallie fondamentalement à l’ordre adopté par les maîtres du xme siècle : Quæritur — utrum ; videtur quod = arguo, arguitur ; sed contra ad oppositum ; respondco dicendum quod = pro decisione, pro declaratione, responsio ad difficultales. cependant, le plus souvent, les parties II et III entrent dans le corps même de l’article. C’est là une autre note caractéristique des commentaires du xive siècle. Ainsi. Pierre de Candie, après avoir donné l’énoncé de la question, expose et réfute immédiatement les opinions opposées, fournit des explications et des distinctions préliminaires, relate et démontre sa propre opinion.

I ne autre note caractéristique du commentaire de Pierre Candie, c’est que, contrairement à la coutume adoptée par les maîtres du xin c siècle et du début du xiv e, il cite le plus souvent par leurs noms les auteurs dont il critique ou partage les opinions. De plus, il connaît tous les docteurs anciens, modernes et contemporains ; il cite et expose en substance leurs opinions ; il les critique mais ne les rejette jamais formellement ; il expose avec courtoisie les raisons pour lesquelles il ne peut se rallier à leurs thèses. Il conserve une entière liberté à l’égard de tous et de chacun et ne se rallie point à une école déterminée ; il reste personnel et indépendant. Toutefois, il ne cache point ses préférences pour les doctrines de Duns Scot et pour un

noininalisme mitigé, de sorte que le cardinal Ehrle le dénomme un « nominaliste scotiste ». Op. cit., p. 77.

Quatre écoles semblaient se partager les maîtres du xiv siècle : le nominalisme, le scotisme, le thomisme et l’école des augustins, dont le docteur officiel était Cilles de Rome. Dans le commentaire de Pierre de Candie, les deux dernières écoles apparaissent comme insignifiantes. De l’école thomiste, en effet, il ne connaît que saint Thomas d’Aquin et seulement encore comme un docteur isolé. Il ne cite qu’une fois Cilles de Home, Fr. Ehrle, op. cit., p. 26(5, tandis qu’il s’occupe beaucoup de Grégoire de Rimini, non en tant qu’august inien, mais en tant que nominaliste.

L’école scotiste, au contraire, joue dans le commentaire de Pierre de Candie un rôle assez important ; Duns Scot, François de Meyronnes, François de Pignano ou de Marchia, et Landolphe Caracciolo y sont allégués fréquemment. Les représentants et les sectateurs du nominalisme y viennent toutefois au tout premier plan : Guillaume Occam, le franciscain Adam Woodham, le cistercien Jean de Mirecourt et le général des ermites de Saint-Augustin, Grégoire de Rimini. En dehors de l’école scotiste et nominaliste, trois autres franciscains ont exercé une grande influence sur les doctrines de Pierre de Candie, à savoir Pierre Auriol, l’Anglais Rrinkel, ignoré jusqu’ici, et surtout Jean de Ripa.

Outre le texte du commentaire sur les Sentences, les quatre principia, qu’il a tenus, semble-t-il, en 13781379, avant de commencer l’exposé de son commentaire sur les Sentences, nous sont parvenus au complet. Ils sont conservés dans quelques mss., dont le principal est le cod. Vatic. lai. 1081. Les principia se tenaient avant que le bachelier commençât son commentaire sur les Sentences et se composaient d’une collalio et d’une disputatio. Dans la collatio, le bachelier devait faire la louange de la théologie et de Pierre Lombard. La disputatio est constituée par l’exposé scientifique d’une question théologique, traitée par le bachelier d’après certaines normes déterminées. Cette disputatio, qui constitue proprement le principium, se distingue de la collalio et ne peut point être identifiée avec elle, d’après Fr. Ehrle, op. cit., p. 49-50. Tandis que la collatio constitue un discours sur les deux thèmes mentionnés, le principium serait une dispute théologique proprement dite, préliminaire au commentaire de chaque livre des Sentences. Ces collationes et ces principia du commentaire des Sentences de Pierre de Candie présentent un intérêt capital pour l’histoire de la littérature théologique du Moyen Age, parce qu’il est très rare que les collationes et les principia des quatre livres des Sentences soient conservés.

Le cod. 795 (xv siècle), fol. 106-110. de la bibliothèque de l’hôpital de Cues, attribue à Pierre de Candie un Libellas de terminis theologicalibus, qui débute : Ad facultatem theologicam accedenles et finit : nec très omnipotentes. Le même traité serait conservé dans le cod. 975, fol. 190, de la bibliothèque de Berlin. Fr. Erhle, op. cit., p. 18.

Le cod. 475 (xv-xvie siècle), fol. 43, de la bibliothèque Pauline de Munster, contient une Qusestio de peccato originali de Pierre de Candie, qui constitue la q. n du 1. III de son commentaire sur les Sentences. Elle est appelée par J.-H. Sbaralea, op. cit., t. i, p. 10 : Tractatus de immaculala conceptione 11..1I. V’., et imprimée par Pierre d’Alva et Astorga, dans Monumenta seraphica, Louvain, lt><>">. p. 191211. Pierre de Candie composa aussi un Ofjicium nisitationis B. V. Marias, conservé dans le cod. S. Croce Plut. XXV, sin.’), fol. 99-102, qui a été inséré dans quelques bréviaires de l’ordre et édité par G. M. Dreves, Analeela hymnica, t. xxiv, Leipzig, 1X90, p. 98102. C’est un office rythmique, rédigé par le maître