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PIERRE DE BLOIS

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patience du saint homme, pour en montrer l’utilité en cette vie terrestre. A cette occasion, il attaque avec ardeur les prélats et les clercs, qui recherchent trop les avantages matériels et sensuels et se soucient peu du salut des âmes qui leur sont confiées. Il a été plus pénible de sauver les hommes que de les créer, et c’esl pourquoi l’incarnation du Sauveur n’est qu’une longue patience. Comme Job, le roi doit se détacher des biens périssables it ne pas vouloir trouver ici-bas la récompense de son labeur. Sensiblement de la même date est le Dialogus inter regem Henricum. Il et abbatem Boneevallensem, col. 975-988, où le roi. s’appuyant sur des textes bibliques.se plaint île l’ingratitude de ses sujets.

1. Dans le De Jerosolymilana peregrinatione acceleranda, col. 1057-1070, l’auteur exhorte les grands à la croisade. Malgré le vœu qu’ils ont fait et le tribut extraordinaire qu’ils ont levé sur leurs sujets pour secourir Jérusalem et la’terre sainte, ils hésitent à partir. La croisade est pour les princes un moyen d’obtenir le pardon de leurs péchés : grave raison pour laquelle ils ne doivent pas différer l’exécution de leurs promesses. Cet opuscule est certainement de Pierre de Blois, mais le ton autoritaire avec lequel il est écrit rend admissible l’hypothèse de Brial, qui prétend qu’il a été composé au nom d’un archevêque éminent ou d’un grand personnage. On en rapprochera la Passio Keyinaldi, col. 957-976. qui raconte, en utilisant divers documents, la mort de Réginald de (".hâtillon, prince d’Antioche († 1187).

5. Pierre de Blois est aussi l’auteur d’une Assertio fidei qui est probablement perdue, car il ne semble pas qu’elle puisse être identifiée, comme on l’a souvent fait, avec l’instructio fidei que le pape Alexandre III adressa au sultan d’Icône et qui porte sur les principaux mystères du christianisme. Ibid., col. 1069-1078.

6. A la demande d’un évêque, dont il n’a pas fait connaître le nom, Pierre de Blois rédigea un opuscule, De confessione sacramentali, col. 1077-1092. Après avoir prouvé, en s’appuyant sur les textes de la sainte Écriture et des Pères, que l’Église a reçu le pouvoir des clefs, il montre l’utilité, les qualités et les effets de la confession. Pour ce qui concerne les péchés mortels, le chrétien doit en faire l’aveu numérique avec toutes les circonstances aggravantes qui peuvent en changer la nature ou l’espèce. Les fautes vénielles ne doivent pas être négligées dans l’examen de conscience, sinon elles risqueraient de faire tomber insensiblement l’âme dans des péchés plus graves. La vraie contrition procède non de la manifestation de la pure sensibilité, mais de l’amour véritable de Dieu.

7. Le septième traité. De psenitentia a sacerdote injungenda, col. 1091-1098, est, quant au sujet, la continuation du précédent, mais il est adressé à un abbé et concerne surtout l’attitude du confesseur. Sous la menace de peines canoniques infamantes, comme la déposition perpétuelle, celui-ci est tenu au secret le plus absolu sur les fautes qui lui ont été accusées. De plus, pour sa vie morale et sa conduite, il doit être un sujet d’édification pour les chrétiens. A la fin de l’ouvrage, il y a quelques règles pratiques, destinées à faciliter le choix du confesseur dans les monastères et ailleurs.

8. Le Canon episcopalis, appelé aussi Traclalus de instilutione episcopi, col. 1097-1 1 12. est un traité écrit pour un de ses amis. Jean de Contantes, doyen de l’église de Rouen, nommé évoque de Worchester. Par les détails qu’il contient sur la vie spirituelle, les qualités, les vertus et les devoirs, c’est un véritable directoire de conscience pour les prélats. On y trouve aussi « les blâmes assez acerbes contre l’attitude déplorable de certains évêques contemporains, qui ne se soucient L’uère des intérêts véritables des âmes.

9. Pour répondre aux attaques injustes dirigées contre lui dans un écrit anonyme, dont l’auteur était un chanoine régulier, Pierre composa un opuscule apo logétique, intitulé Invectiva, col. 1113-1126. En y rappelant bon nombre de ses lettres, sermons et traités antérieurement publiés. Pierre se justifie d’avoir calomnié des évêques et flatté les grands de la terre ; il a toujours agi avec droiture pour le bien des âmes. H prouve aussi qu’il n’a pas confondu la grâce et le libre arbitre, comme on l’en a accusé en prétendant s’appuyer sur des passages de ses œuvres. La liberté est en dépendance et en relation si étroite avec la grâce que la bonté divine ne porte pas préjudice au mérite, ni la grâce au libre arbitre. Il est â regretter que cette apologie, qui. fait réellement justice des griefs dont on l’accusait, soit écrite avec trop d’acrimonie.

10. Contra perftdiam judœorum, col. 825-870. — Dans ce travail, subdivisé en trente-quatre chapitrés et écrit à la demande d’un de ses amis, qui s’avoue incapable de répondre à toutes les objections qui lui sont faites par les hérétiques et les juifs de son entourage, il souhaite que seuls abordent la discussion avec les adversaires ceux qui sont forts, en pleine connaissance de leur doctrine et qui ne risquent pas de perdre pied et de tomber dans l’erreur. Pour prouver les principales vérités de la religion chrétienne : la sainte Trinité, l’incarnation de la seconde personne, les deux natures de Jésus-Christ, les principaux événements de sa vie, ses miracles, sa passion, sa mort, sa résurrection, il recueille les passages marquants de l’Ancien Testament et établit, à l’aide des écrits de la Nouvelle Alliance, que le Messie a véritablement, dans sa vie, accompli toutes les prophéties qui le concernaient. Aux témoignages scripturaires sont ajoutés de nombreux, documents empruntés aux historiens païens ou juifs, tels que Tibère, Philon et Josèphe. Malgré certains défauts, tels que l’excès des allégories trop arbitraires, la citation de textes sans objet pour la fin envisagée, malgré l’appel à l’autorité de Virgile et de la Sybille, cet opuscule est un des meilleurs qu’ait produit le xiie siècle en ce genre.

11. Dans le De amicitia christiana, col. 871-896, dont le De cantate, col. 895-958, est la suite et qui a été faussement attribué à Cassiodore, Pierre de Hlois, déjà parvenu à un âge assez avancé, disserte sur l’amitié chrétienne ou l’amour de Dieu et du prochain. Les deux parties de ce travail, dont la I rt’contient vingt-cinq chapitres et la II 1’soixante-cinq, tendent à prouver que l’amour de Dieu et celui du prochain reposent sur le même fondement, sur Dieu.

12. Dans l’opuscule suivant, De duodecim ulilitalibus tribulationis, col. 989-1006, il est question de 1’’utilité des tribulations » ; celles-ci offrent surtout à l’homme, qui doit les accepter et en profiter, l’occasion de se connaître et d’apprécier les vraies joies. Elles empêchent aussi les tentations du démon, donnent plus de valeur à la prière, purifient la conscience et font progresser dans la vie surnaturelle. L’authenticité de cet écrit n’est pas absolument certaine.

13. Le traité intitulé Quales sunt, col. 1005-1056. ne retiendra pas notre attention, car c’est à tort qu’il a été attribué à Pierre de Blois ; il serait de Guillaume, prieur de Grandmont.

14. Il ne nous reste que des fragments des opuscules Dr silenlio servando, col. 1125-1128, De prsestigiis fortunée, où il est prouvé que la grandeur et l’abais sèment des hommes sont l’œuvre de Dieu, malgré les apparences.

Il ne semble pas que la notice sur les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament soit l’œuvre de Pierre de Hlois, pas plus que le poème sur l’eucharistie, col. 1135-1154, qui doit être attribué â Pierre le Peintre (voir ce nom). Par contre, Pierre est certaine