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    1. PIERRE AU H KM##


PIERRE AU H KM, ET LES SC0LA.STIOUES

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Toutefois, quand il le fallait, Pierre— Auriol savait aussi être sévère envers le Saint-Siège et le critiquer. Ainsi, tout favorable qu’il fût à la suprématie du pape, il le déclarait néanmoins coupable de simonie, quand il vendait les choses spirituelles ou des biens, dont la vente entraînait celle de choses spirituelles. C’e*, l ainsi que la vente d’une prébende, par exemple, entraîne nécessairement la vente de l’autorité spirituelle attachée à celle-ci. En pareil cas, le pape est coupable, bien qu’il n’encoure pas la peine, qui es ! de droit positif. Auriol admet d’ailleurs que le pape peut mettre la main sur les richesses de l’Église en vertu de son autorité plénière et de sa souveraineté ; il lui dénie toutefois le droit de s’en approprier la moindre partie comme compensation du don qu’il aurait fait d’un bénéfice. In IV Sent., dist. XXV. a. 3, p. 166 b. Ces principes, exposés par Pierre Auriol, avaient déjà été posés, vers 1318, au début du règne de Jean XXII, sous lequel la fiscalité pontificale a donné lieu à de nombreuses et sévères critiques. N. Valois salue cet acte de courage chez Pierre Auriol, qui devait tant à la protection du pape. Op. cit.. p. 525.

IV. Pierre Auriol et les scola.stiques. — Le nom d" Pierre Auriol a survécu en dépit, ou plutôt à cause des attaques dont ses doctrines subtiles ont été l’objet dès le début. Prenant lui-même position à peu près contre tous les théologiens qui l’ont précédé, mais le plus souvent contre Duns Scot, saint Thomas et saint Bonaventure et, en général, contre tous les scolastiques, poursuivant de ses invectives et de ses critiques les théologiens contemporains, il s’exposait à être l’objet d’attaques répétées non seulement de maîtres contemporains, mais aussi de théologiens postérieurs. Ce qui a contribué encore dans une large mesure à multiplier les critiques à l’égard de Pierre Auriol. ce fut le fait qu’il se glorifiait de se frayer une voie personnelle, de conserver son autonomie dans toutes les questions qu’il traitait et de ne dépendre formellement, dans ses théories et dans ses doctrines, d’aucun autre philosophe ou théologien. Nous ne voulons point nous étendre longuement sur les oppositions qu’a rencontrées Pierre Auriol dans les milieux philosophiques et théologiques, mais seulement donner quelques points de repère, qui peuvent contribuer à étudier à fond cette partie intéressante de l’histoire des doctrines scolastiques.

Auriol et saint Thomas d’Aquin.

L’opposition

menée par le maître franciscain contre le Docteur angélique a été retracée par K. Werner, qui s’est appliqué à discerner en quoi les thèses d’Auriol s’écartent de la doctrine thomiste. Op. cit., t. iii, p. 113, 180, 182, 183, 186-190, 194, 196-215, 218-229, 231, 235, 239.

Auriol et Averroès.

 Le même K. Werner a

tâché d’exposer en quoi les théories du docteur franciscain se rapprochent de celles d’Averroès, Der Averroismus in der christlichen peripatetischen Psychologie, Vienne, 1881, p. 177-231. On peut regretter seulement que le savant autrichien n’ait pas connu le Tructatus de principiis naturse.

Auriol et Duns Seot.

Des données importantes

au sujet de l’opposition ininterrompue de Pierre Auriol au Docteur subtil ont été fournies par R. Dreiling, op. cit., passim, surtout p. 211-211, M. Schmaus, op. cit., p. 70, 72, 76, 242, 352, 478, 533, 552, etc., Ben. Lindner, op. cit., p. 85-86, 113-120.

4° Auriol et François de Meyronnes, O. F. M. — Ce contemporain du maître franciscain, disciple fidèle de Duns Scot, n’a cessé d’attaquer Auriol dans ses nombreux ouvrages et à défendre les théories du Docteur subtil. Cf. K. Werner, Die Scholaslik des spâtcren Miltelalters, t. n ; Stôckl, Geschichle der Philosophie im Mittelalier, t. ii, p. 868 sq. ; Hauréau, Histoire de la

philosophie scolastique, I. ii, 2e part., Paris, 1880, p. 298 sq. ; H. Dreiling, op. cit., passim.

Auriol et les maîtres carmes.

L’opposition

acharnée que les maîtres de l’ordre des cannes ont menée au xiv siècle contre les théories et les thèses de Pierre Auriol a été esquissée par Barth. Xiberta. lùitrc eux, la première place est occupée par Jean Baconthorp, un des adversaires les plus fameux, avec François de Meyronnes, de Pierre Auriol. Op. cit., p. 182, 201-204, 221, 228-233.

6° Auriol et Thomis d>> Strasbourg (f L357). — Les attaques, menées par le maître de l’ordre des ermites de Saint-Augustin contre un grand nombre de doctrines de Pierre Auriol, ont été signalées par Ben. Lindner, op. cit., p. 7, 8, 17, 30, 32, 31, 35, 37. 13. 11. 53. 63, 68, 70 sq., 79, 84, 85-86, 90 sq., 91, 100. 104, 107, 112-120, 122, 123, 125, 126. 127, 128, 129. 135.

7° Auriol et Alphonse Vargas Toletanas, de l’ordre des ermites de Saint— Augustin (i 1366). — L’opposition faite par ce maître aux théories du docteur franciscain a été retracée par Jos. Kilrzinger, op. cit.. p. 21, 50-52, 55, 64, 68, 85, 86, 113, 116, 124, 151, 165, 172, 173, 174, 180-181, 185, 199, 206, 216.

8° Pierre Auriol, No’^l Hervé et Durand de Saint-Pourçain. — L’influence que ces trois maîtres ont exercée l’un sur l’autre, les ressemblances et les différences que l’on rencontre dans leurs théories, la dépendance probable d’Auriol vis-à-vis des deux docteurs dominicains pour sa doctrine conceptualiste, les attaques qu’ils se sont livrées entre eux, tout cela a été dit sommairement par R. Dreiling, op. cit., p. 208211 ; cf. aussi Jos. Koch, Durandus de S. Porciano, O. P. Forsrhungen zum Streitum Thomas von Aquin : u Beginn des XI v. Jahrhunderts. I rc part. Literargeschichtliche Grundlegung, Munster, 1927.

Auriol et d’autres scolastiques.

R. Dreiling,

op. cit., passim, fournit plusieurs indications précieuses au sujet des attaques menées par Auriol contre saine Bonaventure, Henri de Gand, Godefroid de Fontaines, François de Meyronnes, Noël Hervé. Durand de Saint-Pourçain, Gérard de Sienne, Thomas de Strasbourg, Thomas de Wilton, etc., ainsi que les critiques, exercées par quelques-uns d’entre eux, contre les thèses du maître franciscain, comme par Noël Hervé, Durand de Saint-Pourçain, Thomas de Wilton, etc., ainsi que par Gautier de Catton (Jos. Kùrzinger, op. cit, p. 68), Jacques de Appamiis (ibid., p. 85-86) et Bernard Lombard (A. Pelzer, op. cit., p. 168).

10° Auriol et Guillaume Occam. — L’opposition du chef du nominalisme au docteur franciscain, par rapport à plusieurs théories, est très significative. Ainsi, Occam rejette la doctrine d’Auriol, selon laquelle toute connaissance se terminerait à un être intentionnel de la chose, distinct de son être réel et né de l’acte d’intellection ; il ne veut pas de cet intermédiaire entre la chose et l’acte de connaître. Cela suffit pour mettre entre les deux théories de la connaissance une opposition essentielle. Occam critique encore Auriol dans les questions sur la justification. La doctrine nominaliste de la justification est essentiellement dirigée contre la théorie de Pierre Auriol, d’après laquelle Dieu. serait nécessité à donner la vie éternelle non par un acte que l’âme produit, naturellement, mais par un don (l’amour) qu’il lui fait d’abord, surnaturellement. Occam critique cette théorie en se plaçant au point de vue de la toute-puissance et de la miséricorde divines. Il semble qu’Occam ne connaisse Pierre Auriol que pour le critiquer. Il est donc exagéré’de considérer Auriol comme un nominaliste. De plus, Occam attaque la thèse du maître franciscain au sujet de la réalité des universaux et des relations. Soutenant que les universaux et les relations ne sont que de purs concepts et ne