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difficile viderc et intelligere, quomodo polesi dici quod aliqaid transeat in aliud, ubi vero est aliud commune possumus (amen dicere quod vere transit aliquid. In II Sent., p. 99 l>.

10. Morale. — En morale, . Valois compte Pierre Auriol parmi les moralistes austères. Ainsi, quand il recherche si le mensonge est toujours un péché, il distingue plusieurs sortes de mensonges : le mensonge fait par plaisir, très fréquent chez les femmes ; le mensonge d’orgueil ; le mensonge facétieux ; le mensonge utile, moins entaché de malice ; enfin, le mensonge nuisible, qui fait tort au prochain. Tous ces mensonges sont des péchés, mais le dernier seul est un péché mortel. Cependant, celui qui se place en quelque sorte dans la nécessité de mentir, par suite de l’habitude contractée, peut pécher mortellement. Pour déterminer la gravité, il faut tenir compte aussi des circonstances de personnes. Un prélat, un religieux doivent être tout à Dieu, fl en résulte qu’un mensonge, même facétieux, peut atteindre dans leur bouche les proportions d’une faute mortelle ; telle semble du moins être la théorie de Pierre Lombard. Auriol s’efforce d’excuser Abraham, disant que Sara était sa sxur, ainsi que Jacob, se faisant passer pour Ésaù. Il est plus sévère pour Rachel, mais plein d’indulgence pour Judith. In III Sent., p. 536 b ; X. Valois, op. cit., p. 523-524.

11. Mariologie. — En mariologie, Auriol occupe une place éminente, II est, en effet, le premier qui ait écrit ex professo un traité sur l’immaculée conception de Marie : Tractatus de conceptione B. M. V. ; il a contribué, dans une large mesure, à accorder à la mariologie une place de choix en théologie.

Il enseigne que Marie est la Mère du Christ, homme-Dieu, et doit être considérée comme la Mère de Dieu. In III Sent., dist. IV, q. i, a. 2 et 5. La maternité divine est un privilège, accordé gratuitement par Dieu à Marie, sans le moindre mérite et le moindre droit de son côté. Tractatus de conceptione, éd. cit., p. 56-57 ; In III Sent., dist. III, q.i, a. 4 et 7. Après l’union avec Dieu par la grâce sanctifiante, la maternité divine constitue la grâce la plus grande que Dieu pouvait accorder à une créature. In III Sent., dist. III, q. i, a. 7 ; dist. XXXIII, a. 5. Enfin, ce privilège constitue le fondement et la source de tous les autres privilèges et dons accordés à Marie par Dieu ; tout, en effet, lui a été accordé en vue de la maternité divine. Tract, de conceptione, p. 92.

Par rapport à la virginité, Auriol enseigne que Marie était vierge et l’est restée avant, pendant et après la naissance du Christ. Le maître franciscain soutient que Marie, avant son mariage, avait fait à Dieu vœu de virginité perpétuelle. In IV Sent., dist. XXX, a. 2. Le mariage entre la sainte Vierge et saint Joseph était cependant valide, parce que l’essence du mariage consiste in translatione mutua corporis viri in mulierem et c converso, non vero in cdrnali copula seu in usu illius translationis. Ibid.

Pierre Auriol s’est distingué surtout et s’est rendu immortel par sa défense du privilège de l’immaculée conception. Il enseigne à ce sujet que la sainte Vierge, par un privilège spécial de Dieu et en prévision des mérites du Christ, du premier moment de sa conception, c’est-à-dire du moment que l’âme a été unie au corps, a été préservée de facto du péché originel, que, de jure, elle aurait dû cependant contracter. Il entend conceptio d’une triple façon : primo quidem pro seminis conceptione ; … secundo pro jonnationc seu formali corporis figuratione et lineatione ; … tertio pro infusione animiv. rcdionalis. Tract, de concept., p. 35-36. Or, d’après Auriol, comme d’ailleurs selon Duns Scot et la bulle dogmatique de Pie IX, Marie fut préservée du péché originel, lors de l’infusion de l’âme dans le

corps. Nous pouvons résumer en trois mots la longue argumentation de Pierre Auriol pour démontrer l’immaculée conception : polesi, decet, ergo est. Le maître franciscain prouve d’abord que Deus de potentia ordinatu potuit virginem præservare, ne originale contraheret. Tract, de conc, p. 19-52 ; In III Sent., dist. III. q. i, a. 3. Il démontre ensuite que de summa decenlia ipsam Drus potuit præseruare. Tract, de conc, p. 53-71 ; In III Sent., dist. III, q. i, a. 4. Il conclut que, sans péril pour la foi, on peut soutenir que Dieu a préservé Marie de facto du péché originel : cependant, continue-t-il, ni la négation, ni l’affirmation de ce privilège ne constituent une vérité de foi, aussi longtemps que l’Église ne s’est pas prononcée et n’a pas défini ce qu’il faut admettre et croire. Tract, de conc, p. 71-78 ; In III Sent., dist. III, q. i, a. 4.

Si le maître franciscain enseigne que Marie fut préservée de facto du péché originel, il soutient néanmoins qu’elle aurait dû le contracter de jure, parce qu’elle a été conçue, comme toute créature humaine, dans la concupiscence. Tract, de conc, p. 48, 87, 89. Elle a été préservée de fado du péché originel non en vertu de ses propres mérites, mais en vertu d’un privilège spécial et gratuit accordé par Dieu. Tract, de conc, p. 57, 63, 78, 80, 89 ; Repercuss., p. 151 ; In III Sent., dist. III. q. i, a. 4. Bien que conçue sans péché, Marie cependant, comme les autres hommes, avait besoin d’un rédempteur, d’abord parce que de jure et ex natura elle devait contracter le péché originel ; ensuite parce qu’elle a obtenu ce grand privilège par la passion et la mort de son Fils, ou en prévision des mérites infinis du Christ. De plus, continue Auriol, le Christ doit être considéré comme étaat le rédempteur de Marie d’u îe minière plus sublime qu’il n’est celui des autres hommes, il est en effet plus grand et plus noble de préserver quelqu’un du péché que de satisfaire pour le péché et de le condonner. Tract, de. conc, p. 56, 60, 63, 79, 84, 88 ; In III Sent., dist. III, q. i, a. 4.

De ce que Marie fut préservée du péché originel, Auriol conclut qu’elle fut exempte de la concupiscence, qui non seulement fut liée en elle, comme le soutiennent la plupart des scolastiques, mais complètement enlevée : Concupiscentia non tantum fuit miligata seu ligata, sed totalitcr extincta et détela. Il en résulte que Marie n’a jamais senti en elle le moindre mouvement de la concupiscence, et n’a jamais commis le moindre péché. Tract, de conc, p. 57, 65, 79, 82, 86, 90, 92, 93 ; Repercuss., p. 152 ; In III Sent., dist. III, q. i, a. 6 ; In I Sent., dist. XLVIII.

Auriol enseigne ensuite que la grâce sanctifiante a été infusée, dans l’âme de Marie, dès le premier instant de l’union de l’âme avec le corps. Avec la grâce sanctifiante, Dieu lui a donné toutes les vertus et tous les dons surnaturels. La grâce sanctifiante n’a cessé de s’accroître en elle, de sorte qu’au moment de sa maternité divine elle avait atteint un degré de sainteté et de perfection que jamais homme n’a pu atteindre. Et cela convenait parce que la maternité divine est la grâce la plus élevée que Dieu a jamais accordée ; c’est pourquoi le degré le plus élevé de sainteté devait y correspondre. Bien que la grâce sanctifiante eût atteint en Marie un degré très élevé et eût été encore accrue fortement lors de sa maternité divine, Auriol admet cependant qu’elle a pu encore s’accroître jusqu’à la mort de la Vierge. Enfin, le maître franciscain trouve dans le degré élevé de la grâce sanctifiante, à laquelle Marie était arrivée, une autre raison, à côté de celle de l’immunité de la concupiscence, pour admettre en Marie l’impossibilité de commettre même le moindre péché. Tract, de conc, p. 64, 78, 84, 85-86 ; In III Sent., dist. III, q. i, a. 3. 4, 6 et 7.

Quant à l’assomption de la sainte Vierge, Pierre Auriol, s’appuyant sur le privilège de la maternité