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PIKHHK AUR10L. LES CRÉATURES


pourquoi il est le nom propre du Fils. Parce que le

Verbe est la realis apparitio, il s’appelle aussi image. Le Verbe n’est pas la manifestation de l’essence, puis qu’il constitue lui-même V essentia apparais, mais il est la manifestation du Père et du Saint-Esprit en toutes les créatures. La relation avec les créatures certes n’est pas inclue réellement dans le Verbe, mais est seulement consignifiée. In 1 Scnl.. dis !. XXVII, a. 2 et 3.

I. La création. Pierre Auriol considère la création comme une vérité qui ne peut point être connue naturellement, mais seulement par la révélation, par la foi, parce qu’elle inclut une répugnance du deuxième genre exposée plus haut : Creatio débet concipi ut (puedam simplex ahanalio rei in esse absque omni subjectb et absque omni termino et per consequens talis productio includitrepugnantiam in secundo modo et non in primo… Manifeste patet, quod in nostro modo concipiendi aliquid fleri ex nihilo includit repugnantiam. In 1 Sent.. p. 982 a, 988 a, 1035 a. Comme, d’après ce que nous savons par la foi, Dieu peut produire ce qui inclut une répugnance du deuxième genre, il a donc pu créer tous les êtres : …Ex his potest probari intentum istius arliculi, scilicet quod aliqua virtus inflnita possit in talem produclioncm sic abstrahentem a termino a quo et a subjecto, sicut omni possibili passive correspondet aliquod potens illud reducere ad action active, lbid. Nous savons donc par la foi, et non par la raison, que Dieu a créé l’univers. Que ce soit là la véritable doctrine d’Auriol, cela résulté encore de ce qu’il place la création parmi les actiones miraculosa.’ou mirabiles. In IV Sent., p. 5 b ; In I Sent., p. 991 a, 1035 a. Cela résulte encore du fait que le docteur franciscain soutient qu’en dehors du christianisme et du judaïsme, aucun philosophe n’a conçu la création dans le sens que nous lui donnons. Aux philosophes païens, il paraissait impossible que quelque chose pût être produit de rien. In I Sent., p. 175 a. Il rejette également, comme contraire à la foi, la théorie de Platon, qui admettait trois principes coexistant de toute éternité : Deus, exemplar et matériel. In I Sent., p. 828 et 843 b.

Comme la raison ne peut point arriver à démontrer la création, elle ne peut non plus monter du créé au créateur et démontrer) ar la création qu’il doit exister un Dieu créateur, cause efficiente des êtres créés. La raison peut démontrer seulement l’existence du premier principe, considéré comme cause efficiente, parce qu’il constitue la substance la plus parfaite, à laquelle il faut attribuer toutes les perfections, et dont l’efficience, et aussi parce qu’il est la cause exemplaire et la forme de tous les êtres : Demum videndum est, quid ele efficientia primi principii sit tenendum. Et dicendum, quod opinio calholicorum est multo rationabilior quam philosophorum, et supposito quod creatio non repuqnet in terminis, ut alias dicetur, qu.aw.vis sit valde difficile ad evidentiam, lioc mquam supposito, si est aliqua via demonslratiua ad probandam efficienliam primi principii. illa est, quæ procedil ex conditione nobilissimee subslantiie et exemplaris et formée. In I Sent., p. 179 b.

Quant à l’ordre qui existe dans l’univers, Auriol le compare à une armée ou un État, dans lequel l’ordre repose uniquement sur la domination du chef et n’est dû qu’à un acte de l’intelligence, en dehors duquel l’ordre n’existe pas : Et si dicatur, quod circumscripto omni intelleclu non erit universum ordinatum, dicendum immo in potentiel propinquissimet ad respectum ordinis, nisi ex apprehensione. In I Sent., p. (187 b, 689 b, 691 a. De l’ordre de l’univers, on ne peut donc arriver à l’existence d’un principe premier, auteur de l’univers ; on ne peut pas non plus y arriver en considérant Dieu comme la fin dernière de l’univers : Sed istis non obstantibus dicendum est, quod ordo omnium natura-’rum in finem et deprndenlia et inclinatio earum in

unum summum bonurn subsistent non arquit de necessilale efjiciens. In I Sent., p. 178 a.

X. Valois, op. cit.. p. 523, se trompe donc quand il affirme : « Non seulement Pierre Auriol n’a pas soutenu, comme on l’a dit, la thèse averroïste de L’éternité du monde, mais il s’est rangé résolument parmi ceux qui croyaient que la création pouvait être démontrée par des raisons philosophiques. » Bien que le docteur franciscain rejette la thèse averroïste de l’éternité du monde, In I Scrrf., p. 828 b, 843 b, il a soutenu cependant que la notion de la création contient une répugnance de second ordre et ne peut point être démontrée par la seule raison.

Contre l’éternité du monde, on peut encore invoquer la thèse d’Auriol, selon laquelle une matière universelle, qui aurait l’être sans avoir la forme n’existe pas et ne peut pas exister : une chose, avant d’être créée, est seulement en puissance, et n’est pas en acte, donc, elle n’est rien. In II Sent., dist. XII, q. i, a. 2.

5. Anqéloloejie.

Dans son angélologie, Auriol soutient que l’aptitude que possèdent les anges d’avoir une foule d’autres anges à côté d’eux repose sur leur essence, qui, par elle-même constitue le fondement de cette négation, en vertu de laquelle les anges ne sont pas identiques mais distincts l’un de l’autre. In Il Sent., p. 114 a et 117 a. Comment les anges peuvent-ils être distincts les uns des autres sans posséder l’étendue ? Comme, d’après le docteur franciscain, l’étendue n’est que la partibilitas illarum parlium substantiie, il faut distinguer les parties absolues et les parties quantitatives. Tandis que l’étendue des choses matérielles comporte les parties quantitatives, les parties absolues reviennent aux êtres immatériels. In II Sent., p. 115 6-117 b. Auriol allègue encore une autre raison de la multiplicité des anges, à savoir qu’ils ne possèdent pas la plénitude de l’être et de la nature spécifique, mais seulement une partie, de sorte que d’autres peuvent participer à la même nature et au même être. 7/2 II Sent., p. 118 b.

Au sujet de la controverse concernant le caractère individuel ou spécifique des anges, Auriol déduit de sa théorie de la multiplication des anges que chaque ange ne peut point constituer une espèce spéciale ni que tous les anges ne constituent qu’une espèce, mais que la même espèce peut contenir plusieurs anges et le même genre plusieurs espèces. In II Sent., p. 119 b. Il s’attaque spécialement à la thèse de saint Thomas, selon laquelle chaque ange constituerait une espèce parce qu’il ne possède ni extension, ni matière. Cette thèse, dit-il, doit être rejetée au point de vue théologique et au point de vue philosophique. Cette doctrine, en effet, d’après Auriol, est en contradiction avec deux articles condamnés à Paris : a) quia angélus non habel materiam, Deus non potest plures facere angelos in eadem specie ; b) angeti non recipiunt divisionem nisi per materiam. De plus, continue-t-il, cette théorie renferme la doctrine de l’aséité des anges, ce qui répugne. Enfin, elle conduit logiquement à accepter que les hommes, après la séparation du corps et de l’âme, n’ont qu’une seule âme et une seule intelligence, parce que la raison alléguée par saint Thomas pour dénier la multiplicité des anges dans une espèce, doit valoir également pour l’âme et l’intelligence. In II Sent.. p. 119 a ; In I Sent., p. 252 a-b.

6. Créatures matérielles. Anthropologie. — Auriol nie l’existence d’une matière première, qui aurait l’être sans avoir de forme et qui serait un être du genre de la substance, le plus imparfait des êtres sans contredit, mais toutefois un être réel. In II Sent :, dist. XII, q. I, a. 2. C’est la condamnation de la thèse de Scot et de l’école franciscaine en général, qui soutenait que la matière a une essence et une existence distinctes de celles de la forme, de sorte que Dieu pourrait faire