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PIERRE AU II loi, . LA TRINITÉ
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prouver scientifiquement. La causalité elliciente de Dieu ne peut point être démontrée « lu fait que Dieu a créé le monde, ni de ce qu’il est la cause finale de tous les êtres, mais seulement de ce qu’il constitue une substantiel riobilissima et la forma exemplaris prima de tous les êtres, in I Sent, p. 17 ! » />. La potentia activa, ou l’efficience, doit donc être attribuée à Dieu ; bien plus, ce semble être une vérité admise par tous les peuples et per se nota, que par Dieu il faut entendre quelque chose d’infiniment puissant. Ibid., p. 180 a.

Cependant, Dieu, par son omnipotence, ne peutproduirc ad extra qu’un effet limité et fini. Cf. Fr. Ebrle, Der Sentenzenkommentar Pèlera von Candia, des Pisaner Papstes Alexanders Y., dans Franzisk. Studien, suppl. 9, Munster, 1925, p. 68. Auriol soutient néanmoins que la toute-puissance divine s’étend à plusieurs choses, qui incluent une répugnance de second ordre : infinitas virtutis divimv, seeundinn ea quæ tenemus ex fide, exlendit se ad milita, quæ includunt repugnantiam in secundo modo dicendi per se. In IV Sent., p. 5 b ; In I Sent., p. 982 a, 988 a, 991 a, 11)35 a. Le maître franciscain distingue en effet deux sortes de répugnances formelles, l’une qui existe dans l’essence même d’un être : ainsi, il répugne qu’un homme ne soit pas raisonnable, parce qu’être raisonnable appartient à l’essence de l’homme ; l’autre, qui n’appartient pas proprement à l’essence d’un être : de cette seconde façon, il répugne qu’un homme soit dépourvu de quantité ou d’organes. Bien que la quantité et les organes n’appartiennent pas à l’essence de l’homme, cependant il y a répugnance à ce qu’un homme en soit dépourvu, quia homo ex sua forma, quæ est anima, determinavit sibi corpus organicum proportionaliter et quantum. Dieu, par sa toute-puissance, peut produire des êtres dans lesquels on trouverait une répugnance du second ordre, non du premier. De plus, par son omnipotence, Dieu peut réunir ou séparer ce que l’intelligence ne peut point réunir ou séparer : Deus virtute sua infinita potest aliqua componere, quæ intellectus non potest componere, et multa separare, quæ intellectus non potest separare, loquendo de intelleclu direclo, quamvis non de aclu arguitivo. Ibid. Auriol allègue ensuite un certain nombre d’exemples empruntés à la christologie. à la mariologie, aux sacrements et à l’eschatologie.

3. La sainte Trinité.

Dans les théories trinitaires, Auriol occupe une position particulière. Comme d’habitude, il attaque toutes les opinions et, dans l’exposé de sa doctrine, reste complètement indépendant de toutes les tendances. Cependant, au fond, dans les principes essentiels de sa doctrine trinitaire, il reste plus attaché, à la tradition que ne le laisserait supposer sa critique générale de tous les systèmes.. Il reprend, en effet, les principes de la psychologie trinitaire de l’école augustinienne. L’exposé, cependant, et l’argumentation sont personnels. Malgré la forme nouvelle, dans laquelle elle est présentée, sa doctrine, au sujet de la constitution des personnes divines, se rattache étroitement à l’enseignement de l’école augustinianofranciscaine. Les personnes divines sont constituées par des origines expliquées et présentées d’une façon psychologique. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont les différents modes de possession de l’essence divine unique, qui sont produits par différentes activités spirituelles.

D’après Auriol, il pourrait être démontré que Dieu subsiste en trois personnes. De celles-ci, la première est certainement réelle, tandis que, pour les deux autres, il n’est pas aussi clair qu’elles sont également réelles ou seulement intentionnelles. Les philosophes admettent la seconde alternative, les catholiques la première qui est plus raisonnable que la seconde. En’Dieu, en effet, il faut admettre toutes les perfec I ions. Dr, un être réel est plus parlait qu’un être inteut ionnel.

l fade dicendum est juxta illud, quod vfdetur esse verum, quod etiam potest demonstrari, quod primum principium subsistit in tribus suppositis, uno quidem reali et duobus intentionalibus vel quod in omnibus tribus existentibus realibus ; ci hoc patel ex propositionibus duabus. Prima quidem quod omnis intelligens se et complacens vel amans se necessario in tribus subsistentibus triplicatur. Secunda vero quod, cum Deus intelligens sit, quamvis utraque pars potest elpi. quod ista supposita sint realia vel quod sint intenlionalia quoad duo, reale vero tantum unum… Dicendum quod tria supposita vel realia vel intentionalia est simpliciter demonstratum, quod autem omnia sint realia, etsi demons Ira lu m non sit, est tamen multo rationalius et probari possibile satis efficaci ratione. In l Seul., dist. III, q. i, a. 3 et 5.

Dans tous les êtres, on trouve le vestige de la sainte Trinité, principalement dans les substances, mais aussi dans les accidents. In I Sent., dist. III, q. ii, a. 2.

Le maître franciscain soutient que l’essence divine ne peut être, en aucune façon, engendrée ni subjectivement, ni objectivement. Il ne peut exister un terme Ionnel de la génération divine, puisqu’en dehors de l’essence et de la génération passive, par exemple Ja filiation, il n’existe aucune autre réalité produite par l’acte de génération. Le Fils est engendré générât ione passiva formililer absqae omni alio jormuli termina acquisito. In I Sent., dist. V, q. i, a. 2, 3. Auriol affirme que l’autorité de Pierre Lombard en cette matière est plus grande que celle de n’importe quel autre auteur, parce que le Maître des Sentence ; a été approuvé par l’Église. Ibid., a. 4. Le docteur franciscain rejette toute puissance de génération en Dieu, entendue dans le sens traditionnel. D’après lui, la puissance de génération de l’essence divine consiste dans l’actualité et la nécessité de la génération. In I Sent., dist. VII, a. 1.

Pierre Auriol fournit une explication psychologique de la génération, qui se rattache à la conception augustinienne. Quant à l’exposé de l’opinion, d’après laquelle la génération peut être connue et ne dépasse pas la puissance cognitive, il suit une voie personnelle.

II distingue une double activité, celle par laquelle l’être intentionnel, l’être objectif, la rei conceptio est produite, et Vintelligere. La formation d’une chose dans l’être intentionnel, l’apparition d’une chose dans l’intelligence est un acte de génération au sens véritable du mot. On peut considérer la génération comme un acte de la nature, puisqu’elle tend à une identification de l’intelligence avec la chose. La volonté se complaît dans la génération. Auriol applique ensuite ces données psychologiques à la génération divine, comme on peut le voir dans les textes cités par M. Schmaus, op. cit., p. 152-154, qui les emprunte à la première et à la seconde rédaction du commentaire sur les Sentences.

Par rapport à la production du Saint-Esprit, Auriol considère comme vaines et inutiles les questions de savoir si la puissance de spiration doit être attribuée a la volonté ou à la nature, ou aux deux ensemble, ou à la volonté subordonnée à la nature, parce que toutes ces considérations procèdent du faux principe que l’acte de spiration lui-même est un produit. Le Saint-Esprit procède per modum voluntatis, c’est-à-dire per modum amoris. Mais la volonté, l’amour, ne peuvent pas être considérés comme des principes producteurs, mais comme un acte qui ne se distingue pas de sou objet. Dans les créatures, le sujet aimant est mû, porté par un acte d’amour vers l’objet aimé et lui est donné. A cause de l’imperfection de l’amour terrestre, cette motion, cette donation ne peuvent être qu’intentionnelles, non réelles. En Dieu, toutefois, à cause de son infinie perfection, elles sont réelles et ont un être réel. Le Saint-Esprit est donc Dieu in esse dato seu impulso. In I Sent., dist. X, a. 3. L’acte de spiration