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    1. PIERRE##


PIERRE.WIlloL. LES PROBLÈMES THÉOLOGIQUES

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nécessairement tout le monde à la connaissance de Dieu : Constat quod omnes (/entes et omnis lingua et omnis natio, quæ unquam fi it. est, vel ent, imaginatur àliquan sibi Deum ; ergo aliquem Deum esse est per se notum. — — b / C’est une vérité naturellement, universellement admise et connue par soi qu’il faut honorer Dieu. Comme eetle proposition inclut nécessairement l’existence de Dieu, il faut que l’existence de Dieu soit également connue par soi et immédiatement par tous.

— c) L’examen du problème de la quiddité de Dieu présuppose l’existence de Dieu. Puisqu’il est établi que tous les peuples ont cherché à comprendre et à pénétrer l’essence de Dieu, ils admet lent tous l’existence de Dieu. Cf. Ben. Lindner, op. cit., p. 91, 104, 134.

Toutefois, du concept même de Dieu, on ne peut point déduire que Dieu existe. Même quand on admet que le concept de Dieu se fonde sur le concept necessc esse, qui inclut l’existence, ou sur le concept quo ma jus eogitari non poiest, il n’est pas évident ni prouvé que ces deux concepts sont possibles et n’incluent aucune contradiction. Ainsi, il est faux qu’un âne, auquel on a mis des ailes, peut voler, bien que le prédicat soit contenu dans le sujet. Même si la proposition quu majus eogitari non potest contenait l’existence, on ne peut pas en déduire que la proposition Deus exislit est évidente dans l’actualité réelle des choses. In I Sent., p. 145 b.

L’homme arrive cependant à la vérité et à l’évidence « le l’existence de Dieu, d’une façon naturelle, par un syllogisme imperceptible et pour ainsi dire inconscient. Nous voyons que les êtres sont meilleurs les uns que les autres, nous voyons que tous les hommes tendent vers le meilleur, le plus parfait. Or, ce meilleur, ce plus parfait, ils l’appellent Dieu. De la sorte, naît le principe admis par tous les peuples : il faut adorer cet être le plus parfait et lui faire des sacrifices : Tertia autem propositio est, quocl hœc propositio (scil. Deus est) vera est ex quodam impereeptibili syllogismo. In I Sent., p. 146 a.

Du concept et du nom de Dieu. Auriol soutient que les peuples originairement se forment, sous le nom de Dieu, un concept confus d’un être déterminé, avec l’exclusion des concepts d’acte pur, d’infini, etc., parce que, par ces derniers concepts, on définit déjà l’essence de Dieu exprimée par le simple nom. Le simple nom de Dieu fait également abstraction de son existence et ne donne qu’une idée confuse et indéterminée d’un certain être appelé Dieu. Par l’intermédiaire d’un syllogisme imperceptible et quasi inconscient on arrive à la connaissance de l’existence de Dieu. Mais la véritable nature divine nous échappe : De Deo milita cognoscimus… per illud nomen (scil. Deus) cognoscimus formando nobis conceptum cujusdam enlis, quod Deus nominatur… Ulterius enirn novimus si est, et démonstrative et ex syllogismo impereeptibili sub ratione cujusdam summi.quid autem rei, quod ml aliud est quam propria ejus natura, distincte et explicite nota, laie inquam quid, nos nescimus. In I Sent., p. 1 18 a. On peut donc arriver également démonstrative à la certitude de l’existence de Dieu.

Auriol rejette cependant la valeur probante de l’argument, tirée de la vérité relative existant dans les hommes, pour conclure à l’existence do la vérité substantielle : Dieu. On ne peut conclure, dit-il, du général à l’existence du particulier. / Sent., p. 146 b. Pour connaître et saisir la vérité communiquée, il ne faut point remonter à l’exemplaire primitif, puisqu’on peut la trouver aussi dans une copie : Nec oportet, si débet intelligi veritas exemplata, quod recurratur ad exemptur, quia potest legi in libro exemplaio sine reeursu ad librum, unde scriplum est. In I Sent., p. 147 a.

De fait, et en réalité, il ne peut exister qu’un seul Dieu, parce que l’essence de Dieu répond adéqua tement au concept de l’être et contient éminemment toute réalité exprimée par ce concept, de telle sorte qu’il doit être nécessairement unique et seul dans son espèce ; tous les autres êtres peuvent avoir des coindividua, parce qu’ils ne possèdent qu’une partie de la nature spécifique, In II Sent., p. 118 b ; In l Sent., p. 166 />. QuodL, p. 58. lui Dieu, l’essence ne se distingue pas de son existence, la faculté de connaître s’identifie avec l’objet connu : In prima forma esse est quidditas ejus ; …quod intclleelus et intelleetum sunt idem… hoc reperitur simpliciter in prima subslanlia tantum. In II Sent., p. 118 b. Dieu est entièrement simple et exclut toute division ; en lui. il n’y a pas de distinction de matière et de forme ; en lui, il n’y a pas de puissance, mais rien que l’acte : Sola prima substantia, quæ est Deus, est simpliciter abstracta a materia et nulla alia… Sola quidditas primée formée est hoc modo denudula ab omni addita ratione… Sola prima forma est libéra simpliciter ab omni materialitate et potentia. Ibid.

Pierre Auriol rejette toute distinction réelle et de raison entre l’essence divine et les attributs divins, ainsi qu’entre les attributs eux-mêmes. Pluralilas quidem ponenda non est absque causa, quia frustra fit per plura, quod fieri potest per paueiora. Sed declaratum es ! quod omnia, quæ compctunt allributis, saloari possunt per rationem unicam Deitatis absque omni mulliplieilate intrinseca rei vel rationis sola multiplicilate existenle extrinseee et pênes connotatum. Sic solum per unicam rationem Deitatis œque possunt cuncta salvari, ac si poneretur acervus innumerabilis ralionum, immo mullo eongruentius etdignius hoc fit propter majorera simplicitatem, imitaient et nobilitatem deificse ralionis, quæ una et simpliciter existens eril omnis perfectio, ut declaratum est. In I Sent., p. 1077 a.

Par rapport à la science divine, Auriol affirme : Deum extra se nihil cognoscere lerminalive, sed solum dii’inam essenliam terminare inluitum divinum (Barth. M. Xiberta, (>. Carm., De scriptoribus scholasticis sœculi XI v ex ordine carmelilarum, dans Bibliothèque de la Rev. d’hist. ecclés., fasc. 6, Louvain, 1931, p. 437). Il étend la connaissance de Dieu aux singularia signala et demonstrata, parce que, par la connaissance-du singulier, on connaît les choses telles qu’elles sont, tandis que par le concept universel on connaît seulement les choses telles qu’elles ne sont pas. Ergo nobilius est cognoscere rem individualam et demonstratam, quam eam cognoscere per modum abslraclum et universalem. Ergo Deo, cui nulla deest nobililas, hujusmodi notitia denegari non débet. R. Dreiling, op. cit., p. 192-193. Sur la connaissance de Dieu, on peut voir / Sent., p. 758 sq.

De ce que Dieu possède l’être dans toute sa perfection, il faut lui attribuer l’activité la plus grande et dans le degré le plus grand. Auriol admet comme une vérité de foi et une veritas per se nota que la virtus activa est une perfection et conséquemment doit être en Dieu : Et ideo simpliciter concedendum, quod Deus est virluosissimum omnium entium et maxime activum. In II Sent., p. 965 b, et 982 sq. Auriol rejette aussi la conception d’Aristote, selon laquelle Dieu ne serait pas la cause efficiente, mais seulement la cause finale du monde. H. Dreiling, op. cit.. p. 178.

De plus, Auriol insiste d’une façon spéciale sur l’activité de la volonté en Dieu, qui serait la cause immédiate de toute activité de Dieu ad extra : Quidquid Deus potest facere mcliante sua essenlia, potest immédiate fier suam voluntatem ; cum voluntas divina sit causa prima et immediata omnis motion is.ad extra. Cf. Jos. Kûrzinger, op. cit., p. 121. Auriol, à la suite de Scot, se baserait sur ce principe pour admettre la possibilité d’une certaine connaissance abstractive en Dieu. Ibid.

Auriol attribue à Dieu la potentia activa, ’<nnni potentiel, mais semble cependant douter qu’on la puisse