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IMKKRK WKlOL. OUVRAGES DOUTEUX


débute : Sicut in rébus quæ naturaliter generantur, et le commentaire : Vir erat in terra H us, doit être attribué à saint Thomas d’Aquin. Tous les anciens catalogues considèrent ce commentaire comme un ouvrage du Docteur angélique ; en 1562, il fut imprimé à Home sous le nom de saint Thomas et, à partir de celle époque, il a toujours été réédité parmi les œuvres authentiques du Docteur angélique ; cf. édition Vives, t. xviii, Paris, 1875, p. 1-227. Voir Quétif-Échard, Scriptores ordinis prwdicalores, t. i, p. 323 ; Oudin, Scriptor. eccles., t. iii, col. 310-311 ; Pierre Mandonnet, Des écrits authentiques de saint Thomas d’Aquin, dans Revue thomiste, t. xvii, 1909, p. 170-171, 682, et dans la 2e édition revue et corrigée, Fribourg (Suisse), 1910, p. 105 et 124.

3° Logica conservée dans le Vat. lat. 946, fol. 1-15 ixiv siècle). Ce traité y commence : Ad rudium erudiclioncm (l)el mei exercitationem opusculum super logieam componendum decrevi, agrediens quidem rem michi nmnino difjicilem atque lam michi quam ceteris parvulis lacté indigentibus utilem, et finit : débet dicere quod est albus et non musicus et sic de similibus est dicendum. Et hec de fallæiis dicta su/Jiciant. Explicit traclatus super logicam. Deo gracias. Amen. Il comprend trois parties dont la I re traite des termes en quatre chapitres, la IIe des propositions en six chapitres, la IIIe des arguments en quatre chapitres. Ce traité y est anonyme et le nom d’Auriol n’y figure que dans un titre ajouté plus tard, par une main du xvie ou du xviie siècle. Rien n’autorise donc à attribuer ce traité à Pierre Auriol. D’après A. Pelzer, op. cit., p. 385, il devrait très probablement être attribué au même frère mineur anonyme, qui, dans le même ms., a composé des abrégés de plusieurs ouvrages de Nicolas Bonet, à savoir Epitome philosophise naturatis, metaphysicx, theologiæ naturatis. Ibid., p. 386-387.

4° Compendium librorum quatuor Sententiarum, contenu dans le ms. 38 de Nîmes ; le Vat. lat. 944, fol. 1 r°-20 v° ; le ms. 259 (294) de Chartres ; le cod. .Edil. 69 de la bibliothèque Laurentienne de Florence. Le premier ms. commence avec emphase : Pelrus Aureolus, imitator S. Thome, compilavit hoc opus ad honorem Francisci, palris eius, librorum I V Sententiarum compendium, quod p(r questiones (lacune) et conclusiones veridicas féliciter incipit. Après ce titre, le Compendium débute : Cupientes aliquid de penuria ac de lenuilate nostra cum paupercula in gazophilalium domini millere, Luc, ii, ardua scandere opus ultra vires noslras agere presumpsimus, et termine : L’nde ignis itle erit turbidus et fumosus et jetulentus a quo nos libère ! dominus noster Jésus. L’explicit du Vat. 944 est aussi emphatique que le début du ms. 38 de Nîmes et est plein d’éloges pour ce Compendium : Explicit lectura Pétri Aureoli sacre tehologie ( !) professoris ordinis minorum super primo, 11°, III" et IV libris magislri Sententiarum et per consequens super loto, que quidem leclura lola est aurea, quia brevissimo verborum ornatu omnium doctorum antiquorum opiniones récitât et maxime beuti Thome et beati Bonavenlure approbando verissimis ralionibus semper veriorcm. Laus Ueo. Amen. A la fin de chaque livre, on lit : Explicit leclura Pétri Aureoli super I" (11° 111°) libro Sententiarum, que est nurca. A la fin du cod. 259 (254) de Chartres, se trouve l’explicit significatif : Conclusiones fralris Bonavenlure de ordine jralrum minorum super IV 0T libros Sententiarum, optimum opus. tandis qu’au début du ms. de Florence une seconde main a ajouté : Ilinerarium S. Thome seu Bonevenlure, et à la fin : Explicit ilinerarium S. Thome, secundum alios Bone venture… anno Domini 1442.

Jusqu’ici, ce Compendium a universellement été attribué à Pierre Auriol, qui l’aurait composé avant sa venue à Paris, en 1316. R. Dreiling, op. cit.. p. 27-29.

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et Fr. Pclster, op. cit., p. 465, ont émis des doutes au sujet de l’authenticité de ce commentaire. A notre tour, nous ne pouvons admettre l’attribution de ce Compendium à Pierre Auriol. D’abord, le titre OU I’i’ncipit du cod. de Nîmes ne peut venir d’Auriol. Le nom du Docteur angélique y est précédé du qualificatif de « saint ». Or, Thomas d’Aquin ne fut canonisé qu’en 1323, donc après la mort du maître franciscain. Ensuite, l’épithète d’imilalar S. Thomiv ne convient nullement à Pierre Auriol qui, dans tous ses écrits, s’est comporté en adversaire acharné du Docteur angélique, même dans ses premiers ouvrages, le Traclatus de principiis et le Bepercussorium. Dans l’explicit du Val. lat, ->44, on affirme que l’auteur du commentaire s’est complu à développer spécialement les théories de Thomas et de Bonaventure. Or, de la lecture des œuvres de Pierre Auriol, il résulte que Bonaventure n’y occupe que la troisième place, tandis qu’il réserve la première à Duns Scot. Notons encore que les derniers exemplaires manuscrits cités sont anonymes et que les rubriques ajoutées considèrent ce Compendium comme un abrégé du commentaire de Bonaventure sur les Sentences. Cette opinion est également partagée par les éditeurs des œuvres du Docteur séraphique ; cf. S. Bonavenluræ opéra omnia, t. i, Quaracchi, 1882, p. lxvilxvii. Ensuite, le zèle avec lequel l’auteur du Compendium expose et embrasse les opinions de saint Thomas et de saint Bonaventure ne concorde point avec l’impression dominante, qui se dégage de la lecture des autres ouvrages de Pierre Auriol, même des premiers. Dans toutes ses œuvres, le maître franciscain veut se frayer une voie personnelle, conserver son individualité et son opinion personnelle dans toutes les questions qu’il traite et ne dépendre formellement d’aucun autre philosophe ou théologien. Il se fait gloire, dans tous ses autres écrits, d’avancer sa propre opinion qu’il s’attache à justifier et à défendre. Enfin, ce commentaire diffère entièrement et se sépare complètement du texte des autres commentaires connus de Pierre Auriol, et l’énoncé des questions exposées dans le Compendium ne concorde en rien avec les mêmes questions des autres commentaires du docteur franciscain. Ainsi, il n’y a aucune concordance entre la q. i, citée plus haut, du commentaire de Pierre Auriol sur les quatre livres des Sentences et la q. i des quatre livres de ce Compendium, qui, pour le 1. I écrit : Utrum prêter doclrinas philosophicas jsit necessaria doclrina Scripture sacre ; pour le 1. II : Utrum sint plura principia vel unum tantum ; pour le 1. III : Utrum juerit congruum deum incarnari ; pour le 1. IV : Utrum sacramentel fuerint necessaria. N. Valois, qui avoue avoir comparé plusieurs questions du Compendium avec celles du commentaire imprimé de Pierre Auriol, reconnaît lui-même qu’il n’a pu découvrir aucune ressemblance. Op. cit., p. 507. Il persiste néanmoins à attribuer ce Compendium à Pierre Auriol et à le considérer comme une œuvre de sa jeunesse. Quant à nous, pour toutes les raisons exposées plus haut, nous croyons plutôt que ce Compendium constitue un commentaire abrégé des Sentences, se rapprochant de celui de saint Thomas et surtout de celui de saint Bonaventure et composé probablement vers la fin du xive ou au début du xve siècle. Le cod..Edil. 69 de la Laurentienne de Florence porte 1442..Mais cette dernière date peut aussi être l’année à laquelle le commentaire a été copié.

Du fait que le ms. 38 de Nîmes et le Vat. lat. 944 attribuent ce Compendium explicitement à Pierre Auriol et que, même à la fin de chaque livre du Vat. lat., on lit : Explicit lectura Pétri Aureoli, le P. Fr. Pelster émet l’hypothèse que, peut-être, ce commentaire fut composé à la fin du xive siècle par un autre Pierre Auriol, plus récent que le maître franciscain. Cette hypothèse, dit-il, ne présente rien de singulier, parce

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