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1839
1840
PIERRE AURIOL. OUVRAGES AUTHENTIQUES


au début de janvier 1322. il doit avoir terminé sou Quodlibet avant son élévation à l’archevêché d’Aix. Tout porte doue à admettre qu’il l’acpmposé en 1320.

C’est d’ailleurs ce que confirme le Paris, lai. 17 4s : >, qui assigne 1320 comme date de composition. Xous y lisons, en effet : Explicit Quodlibet magistri Pétri Auriuli, ordinis fratrum minorum, editum et completum anno gratie MCCCXX. Fol. 84 v° b.

Pierre Auriol se propose dans ee Quodlibet de répondre à diverses questions qui étaient agitées à cette époque. Elles sont au nombre de seize et se rapportent à divers sujets métaphysiques, théologiques et psychologiques. Les titres de ces questions ont été édites par N. Valois, op. cit., p. 504-505. Les questions i-ii traitent de sujets communs à Dieu et aux créatures ; m-v, de l’unité de Dieu et de la distinction à admettre entre les personnes divines ; vi-vii, de l’âme rationnelle et intellective ; viii-x, de la vision béatifique : xi-xv, de la vertu morale ; xyi, de la forme des corps mixtes. Ce Quodlibet constitue donc en grande partie une collection de monographies qui se rapportent aux théories de la connaissance et à la métaphysique, à la psychologie et à la philosophie naturelle, à l’éthique et à la morale, à la théodicée et à la dogmatique.

Très souvent les problèmes qui sont traités dans ce Quodlibet se rattachent de manière étroite au commentaire de Pierre Auriol sur les Sentences, et y renvoient souvent d’une façon explicite. Cf. éd. citée, p. 23, 25, 26, 36, 40, 49, 104, 125, 131, 146, etc. De plus, le maître franciscain dirige les diverses questions de son Quodlibet non seulement contre des adversaires anonymes, comme le prouvent plusieurs formules employées, telles que : determinatioquæslionum nuper propositarum, disputatio, quærebatur, etc., éd. cit., p. 1 et 4, etc., mais il attaque bien souvent de front des adversaires, qu’il cite par leur nom. Parmi ces derniers, il faut nommer le chancelier de Londres, Thomas de Wilton, appelé dans le Quodlibet Thomas Anglicus, p. 16, 113, 138, Noël Hervé, q. ii, Henri de Gand, p. 100, Thomas d’Aquin, p. 89, 96, Godefroid de Fontaines, p. 90, et principalement Duns Scot et les scotistes, q. iii, p. 33, 42 ; q. iv, p. 46 ; q. v, p. 54 ; q. x ; cf. aussi p. 2 et 89. Pierre Auriol consacre toute la i re question à la réfutation de la doctrine scotiste touchant la distinctio formalis ex natura rei et les formalitates. Dans la q. xv, il réfute les attaques, menées par Thomas de Wilton, contre les considérations développées dans le prologue de la seconde rédaction de son commentaire touchant les rapports qu’il faut admettre entre la science et la théologie.

Signalons enfin que la i re question du Quodlibet : Ctrum in aliqua re formalitates et realitates distinguante, est contenue aussi dans le Vat. lut. 901, fol. 13 r°15 r° (xive siècle) : cf. A. Pelzer, op. cit., p. 290. De plus, la q. ix, a. 4, correspondrait à la q. xi du Quodl. I de Sibert de Beka, de l’ordre des carmes. Seulement, l’exposé d’Auriol (cod. Borgh. 123) serait plus court et serait disposé autrement. Barth. M. Xiberta, De scriptoribus scholasticis sseculi Xiv ex ordine carmelitarum, Louvain, 1931, p. 149.

13° Quodlibetum abbreviatum ou Epitome quodlibeti. — A la suite de la Compilatio brevis super quæsliones quatuor librorum Sententiarum, dont nous avons parlé, col. 1834, se trouve dans le Vat. lat. 9 Pi (xive siècle), fol. 87 v°-91 v°, un abrégé des questions du Quodlibet de Pierre Auriol. Le prologue étant omis, cet abrégé débute : Primo igitur querebatur utrum in aliqua re formalitates et realitates distinguantur et finit : sicui partes conlinui suo modo sunt una quantilus indivisa in actu. A la fin, on lit : Explicit quodlibetum abbreviatum domini fralris Pétri Aureoli archiepiscopi Aquensis et sacre théologie doetoris eximii. Ce ms. four nit l’abrégé de quelques questions du Quodlibet de Pierre Auriol, signalé plus haut. Nous disons « quelques questions », car, bien qu’au début de cet abrégé nous lisons : Incipit quodlibet magistri Pétri Aureoli a 17 distinction queslionibus, on ne trouve de fait que l’abrégé des questions i r, n e, m c, vi e, viii e, xi°, xv e et xvie ; les autres questions y sont omises. Cet abrégé du Quodlibet, comme la Compilatio brevis super quæstiones quatuor librorum Sententiarum, n’a pas été composé par Pierre Auriol lui-même, mais par un autre auteur, probablement un frère mineur, du xive siècle, appelé Gérald, d’après le P. Pelster, dont nous avons cité l’opinion plus haut.

14° Quæstiones diversæ. — A la suite d’un fragment du commentaire de Pierre Auriol sur le 1. II des Sentences, signalé plus haut, le ms. 63, du Balliol Collège d’Oxford, contient, fol. 19, 20, et 86, sous le nom d’Auriol, trois questions philosophiques, qui n’appartiennent à aucun des ouvrages connus du maître franciscain. N.Valois, op. cit., p. 507. Ces trois questions sont : 1. Utrum virtus in quantum virtus sit ens per accidens, (et nullement : Utrum verilas sit ens per accidens, comme le dit N. Valois, ibid.) ; 2. Utrum aclio différai a forma agentis, tanquam res alia ; 3. Utrum videns Deum videat omnia que in ipso representantur ? Ces trois questions sont attribuées explicitement à Pierre Auriol. Au début de la q. i, on lit : Ejusdem (Pétri Aureoli) determinatio ; avant la q. n : Pétri Aureoli, et avant la q. m : Pétri Aureoli questio. Ces trois questions débutent tour à tour : Quia sic, quod includitur ; Quod non, quia modus rei non est ; Quod sic, videns représentons necessarium. Ensuite, après l’énoncé de la i re question, on lit : contra Thomam de Wyllon. La q. i vise donc Thomas de Wilton, qui, à son tour, prend Auriol à partie dans une question conservée dans le même ms., fol. 19 v° : Thomæ de Wylton utrum habitus theologicus sit practicus vel speculativus contra Aureolum. Ce Thomas de Wilton est souvent cité et réfuté par Jean Baconthorp, dans Quæstiones in libros Sententiarum, In II Sent., dist. XIX, q. i, a. 2, et dist. XXIV, q. i, a. 1, dans l’édition de Crémone, t. ii, 1618, p. 585, 602, etc. Il fut chancelier de Londres, séjourna à l’université de Paris et obtint, à cet effet, une dispense du pape le 20 août 1320. Chart. univ. Paris., t. ii, p. 240. Il dut rencontrer Auriol à Paris et il est l’auteur que ce dernier attaque et réfute bien souvent dans son Quodlibet, sous le nom de Thomas Anglicus, comme nous l’avons exposé plus haut. La iie question argumente contre Noël Hervé et la iiie contre les scotistes.

Notons toutefois que Pierre Auriol a traité ces mêmes arguments dans trois questions de son Quodlibet ; à la q. xi : Utrum virtus in quantum virtus sit ens per accidens ; à la q. n : Utrum actio agentis différât realiter ab agente ; à la q. x : Utrum videns divinam essentiam videat necessario quidquid represenlatur per eam. A lire les titres de ces questions du Quodlibet on est enclin à considérer les trois questions citées comme extraites du Quodlibet. Les continuateurs de J.-H. Sbaralea affirment cependant qu’elles en sont complètement distinctes et plus étendues. Op. cit., t. ii, p. 328. Comme nous n’avons pas eu l’occasion d’instituer la comparaison entre ces questions, nous ne pouvons nous prononcer avec certitude. D’après N. Valois (op. cit., p. 508), les trois questions citées feraient peut-être partie d’un recueil, perdu jusqu’ici, mais cité par Jean Baconthorp sous le titre de Parvæ quæstiones. In III™ Sent., dist. II, q. ii, a. 1, éd. citée, t. ii, p. 20-21.

15° Sermones. — Le récit des fait s survenus à l’occasion d’un sermon de Pierre Auriol, prononcé le 8 décembre 1314, ci-dessus, col. 1813, démontre que le maître fran ciscain devait jouir, vers cette époque, d’une renommée assez étendue comme orateur et prédicateur. De plus, d’après le témoignage de Wadding, op. cit..