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    1. PIERRE AURIOL##


PIERRE AURIOL. OUVRAGES AUTHENTIQUES

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7° Compendium Bibliorum ou Compendium sensus titteralis totius sucra— Scripturæ. — De tous les ouvrages de Pierre Auriol, celui qui a eu le succès le plus éclatant est sans conteste ce Compendium ou Breviarium Bibliorum. Ce succès, d’ailleurs, est attesté par le nombre | considérable d’exemplaires manuscrits qui en subsistent, dont la plupart remontent au xiv siècle et dont .on peut trouver la liste détaillée dans N. Valois, op. cit., p. 510. Il en existe aussi beaucoup d’éditions : s. 1. n. d., mais à Strasbourg, avant 1475 (J.-II. Sbaralea. op. cit., t. ii, p. 326) ; Venise, 1507, 1508, 1571 ; Paris, 1508 (Rcs. A. 6646 de la Bibliothèque nationale de Paris), 1505, 1585. 1010, 1013 ; Louvain, 1017 ; Rouen. 1590, 1649 (Rés. A. 6648 de la Bibl. nationale et n. 23 306 de la bibl. Mazarine de Paris). N. Valois fait une mention spéciale de l’édition qui parut à Strasbourg en 1514, précédée d’une épître que le célèbre Jacques Wimpfelirig adressait à Jean Eck, à cette époque professeur d’Écriture sainte au gymnase d’Ingolstadt, dans laquelle il confesse que l’exemple d’Auriol lui paraît apte à réfuter ceux qui reprochent aux philosophes de négliger l’Écriture sainte. Cet ouvrage, enfin, a été édité, en 1896, par le P. Philibert Seeboeck, O. F. M., à Quaracchi. La plus grande variété apparaît dans les titres que les copistes ou les éditeurs assignent à cet ouvrage : Breviarium Bibliorum, Compendium sacrée Scripturæ, Compendium sensus titteralis totius divinæ Scripturæ, Compendium sacræ Scripturæ secundum sensum litteralem, Compendium super Bibliam, Compendium super sacramenta Scripturarum, Epilome sacræ Scripturæ, Divisiones librorum ulriusque testamenti in VIII partes distinclæ cum prolegomenis, Tractatus totius Bibliæ exposilorius, etc.

Les auteurs admettent généralement l’année 1319 comme date de composition de cet ouvrage ; cela se dégagerait du texte même de ce Compendium, dans lequel, vers la fin, on lit : Sedit autem Silvester anno CCCX VI qui si lollantur ab Mis, qui hodie compulantur, rémanent mille et très. Éd. Seeboeck, p. 548. Pierre Auriol composa donc ce Compendium à Paris, après sa promotion au grade de maître régent (1318), et le termina en 1319. Cet ouvrage contient les leçons données par le docteur franciscain à ses élèves et constitue un commentaire court et condensé sur tous les livres saints. En preuves de cette assertion, on peut alléguer la répétition continuelle de studentes ou studiosi iheologi et des expressions comme : « demain nous traiterons plus longuement ces questions ». Éd. citée, p. 7, 21, 23. Le prologue du Compendium fait ressortir l’amour et le zèle déployés par Pierre Auriol dans l’étude des livres sacrés ; les conseils, donnés à ses élèves et distribués dans l’ouvrage tout entier, démontrent combien il avait à cœur de rendre son jeune auditoire enthousiaste d’une étude scientifique de la sainte Écriture. Éd. cit., p. 11-13, 45, 555, etc.

Une des notes caractéristiques de ce Compendium est qu’à la division traditionnelle des Livres saints, admise dans les écoles à cette époque, et consistant à distinguer les livres historiques, doctrinaux et prophétiques, Pierre Auriol substitue une nou%’elle distribution des Livres sacrés, beaucoup plus compliquée, mais fondée, comme la précédente, sur la distinction des diverses méthodes employées par les auteurs sacrés pour instruire les hommes. Il divise l’Écriture sainte en huit parties principales : une partie politique et législative (Pentatcuque) ; une partie historique (Josué Juges, Ruth, Rois, Paralipomènes, Esdras, Tobie, Judith, Esther, Macchabées) ; une partie poétique (Psaumes, Lamentations, Cantique des cantiques) ; une partie dialectique (Job, Ecclésiaste) ; une partie prophétique (Prophètes) ; une partie morale (Proverbes, Sagesse, Ecclésiastique) ; une partie testimoniale (Évangiles) ; une partie épistolaire (Épîtres,

Actes des apôtres, Apocalypse). Il y introduit ensuite des sous-divisions, quelquefois factices et arbitraires. Ainsi il distingue trois sortes de poèmes : les chants de joie, les élégies et chants dramatiques et range d’une façon arbitraire les psaumes dans la première classe de ces poèmes. Il est cependant exagéré et faux d’admettre, comme on l’a fait, qu’Auriol a sacrifié habituellement le sens littéral au sens métaphorique.

Auriol décrit brièvement les premiers livres, tandis qu’il expose plus longuement les autres et donne des développements étendus aux Lamentations et surtout aux Actes des apôtres et aux Épîtres. Dans son exposé des livres prophétiques, il s’applique à distinguer ce qui semble s’y rapporter au peuple juif de ce qui parait être en relation avec l’avènement du Christ. Le commentaire de l’Apocalypse constitue la partie la plus intéressante de ce Compendium, parce qu’il s’attache à interpréter les âges de l’Apocalypse en fonction des différentes périodes de l’histoire de l’Église. Chacune des visions se rapporte à une période de l’histoire : la première correspond à la période qui va jusqu’à Julien l’Apostat ; la seconde à celle qui se termine à Justinien ou à Maurice ; la troisième à celle du Bas-Empire ; la quatrième à celle qui commence avec Charlemagne et finit à l’empereur Henri IV ; la cinquième à celle qui s’étend jusqu’à la venue de l’Antéchrist ; la sixième à celle de la persécution organisée par l’Antéchrist. Auriol reprend ensuite l’examen de chaque trait des visions successives de l’Apocalypse et le rapporte à quelque événement connu de l’histoire de l’Église. Les idées émises par Auriol dans son interprétation de l’Apocalypse intéressaient au plus haut point ceux qui cherchaient à supputer l’époque de la fin du monde. Aussi ne manquèrent-elles pas d’avoir un grand retentissement dans l’École.

Signalons encore un trait caractéristique de cet ouvrage, à savoir que la méthode, suivie dans le Compendium, trahit le philosophe. D’après la thèse de Pierre Auriol, l’Écriture sainte doit procurer aux hommes une somme déterminée de vérités surnaturelles. Il s’ensuit que, dans chaque Livre saint, il cherche à découvrir une vérité surnaturelle— particulière, qui y est enseignée par l’écrivain sacré. Considérant la vérité surnaturelle contenue dans chaque livre comme une conclusion, conclusio probanda, et le contenu du livre comme la preuve, ratio, de cette vérité, Pierre Auriol regarde chaque Livre saint comme un grand syllogisme et la sainte Écriture entière comme une chaîne de syllogismes liés logiquement les uns aux autres. Bien que le syllogisme ne se ppésente pas toujours sous une forme extérieure correcte, il est cependant à la base de tout l’ouvrage et, dans plusieurs livres, comme par exemple dans les Évangiles, il est présenté en toute rigueur de forme. Chaque évangile, en effet, aboutit à une conclusion et, pour ce faire, se divise en majeure, mineure et conclusion, que l’on peut y retrouver facilement. Pierre Auriol développe la somme complète des vérités contenues dans la Bible en un polysyllogisme grandiose et il n’est pas sans intérêt de voir les plus hautes vérités naturelles et surnaturelles, coulées dans une forme mathématique et syllogistique.

Il faut mentionner encore quelques extraits et abrégés de telle ou telle partie du Compendium. Ainsi, le Paris, lat. 14 796, fol. 1-11 (xve siècle) contient, sous le titre : Divisio sacræ Scripturæ Pétri Aurcoli, de courts extraits, une sorte de résumé sec et froid de l’ouvrage du maître franciscain, à partir du c. in jusqu’au prophète Malachie. Ce ms. débute : Considerandum est quod Scriplura diuina potest dividi in V 1 1 1 parles principales. —Un morceau du Compendium est aussi conservé dans le ms. 15, fol. 276-280 (xv c siècle) du New Collège d’Oxford ; il a comme titre : Bibliorum