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PIKUliK AUlilOL. COMMENTAIRE SUR LES SENTENCES


beaucoup de soin. Cf., à ce sujet, Fr. Pelster, op. cit., p. 472-473.

Quant à la deuxième rédaction du 1. I : Expandit librurn coram me, celle de l’édition imprimée en 1596, elle doit être postérieure à celle du commentaire-reportatio. Et d’abord elle porte une dédicace au pape Jean XXII, qui ne fut élu souverain pontife qu’en 1316 ; ensuite Auriol était entièrement pris entre 13161318 par la préparation de ses leçons à l’université de Paris. Il est donc très probable qu’il n’a pas composé cette seconde rédaction avant d’être maître régent. Après son élévation au doctorat, il se sera proposé d’écrire, comme il l’affirme lui-même dans sa dédicace à Jean XXII, un commentaire sur les quatre livres des Sentences. Il n’aura pas pu mener ce projet à bonne fin à cause de sa nomination, le 27 février 1321, à l’archevêché— d’Aix et de sa mort prématurée, au début de janvier 1322. De ce commentaire, il n’a achevé que le 1. I. entre 1318-1320, et il l’a dédié à Jean XXII probablement en reconnaissance de son intervention pour son élévation au doctorat.

Pour ce qui concerne la rédaction du t. III, dont la première partie est inédite, tandis que la dernière a été publiée à Rome, en 1605, elle ne, peut avoir été composée entre 1316 et 1318. Elle n’a pas non plus été rédigée entre 1318-1320. Cette rédaction, en effet, est une reportalio, une copie, faite par un élève, du cours professé par Auriol. Or, après son élévation au grade de maître régent, il est très probable qu’Auriol ne commente plus les Sentences. Cette rédaction doit donc avoir été composée antérieurement au commentaire-reportatio complet de Pierre Auriol, c’est-à-dire antérieurement à 1316. On est autorisé à croi.e qu’elle a été faite vers 1312, alors que le maître franciscain enseignait à Bologne, ou plus probablement vers 1314, quand il fut lecteur à Toulouse. Cf. Fr. Pelster, op. cit., p. 473-474.

3. Méthode suivie.

Qu’il suffise de faire remarquer qu’Auriol prend à cœur d’exposer longuement sa propre manière de voir et ses propres opinions ; il tâche de les expliquer, de les prouver, de les défendre, contre les attaques d’adversaires réels ou imaginaires. Il s’applique également à donner un exposé développé, une critique approfondie des théories d’un grand nombre de ses adversaires, de sorte qu’une glose marginale dans l’ouvrage In quatuor libros Sententiarum (Venise, 1504, fol. 2 r°) de François de Meyronnes († 1327) affirme que, si l’on veut avoir des renseignements plus amples sur les opinions de ceux qu’il cite lui-même, il faut lire le commentaire de Pierre Auriol. C. Puban et Th. Pègues, O. P., dans leur édition des Dejensiones theologiæ divi Thomse Aquinatis de J. Capréolus, t. i, Turin, 1900, p. xxii, soutiennent que ce dernier cite très souvent les arguments des auteurs, non pour les avoir trouvés dans leurs ouvrages, mais pour les avoir lus dans le commentaire de Pierre Auriol.

En ce qui regarde le contenu du commentaire de Pierre Auriol, nous nous contentons d’attirer l’attention sur le fait que, dans ses thèses, le docteur franciscain prend, le plus souvent, position contre Duns Scot, Thomas d’Aquin, Bonaventure et, en général, contre tous les scolastiques et même quelquefois contre ses auteurs préférés : Aristote, Averroès et saint Augustin. Le commentaire de Pierre Auriol se caractérise encore par une dépendance étroite vis-à-vis d’Aristote et de son commentateur Averroès et par une défense, souvent serrée, de ces deux philosophes contre les attaques de nombreux scolastiques. Toutefois, l’impression dominante, éprouvée à la lecture du commentaire de Pierre Auriol, est que le docteur franciscain veut se frayer une voie personnelle, conserver son autonomie dans toutes les questions traitées et ne

dépendre formellement, dans ses théories et ses doctrines, d’aucun autre philosophe ou théologien. Il se délecte, en effet, et se fait gloire d’avancer, dans toutes les matières traitées, sa propre opinion, qu’il s’attache à justifier et à défendre.

6° Compilatin brenis super quæstiones quatuor librorum Sententiarum. — Cet ouvrage, qu’il ne faut point confondre avec un autre également attribué à Pierre Auriol et intitulé Compendiurn librorum quatuor Sententiarum, dont nous parlerons col. 1843, a échappé jusqu’à ces derniers jours à tous les bibliographes. A. Pelzer l’a décrit le premier, op. cit., p. 387-388, et le P. Fr. Pelster le cite également, op. cit., p. 464. Cette Compilatio, qui est contenue dans le Vat. lat. 946, fol. 41 v°-87 r° (xive siècle), n’est pas l’œuvre d’Auriol, mais, à l’exception du t. III, un abrégé du commentairereportatio du docteur franciscain, rédigé au xive siècle, par un auteur, probablement un frère mineur, encore inconnu. Les rubriques au début et à la fin de cette compilation, sont explicites à ce sujet : Quedam compilatio brevis facta super quesliones quatuor librorum Sentenciarum secundum oppinionem domini Pétri Aureoli archiepiscopi condam aquensis et sacre théologie magistri precipui. Il débute : Circa prologum primi libri Sentenciarum queruntur 5 questiones, et finit : in quantum appetunt privari experientia mali, a qua experientia mali Christus nos preservet et ad summum bonum nos perducat qui in secula seculorum vivit et régnai. Amen.

Les questions de la compilation correspondent aux questions parallèles du commentaire-repoWa/f’o. Ainsi, dans l’un et l’autre de ces ouvrages, la q. i, du prologue du 1. I est : Utrum natura dei (diuina = commentaire) compaciatur in se et ex natura sua (sui ratione =commentaire ) scientifleam perscrutacionem, tandis que, dans le commentaire imprimé, la première question est : Utrum ex studio theologiæ solo naturali ingenio aliquis habitus acquiratur alius a fide. Semblablement la q. i de la dist. I, du 1. II est la même dans l’abrégé et dans la réportation : Utrum secundum opinionem Arislotelis mundus de facto sit productus ab eterno (réportation) et Utrum opinio Aristotelis jueril quod mundus fuerit productus ab eterno (abrégé). La q. i de la dist. I, du 1. III de l’abrégé, ne correspond point à celle qui se trouve dans le commentaire-réportation, qui est imprimé, mais à celle qu’on lit dans la première rédaction inédite. Tandis que le commentaire-réportation lit : Utrum possibile sit aliqua sic uniri quod inter illa non sit alia unitas nisi hypostatica, la rédaction inédite et l’abrégé lisent : Utrum possibile fuerit verbum incarnari. Il y a encore identité entre la q. i du 1. IV du commentaire-réportation et celle du 1. IV de l’abrégé : Utrum sacramentis seu sacramentorum ministris communicari potuil virtus aliqua creativa respectu sacramentalis efjectus.

De cet exposé, il est évident que l’auteur de la compilation a abrégé les questions du commentaire-réportation de Pierre Auriol. On peut y trouver une confirmation du fait que la rédaction inédite du 1. I fait partie du même commentaire que la rédaction publiée du 1. II et IV. Quant au t. III, l’auteur de la’compilation a abrégé le commentaire de la rédaction inédite, probablement parce que le commentaire édité, qui appartient au commentaire-réportation, était resté inachevé, tandis que celui de la première rédaction était terminé.

Par rapport à l’auteur de cette compilation, le P. Fr. Pelster (op. cit.. p. 464), se basant sur le fait que, dans les nombreux épigraphes aux noms de François, Antoine, Claire, Louis, est joint celui de Gérald, pense que l’auteur de cet abrégé doit être un’frère mineur français du nom de Gérald. Quoi qu’il en soit, il est certain que cette compilation fut terminée au xive siècle, vu que le manuscrit qui la contient est de cette époque. Une partie en doit même être datée de l’année 1338.