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PII’.ltUK AURIOL. COMMENTAI ! ? ! ’. SUR LES SENTENCES


résultat d’un remaniement complet de la première rédaction. Ainsi, le 1. 1 aurait et é augmenté considérablement et retravaillé en entier. Le commentaire sur le 1. II et une partie du commentaire sur le 1. III présenteraient des remaniements et des retouches moins profondes et moins méthodiques que le commentaire sur le I. I. D’après t’es auteurs, la comparaison instituée entre les liluli quæstionum de la première rédaction, conservés dans le COd. 243 de la bibliothèque de Toulouse, et les parties correspondantes de la deuxième rédaction doivent convaincre le lecteur de la vérité de leurs assertions. Le reste du 1. III (à partir de la dist. XXIII, q. iv, a. 3 de la rédaction imprimée) et le 1. 1Y auraient été repris, sans changement fondamental, a la première rédaction. Tandis que, d’après les mêmes auteurs, on ne connaîtrait que les titres des questions de la première rédaction du commentaire d’Auriol et que l’on ne serait pas encore parvenu à en découvrir le texte, soit manuscrit, soit imprimé, si ce n’est d’une partie du 1. III (cod. Paris, lat. 17 484 ; cod. 24 3 de la bibl. de Toulouse et cod. Plut. 32, sin. 12 de la bibl. Laurentienne de Florence), la seconde rédaction serait contenue dans de nombreux mss. (cf. N. Valois, op. cit., p. 485 et 500 sq.), ainsi que dans l’édition imprimée en deux volumes à Home, en 1596 (commentaire sur le I er livre) et en 1605 (commentaire sur les autres livres et Quodlibela).

La thèse de la double rédaction a été combattue par A. Birkenmajer, Vermischte Untersuchungen zur Geschichte der Philosophie, Munster-en-Y., 1922, p. 220-225. Il soutient que l’on n’a pu trouver nulle part un ms. fie la prétendue première rédaction ; que les mss. des 1. I. II et IV concordent avec l’édition imprimée : que l’édition du 1. III paraît être un extrait du commentaire du même livre conservé en ms. D’après lui, l’index de Toulouse peut facilement être considéré comme une retouche faite par une autre main et quant à l’incipit donné par Trithème rien ne prouve qu’il appartienne à une autre rédaction.

Le P. Fr. Pelster, S. J., a repris récemment l’examen de cette question compliquée. Estudios sobre la transmision manuscrita de algunas obras de Pedro Aureoli O. F. M. I t 1322), dans Estudios ecclesiasticos, t. ix, 1930, p. 162-479 ; t. x, 1931, p. 449-474. Comme la question de la double rédaction du commentaire sur les Sentences de Pierre Auriol est d’une importance capitale pour la philosophie et pour la théologie du Moyen Age, nous allons résumer brièvement les conclusions auxquelles nous sommes arrivés soit par l’étude du P. Pelster, soit par nos recherches personnelles.

Pour ce qui est du commentaire sur le I. I, il nous semble définitivement établi que Pierre Auriol en a donné une double rédaction : une première qui répond à l’index des questions du ms. de Toulouse et à l’incipit de Trithème : Quia disciplinait hominis ; une deuxième qui correspond a l’édition imprimée à Rome en 1596 et qui débute : Expandit libruin coram me. De la première rédaction, le P. Pelster a découvert trois mss. : le cod. 292 de la bibliothèque Antonienne de Padoue, le cod. theol. lai. loi. 536 de la bibliothèque nationale de lierlin et le cod. liorgh. 123 de la bibliothèque vaticane. Le ms. de Berlin est anonyme : le Borgh. attribue explicitement et nommément le commentaire a Pierre Auriol ; le ms. de Padoue, bien qu’anonyme, a été attribué à Auriol dans un ancien . catalogue de 1 I 19 (cod. 573, fol. 52 r" de la même bibliothèque), où on lit : Primas Aureoli. Dès lors, il n> a plus a douter que nous ayons la un commentaire d’Auriol sur les Sentences. Or. l’incipit de ces trois mss. concorde avec celui donné par Trithème et diffère de celui que porte l’imprimé. Les trois mss. débutent en effet : Quia disciplinati hominis est in tantum (lerminum = Berlin) certiludinis (certitudinem Padoue)

quærere in unoquoque génère quantum natura rei patitur. Le sont trois mss. du début du xiv siècle.

Ensuite, le cod. Borgh. présente la particularité de contenir au début une introduction, appelée collatio, qui manque dans les deux autres mss. : Jngrcilcre in medio rotarum, quss sunt sablas Cherubyn. Ezech., .x. Enfin, quant au caractère de la rédaction contenue dans ces trois mss., l’index des questions du n. 243 de Toulouse comme les mss. liorgh. et Berolin. la désignent comme reportatio. A la fin du Berolin. on lit : Hec sufficiunt quoad reporlaciones locius primi libri, et, dans le Borgh. : Expliciunt reporlaciones fratris Aureoli. Or, nous savons qu’il arrivait fréquemment que les élèves intitulaient les leçons de leurs maîtres du titre de reportatum (cf. A. Pelzer, Le I eT livre des « Reportata Parisiensia » de Jean Duns Scot, dans Annales de l’Institut supérieur de philosophie de Louvain, t. v, 1923, p. 450-455). Les maîtres revoyaient et corrigeaient très souvent les Reportata de leurs élèves, avant qu’ils n’en fissent de nouvelles copies. La rédaction, contenue dans ces trois mss., constitue un Reportatum consciencieusement élaboré et probablement corrigé par Auriol lui-même. Ce Reportatum diffère complètement du commentaire imprimé, de sorte qu’il faut nécessairement le considérer comme un autre ouvrage.

Une rédaction du commentaire de Pierre Auriol sur le I er livre des Sentences, complètement distincte de la rédaction précédente et qui correspond à celle qui a été imprimée, en 1596, à Rome, est contenue dans les mss. : Vat. lat. 940 et 941 ; Borgh. 318 qusqu’à la dist. XXVII, a. 2) ; Ottob. 995 qusqu’à la dist. XXVI inclus.) ; Borgh. 329, fol. 20’r°-219 v° (omis par le P. Pelster, op. cit., p. 450-452, mais indiqué par A. Pelzer, Bibl. apost. Valic. codices Vaticani latini, t. il a, Codices 679-1134, p. 374-375) ; Conv. soppr. B. I. 118 de la bibliothèque nationale de Florence ; 133 de’la bibliothèque Antonienne de Padoue ; Paris, lat. 15 363 ; 2 d’Auch ; 1049 de Troyes ; 72 de Vendôme ; 1550 (3624) de la bibliothèque royale de Bruxelles (ce dernier ms. ne contient toutefois que le commentaire sur le 1. I et nullement celui sur les trots autres livres, comme l’affirme à tort N. Valois, op. cit., p. 502). La plupart de ces mss. sont du xive siècle et celui de Vendôme porte la date de 1330. Tous débutent : Expandit librum coram me, qui scriptus eral intus et foris. Ezech., II. Le texte de ces mss. correspond à celui qui a été imprimé en 1596, à Rome, par les soins du cardinal Costanzo Boccafuoco, plus connu sous le nom de cardinal de Sarnano. Dans la préface, le cardinal affirme qu’il croit répondre, en donnant cette édition, aux désirs des savants et surtout de Sixte V, de l’ordre des frères mineurs, auquel il devait le chapeau cardinalice. Il y dit aussi avoir exploré beaucoup de bibliothèques en France et en Italie, avoir compulsé un fort grand nombre de mss. et s’être donné grand mal pour restituer le texte original. Son édition est d’ailleurs très soignée. Le texte édité ne comporte pas de dédicace à Jean XXII ; jusqu’à ces derniers temps, on la croyait perdue. Le P. Pelster l’a retrouvée dans quatre mss. : le cod. B. I. 118 de la bibl. nationale de Florence, le Vat. lat. 940, le Paris, lat. 15 363 et le cod. 133 de la bibl. Antonienne de Padoue. D’après ces quatre mss., il publie la dédicace. op. cil., p. 452— 155.

Dans tous ces mss., la rédaction du comment aire Mule 1 er livre des Sentences n’est pas désignée comme reportatum, comme c’était le cas pour la rédaction précédente, mais comme erf(7 « m ou conftatum. Ainsi, dans le Vat. 941, le ms : de Florence, cod. B. I. 118, le ms. de Padoue, cod. 133, nous lisons à la fin : Explicit scriptum super primwn Sentenciarum editum < : fràtre Petro Aureoli. De même, dans le Val. 9 11. fol. 281 v".