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    1. PIERRE AURIOL##


PIERRE AURIOL. OUVRAGES AUTHENTIQUES

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consister : en la simplicité et la pauvreté ou en la stricte suffisance îles choses ? en d’autres mots, cet usage pauvre doit-il s’étendre à la qualité ou à la quantité dos objets ? Faut-il que les choses mises à son usage soient viles, ou est-il requis qu’elles suffisent seulement à satisfaire ses besoins les plus stricts ? Enfin, cet usage pauvre, de quelque manière qu’on le considère, appartient-il ou non à l’essence de la pauvreté évangélique, à laquelle il est tenu en vertu de son vœu et de sa règle ? Après avoir exposé successivement les arguments favorables et défavorables à la dernière question, Auriol conclut que la pauvreté, même la plus grande et la plus stricte, consiste essentiellement dans un renoncement complet à toute espèce de droit et de propriété sur les choses et que la restriction et la limitation dans l’usage des objets constituent seulement des accessoires de cette pauvreté. En effet, prêter un riche vêtement pendant quelques jours à un pauvre, ne rend pas plus riche ce dernier. De même, accepter provisoirement une nourriture recherchée ou loger en passant dans une riche habitation ne déroge en rien à la pauvreté. En soutenant le contraire, on arrive à des absurdités et il faudrait affirmer qu’un frère mineur ne peut jamais dormir dans le palais d’un roi, ni manger à la table d’un pape. Si, par l’usage susdit, on ne déroge pas à la pauvreté, à plus forte raison n’y manque-t-on pas en usant de biens mendiés. La pauvreté, en effet, loin d’être atteinte, ne fait qu’augmenter par le fait de la mendicité. Le plus pauvre des hommes peut boire dans des coupes en or et dormir sur la soie sans cesser d’être pauvre. Toutefois, si l’usage de ces objets se prolonge, il peut devenir une occasion de manquements à certaines vertus, comme l’humilité, la tempérance, etc., mais jamais il ne peut constituer une dérogation à la pauvreté.

De ces principes, Auriol dégage la conclusion intermédiaire entre le rigorisme trop étroit des spirituels et le laxisme des conventuels.. Il distingue entre la pauvreté proprement dite, à laquelle le frère mineur est astreint par son vœu, et l’austérité, l’humilité, la tempérance, etc., qui constituent autant de vertus qui lui sont seulement recommandées. Quant à l’usage pauvre. le docteur franciscain enseigne contre les spirituels qu’il n’appartient pas à l’essence de la pauvreté proprement dite : mais il soutient en même temps que, non seulement il est conseillé par des vertus annexes de la pauvreté, telles la tempérance, la pénitence, etc., comme le prétendaient les conventuels, mais aussi que l’on est astreint, en vertu du vœu d’obéissance, à l’usage pauvre dans tous les cas où la règle le prescrit. Maints passages, en effet, de la règle doivent être considérés comme des préceptes à cet. égard. Il appartient toutefois au souverain pontife de déterminer plus exactement ces différents cas.

Cette solution, donnée par Auriol à la question de l’usage pauvre, fut reprise, sanctionnée et confirmée par Clément V dans sa constitution Exivi de paradiso du 6 mai 1312, dans laquelle il déclare que les frères mineurs, en vertu de leur règle, sont spécialement astreints aux usages pauvres qui sont prescrits par la règle et dans la mesure où elle y oblige. Quant à taxer d’hérésie le fait d’affirmer ou de nier que l’usage pauvre soit de l’essence du vœu évangélique de pauvreté. Clément V juge cette prétention présomptueuse et téméraire. Hefele-Leclercq. Histoire des conciles, t. vi b. p. 713. Dans ce traité. Pierre Auriol se montre plein de modération et de déférence envers le Saint-Siège.

Tractatus de principiis.

— C’est le premier traité

philosophique composé par Pierre Auriol. II est conservé dans quatre mss. : le cod. 1405, fol. 44 r°-128 v°, fondo Sessoriano de la bibliothèque nationale de Rome ; le cod. Vat. lat. 3063, fol. 1 r°-46 r" ; le cod. 1082,

fol. 4-4(5, de la bibliothèque d’Avignon : le cod. 295 (ScafJ. A’///), fol. 27 r" 12 v°, de la bibliothèque Anloiiienne de Padoue.

Ce traité débute : Principiorum notifia quantum sit eflicax et necessaria in perscrulatione veritaïis. Le Vat. lat. 3063 porte moins correctement notitiam. Tandis que le cod. 295 de Padoue finit : mediantibus dimensionibus, ut statim dictum fuit, les trois autres terminent : proprie et virtutes alterius speciei. (Tour la description de ces manuscrits, cf. K. Dreiling, (). P. M., Der Konzeptualismus in der Universalienlehre des Franziskanererzbischofs Petrus Aureoli, Munster-en-W., 1913, p. 15-17 ; N. Valois, Pierre Auriol, dans Hist. titt. de la France, t. xxxiir, 1906, p. 508 ; Ant.-M. Josa, O. M. Conv., / codici manoscritti délia biblioteca Antoniana di Padova, Padoue, 1886, p. 20 ; A. Pelzer, Bîbl. apost. vatic. codices vaticani latini, t. n a, p. 298.)

Pierre Auriol doit avoir écrit ce traité en 1312, alors qu’il était professeur au studium générale de Bologne. Le témoignage du cod. Sessor. 1405 de la bibl. nationale de Rome est explicite à ce sujet. Cf. ci-dessus col. 1813. Le docteur franciscain donne à ce traité différents titres. Tandis que, dans le traité lui-même, il l’appelle Tractatus de principiis ( Vat. lat. 3063, fol. 1 r° et cod. Sessor., fol. 44 r°), ailleurs, il le dénomme Tractatus de principiis philosophicis, dans Comment, in I Sent., Rome, 1605, p. 81 b et 375 a, et Tractatus de principiis physicis, ibid., p. 124 b et 761 a.

Dans tous les mss., le traité est incomplet et finit soit sur le c. ni du t. III, où on lit à la fin : In hoc ergo lertium capitulum fmiatur… (Vat. lat. 3063, fol. 46 r° ; cod. Sessor., fol. 128 v° ; ms. d’Avignon 1082, fol. 46), soit dans le corps du c. iv du 1. II (ms. de Padoue 295, fol. 42. v°). Originairement, cependant, et dans l’intention de l’auteur, ce traité devait comprendre quatre livres, dont chacun aurait eu six chapitres. Cela résulte du prologue, dans lequel on lit : Prsesentem tractation in quatuor particulas distinguamus… Vocetur autem tractatus isle de principiis cujus discursus sub XXHII capitulis continetur (Vat. lat. 3063, fol. 1 r° a), ainsi que de la table des chapitres, qui fait suite au traité dans ce ms. Il est impossible, dans l’état actuel des recherches, de déterminer si Pierre Auriol a terminé la rédaction de ce traité, ou s’il en a interrompu la composition après le c. m du 1. III pour des causes que nous ne pouvons déterminer. Fut-ce son déplacement au couvent de Toulouse ? ou plutôt la définition du concile de Vienne en 1. Il touchant les rapports de l’âme et du corps, d’où découlaient de grosses difficultés pour la doctrine d’Auriol à ce sujet ?

Nous en résumerons le contenu d’après le prologue et la table du Vat. lat. 3063. Après avoir établi, d’après les témoignages de Platon et d’Averroès, qu’on ne saurait trop insister sur les principes constitutifs des êtres, c’est-à-dire la matière et la forme, et signalé, avec Aristote, les conséquences désastreuses de la moindre erreur à ce sujet, Pierre Auriol développe sa doctrine dans quatre livres consécutifs, qui embrassent chacun six chapitres.

Le 1. I traite d ? la matière et de la forme en général en six chapitres : 1. Positis quatuor opinionibus de materia et forma narratur conclusio intenta (fol. 1 r° b-2 v° b) ; 2. Inducuntur rationes ad praîdictam conclusionem, quæ auctoritatibus inrôtunïurvugustini.Aristoteliset Commenta f m is (fol. 2 v° b-4 r° b) ; 3. Ponuntur très rationes quae se ipsis habenf evidentiam, quamvis a prædictis etiam philosophis tangantur (fol. 1 r° b-7 v° 6) ; 4. Inquiritur utrum a lege aliarum formarum superius posita rationalis anima sit exci pienda (fol. 7 v.° b-10 r° b) ; 5. Inquiritur quid de— formis actualibus sit tenenduni (fol. 10 r°. Il V o) ; 6. Solvuntur dubia quæ videntur pra.-dic.tis obvlare et molli passus philo sophiae exponuntur ex predicto (fol. il v° a-13 >

Le 1. II a pour objet les principes constitutifs, c’est-à-dire