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PIKRRE AUHIOL. VIE


p. 190, n. 106, et Hierarchia catholica Medii.Evi, t. i, p. 429. La plupart des historiens, cependant, comme F. Stanonik, N. Valois, Denifle (Chewtul. univ. Paris., t. n. p. 22°>>. G. Mollat (Divt. Iiisl. et geogr. certes., t. v, col. 701) ont soutenu jusqu’ici que Pierre Auriol fut élu provincial dans le cours de l’année 1319. L. W’adding fournit à ce sujet des données contradictoires. Tandis qu’en un passage il soutient que le docteur franciscain avait remplacé, comme provincial d’Aquitaine. Bertrand de la Tour, lors de la nomination de ce dernier à l’archevêché de Salerne (Annales minorum, t. vi. ad ann. 1318, n. 29, Quaracchi, 1931, p. 364), en un autre endroit, il prétend qu’Auriol avait continué d’enseigner à Paris jusqu’à sa nomination à l’archevêché d’Aix (op. cit., ad ann. 1316, n. 6, p. 277). Nous croyons toutefois qu’il faut s’en tenir à la date de la fin de l’année 1320, indiquée plus haut. Plusieurs raisons, en effet, existent en faveur de cette date. La source la plus ancienne qui nous renseigne sur le provincialat de Pierre Auriol est la Chronica XXIV generalium ord. min., dans laquelle nous lisons le passage suivant : Eodem anno (scil. 1319) fraler Bertrandus de Turre, minister Aquilaniæ fuit ad archiepiscoputum Salernitanum assumptus. Eodem anno jactus est, electus et confirmatus minister Aquitanise frater Petrus Aureoli magisler, sed intérim factus episcopns Aquensis o/ficio non est usus, éd. cit., p. 478. D’après ce document, Pierre Auriol aurait été élu provincial la même année que Bertrand de la Tour devint archevêque. Or, C. Eubel a dûment établi que Bertrand ne peut avoir été élevé à l’archiépiscopat avant le 3 septembre 1320. Bullar. franc, t. v, p. 190. Les franciscains de Quaracchi expliquent l’erreur chronologique (1319), introduite dans la Chronica, de la façon suivante : l’auteur de cette Chronica aurait compté la IVe année pontificale de Jean XXII, signalée dans la lettre de la nomination de Bertrand, non à partir du jour de son couronnement (5 sept. 1316), mais à partir du jour de son élection (7 août 1316) (Chronica XXIV generalium, éd. cit., p. 471, note 1 et p. 478). De la sorte, tout s’explique.

Ensuite, la même Chronica affirme explicitement que Pierre Auriol n’a jamais exercé le provincialat. Or, cette thèse est insoutenable, si l’on prétend qu’il a déjà été élu provincial en 1319, vu qu’il ne devint archevêque que le 27 février 1321. Comme, dans cette supposition, une année se serait écoulée entre son élévation au provincialat et sa nomination comme archevêque, il est invraisemblable qu’il n’ait point exercé le provincialat durant cette année. Tout s’explique, au contraire, dans la thèse qui prétend que le docteur franciscain ne serait devenu provincial que vers la fin de 1320.

Le 27 février 1321, Pierre Auriol fut nommé archevêque d’Aix, en remplacement de Pierre des Prés qui, le 19 ou 20 décembre 1320 avait été promu à la dignité de cardinal. Jean XXII, dont l’attention s’était déjà fixée sur Auriol et à qui ce dernier avait dédié son commentaire des Sentences, jugea qu’un religieux, dont la science jetait tant d’éclat sur l’ordre des frères mineurs, était digne d’occuper un des sièges métropolitains de la Provence. Aussi, la bulle qui nomma le docteur franciscain à l’archevêché d’Aix démontret-elle la grande confiance que le pape mettait dans Auriol et elle loue, entre autres qualités, la gravité de ses mœurs, la pureté de sa vie, la maturité de son jugement. Bullar. franc, t. v, p. 200, n. 425. De plus, le fait que le pape lui-même a daigné conférer la consécration épiscopale au nouvel archevêque, prouve la haute considération et la grande estime que Jean XXII nourrissait à l’égard de Pierre Auriol. Le sacre eut probablement lieu à Avignon le 1 1 juin 1321, jour de la tête de la Sainte-Trinité, et date d’une nouvelle bulle, par laquelle Jean XXII, après avoir cer tifié le fait du sacre, autorisait le nouveau prélat à gagner son archidiocèse. Ibid., t. v, p. 200. Le 20 juin 1321, le pape lui fit remettre le pallium par les trois cardinaux Orsini, Cajetani et Fieschi. Enfin, comme Auriol était pauvre et que sa promotion et son installation devaient l’entraîner à des dépenses en disproportion avec ses ressources, le pape l’autorisa, par une lettre du. Il juillet 1321, à emprunter une somme de 1 000 florins tant en son nom qu’au nom de l’église métropolitaine. C. Eubel, ibid.

Pierre Auriol n’a pas exercé longtemps la charge d’archevêque. Malgré les divergences qui existent à ce sujet parmi les érudits, dont plusieurs prolongent la vie du docteur franciscain jusqu’au delà de l’année 1345, à cause de la confusion qu’ils font entre la date de la rédaction et la date de l’une des transcriptions du Compendium sacras Scripturæ, il est certain qu’Auriol mourut avant le 23 janvier 1322. Cela résulte d’un texte emprunté aux archives du Vatican, daté du 23 janvier 1322, dans lequel il est question de Raymond Auriol, frère du défunt archevêque d’Aix. Chart. univ. Paris., t. ii, p. 718. D’après Denifle, cet archevêque ne peut être que Pierre Auriol. La date exacte de sa mort ne peut être déterminée ; la date la plus vraisemblable, cependant, doit être placée au 10 janvier 1322. On la trouve dans un ancien martyrologe franciscain cité par Pitton (Annales de la sainte Église d’Aix, Lyon, 1668, p. 174), qui renvoie également à une Table des anniversaires des cordeliers d’Aix. De plus, cette date est admise par la plupart des historiens provençaux comme Pitton, loc. cit., P. Louvet, Abrégé de l’histoire de Provence, t. ii, Aix, 1676, p. 43, P.-J. de Haitze, L’épiscopat métropolitain d’Aix, Aix, 1862, p. 78, ainsi que par F. Stanonik, R. Dreiling, N. Valois.

Il faut préférer cette date à celle du 27 avril 1322, admise par quelques autres historiens, ainsi que par les bollandistes, qui mentionnent à ce jour Pierre Auriol parmi les saints personnages que l’Église n’a pas officiellement béatifiés. Acta sanctorum, avril t. iii, Paris, 1866, p. 480.

Quant à l’endroit où le maître franciscain mourut, les opinions sont divisées. Les uns, tels F. Stanonik et Denifle (Chartular univ. Paris., t. ii, p. 718), soutiennent qu’il est mort à Aix même ; d’autres, au contraire, tels M. Baumgartner (Uberwegs Grundriss der Geschichte der Philosophie, Berlin, 1915, p. 592-596), R. Dreiling et N. Valois, le font mourir à la cour papale d’Avignon. Cette dernière opinion semble la plus probable, vu que dans la bulle de nomination du successeur d’Auriol au siège archiépiscopal d’Aix, datée du 9 juillet 1322, il est dit que le maître franciscain mourut apud Sedem apostolicam. Chart. univ. Paris., t. ii, p. 718.

Trois martyrologes franciscains (P. Aussener, O. F. M., Seraphisches martijrologium nach den besten Quellen bearbeitet, Salzbourg, 1889, p. 405), cités par F. Stanonik et les Acta sanctorum (loc. cit.) font remarquer explicitement que Pierre Auriol est mort en odeur de sainteté et a été l’objet d’un culte spécial de la part du peuple.

Des données précédentes il résulte qu’il est inadmissible qu’Auriol se soit rendu à une assemblée d’évêques à Paris vers la fin de 1322, où il aurait pris la défense de l’Église romaine contre les privilèges de l’Église gallicane, ce qui aurait déplu fortement à l’assemblée et causé indirectement la mort du maître franciscain. Pitton, op. cit. Il laul exclure également que Pierre Auriol ait été soit ministre général, Pitton, op. cit.. soit archevêque de Xarbonne, Oudin, Scriptor. certes., t. iii, col. 850, soit cardinal, comme on l’a généralement admis auparavant. Il n’est cependant pas aussi certain que l’affirme J.-II. Sbaralea, Supplementum,