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    1. PIERRE AURIOL##


PIERRE AURIOL. VIE

1814

teologica di Botogna, Bologne, 1932, p. cxx.xviii, cxii sq., 100-102. On ne saurait déterminer plus exactement à quelle époque il a commencé son professorat dans ce studium générale, ni durant combien de temps il a exercé cette charge. Tout ce que nous savons touchant l’activité de Pierre Auriol à Bologne nous le devons au cod. 14f)-"i de la bibliothèque nationale de Borne (cod. Sessorianus) qui a été écrit en 1315 et qui contient en dehors du Tractatus de conceptione (fol. 1-23 v°) et du Repercussorium (fol. 35 r°-4-l r°), le Tractatus de principiis (fol. 44 v°-128 v°). Ce dernier traité y est dit : edilus a jratre Petro Aureoli de ordine minorum, lectore in civitate Bononiie anno Domini MCCCXIl.. Il en résulte qu’il publia lors de son lectorat’à Bologne, en 1312, son premier traité philosophique, intitulé : Tractatus de principiis.

En 1314, Pierre Auriol était lecteur dans le couvent des frères mineurs de Toulouse, mais nous ne pouvons pas préciser à quelle date il a été chargé du lectorat dans ce Studium générale, qui était déjà annexé, comme faculté de théologie, à l’université de Toulouse, depuis la première moitié du xme siècle. Il y composa en 1314 son fameux Tractatus de conceptione B. M. V. Le maître franciscain jouissait aussi, vers cette époque, d’une renommée étendue comme orateur et prédicateur. Le 8 décembre 1314, fête de la conception de la sainte Vierge, il monta en chaire et y défendit le privilège de l’immaculée conception, vivement attaqué à cette époque par les dominicains. Il rassembla, en 1315, les conclusions et le résultat de la dispute, que cette prédication avait occasionnée, dans l’écrit : Repercussorium editum contra advcrsarium innocentise Matris Dei.

Cette polémique et ces écrits ont contribué, dans une large mesure, à répandre la renommée de Pierre Auriol, tant au dehors qu’au dedans de l’ordre, et à attirer sur lui l’attention de ses supérieurs majeurs. Il fut désigné au chapitre général de Naples en 1316, où il avait accompagné son provincial Bertrand de la Tour pour commenter à Paris le livre des Sentences. Le nouveau général, Michel de Césène, de la province de Bologne, souscrivit lui-même à ce choix, bien qu’on lui eût assuré que son élection avait été combattue par Auriol. Aux quelques adulateurs, jaloux de l’honneur insigne échu à leur glorieux confrère et de l’hommage éclatant rendu à son savoir, qui s’elïorcèrent auprès du général d’annuler la décision prise, le prélat franciscain donna la réponse typique : « A Dieu ne plaise que, pour une offense qui me serait faite, j’éteigne une lumière si brillante de l’ordre. » Chronica XXIV generalium ord. min., éd. cit., p. 430 ; Chartularium univers. Paris., t. ii, p. 225. Le fait de l’opposition de Pierre Auriol à l’élection de Michel de Césène comme général paraît d’autant plus vraisemblable que nous savons qu’il a exercé le lectorat à Bologne, où il doit avoir connu Michel de Césène. Il est cependant impossible de préciser à quelle époque et à quel endroit le maître franciscain aurait travaillé contre l’élection de Michel de Césène au généralat. Fut-ce à Bologne ou à Toulouse ou comme compagnon de son provincial Bertrand de la Tour ? Impossible de préciser. Une chose reste cependant acquise, c’est que le chapitre général de Naples, en 1316, envoya Pierre Auriol à l’université de Paris pour y expliquer et commenter les Sentences. C’est pendant son séjour en cette ville qu’il écrivit son Commentarium in IV libros Sententiarum. Sur l’envoi d’Auriol à Paris, voir Bihl, O. F. M., dans Arch. francise, hist., t. xxiii. 1930, p. 107-109.

Pierre Auriol avait à peine professé pendant deux années comme bachelier à l’université de Paris, que le pape Jean XXII, dans une lettre du 14 juillet 1318, ordonna au chancelier de l’université de lui conférer la

licence en théologie. Cliart. univ. Paris., t. ii, p. 227 sq., n. 772. Cette lettre est pleine d’éloges pour le docteur franciscain que le pape affirme connaître experientia. Il est diflicile de préciser comment le pape a connu experientia l’infatigable activité et la grande érudition de Pierre Auriol. Est-ce par l’élude des écrits du docteur franciscain ou est-ce par des relations qu’il entretenait avec lui’? On ne peut rien alfinner avec certitude. Bien ne s’oppose cependant à admettre que Jean XXII ait été en relation avec Pierre Auriol, vu que l’un et l’autre étaient originaires du Quercv.

Pierre Auriol n’avait obtenu que depuis peu sa licence, quand la fameuse lutte entre les maîtres du clergé séculier et ceux du clergé régulier, commencée déjà du vivant de saint Bonaventure et de saint Thomas, eut des conséquences funestes pour les réguliers, qui perdirent, sur l’ordre du pape, le privilège de ne pas faire le serment prescrit à tous les maîtres. Chart. univ. Paris., t. ii, p. 223, n. 769. Ainsi, dans un document du 13 novembre 1318, nous rencontrons le nom de Pierre Auriol parmi les magistri actu régentes in facultate theologica du clergé régulier, qui, devant le recteur et le chancelier de l’université et devant la faculté de théologie, s’obligent sous serment ad quemeumque statum ipsos ex eorum quemlibet devenire contigerit, se perpetuo irrevocabiliter et inviolabiliter observaturos videlicet privilégia, slatuta, jura, libertates et consuetudines laudabiles hactenus approbatas et futuris temporibus approbandas et nostrse universitatis sécréta penitus et per omnino recelare. Ibid., t. ii, p. 227, n. 776. On peut conclure de ce passage que Pierre Auriol, peu de temps après sa promotion à la licence, a été élevé à la dignité de « magister » : ce qui lui permit d’avoir une chaire à lui et de diriger une école de l’université (magister regens ou cathedraticus), Le souvenir du succès d’Auriol dans l’enseignement philosophique et théologique a été perpétué par un artiste contemporain. Dans la lettre initiale du cod. lat. lô 363 de la Bibliothèque nationale de Paris, qui contient le 1. I de son commentaire sur les Sentences (2e rédaction), Auriol est —représenté assis dans sa chaire, enseignant, la main droite levée, à un groupe de frères mineurs ; l’un d’eux exprime par son geste une vive admiration. Le docteur franciscain est représenté encore dans la lettre initiale du cod. Vat. lat. 942, qui contient le I. II du même commentaire. On y voit un évêque tenant d’une main un livre et de l’autre une croix.

Après sa promotion à la licence et à la maîtrise, Pierre Auriol semble s’être consacré aux études bibliques, à la suite desquelles il publia, en 1319, le Compendium sensus litteralis totius divinse Scripturse. Malgré la préférence marquée, à cette époque de sa vie, pour les études bibliques, le docteur franciscain s’est cependant vu forcé de revenir aux questions discutées de la philosophie et de la théologie, d’abord pour donner un développement plus long à des problèmes intéressants, exposés trop brièvement dans son commentaire, et ensuite pour répondre aux attaques et aux critiques dont plusieurs questions, traitées dans son commentaire, étaient l’objet. Toutes ces raisons le déterminèrent à écrire ses Quodlibeta, terminés en 1320. Avec les Quodlibeta se clôt l’activité de Pierre Auriol comme professeur et comme écrivain.

Charges religieuses et ecclésiastiques.

En effet

la carrière professorale d’Auriol à l’université de Paris ne se prolongea guère. Vers la fin de 1320, il fut très probablement élevé par ses confrères —à la dignité de provincial de la province d’Aquitaine, en remplacement de Bertrand de la Tour, promu, le 3 septembre de la même année, archevêque de Salerne par Jean XXII. C. Eubel, Bullar. franc, t. v, Borne, 1898,