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l’IKRRE AURIOL. VIE


ciscain. Sur de nombreux points, les opinions des auteurs restent divisées : nous nous contenterons de les résumer.

1° Les débuts. -- L’orthographe même du nom d’Auriol montre la plus grande variété. Dans le cours i des siècles, le docteur franciscain a reçu dans les documents, les manuscrits et les éditions, les dénominations les plus différentes et a été désigné par les noms les plus divers, parmi lesquels nous citons les principaux : Aureolus, Auriolus, Oriolus, Ariolus, Aureoli, Aurioli, Auriol, Oriol, d’Auriole, d’Auréole, d’Oriol, d’Auriol, d’Aureol. Sans entrer dans des discussions oiseuses, notons que là forme la plus correcte d’après N. Valois (notice de Pierre Auriol, dans Histoire littéraire de la’France, t. xxxiii, 1906, p. 479-480), serait Auriol. tandis que A. Pelzer semble plutôt incliner pour la lecture Oriol (Bibliolhecæ uposlolicæ Vaticanse eodiees Yaticani latini, t. ii, Codices 679-1134, 1931, p. 416).

Jusqu’ici, il n’existe pas encore de certitude définitive sur la date de naissance et la jeunesse de Pierre Auriol. La date de 1280, fournie par la Biographie toulousaine, t. i, Paris, 1823, p. 405, et par les éditeurs de la Chronica XXIV generalium ordinis minorum, Quaracchi, 1897, p. 470. note 3, est purement conjecturale et il serait téméraire de se fonder uniquement sur ces données pour admettre l’année 1280 comme date de naissance de Pierre Auriol. Quant au lieu d’origine du docteur franciscain, il faut exclure désormais Yerberie-sur-Oise, en Picardie, qui, jusqu’à ces derniers temps, était généralement considéré comme le lieu de naissance. Le fait qui a donné lieu à cette opinion erronée, est la confusion faite entre Pierre Auriol et Pierre de Yerberie de l’ordre du Val-des-Écoliers, qui aurait vécu vers 1334. Comme un petit commentaire sur la Sententia Bernardi de immaculata conceptione B. M. V., attribué à Pierre de Yerberie, a été uni au cours des siècles dans les mss. et les éditions au Tractatus de immaculata conceptione B. M. V. et au Repercussorium de Pierre Auriol, et que ces trois traités furent attribués à Pierre Auriol de Yerberie, on aura considéré les deux Pierre, primitivement distincts, comme un seul et même personnage et on les aura confondus dans la personne du plus célèbre des deux, le docteur franciscain, en croyant que la dénomination « de Verberie » désignait le lieu d’origine de Pierre Auriol. Pas plus que Yerberie-sur-Oise, Toulouse ne peut être allégué comme le lieu d’origine du docteur franciscain, comme le font à tort Nicolas Bertrand, De Tolosanorum gestis, 1515, J.-H. Sbaralea, Supplementum, t. ii, Rome, 1921, p. 326, la Biographie toulousaine, t. i, Paris, 1823, p. 405, la Biographie générale de Didot, t. iii, p. 772, la Chronica XXI V generalium, éd. citée, p. 470471. Tous ces auteurs fondent leurs affirmations sur des citations empruntées à divers mss., qui peuvent s’expliquer cependant sans aucune difficulté de l’activité professorale exercée à Toulouse par Pierre Auriol. Après les études approfondies, citées plus loin, consacrées à ce sujet par F. Stanonik, N. Yalois, R. Dreiling, O. F. M., et surtout par E. Albe, il est désormais dûment établi que Pierre Auriol descend d’une famille de ce nom, appartenant au diocèse de Cahors et au duché de Querey, dans l’ancienne Aquitaine, et habitant probablement aux environs de Gourdon, dans le nord du Querey (département du Lot).

La date précise à laquelle Pierre Auriol serait entré dans l’ordre des franciscains, ne peut être déterminée avec exactitude. Nous pouvons conjecturer toutefois du fait qu’en 1. Il il avait déjà publié un Tractatus de paupertale et paupere usu rerum, qu’à cette date il devait déjà appartenir depuis quelque temps à l’ordre

DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

des frères mineurs. Il y prend en effet position contre la thèse des « spirituels outrés et défend une opinion moyenne et modérée », ce qui prouve que, très probablement, il n’en est plus à ses premiers essais. E. Albe émet l’opinion qu’il aurait fait profession au couvent de Gourdon. Quoi qu’il en soit, il est acquis qu’il a appartenu à la glorieuse province franciscaine d’Aquitaine, comme l’atteste si catégoriquement Barthélémy de Pise, De conformitale, dans Analecta francise., t. iv, Quaracchi, 1906, p. 539.

En 1304, nous rencontrons Pierre Auriol à l’université de Paris. Ce fait ressort d’un passage de son Repercussorium dans lequel il rappelle qu’en sa présence on avait enseigné à Paris la théorie de l’impanation. Quæstiones disputâtes de immaculata conceptione B. M. V. Fr. Gulielmi Guarræ, Fr. Joannis Duns Scoti, Fr. Pétri Aureoli, dans Bibl. franc, schol. Medii JEvi, t. iii, Quaracchi, 1904, p. 152. Cela nous reporte, comme l’a justement fait remarquer Stanonik, et, après lui, N. Valois et M. Grabmann, Die Gesch. der scholast. Méthode, t. i, Fribourg-en-Brisgau, 1903, p. 199, note 2, à l’année 1304. Nous ne pouvons cependant admettre, comme plusieurs le soutiennent, séduits par une affirmation de Wadding (Annales minorum, t. vi, ad ann. 1308, n. 66, Quaracchi, 1931, p. 155), qu’à cette date le docteur franciscain aurait déjà été professeur à l’université de Paris, ainsi que le rival et l’émule de Duns Scot dans le professorat. Nous croyons bien plutôt qu’en 1304 Pierre Auriol était encore étudiant à l’université et rien n’empêche qu’il ait connu et fréquenté les cours de Duns Scot, revenu la même année d’Angleterre à Paris, où il demeura jusqu’en 1307. Il est, en effet, difficile d’admettre que Pierre Auriol ait déjà été professeur à cette date, puisqu’il est établi qu’il devint seulement licencié en 1318. Le texte de Wadding peut s’expliquer sans difficulté dans cette hypothèse. Il ressort, en effet, des œuvres d’Auriol que celui-ci n’a jamais été l’esclave d’aucun système déterminé, d’aucun maître, même le plus distingué et le plus renommé, et qu’en philosophie et en théologie il a suivi toujours un chemin personnel et défendu des thèses propres. Cette donnée, empruntée aux ouvrages du docteur franciscain, nous a mené à entendre l’œmulus Scoti de Wadding dans le sens que Pierre Auriol n’a jamais accepté, sur la simple autorité de Scot, les thèses et les propositions défendues par lui, mais qu’il les a d’abord examinées, pesées et critiquées. De la sorte, il pouvait déjà être appelé l’émule et le rival de Scot, bien qu’il fût encore étudiant, et cela à cause des nombreuses critiqu.es exercées et des multiples attaques lancées contre son professeur, le Docteur subtil. Nous fondant sur ces données nous préférons admettre qu’en 1304 Auriol n’était encore qu’un étudiant à Paris et élève de Scot.

Pierre Auriol a toujours professé la vénération la plus sincère et l’estime la plus intense pour l’université de Paris, qui avait fait une impression très vive sur son jeune esprit. Cela ressort abondamment de ses œuvres, principalement de la dédicace de son commentaire sur le I er livre des Sentences, ainsi que de son commentaire sur l’Apocalypse, où il prétend que saint Jean y a prédit la fondation de l’université de Paris par Charlemagne. Compendium sensus lilteraUs lotius divinse Scripturæ, Quaracchi, 1896, p. 515.

Le professorat.

Le maître franciscain exerça,

en 1312, le lectorat à Bologne, dans le Sludium générale des frères mineurs qui, en l’absence d’une faculté de théologie à l’université, était fréquenté à cette époque non seulement par le clergé régulier, mais aussi par le clergé séculier et qui a été incorporé à l’université en 1360-1364, lors de l’érection de la faculté de théologie. Cf. Fr. Ehrle, / più antichi slatuti délia facoltà

T.

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