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1807

PIERRE D’ANGLETERRE — PIERRE III D’ANTIOCHE

1808

Les théories trinitaires de Pierre l’Anglais ont été exposées par M. Schmaus, op. cit., p.. Il et 472, qui a publié également la vi c question du Quodl. III : Supposito quod Spirilus Saitctus non procederel a Filio. ulrum distingueretur personaliter ab eo. Ibid., p. 311313. Cette question peut être comprise d’une double façon, dit Pierre l’Anglais. Elle peut signifier. Est-il possible que le Saint-Esprit procède du Père par la volonté, sans qu’il procède en même temps du Fils ? Entendue dans ce sens, la question appelle une réponse négative. Elle peut signifier encore : le Saint-Esprit se distingue-t-il par deux raisons du Fils, d’abord par des relations opposées et ensuite par un mode différent d’origine, de sorte que, si la première raison fait défaut, la seconde persiste ? Entendue dans ce sens, la question appelle une réponse affirmative. Des émanations différentes doivent avoir en effet des termes différents, parce qu’un terme ne peut avoir son être par deux émanations. Il faut noter encore que, d’après Pierre l’Anglais, le principe de constitution dans une personne est aussi le principe de sa distinction des autres personnes. Or, le Fils est constitué par la filiation. C’est pourquoi il se distingue par la filiation des autres personnes divines. Enfin, Pierre l’Anglais enseigne que l’essence et la relation contribuent à la constitution de la personne. Elles concourent à la constitution de la personne non comme deux choses, non comme la matière et la forme, puisque cette façon de concourir détruirait l’unité de Dieu, mais comme deux principes partiels, qui sont essentiellement identiques et ne se distinguent l’un de l’autre que d’après le modus se habendi. L’essence constitue non le sujet de la relation, mais son fondement.

A. Pelzer, Bibliothecæ apostolicæ Va.tican.se codices Valitani lalirii, t. n a, Codices 679-1134, 1931, p. 350-353 ; P. Castagnoli, C. M., Le dis/iute quodlibelali di Pielro de Anglia, O. F. M., dans Divus Thomas (Plaisance), t. xxxiv, 11)31, p. 413-41 !) ; Nicolaus Glassberger, O. V. M., Chronica, dans Analecta franciscana, t. ii, Quaracchi, 1887, p. 114 ; (’ration de Paris, C)..M. Cap., Histoire de In fondation et de l’évolution de l’ordre des frères mineurs nu XIII’siècle, Paris, 1928, p. 458-475 ; Fr. Ehrle, Zur Vorge.sc/n’i/tfe des Concils mm Wien, dans Archiv fiir Litcralur-und Kirchengeschichte des Mittelaltcrs, t. iii, 1887, p. 38-39 ; An. Chiappini, O.F.M., Communiions resj>onsio « Religiosi viri ad Fotulum Fr. l’berlini de Casali, dans Archivum franciscanum hisloricum, t. vii, 1914, p. (559 ; M. Schmaus, Der « Liber propugnalorius des Thomas Anglicus und die Lelirunlcrschicde zii’isclicn Thomas von Aquin und Dans Scotus, IIe part., Die trinitarischen Lchrdif’lerenzen, dans Beitràge zur Geschiclile der Philos, u. Theol. des M. A., t. xxix, Munster, 1930, p. 311313 et 472.

Am. Teetært.

8. PIERRE III D’ANTIOCHE (xie siècle). Il a déjà été beaucoup question de ce personnage à propos de Michel Cérulaire. Né à Antioche, de noble et pieuse famille, il étudia à Byzance, fut secrétaire impérial, puis juge dans les provinces, embrassa ensuite l’état ecclésiastique, fut scévophylax de Sainte-Sophie et. au printemps de 1052, nommé par 1 empereur patriarche d’Antioche. Il fut sacré à Byzance des mains de Cérulaire. Il envoya alors à son clergé une lettre restée inédite. Viz. Vrem., xi, app. 2, p. 4. Arrivé dans sa ville, il envoya ses synodiques aux patriarches de Jérusalem et d’Alexandrie. Il n’oublia pas le pape de Rome. Ces trois documents viennent d’être publiés par A. Michel, Ilumber ! und Kerullarios, II’part., 1930, p. 432-454. Les deux premiers fournissent des renseignements biographiques ; la profeslion de foi ne fait absolument aucune allusion aux divergentes des Latins (Filioque, azymes, etc.). La ynodique au pape, qu’on connaissait déjà en partie par 13. Georgiadès (le futur patriarche Basile III), ./ : /i : r^’.-j.^-.< : Lr l’A~/ : rJ)z’.v., II" sér.. II 1’année, p. 167t’iH, mérite plus d’attention, lui voici la substance :

A peine promu par l’ordre de l’empereur et jetant son regard sur le monde, le nouveau patriarche s’étonne que le successeur de Pierre soit séparé du corps des Églises et n’ait aucune part avec ceux qui président aux saints enseignements. Quelle pourrait être la cause de ce schisme ? La distance ? Raison bien futile pour des sages 1 Des nouveautés dogmatiques ? Pas de notre côté (déclare Pierre), où l’on garde sans altération l’enseignement orthodoxe des apôtres et des Pères. Quant à accuser votre Église, je ne l’oserais pas avant toute certitude, sachant bien que depuis les apôtres jusqu’à ceux qui vous ont précédés, elle a gardé incorruptible l’orthodoxie. Pour refaire l’union, il n’est pas d’autre moyen que de reprendre l’antique coutume qui veut que tout nouveau chef de l’Église demande aux autres approbation de sa foi et communion. Pierre présente alors sa profession qui, au sujet du Saint-Esprit, se contente de dire que Vèy.Tzôpsuaic, est sa propriété. Il demande au pape de lui exposer ses motifs de la séparation religieuse, se réservant de l’approuver ou de le combattre, selon qu’il lui semblera juste. Nous avons dans cette lettre une nouvelle preuve, décisive, que le schisme entre Rome et l’Orient existait avant l’éclat de 1054. On aura remarqué, dans ce document, avec l’intention louable de refaire la paix religieuse, l’état d’esprit de Pierre sur les rapports d’égalité des patriarches. Dans sa réponse, Léon IX, fort habilement (A. Michel en attribue la rédaction au cardinal Humbert), loua la démarche pacifique, où il voulut voir une marque de déférence envers la chaire suprême ; il en profitait pour rappeler le rôle de celle-ci dans le monde chrétien. Il lui recommandait de veiller sur la dignité de sa propre Église, la troisième selon le rang (il ne nomme pas la seconde : c’est sans doute Alexandrie) et lui promet aide et protection pour cela. Personne n’est nommé, mais l’allusion est transparente. Quant aux causes de la séparation, Léon déclare garder la sainte unité et n’avoir rien fait de son côté pour encourir le dommage du schisme ; on a simplement été fidèle aux anciens canons qui fixent à chacun son honneur et ses droits (allusion discrète aux empiétements de Constantinople, toujours combattus par Rome). Attention plutôt à ce qui se passe en Orient pour ne point laisser croître la racine d’amertume et de dissension. Le pontife en vient à l’approbation de l’élection : libens approbat, collaudat et confirmât ; mais sous les réserves suivantes : si non hanc ( = tuam promolionem) neophijtas aut curialis seu digamus vel pretio vel alio quolibet modo sacris canonibus contrario, quod absit ! oblinuisti. U approuve ensuite la profession de foi de Pierre d’une manière très explicite : Sane fidem tuam, quam proprio scripto summie et apostolicie Sedi exposuisli, sanam et callwlicam atque orthodoxam per omnia proteslamur et sicut verc unicam et salutarem ampleclimur et luæ dilectioni vehemenler congratulantes in Domino eamdem noslram esse devolo corde et prompto ore conftlemur. Will, p. 170. La profession de foi de Pierre, qui ne portait pas le Filioque, ne le niait pas non plus. C’est tout ce que, jusqu’alors, avait demandé à Byzance le Siège apostolique. A son tour, Léon présente sa profession de foi qui contient, elle, le Filioque. Il termine par l’acceptation des sept conciles œcuméniques, en passant complètement sous silence le huitième qui avait anathématisé Photius. Cette lettre était de nature à impressionner favorablement le patriarche d’Antioche. Malheureusement, elle mit bien du temps à l’atteindre. Deux ans après avoir envoyé sa synodique, Pierre déclarait n’avoir pas encore reçu de réponse et, en la renouvelant, priait son correspondant, Dominique de Grado, de la faire parvenir au pontife. Le choix du courrier fut peut-être, au moins eu partie, la cause de ce retard. Pierre confia le document à un pèlerin d’Occi-