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1805

PIERRE D’ALIAGA -- PIERRE U’ANGLETERRE

1806

Bernard de Bologne, Bibliotheca scripiorum capuccinorum, Venise, 17 17, ». 211.

Am. Teetært.

7. PIERRE D’ANGLETERRE (de An glia), frère mineur (lin du xiir’-début du xive siècle), dont la vie et l’activité sont entourées encore d’épaisses ténèbres. — Nous savons par la chronique de Nicolas Glassberger qu’au chapitre provincial de la province de Strasbourg, tenu à Sarrebourg en 1309, ce moine fut nommé provincial de l’Allemagne Supérieure et qu’il exerça cette charge pendant sept ans, jusqu’en 1316. Il présida les chapitres provinciaux d’Ulm, en 1310 ; de.Munich, en 1311 ; de Francfort, en 1313 ; de Fribourg-en-Brisgau, en 1314 ; de Strasbourg, en 1315 ; de Wurtzbourg, en 1310, dans lequel il se démit. Il assista aussi au chapitre général tenu à Barcelone, en 1314. De plus, il est établi qu’il prit part au concile de Vienne en 1311-1312 et il est énuméré parmi les quatorze frères mineurs, maîtres en théologie ou provinciaux, qui avaient été convoqués par Clément V pour prendre part aux assemblées conciliaires. Fr. Ehrle, S. J., Zur Vorgeschichle des Concils von Wien, dans Archiv fur Literatur-und Kirchengeschichte des M. A., t. iii, 1887, p. 33. Il y est désigné : Petrus superioris Alamanix minister et magister in sacra theologia. Mais nous ignorons tout de sa carrière estudiantine, magistrale et professorale. Nous pensons toutefois qu’il faut placer sa carrière professorale tout au début du xiv siècle. Dans son second Quodlibet, conservé dans le cod. Vat. lat. 932, fol. 199 r° a, Pierre fait allusion à la constitution Inter cunctas, promulguée par Benoît XI, le 17 février 1304, dans laquelle ce pape révoquait le modus Vivendi établi entre séculiers et réguliers par Boniface VIII, dans la bulle Super cathedrarn du 18 février 1300. Pierre écrit : novum autem statutum domini Bcnedicli ponit 7 casus in quibus fratres non possunt absolvere. Le’second Quodlibet est donc postérieur à 1304 et, à cette époque, Pierre était déjà maître en théologie et professeur à l’université. Pierre l’Anglais et les treize autres frères mineurs, maîtres en théologie ou provinciaux, appuyèrent également, au concile de Vienne, les efforts de Raymond de Fronsac et de Bonagrazia pour mettre fin aux divisions intestines de l’ordre. Ils rédigèrent et présentèrent onze mémoires différents, dans lesquels ils répondent au Rotulus d’Ubertin de Casale, défenseur des spirituels. Deux de ces mémoires sont publiés : l’un Religiosi viri, signé par les quatorze frères mineurs, a été édité par A. Chiappini, O. F. M., Commit nitatis responsio « Religiosi viri » ad rotulum Fr. Ubertini de Casali, dans Arch. francise, histor., t. vii, 1914, p. 659-675 ; t. viii, 1915, p. 56-80 : l’autre Sapientia œdificavit, composé par Raymond de Fronsac et Bonagrazia, a été publié par Fr. Ehrle, art. cité, dans revue citée, t. iii, 1887, p. 95-130. Le ministre général et ses quatorze provinciaux ou docteurs parmi lesquels il faut ranger Pierre l’Anglais, d’une part, Raymond de Fronsac et Bonagrazia, de l’autre, défendirent avec beaucoup de succès la communauté contre les attaques des spirituels. Ubertin de Casale défend cependant son terrain pied à pied. De même que les deux avocats de la communauté avaient reçu l’appui de quatorze frères mineurs, maîtres en théologie ou provinciaux, venus au concile de Vienne, Ubertin était réconforté par la présence de Ange de Clareno. Il riposta à la communauté par neuf mémoires dont trois seulement nous sont parvenus : le Sanclitali apostoliese, publié par Fr. Ehrle, art. cit., dans revue citt’e, t. ii, 1886, p. 377-416 ; le Super tribus sceleribus, édité par A. Heysse, O. F. M., dans Arch. francise, hist., t. x. 1917, p. 123-174 ; une Declaratio, publiée par Fr. Ehrle, rev. citée, t. iii, 1887, p. 162-195. Mais la communauté dominait la situation et s’était

acquis une position excellente grâce à l’effort combiné du général de Raymond de Fronsac, de Bonagrazia et des quatorze provinciaux et maîtres en théologie, parmi lesquels Pierre l’Anglais occupait un des premiers rangs. Clément V promulgua le décret Fidei calholicx fundamentum, dans lequel il exposa la doctrine de l’Église sur les points où l’on avait accusé Olivi d’avoir un enseignement hérétique. Il publia aussi la bulle Exivi de puradiso, dans laquelle il s’efforce de trancher la question de la discipline régulière et de l’observance de la pauvreté. La bulle et le décret sont datés de la iiie et dernière session, 6 mai 1312, du concile de Vienne.

Pierre l’Anglais est l’auteur de trois Quodlibeta, conservés dans le cod. Vat. lat. 932, fol. 175 r° a217 v° b. Le premier débute : In disputatione noslra générait quxrebantur quxstiones xxrui "’; aliquæ fuerunt de Deo, aliquæ de creaturis, et termine : cum prius non ebullissent propler foramina scaturiginum obturala (fol. 175 r° a-189 r° a). Le second commence : In secunda disputatione nostra generali proponebantur quxstiones XX vii, aliquæ quxstiones pertinentes ad scientiam naturalem scu physicam, aliquæ pertinentes ad doctrinalem seu mathematicam, alique ad horum omnium principalem seu theoliticam ( !), et finit : sed est quxdam manuductio ad possibililatem prxdictorum facilius capiendam. Explicit et cetera (fol. 189 r° a204 r° b). Le troisième débute : In tertia disputatione nostra generali proponebantur quxstiones XXIV, quorum una lange bal generaliter Creatorem et creaturam ; quxdam vero aliæ specialiter Creatorem, aliquæ vero specialiter pertinebant ad creaturam ; et termine : communia sunt motus, quies, numerus, figura et quantitas (fol. 204 r° 6-217 v° b). Suit enfin l’index des questions traitées dans les trois Quodlibeta (fol. 204 r° b217 v° b). Les titres de ces questions ont été publiées par A. Pelzer, op. cit., p. 350-353, et par P. Castagnoli, art. cit., p. 415-419. Au fol. 218 r° a, dans la marge supérieure, on lit : Explicit tertium quodlibet editum a fratre Petro de Anglia, minislro olim Colonise, magistro in theologia ordinis fratrum minorum. Il en résulte que le copiste reconnaît également que Pierre l’Anglais fut maître en théologie et provincial de Cologne. Il ne faut cependant pas confondre Pierre l’Anglais, auteur de ces trois quodlibets, avec un autre Pierre Anglais, également frère mineur et provincial de Cologne en 1250, appelé encore Pierre de Tewkesbury ; cf. A. G. Little, The grey friars in Oxford, Oxford, 1892, p. 172. Il est en effet évident que les trois quodlibets sont de beaucoup postérieurs à Pierre de Tewkesbury. Il faut non seulement les placer après 1277, date à laquelle l’évêque de Paris, Etienne Tempier, condamna 219 propositions, dont la 96e est citée dans le Quodl. III, q. v et xi (fol. 179 r°a et 210 v° b) ; ou après 1281, date à laquelle Henri de Gand composa son Quodl. VIII, cité dans le Quodl. I, q. iv (fol. 177 v° b) de Pierre l’Anglais, comme le soutient P. Castagnoli (art. cit., p. 414-415) ; mais les Quodl. II et /// sont certainement postérieurs à 1304, date à laquelle Benoît XI promulgua la bulle Inter cunctas, citée dans le Quodl. II, q. xviii (fol. 199 r° a), comme l’a prouvé A. Pelzer, op. cit., p. 350. Il faut donc attribuer ces trois quodlibets à Pierre l’Anglais, qui fut provincial de l’Allemagne Supérieure de 1309 à 1316.

D’autre pnrt, le cod. Palat. lat. 463 contient des Conciones quadragesimales, attribuées à Petrus de Anglia, et le cod. Palat. lat. 377, fol. 24, des Quodlibeta, attribués à Petrus Anglicus. Comme nous n’avons pas examiné ces deux mss., il nous est impossible de déterminer s’il faut attribuer ces Conciones et ces Quodlibeta au même Pierre l’Anglais, qui composa les Quodlibeta cités plus haut.