Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

ISIll

    1. PIERRE A##


PIERRE A.LEXANDRE

PIERRE D’ALEXANDRIE

1 802

empêcher que les inquisiteurs le retinssent en prison, ce qui lui permit de s’enfuir de Bruxelles en 1544. Aussi fut-il dégradé, expulsé de son ordre et excommunié, à Bruxelles, le 2 janvier 1515. Le 8 novembre 15 15, il est a Heidelberg, où il devint professeur et rendit de grands services à la cause protestante, d’autant plus qu’il voyait l’électeur palatin dans l’intimité. Au commencement de 15 18, Pierre Alexandre, et son ami Pierre Martyr, furent accueillis par Granmer, archevêque de Cantorbéry, qui les retint en son palais de Lambeth à Londres et les fit prendre part à son conseil et à la rédaction du Book of Common prayer. Pierre Alexandre reçut une prébende de Cantorbéry et fut fait en outre recteur de l’église de Tousles-Saints de Lombard Street. Il y réunit les protestants wallons réfugiés à Londres. A la demande de Cranmer, Pierre Alexandre étudia spécialement les saints Pères ; aussi lui dédia-t-il, en deux volumes in-fol., deux collections de lieux communs de quelques Pères : d’abord de Denys, d’Ignace, d’Irénée, de Tertullien et de Cyprien ; ensuite, au mois d’avril 1550, d’Origène, d’Athanase et d’Épiphane. Peu de temps après l’avènement de Marie Tudor au trône (1553), Pierre Alexandre, qui s’était marié, fut divorcé de force, puis il fut cité deux fois à comparaître devant le tribunal ecclésiastique (7 et 15 mars 1554) ; il ne s’y présenta pas, mais s’enfuit de Londres à Strasbourg avec son ami Pierre Martyr. Jacques Sturm, leur protecteur, mourut à leur arrivée, son successeur Marbach les obligea à jurer qu’ils enseigneraient le protestantisme évangélique (confession d’Augsbourg). Ce qu’ils firent ; car ces deux hommes changèrent, suivant les besoins, du luthéranisme à l’anglicanisme, au calvinisme et au protestantisme évangélique. Pierre Martyr se retira bientôt à Zurich ; quant à Pierre Alexandre, il resta à Strasbourg et y devint, après la déposition de Jean Garnier, pasteur de l’Église wallonne, dans laquelle il parvint à rétablir la paix. (Cf. lettre de Pierre Martyr du 7 juin 1556.) Cependant, l’intolérance protestante de la ville de Strasbourg ne dut guère plaire à Alexandre car, à l’avènement d’Elisabeth au trône d’Angleterre, il retourna à Londres, où il signa, en 1562, la confession de foi des Églises belges. Il y mourut probablement en 1563, car, suivant les registres de l’Église wallonne, il eut en cette année maître Jean Cousin comme successeur.

Suivant le ms. 29 de la bibliothèque des bollandistes (Bruxelles), fol. 498, Pierre Alexandre a composé les ouvrages suivants : 1° Dialogus de origine novi Dei Maozini, 1. I ; 2° Apologium adversus Lovanienses, 1. I ; 3° In Romanos et Corinlhios, t. I, II ; 4° De utraque in Christo natura, 1. I ; 5° Con/essio fidei, 1. I ; 6° Loci communes veterum Patrum, 1. I (nous avons vu plus haut qu’il en écrivit deux volumes) ; 7° De matrimonio, 1. I ; 8° De prædestinatione et pnescientia, 1. I ; 9° De disciplina Ecclesi ; c, 1. I ; 10° De purgatorio christiano, 1. 1 : et 11° Ad dispersos Ecclesiæ Londinensis, I. I. Il y faut ajouter encore trois volumes de sermons, dont deux en latin et un en français, qui sont mentionnés dans la sentence d’excommunication de Bruxelles du 2 janvier 1545.

Ms. 29 de la bibliothèque des bollandistes (Bruxelles), fol. 498 ; Simler, Epitome bibliotheese Gesncr., Zurich, 1674, p. 550 fc-551 a ; J. Lelong, Biblioiheca sucra, t. ii, Paris, 1723, p. 603 b ; John Strype (1643-1737), Ecclesiastical twmorials. Oxford, 1822, passiin, cf. surtout t. II, 1° part. ; t. I, c. xxv, p. 321-322 ; Cosme de Villier, Bibliotheca carmelitana, t. ii, Orléans, 1752, col. 542-513, n. 31 ; Norbert de Sainte-Julienne († 1757), ms. 16 491 de la bibliothèque royale de Bruxelles, fol. 4 v" ; Goyers, Authores prætermissi in Biblioiheca carmelilana, p. 23, manuscr. à la fin de l’exemplaire de Cosme de Villiers à la bibl. de l’univers, de Gand ; Biographie nationale de Belgique, t. i, Bruxelles, 1866,

col. 217-21’.) ; Dixon, Hitlory o/ thc Chwch o England from Ole abolition of the roman jurisdiction, t. ii, Londres, 1881, p. 528 ; t. iv, 1801, ]>. t H) ; Gustave Tœpke, Malrikel der Universitm Heidelberg, Heidelberg, 1884, p. 503, n. 88 ; Benedict Zimmermann, Monumenta historien carmelilana, !. crins, 1007, p. 121 ; W. Horning, (lompendium historiés Ecclesiee evangelicse luiheranx Argenlorati satc. xvi, XVII, xt’in. Handbuch lier Geschichte der evangel. luth, Kirche in Slrassburg unter Marbach undPappus, XVI, Jahrhundert, II’part., Strasbourg, 1903, p. 94.

P. Anasta.se de Saint-Paul.

5. PIERRE D’ALEXANDRIE.

I. Vie et

influence. IL Fragments.

I. Vie et influence.

Pierre d’Alexandrie succéda à Théonas sur le siège d’Alexandrie trois ans avant la grande persécution, donc, dans le courant de l’année 300. Eusèbe, Hist. eccl.. VII, xxxii, 31, P. G., t. xx, col. 736. Il n’est pas certain qu’avant son élévation à l’épiscopat, il ait dirigé le Didascalée, comme le veut Philippe de Sidé. Comme évêque, Pierre fut l’honneur de l’épiscopat par la sainteté de sa vie ainsi que par sa connaissance approfondie des saintes Écritures. Eusèbe, Hist. eccl., IX, vi, 2, col. 808. Il se cacha pendant la grande persécution, mais n’en continua pas moins à s’occuper activement de son Église, particulièrement pour régler la situation des lapsi. Sur les démêlés qu’il eut alors avec Mélèce de Lyocopolis, voir t. x, col. 532.

En novembre 311, sur l’ordre exprès de Maximin Daia, Pierre fut inopinément arrêté à Alexandrie et décapité le 25 de ce mois, date de sa fête en Egypte. Eusèbe, Hist. eccl., IX, vi, 2, col. 808. Les actes de son martyre, qui sont conservés en diverses versions : latine, grecque, copte, syriaque, sont sans valeur. Voir une version latine de ces actes dans P. G., t. xviii, col. 451 sq. ; une version grecque dans Combéfis, lllustrium Christi marlyrum lecli triumphi, Paris, 1660, p. 189 sq. ; autre version grecque dans Viteau, Passions des saints, Ëcatérine et Pierre d’Alexandrie, Barbara et Antjsia, Paris, 1907 ; actes coptes dans Hyvernat, Les actes des martyrs de l’Egypte, Paris, 1897, p. 263 sq. ; actes syriaques dans Bedjan, Acta marlyrum ^t sanctorum, t. v, p. 543 sq. Cf. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Lileratur, t. ii, p. 203 sq.

Pierre d’Alexandrie a joui d’une grande autorité auprès de la postérité. Les actes du concile d’Éphèse, les traités dogmatiques de l’empereur Justinien et de Léonce de Byzance ainsi que les Sacra parallela ont conservé des fragments de ses œuvres. Les monophysites l’avaient en haute estime : ainsi Jean de Maiouma rappelle, dans ses Plérophories, qu’un monophysite de marque nommé Bomanus entendit dans le désert une voix qui lui recommandait de s’en tenir à la tradition de Pierre d’Alexandrie…, de Jules de Rome…, de Célestin, de Cyrille et de Dioscore. Cf. Revue de l’Orient chrétien, 1898, p. 340.

II. Fragments.

De l’œuvre littéraire, assez considérable, de Pierre d’Alexandrie, seuls quelques fragments nous ont été conservés.

1° A l’approche de la quatrième fête de Pâques célébrée pendant la persécution — donc au printemps de l’année 306 — la lettre festale écrite par Pierre fixait les règles pour la réconciliation des lapsi. Voir ces règles formulées en canons dans P. G., t. xviii, col. 468 sq. ; meilleure édition dans Paul de Lagarde, Reliquiw juris ecelesiastici Grœcorum, p. 67-73.

Tout en les déclarant dignes de compassion, surtout s’ils ont failli après avoir enduré la torture (can. 11), Pierre leur rappelle la nécessité de la pénitence, pour obtenir la réconciliation (can. 4). — Ceux qui sont tombés après avoir enduré la torture n’auront que quarante jours de pénitence à faire, si depuis trois ans — donc, depuis leur chute — ils ont donné des signes de repentir (can. 1). — Ceux qui ont apostasie après avoir