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PIERRE D’ALCANTA RA

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Il fonda un nouveau couvent près de Lisbonne en

1550, et Dieu bénit tellement son œuvre qu’environ dix ans plus tard la petite custodie prit le titre de province et n’était pas celle de l’ordre qui comptait h’moins de maisons. Réélu détiniteur de la province de Saint-Gabriel au chapitre de Plasencia, en 1551, et désigné, en 1552. comme custode pour le chapitre général de Salamanque en 1553, il assista à ce chapitre à titre de représentant de la province de Saint-Gabriel.

Ayant terminé, en 1551. sa charge de détiniteur, il songea à exécuter le plan de la grande réforme qu’il avait conçue et par laquelle il voulait ramener ceux qui le suivraient à la pratique austère et véritable de la règle de saint François. Avec l’assentiment du pape. Jules III. il se retira avec un compagnon, à la fin de

1551. ou au début de 1555, dans le diocèse de Coira, où. avec la permission de l’évêque, qui lui avait concédé près de la ville la petite église de Sainte-Croix de Cebollas, il s’essaya, avec un autre religieux, au genre de vie qu’il voulait faire pratiquer. Peu de temps après, il partit pour Rome et obtint de Jules III un nouveau bref, qui l’autorisait à fonder, sous la juridiction des mineurs conventuels, un couvent conforme à l’idée qu’il s’était faite d’une véritable maison de l’ordre de Saint-François. Ils se plaça sous l’obédience des conventuels pour échapper aux vives résistances que lui opposèrent les observants. Revenu en Espagne, il s’adonna entièrement à la stricte observance de la règle franciscaine, probablement d’abord à l’ermitage de Sainte-Croix de Cebollas et ensuite dans le pâturage nommé Berrocal, à la fontaine de Palancar, près de Pedroso, dans le diocèse de Palencia. où, sur un terrain que lui avait donné le chevalier Rodrigue de Chaves, le 22 mai 1557.il construisit un couvent d’après l’idéal franciscain. (Cf. Lor. Pérez, art. cit.. p. 151.) D’autres historiens affirment qu’il fonda cette pauvre retraite dès 1556.

A la mort du P. Jean Pascual qui, avec l’assentiment du ministre général des conventuels et du pape, avait fondé trois couvents de mineurs réformés en Galicie, à Redondela, Bayona et Vigo, le commissaire général des conventuels, le P. Antoine-Paulin de Santo-Quirico nomma, en 1556, Pierre d’Alcantara commissaire général des mineurs réformés d’Espagne et érigea les couvents mentionnés, avec ceux de Pedroso et de Saint-Isidore, en custodie, sous le vocable de saint Joseph. La nomination du saint comme commissaire général et l’érection de la nouvelle custodie furent confirmées par le ministre général des conventuels, le P. Jules Magnano, dans une lettre du 3 février 1 557, renouvelées dans une patente du ministre général du 18 avril 1559 et approuvées par Paul IV dans le bref Cum a nobis du 8 mai 1559, qui lui concède pleins pouvoirs pour l’érection de nouveaux couvents non seulement en Espagne, mais dans le monde entier, lui donne le droit de confirmer les custodes et d’ériger des custodies en provinces, au cas où il y aurait un nombre suffisant de couvents. Le 8 octobre 1559, le saint convoqua un chapitre à Loriana, dans lequel il promulgua la lettre du ministre général et le bref du pape. On passa ensuite à l’élection de définiteurs, à la nomination de gardiens et on reçut dans la custodie les couvents du Saint-Rosaire à Oropesa, de Deleitosa et de Viciosa. Le 9 janvier 1561, Pierre accepta le couvent de Sainte-Madeleine de Palo, dans le diocèse de Zamora et, vers la même époque, il fonda les couvents de Elche et d’spe.

Ayant atteint de la sorte le nombre de couvents requis dans le bref pontifical, le saint convoqua le chapitre au couvent de Pedroso le 2 février 1561. Il y érigea la custodie en province de Saint-Joseph et procéda aux élections des supérieurs. Christophe

Bravo fut élu provincial et Barthélémy de Sainte-Anne custos custodum avec la charge d’assister au chapitre général ; l’on organisa aussi la province et l’on prit les mesures nécessaires au fonctionnement de la réforme. Le relevé officiel de ce chapitre ainsi que le texte des constitutions ont été publiés par Lor. Pérez, art. cit., p. 153-159. Peu après, le nouveau provincial partit pour Rome afin d’y rendre compte au ministre général des décisions prises au chapitre. Il fut reçu à bras ouverts par le général des conventuels, moins bien cependant par les 1ères de l’Observance, qui ne purent pardonner aux membres de la province de Saint-Joseph de s’être détachés d’eux et de s’être mis sous la juridiction des conventuels. Aussi, dès ce moment, les observants s’efforcèrent par tous les moyens de faire rentrer la province de Saint-Joseph sous leur juridiction. Ils travaillèrent dans ce sens auprès des cardinaux et du pape.

Ne voulant prendre à lui seul la responsabilité de décisions importantes, le saint convoqua, le 12 avril 1561, les membres de la province de Saint-Joseph à Saint-Jean de Bobadilla d’Oropesa et leur transmit les desiderata contenus dans les diverses instances qui lui avaient été adressées. Les Acta sanctorum. oct. t. viii, p. 637, placent ce chapitre en 1562. Après mûres réflexions et délibérations on décida, à l’unanimité, de faire d’abord tout le possible pour rester sous l’obédience des conventuels. Si cela ne réussissait pas, on demanderait d’être soumis immédiatement au Saint-Siège. Si aucune de ces alternatives ne pouvait aboutir, on se résignerait, dans ce cas, à passer à l’obédience des observants. On ajoutait toutefois qu’on laissait tout au jugement du pape (c’était Pie IV). On délégua à Rome le P. Barthélémy de Sainte-Anne avec pleins pouvoirs pour traiter les affaires de la province à Rome. Celui-ci se mit immédiatement en route. A son arrivée à Gênes, il apprit que le général des observants était à Venise. Il alla l’y trouver et discuta avec lui la question de l’obédience. C’est là que Barthélémy décida de faire passer la province de Saint-Joseph à l’obédience des observants. Il se dirigea ensuite sur Rome que le provincial Christophe Bravo avait quittée entre temps pour retourner dans sa province. Le P. Barthélémy exposa à Rome les décisions du chapitre et, voyant que les deux premières propositions ne pouvaient aboutir, il décida de passer à nouveau à l’obédience des observants. Pie IV approuva, confirma et ratifia cette décision par la bulle In suprema du 25 janvier 1562, qui ne fut cependant exécutée, pour des raisons ignorées, que le 16 mars 1563. Les Acta sanctorum, oct. t. viii, p. 638, soutiennent que Pie IV porta cette bulle, le 25 janvier 1563. Quoi qu’il en soit, il est certain que Pierre d’Alcantara était déjà mort quand la bulle fut exécutée. Pendant qu’il faisait la visite des maisons réformées, il tomba malade au couvent de Viciosa. Comprenant que le moment était venu d’aller recevoir la récompense de ses travaux, il se fit porter au couvent d’Arenas, dans le diocèse d’Avila, qu’il habitait depuis le mois d’avril 1562 et où il épuisa ses dernières forces à aller voir sainte Thérèse à plusieurs reprises. Dès qu’il y fut arrive, on lui administra les derniers sacrements et il rendit doucement à Dieu sa belle âme, le 19 octobre 1562. Grégoire XV le béatifia le 18 avril 1627 ; Clément IX célébra sa canonisation le 28 avril 1669. L’histoire du merveilleux développement que prit la réforme après la mort de saint Pierre et des nombreuses fondations qu’il le effectua se lit dans l’article cité de Lor. Pérez (p. 16 l 175) et dans Acta sanctorum, oct. t. viii, p. 639-642.

Un des traits caractéristiques de saint Pierre d’Alcantara était l’esprit de pénitence, poussé jusqu’à la pratique des austérités les plus effrayantes. Il y joi-