Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée

L793

PIERRE (B RTH ELEM Y

P IE HRK D’ALCANTARA

1794

avait été mêlé aux attaques menées par la faculté de 1 Jouai contre Lessius. — 5. Avec d’autres théologiens de Douai, François Silvius, Georges Calvenerius, Jacques Pollet, notre auteur travailla à une édition de la Somme théologique de saint Thomas, Douai. I(il4. revue et complétée en 1623.

Foppens, Bibliolheca belgica, l. i, lL’ii), p. 120 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, l. viii, Louvain, 1766, p. 76-84 ; II. —H. Duthillœul, Bibliographie douaisienne, Paris, 1835 ; A.-C. De Schrevel, art. Peeters (Barthélemi), d ins Biographie nalionale.de Belgique, t. xvi, Bruxelles, 1901, col. 839-847 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 792-793.

É. Amann.
    1. PIERRE D’ALCANTARA (Saint)##


3. PIERRE D’ALCANTARA (Saint), frère mineur espagnol et réformateur (xvie siècle).

I. Vie.

Né en. 1499 dans la petite ville d’Alcantara, le jeune Pierre Garavito fit ses premières études dans sa ville natale, dont son père, Alphonse, était gouverneur. Ayant perdu celui-ci vers l’âge de 14 ans, sa mère, la noble Marie de Sanabria y Maldonado, convola en secondes noces, tandis que Pierre alla perfeclionner ses études à l’université de Salamanque. De retour à Alcantara, il résolut de devenir frère mineur et en prit l’habit en 1515, à l’âge de 16 ans, au couvent de Los Majaretes, enfoncé dans les montagnes qui séparent la Castille du Portugal. Là, dans un complet isolement des choses et des affections de la terre, il s’abandonna sans réserves aux pratiques de la pénitence, à la prière, à la pauvreté la plus absolue, à l’abnégation de lui-même, au renoncement le plus complet. Il déclara une guerre à mort à sa chair ou plutôt, selon ses propres expressions, il fit un pacte avec son corps : il lui promit de le laisser se reposer dans l’éternité, mais il exigea qu’il se laissât maltraiter ici-bas jusqu’à la mort. Après sa profession, il fut envoyé dans le couvent de Belviso, en un lieu éloigné de toute habitation. La haute sainteté de la vie austère et mortifiée qu’il menait attira sur lui les regards des supérieurs. Déjà en 1519, âgé à peine de vingt ans et avant d’avoir été promu au sacerdoce, Pierre fut choisi pour diriger un petit couvent dans la ville de Badajoz, métropole d’Estramadure. Le temps de son gardiennat expiré, son provincial lui commanda de se préparer à recevoir les ordres. Il reçut la prêtrise en 1524. Le P. Lorenzo Pérez, O. F. M., dans La provincial de San José fundada por San. Pedro de Alcantara, dans Archivo ibero-americano, t. xvii, 1922, p. 150151, fait remarquer toutefois, à rencontre de tous les auteurs, que saint Pierre d’Alcantara fut nommé, en 1519, gardien du couvent de Notre-Dame-des-Anges de Robledillo, dans la province de Câceres.

A la suite de son ordination, Pierre exerça le ministère de la parole pendant une année et ce fut pendant ce court espace de temps qu’il se forma à cette éloquence mâle, sévère, vraiment apostolique, qui fit de lui, dans la suite, un puissant instrument de conversions. Devenu, en 1525, gardien du couvent de Notre-Dame-desvnges de Robledillo, il employa ses loisirs à l’étude de l’Écriture sainte et de la tradition. Puis il reparut dans la chaire. Pendant plusieurs années, il prêcha la pénitence au peuple et répandit autour de lui le feu de l’amour divin qui le brûlait.

Au chapitre provincial, qui se tint le 12 décembre 1528 à La Lapa, et dans lequel le P. Michel Roco, parent de Pierre d’Alcantara, fut élu provincial, le saint fut nommé gardien du couvent de Plasencia. Au chapitre suivant, qui eut lieu à Badajoz le 14 février 1531, le provincial nouvellement élu, Diego de Chaves, cédant aux sollicitations générales de la population, qui le suppliait de laisser le saint en résidence dans leur ville de Badajoz, afin qu’il se vouât au salut de leurs âmes, força, en vertu de l’obéissance,

le saint religieux a s’y fixer. Le saint vint donc habiter le couvent de Badajoz, et, avec son zèle accoutumé, se mit à travailler sans relâche au bien des âmes. A l’occasion d’un chapitre provincial, tenu en décembre 1532, saint Pierre d’Alcantara sollicita et obtint la permission de se retirer dans une résidence solitaire. Le provincial lui assigna alors le couvent désert de Saint-Onuphre de La Lapa, à la condition qu’il le gouvernerait en qualité de gardien. Le saint y resta jusqu’au chapitre suivant, qui se tint à Badajoz au mois d’octobre 1535, et où il y fut élu définiteur. C’est à cette époque (1535-1538) qu’il faut placer les voyages du saint à la cour du Portugal où sa réputation de sainteté l’avait déjà précédé. Le roi, Jean III, pria le provincial de lui envoyer le saint à Lisbonne pour le consulter sur quelques difficultés relatives à sa conscience. Pierre obéit et ce n’est qu’avec peine que Jean le vit s’éloigner après une première entrevue. Il ne tarda d’ailleurs pas à le rappeler près de lui. Pendant ce double voyage, le saint convertit beaucoup de seigneurs de la cour et engagea l’infante Marie, sœur du roi, à renoncer au monde. Au chapitre d’Albuquerque, en octobre 1538, saint Pierre d’Alcantara fut élu provincial par acclamation. Aussitôt, il songea à établir une discipline sévère, qui rencontra au début des oppositions nombreuses. Le saint rédigea de nouveaux règlements qu’il réussit à faire approuver à l’unanimité au chapitre de Plasencia, en 1540, après une faible résistance de quelques observants. Le temps de son provincialat étant expiré, en 1541, il se retira en 1542 avec le P. Jean del Aguila ; tous deux rejoignirent le P. Martin de Sainte-Marie qui, à cette date, jetait, près de Lisbonne, les fondements d’une réforme austère et élevait un ermitage à l’embouchure du Tage, dans les montagnes désertes de l’Arabida. Le duc d’Aveiro ayant fourni le terrain et les matériaux nécessaires pour bâtir les cellules, on vit bientôt s’élever un couvent, dans lequel tout respirait la mortification, la pauvreté, le mépris du bien-être et des petites commodités de la vie. Les cellules étaient petites et basses ; un peu de sarment étendu par terre formait la couchette ; le reste du mobilier était tel que des pauvres mêmes l’eussent méprisé. De plus, les ermites d’Arabida marchaient nu-pieds et sans sandales et s’interdisaient absolument l’usage de la viande et du vin. Le général Jean Calvo se trouvant à cette époque en Espagne, rendit une visite à l’ermitage et il fut si édifié des exemples qu’il avait sous les yeux, qu’il approuva la réforme, accorda la permission d’ériger un noviciat et de former une custodie avec les deux autres couvents de Palhaës et de Santarem. Le custode fut le P. Martin et saint Pierre d’Alcantara fut chargé de l’éducation des novices au couvent de Palhaës.

Rappelé dans sa province en 1544, le saint fut de nouveau élu définiteur et chargé de reprendre le cours de ses prédications. A la suite du chapitre d’Alconchel, en 1548, où la réélection de Pierre d’Alcantara au provincialat, qui semblait à tous.s’imposer, se vit, avec une mise en scène aussi profondément édifiante qu’émouvante, contrariée par un vouloir manifestement providentiel, le saint se retira avant l’été de la même année, en compagnie de son saint ami, frère Jean del Aguila, dans le couvent de Saint-Onuphre de La Lapa. Et là, dévorés de ferveur et également appliqués à la pénitence, ils conféraient ensemble sur la propagation et le développement de la réforme entreprise au Portugal, une dizaine d’années auparavant. Il s’y retira pour préparer une deuxième campagne au Portugal, où, déjà avant la fin de 1548, il était venu avec Jean del Aguila pour y raffermir et perfectionner la réforme d’Arabida, dont le custode le P. Martin, était mort entre temps.