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PIERRE SAINT) PIERRE (BARTHÉLÉMY


veaux cieux et une terre nouvelle, où la justice aura sa demeure ». iii, 13. Cette idée d’un renouvellement universel appartenait depuis dis siècles à la tradition prophétique : cf. Is., i.xv, 17 : i.xvi, 22 ; elle était courante dans les milieux juifs au début de l’ère chrétienne, car on la retrouve dans le Livre d’Hmoch, xi.v. 4-5 : lxxii, 1 ; xci, 16, dans le Livre des Jubiles, i. 29, dans l’Assomption de Moïse, x, 6, dans le /Ve livre d’Esdras, vii, 31 : viii, 52-54, etc. Jésus lui-même avait annoncé une » palingénésie » générale, cf. Matth., xix. 28, et l’Apocalypse de Jean note l’apparition « d’un ciel nouveau et dune terre nouvelle » après le grand jugement, xxi, 1.

L’inspiration prophétique.

Voulant montrer

comment la foi chrétienne repose sur un double témoignage divin, l’auteur rappelle d’abord le témoignage solennel rendu en faveur du Fils par le Père lors de la transfiguration, i. 16-18 ; puis il parle du témoignage de la « parole prophétique », auquel les croyants doivent prêter grande attention pour être éclairés par lui. i, 19. Suit une explication sur ce second témoignage : « Aucune prophétie de l’Écriture ne comporte d’interprétation arbitraire. » i, 20. Il s’agit manifestement des oracles prophétiques de. l’Ancien Testament. Pour en saisir le vrai sens et toute la portée, les fidèles doivent les interpréter, non d’après leurs goûts personnels ou leurs idées particulières, mais en conformité avec les indications du magistère spirituel et en tenant compte de la nature et de l’origine de ces oracles. En effet « ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été produite, mais c’est sous l’impulsion de l’Esprit-Saint (ûtto Tl-Jv’yj.y.-oz àyîou çspepisvoi.) que des hommes ont parlé de la part de Dieu ». i, 21. Telle est la raison profonde de l’insuffisance ou de l’impuissance de l’interprétation individuelle appliquée aux oracles prophétiques. La prophétie ne provient pas de l’homme et n’est pas un témoignage humain. Sans doute, quelquefois, des hommes ont prétendu parler au nom de Dieu, alors qu’ils parlaient de leur propre inspiration ; mais ceux-là étaient de faux prophètes ; cf. Jer., xxiii, 26 sq. Les vrais prophètes, eux, n’ont parlé que parce que l’Esprit-Saint les poussait à le faire en leur inspirant les paroles qu’ils devaient prononcer. Ce qui est dit ici des oracles prophétiques « parlés » s’applique évidemment, dans la pensée de l’auteur, aux oracles « écrits », c’est-à-dire au recueil des Écritures prophétiques.

Il est hors de doute que les Juifs croyaient à l’inspiration de leurs Livres saints. Sur ce point, nous avons le témoignage formel’et suffisamment explicite de Philon et de Josèphe. Sans doute, Philon a parfois confondu inspiration et extase, mais en un passage du Quis rerum divinarum hères est, 52-53. il s’exprime avec clarté et précision, qualifiant le prophète de ftzo’j'.zr-’.c. Quant à Josèphe, il emploie à propos des prophètes juifs le mot technique d’inspiration (sthttmv.

'J : Il n’existe, écrit-il, aucune divergence dans

nos écrits, puisque, seuls, les prophètes ont raconté les faits lointains et anciens pour les avoir appris par une inspiration divine… Contre Apion. i. 8. Ainsi l’auteur de la // a Pétri se trouve dans la ligne droite de la tradition juive, quand, pour bien marquer la valeur du témoignage prophétique, il déclare que l’Esprit-Saint lui-même a été l’inspirateur des prophètes de la Loi ancienne. Il emploie le passif <pepop : evoi comme pour mieux souligner l’activité toute-puissante de l’Esprit sur les facultés des hommes inspirés.

Certains critiques ont soutenu que « la parole prophétique », i, 10, doit s’entendre d’une révélation touchant la parousie. la fin du monde présent et le sort des bons et des mauvais, ou simplement l’Apocalypse de Pierre : cf. A. Loisv. Les livres du Nouveau Testa ment, p. 239-2-10 ; mais cette interprétation ne s’accorde pas avec le contexte immédiat, où l’Écriture est mentionnée explicitement, i, 20, ce qui indique que l’auteur avait en vue les oracles des anciens prophètes. Sur cette question, voir l’article Inspiration de l’Écriture, t. vii, col. 2070.

On trouvera une bibliographie copieuse dans L.-Cl. billion, à la fin de l’article Pierre ( I" et II" (’Ltire de saint) dans le Dictionnaire de la Bible de Vigouroux ; de même, dans, 1. Moffatt, An introduction la ihe literature o/ Ihe New Testament, 3e édit., p. 318-319, 358-359, Edimbourg, 1920.

Commentaires sur la i a et la 71 a Pétri. — 1° Catholiques.

— L.-Cl. Fillion, La sainte Bible commentée, t. viii, p. 658715, Paris, 1904 ; J. Felten, Die zwei Bricfe des heiligen Pelrus und der Judasbrief, Ratisbonne, 1929 ; M. Meinertz et V. Yrede, Die heilige Schrift des neuen Testamentes, t. ix, 4e édit., Bonn, 1932, p. 79-142. — 2° Non-catholiques.

— F.-H. Chase, article Peter ( firsi epistle, second epistle), dans le Diciionarij of the Bible de Hastings ; C. Bigg, Episiles of St. Peter and St. Jude, Edimbourg, 1910 ; J.-B. Mayor, Epislle o/ St. Jude and the II epistle o/ St. Peter, Londres, 1907 ; G. AV. Blenkin, The I epistle gênerai of Peler, Cambridge, 1914 ; M.-Rh. James, The II epistle gênerai o} Peler and the gênerai epistle of Jude, Cambridge, 1912 ; J. Moffatt, The gênerai episiles, p. 85-213, London, 1928 ; R. Knopf, Die Bricfe Pétri und Judm, Gœttingue, 1912, dans le Kommentar iiber das neue Testament de Meyer ; G. Wohlenberg, I. und IL Petrusbrief und Judasbrieꝟ. 3° édit., Leipzig, 1923, dans le Kommentar zum neuen Testament de Zahn ; H. Windisch, Die kalholisehen Briefe, 2e édit., Tubingue, 1930, dans le Handbuch zum neuen Testament de Lietzmann ; von Soden, Bricfe des Petrus, 3e édit., Fribourg-en-B., 1899, dans le Iland-Commentar de Holtzmann ; H. Gunkel, Der erste Brief des Petrus, dans Die Sehriften des neuen l’esiamenls de J. Weiss, t. iii, , 3e édit., Gœttingue, 1917, p. 248-292 ; G. Hollmann et W. Bousset, Der Brief des Judas und der zweite Brief des Pelrus, dans le même ouvrage, t. iii, p. 303-318.

A. Tricot.

2. PIERRE Barthélémy est le nom francisé du théologien flamand Peeters qui est souvent appelé aussi Barthélemi Pétri (1545-1630). Né à Op-Linter (Brabant) en 1545 ou 1546, il fit à Louvain ses études de lettres et de théologie, enseigna d’abord la philosophie à la pédagogie du Porc, où il eut po-ur élève le célèbre Lessius et passa à Douai en même temps qu’Estius, en 1580 ; il y prit le bonnet de docteur en 1584, sans que l’on puisse préciser quelle chaire il occupa d’abord. A la mort d’Estius, 1613, il remplaça celui-ci dans la première chaire de théologie et mourut le 24 février 1630, n’ayant pas cessé, malgré son âge, de remplir d’importantes fonctions.

Exécuteur testamentaire d’Estius, B. Peeters a publié le commentaire du célèbre exégète sur les épîtres paulines et les épîtres catholiques ; il est partiellement responsable de la rédaction définitive à partir de I Joa., v, 7 ; le tout parut en deux vol. in-fol., 1614 et 1616. De même, il revisa pour une 2e édit. (1629) les Annotationes in prieeipua ac difficiliora sacræ Scripturæ loca du même auteur, publiées d’abord en 1621. Comme œuvres personnelles, B. Peeters a donné : 1. Un commentaire latin sur les Actes des apôtres. in-4°, Douai, 1622. — 2. Præceptiones logicse, in-12. Douai, 1625, 1635. — 3. Vincentii Lirinensis Galli, adversus prophanas hæreseon novaliones libellus vere aureus, distinctus in capita et notis uberioribus opéra viri docli illustralus, Douai, 1611, édition annotée du célèbre Commonitorium.. — 4. Apostolicæ Sedis definitiones veteres de gredia Dei, Douai, 1616, 2e éd.. très augmentée, 1627, recueil, avec quelques notes historiques, des décisions rendues par les papes de l’antiquité, Célestin, Léon I er, Gélase, Hormisdas, Félix IV, en faveur de de l’augustinisme, soit au début de la querelle semi-pélagienne, soit à propos du concile d’Orange. C’est une sorte de manifeste à rencontre du « molinisme » avant la lettre ; B. Peeters