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PIERRE SAINT ;. I Je ÉPITRE, DOCTRINE


pense de leurs bonnes œuvres, est au Christ, I, 11. Son avènement glorieux (7rapouaîa) est garanti par sa promesse qui ne peut manquer de se réaliser, ni, 1, 9. En tant que Fils, il est distinct du l’ère, de qui il a reçu honneur et gloire, i, 17. Il est l’objet de cette connaissance (èniyvo>oi.ç), que l’auteur présente comme le terme et le couronnement des vertus exigées du vrai croyant, i, 8 ; iii, 18. La gloire lui appartient comme un bien inaliénable « maintenant et au jour de l’éternité ». m, 18. Quant à l’Esprit-Saint, il est dit de lui qu’il a inspiré les prophètes, i, 21, dont les oracles doivent être présents à la mémoire des fidèles, iii, 2.

La sotériologie.

Le mot Sauveur (aojTr, p) se lit

cinq fois dans l’épître, i, 1, 11 ; ii, 20 ; iii, 2, 18. On remarquera que dans aucun autre écrit du Nouveau Testament, pas même dans les épîtres pastorales, ce titre ne revient aus.si souvent, compte tenu de la longueur des documents. On ne le rencontre pas une seule fois dans la Z" Pétri. Ce qui est également significatif, c’est que l’auteur emploie ce terme non comme un simple qualificatif, mais comme un titre personnel, un nom propre, un véritable synonyme de Jésus-Christ.

Le Christ a payé la rançon des croyants, ii, 1, ce qui ne peut s’entendre que de la dette due à la justice divine du fait du péché ; cf. I Petr., r, T8-19. C’est par le baptême que l’homme est purifié de ses fautes, i, 9, et introduit dans « la voie de la justice ». ii, 21. Le principe du salut vient de Dieu qui « appelle » et qui « choisit », i, 10, dans le but d’élever la créature régénérée à une dignité supérieure, qui est la participation à la vie divine, i, 4 ; la foi est proprement un don d’en haut, i, 1, mais le salut final ou l’entrée dans le royaume du Christ suppose de la part du chrétien la pratique d’un certain nombre de vertus, i, 5-8, les bonnes œuvres, i, 10, et l’obéissance aux commandements, ii, 1-22 passim. Le fidèle doit se garder pur de tout péché car celui qui reviendrait aux désordres moraux d’avant sa régénération spirituelle se trouverait dans un état pire que le premier : il eût mieux valu pour lui ne jamais connaître la voie de la justice, ii, 2022. Quant ; iu péché lui-même, c’est un acte mauvais qui procède du désir ou de la convoitise, i, 4 ; il produit la souillure, la corruption et provoque la colère de Dieu, a, 1, 3, 9-10, 19-20. Ceux qui suivent les convoitises de la chair recevront sûrement le salaire de leur iniquité, car ils deviendront par là « des enfants de malédiction ». ii, 12-14. Le « jour de Dieu », ou « jour du Seigneur », sera pour les impies le jour du jugement, de la condamnation et de la ruine, iii, 7, 10, 12 ; aussi est-il recommandé au croyant de faire tous ses efforts pour être trouvé alors « sans souillure et sans tache ». m, 14.

L’angélologie.

Il est parlé des anges rebelles à

propos des châtiments terribles que la justice divine réserve aux pécheurs, ii, 1 sq. « Dieu, est-il dit, les a précipités dans les cavernes ténébreuses de l’enfer, où il les garde pour le jugement. » ii, 4. La nature du péché des anges n’est pas indiquée. On sait qu’il existait sur ce point une double tradition dans les milieux rabbiniques : l’une avait pour point d’appui le récit de la chute, Gen., m ; cf. Deut., xxxii, 8 (dans le texte grec) ; l’autre se rattachait au récit du déluge, où se trouve racontée, dans le préambule, la prévarication des « fils de Dieu ». Gen., vi, 1 sq. Il est probable, d’après le contexte, que l’auteur avait en vue ce dernier passage, car il parle du déluge après avoir fait mention des anges pécheurs, ii, 5. Quant à l’expression creipoîç (ce mot est mieux attesté que oetpaïç dans la tradition manuscrite) Çoçou Tiyp-rapwcraç, ii, 4, elle a sans doute été suggérée ou inspirée par un passage du livre d’Hénoch, où le châtiment des mauvais anges est décrit en ces termes : « Le Seigneur dit à Raphaël : Enchaîne Azazel, pieds et mains, et jette-le

dans les ténèbres… Couvre-le de ténèbres, et qu’il y reste éternellement… Et à Michel le Seigneur dit : Va, enchaîne Semyaza et ses compagnons… sous les collines de la terre jusqu’au jour de leur jugement et de leur consommation, jusqu’à ce que soit consommé le jugement éternel », x, 4-5, 11-12 ; cf. F. Martin, Le livre d’Hénoch, p. cxvii, 22 sq. La même image se retrouve dans l’épître de Jude, 0, à propos de la chute et de la punition des anges rebelles.

L’eschatologie.

La vie terrestre est comparée à

un— séjour provisoire sous la tente, i, 13 ; cf. II Cor., v, 1 (axîjvoç) ; I Petr., i, 1 (Tïàpoiy.oç) ; ii, 11 (-xpsirî-S’/)u.oç).

On a vu plus haut comment l’auteur défend contre certains railleurs la croyance à la réalité de la parousie ou de l’avènement glorieux du Seigneur, iii, 3 sq. Il proteste énergiquement contre l’attitude et les propos des sceptiques qui s’en vont répétant : « Où est la promesse de son avènement ? » Contre les négateurs, il affirme que « l’accomplissement de cette promesse n’est pas retardée, comme quelques-uns le croient ». m, 9. Seulement, il rappelle la parole de Jésus relative au temps et au moment de la fin : « Le jour du Seigneur arrivera comme un voleur », iii, 10 ; de plus, la date de la parousie étant inconnue, il donne à ses correspondants des conseils sur la nécessité et la manière de s’y préparer, iii, 11-12. Il paraît même dire que cet événement pourrait être avancé par la sainteté et les œuvres pies des fidèles (ctts’JSovtxç pouvant être entendu au sens de « hâtant » ), iii, 12, ce qui rappelle certaines croyances qui avaient cours dans le monde juif relativement au retard et à l’avance des temps messianiques. Enfin, il fait remarquer que la proximité de la parousie est chose relative, car « un jour auprès du Seigneur est comme mille ans, et mille ans comme un jour », iii, 8 ; comme il s’agit d’un des éléments constitutifs du plan divin, on ne saurait lui assigner une place quelconque dans le cadre chronologique humain.

Une particularité de l’épître en ce qui concerne l’eschatologie, c’est la mention du feu comme agent destructeur du monde : à la fin des temps « les éléments seront dissous dans l’incendie, la terre sera consumée avec les ouvrages qu’elle renferme ». ni, 10, 12. Cette croyance à l’embrasement général du xôa(j.oç et à la conflagration universelle ou résorption de toutes choses par le feu était, dès avant l’ère chrétienne, un des points fermes de la doctrine stoïcienne ; cf. É. Bréhicr, Histoire de la philosophie, t. i, p. 313. Chez les Juifs, ce n’était pas une opinion communément reçue, car Philon la rejette énergiquement : cf. De incorruplibilitale mundi ; cependant, on ne saurait douter que certains docteurs l’aient acceptée, car elle apparaît dans les Oracles sibyllins, iv, 172-1 82 ; v, 155-161, 200-213, 274 sq., et Josèphe rapporte qu’ « Adam avait prédit un cataclysme universel, occasionné, d’une part, par un feu violent et, de l’autre, par un déluge d’eau ». Antiq. jud., i, II, 3. Ceux des rabbins juifs qui professaient cette opinion.pouvaient s’autoriser de plusieurs textes de l’Ancien Testament, où Dieu était représenté comme venant dans le feu. détruisant ses adversaires par le feu, jugeant le monde au milieu du feu ; cf. Is., lxvi, 15, 16, 22 ; Dan., vu. 9 sq. ; Ps. xcvii, 3, etc. Dans le Nouveau Testament, on relève deux passages où saint Paul parle du feu à propos du jugement qui décidera du sort de chacun et inaugurera l’ère nouvelle, I Cor., iii, 13 ; II Thess., i, 8 ; mais c’est seulement dans la 11* Pétri qu’il est dit que les cieux et la terre seront détruits par le feu. La même croyance, partagée par saint Justin, Apol., i, 20. se retrouvera plus tard dans la strophe liminaire du Dies ira ;  : Dies illa solvct saclum in favilla.

Le monde présent disparu, apparaîtront « de nou-