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    1. PIERRE (SAINT)##


PIERRE (SAINT). IIe ' ÉPITRE, DOCTRINE

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mus aux autres les diverses Églises fondées dans les grands centres du monde gréco-romain. On sait que,

trente ans plus tard, saint Clément de Rome avait à sa disposition un véritable corpus paulinum qui, d’après les citations ou références, devait comprendre au moins une demi-douzaine d'épîtres pauliniennes. Or, d’après le contexte, l’auteur de la // a Pétri l’ait allusion seulement à certaines lettres de saint Paul, celles où il est question soit de l’avènement du jour ou jugement de Dieu. m. 12-14, soit des désordres du genre de ceux décrits dans le c. il. Sans doute, il est impossible de prouver que saint Pierre ait connu telles ou telles des épîtres pauliniennes où il est parlé de l’un ou de l’autre de ces sujets, comme les épîtres aux Thessaloniciens, la I re aux Corinthiens, l'épître aux Colossiens et celle aux Éphésiens ; mais si l’on songe que saint Luc utilisait, aux environs de l’an 70, plusieurs relations des faits évangéliques, Luc., i, 1 sq., on admettra sans peine que saint Pierre pouvait avoir en mains, quelques années plus tôt, la copie de plusieurs lettres de saint Paul, soit de celles qui figurent dans notre collection canonique, soit de celles qui se sont perdues : cf. Souter. The text and canon of the New Testament, p. 163-164. Par conséquent, la mention des écrits pauliniens dans ni. 15-16, ne saurait constituer une preuve apodktique contre l’authenticité pétrinienne de la II* Pétri. Ce qui est beaucoup plus troublant, c’est l’assimilation des épîtres de saint Paul aux Écritures saintes, car, d’une part, cela suppose que l’auteur les tenait pour inspirées et reproduisant la parole de Dieu au même titre que les livres de Moïse et les oracles des prophètes, cf. i, 20-21, et, d’autre part, on constate dans la plus ancienne littérature chrétienne que les différents écrits néo-testamentaires ne reçurent l’appellation d' « Ecritures » que vers le milieu du iie siècle (pour la première fois dans la II épître de Clément, ii, 4, à propos de l'évangile de saint Matthieu) ; cf. A. Loisy, Histoire du canon du Xouveau Testament, p. 12 ; Leipoldt, Geschichte des neuleslamentlichen Kanons, t. i, p. 113 ; E. Jacquier, Le Xouveau Testament dans l'Église chrétienne, t. i, 2e édit., p. 34.

Ad V™ et YIum. Au témoignage de saint Paul, il se trouvait au temps de la première génération chrétienne des fidèles préoccupés jusqu'à l’angoisse des conditions, des modalités et du temps de la parousie ; cf. surtout les deux épîtres aux Thessaloniciens ; mais, comme nulle part, dans le Xouveau Testament, il n’est fait mention de doutes touchant la réalisation même de l'événement attendu, sauf dans II Petr., iii, 4, 9, ce qui est dit en ce dernier passage s’explique difficilement si la lettre est de saint Pierre lui-même.

Ad YII am.. Il a été dit plus haut que l’identification des faux docteurs combattus dans la 7/ a Pctri avec les gnostiques du début du iie siècle ne saurait être présentée comme une chose certaine. Il est question dans les lettres de saint Paul, de maîtres pervertis dont les agissements et les enseignements étaient préjudiciables à la vie morale comme à la foi des fidèles. Il est possible, pour ne pas dire vraisemblable, que l’auteur de la I h Pétri avait en vue des errements du même genre.

Ad YIIIum. Les termes et expressions signalés comme dénotant une date de composition postérieure à l'âge apostolique figurent tous dans le vocabulaire de la Koinè dès le I er siècle de notre ère et, par conséquent, pouvaient être employés du vivant de saint Pierre ; pour le détail, voir J. Dillenseger, L’authentieilé < ! « la II* Pétri, dans Mélanges do la faculté orient’Hr de l’université de Beyrouth, t. ii, p. 189 sq.

I Conclusions. — Lu somme, la preuve n’est pas faite que l'épître ne peut être de saint Pierre. En regard des objections mises en avant par les critiques qui rejettent l’origine pétrinienne de la lettre, il faut

inscrire les arguments que produisent les partisans ou défenseurs de l’opinion traditionnelle. Ceux-ci foui remarquer avec raison : 1. qu’après l’an 70 le problème de la parousie avait perdu de son actualité et de son acuité ; 2. qu’un auteur écrivant à la fin du r r siècle ou dans la première moitié du IIe n’eût pas manqué de faire allusion au « chiliasme » ou millénarisme en citant le psaume xc, I ; cf. II Petr., ni, 8 ; 3. qu’un faussaire eût inséré dans sa composition des délails ou des traits spécifiquement pétriniens pour être plus sûr de la faire passer pour une épître de saint Pierre ; 4. que la tonalité générale de la // a Pétri s’accorde avec ce que nous savons de l'état ou de la vie des communautés chrétiennes durant l'âge apostolique ; 5. qu’on ne relève, dans cette épître, aucune des notes caractéristiques de la littérature apocryphe mise en circulation au iie siècle sous le nom ou le patronage de saint Pierre ; ti. que l’attestation d’Origène est à elle seule une garantie de l’authenticité pétrinienne, étant donné que cet écrivain représentait une tradition ancienne, celle de Pantène et de Clément d’Alexandrie, et que lui-même savait contrôler les informations recueillies par lui ou mises à sa disposition. A la vérité cette remarque est peu concluante, car Origène, à coup sûr, s’en est laissé imposer par la littérature apocryphe relative aux apôtres.

Sans doute, les difficultés soulevées contre l’origine pétrinienne ne disparaissent pas complètement ; on doit même reconnaître que plusieurs d’entre elles subsistent presque entièrement ; cependant, l’attribution traditionnelle demeure légitime et, dans une large mesure, justifiée. L'épître aurait été composée à Rome, sous le contrôle et l’inspiration de saint Pierre, dans les derniers mois qui ont précédé son martyre, soit vers la fin de 63, soit dans la première moitié de 64.

Zahn et Wohlenberg pensent que la II a Pétri a été écrite d’Antioche, vers 60-63, pour des judéo-chrétiens de Palestine, avant le départ de saint Pierre pour Rome et antérieurement à la composition de la 7 a Pétri. Belser, Spitta, Kûhl, Cornely, Camerlynck, SchâferMeinertz, Felten, Bigg se sont également prononcés pour l’authenticité.

Par contre, la rédaction de l'épître est retardée jusqu’au milieu du IIe siècle, et même jusqu'à la période 150-175, par Hilgenfeld, Mangold, Knopf, H. Holtzmann, Chase, von Soden, Keim, Pfleiderer, Jùlicher, Windisch et Harnack. Jùlicher indique comme lieu de composition l’Egypte bu la Palestine, Harnack et Chase penchent pour l’Egypte à raison de la parenté de la 7/ a Pétri avec l’Apocalypse de Pierre.

VIL Enseignement doctbinal. — 1° Dieu et les personnes divines. — Dieu est le créateur de tout ce qui existe, du ciel comme de la terre, ni, 6. La puissance de la parole divine est exprimée en des termes qui rappellent le I er chapitre de la Genèse, iii, 6-7. Tous les dons viennent au croyant de la puissance divine (r) Gela SôvafjLiç). i, 3. La volonté de Dieu est que l’homme devienne participant de la nature divine (Osta tpoaiç). i, 4. Dieu use de patience envers les pécheurs, désirant que tous fassent pénitence, iii, 9. Il châtiera les coupables endurcis comme il a châtié les anges rebelles et les impies des temps anciens, n, 4 sq. Le jugement de Dieu s’exercera à l’heure fixée par lui, iii, 7-8 : ce sera alors la fin du monde présent, le commencement de nouveaux cieux et d’une terre nouvelle, ni, 10-13.

1)ieu est le Père du Christ, i, 1 7. Le Christ est « notre Dieu et Sauveur ». i, 1. Il est appelé le Maître (SecrnéTr t ç. qualificatif qui ne se retrouve queu deux autres passages du Npuveau Testament : Jud., 1, et Apoc, vi, 10), ii, 1, et aussi le Seigneur (ô jtiipioç), comme Dieu le Père, i, 2, 8, M : n. 20 ; iii, 2, 9, 15, 18. Le royaume éternel, promis aux justes comme récom