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IMKKHK SAINT). II’1 EPITRE, ORIGINE

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Les critères internes.

L’auteur se présente à la

première ligne de l’épître connue étant Syméon-Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ », i, 1 ; il évoque la prédiction de sa mort faite par Jésus, i, 1315 ; il se donne comme l’un des témoins oculaires de la transfiguration sur la sainte montagne, i, 16-18 ; il fait allusion à une lettre antérieure qui pourrait être la / « Pétri, iii, 1 ; il parle de saint Paul comme d’un col lègue dans l’apostolat, rappelant son « frère bienainié ». iii, 15. Tout cela peut constituer un argument en faveur de l’authenticité pétriniemie, mais à la condition que l’hypothèse d’une fiction soit écartée pour d’autres motifs. Il se peut, en effet, que la lettre ait été composée sous le nom de Pierre par un auteur anonyme dans le but de lui conférer une autorité plus grande et de lui assurer une diffusion plus rapide ; en soi, l’hypothèse n’est pas contraire au dogme de l’inspiration, et l’Ancien Testament offre dans le livre de la Sagesse un exemple indiscutable d’une fiction de ce genre. Par conséquent, le problème de l’origine de l’épître ne saurait être résolu par la seule attestation de l’auteur dans la phrase liminaire ou dans le corps de l’écrit.

Pour ceux qui, comme nous, admettent l’authenticité de la 7 a Pétri, il est assez naturel de comparer les deux lettres sous le rapport du vocabulaire et du style, des procédés de composition, de l’utilisation de l’Ancien Testament et de l’histoire évangélique. Or, à ces divers points de vue, il apparaît que les différences sont plus nombreuses ou plus marquées que les ressemblances. Ainsi « on compte 369 mots qui sont dans la I re épître et qui ne sont pas dans la IIe, et 230 qui sont dans la IIe et qui ne sont pas dans la I re. Il y a donc 599 mots non communs contre 100 qui sont communs entre ces deux épîtres ». E. Jacquier, Histoire des livres du Nouveau Testament, t. iii, 2e édit., p. 299. Le style de la II* Pétri est moins naturel que celui de la / a. De part et d’autre, on relève une égale prédilection pour les pluriels abstraits et pour les répétitions de mots ou d’idées. Par contre, les expressions favorites ne sont pas les mêmes des deux côtés. On a compté 31 citations de l’Ancien Testament dans la I re épître, tandis qu’on en trouve seulement 5 dans la II e. Enfin, la I* Pétri renferme un grand nombre d’allusions à des paroles ou à des faits de l’histoire évangélique, alors que la II* n’offre que quatre ou cinq cas parallèles, i, 14 ; I, 16-18 ; ii, 1 ; ii, 20, et peut-être iii, 4. Cf. J.-B. Mayor, The epistle of St. Jude and the II epistle of St. Peter, dans l’introduction ; C. Bigg, op. cit., p. 224232 ; Henkel, Der zweite Bricf des Aposteljursten Pelrus, geprù/t auj seine Echtheit, p. 69 sq., dans Biblische Studien, ix, 5. En ce qui regarde la forme littéraire, les différences constatées n’autorisent pas à conclure que les deux épîtres ne sont pas du même auteur, car saint Pierre a pu se servir successivement de plusieurs scribes ou secrétaires ; la remarque en a été faite avec raison par saint Jérôme : Duæ epistolæ quai feruntur Pétri stilo inler se et charactere discrepant slrueturaque verborum. Ex quo intelliyimus pro necessilate rerum diversis eum usum inlerprctibus. Epist., c, ad lledib., q. xi. Pour ce qui concerne les différences dans l’emploi de l’Écriture et des souvenirs évangéliques, il est difficile d’en tirer une conclusion ferme, car, d’une part, les deux épîtres ne traitent pas du même sujet et, d’autre part, c’est un fait d’expérience qu’un même auteur use plus ou moins de réminiscences suivant les circonstances ou l’inspiration du moment.

Pour ce qui est du fond même des deux écrits, de la manière de penser, de l’agencement et de l’enchaînement des idées, le critique le plus avisé, au terme d’une comparaison minutieuse qui révèle autant de ressemblances que de différences, sera fort embarrassé pour se prononcer. Si B. Weiss, frappé par les ressemblances,

a pu dire quc parmi les écrits du Nouveau Testament aucun n’est plus étroitement apparenté a la I » Pétri que la /P, Ilarnack, II. Holtzmann, Jûlichêr et von Soden, impressionnés surtout par les différences, ont formulé un jugement en sens opposé. En fait, ce que les deux épîtres ont de commun au point de vue doctrinal ne constitue pas un enseignement original et ne saurait être regardé comme postulant l’unité d’auteur. Mais peut-on dire que la II* Pétri ne renferme rien que l’auteur de la />, c’est-à-dire saint Pierre, n’ait pu écrire ? Plusieurs difficultés sont faites à la réponse affirmative, et il convient de les examiner dans le détail.

Objections contre l’authenticité pétrinienne.


L’épître, dit-on, ne peut avoir saint Pierre pour auteur parce qu’on y relève une série d’expressions et d’allusions qui excluent l’origine apostolique et ne s’expliquent que si le document a été rédigé au iie siècle.

— 1. La manière dont il est parlé des « prophètes » et des « apôtres », dans iii, 2, suppose, d’une part, que les seconds étaient vénérés par les fidèles à l’égal des premiers et, d’autre part, que le recueil du Nouveau Testament existait à côté de la Bible juive.

— 2. Les chrétiens de la première génération chrétienne devaient être disparus depuis un temps assez long quand on disait d’eux : « Xos pères sont morts. ni, 4. — 3. L’auteur parle des apôtres comme quelqu’un qui n’a jamais fait partie du collège des Douze, quand il écrit : « Vos apôtres ». iii, 2. — 4. Ce qui est dit des épîtres de saint Paul, dans ni, 15-16, suppose que ces lettres étaient réunies en une collection (wç xoù èv nàrjciç èmaToXocu ;) et qu’on les tenait pour inspirées (ù>ç y.ix t<xç XotTiàç Tpaçâç). — 5. Les doutes relatifs à la parousie mentionnés dans ni, 4, 9, n’ont pas dû se manifester du vivant des apôtres. — 6. Alors que dans la I* Pétri cet événement est présenté comme imminent, cf. I Petr., iv. 7, 17 ; v, 1, dans la II* l’auteur s’applique à en expliquer et à en justifier le retard. — 7. Les faux docteurs visés et combattus dans cette épître sont les gnostiques, qui, dans la première moitié du iie siècle, ont dénaturé la vérité évangélique en enseignant des mythes et des fables. i, 16, se sont adonnés à des pratiques immorales, n. 12-14, et se sont révoltés contre l’autorité religieuse, n, 10-11. — 8. Des expressions comme ÔEÎa 8’ivxp.iç, 1, 3, 6eîa cpûaiç, i, 4, r : àcxav cnrouSr/v ~apeia<pép£ !.v, i. 5. trahissent une influence philosophique hellénistique et sont d’époque tardive.

Ces objections, prises en bloc, constituent un argument impressionnant, mais il suffit de les examiner et de les discuter une à une pour constater qu’aucune d’elles ne fournit une preuve décisive.

Ad Ium. Dès le lendemain de la mort du Christ, les apôtres, choisis par lui, ont joui d’une grande autorité dans les communautés chrétiennes, comme le prouve le livre des Actes.

Ad II am. L’expression « nos pères », dans iii, 4, s’explique difficilement si la lettre est de saint Pierre ; cependant, on doit remarquer que ot — atépeç dans Hebr., i, 1, et Act., iii, 13, désigne les ancêtres spirituels du peuple chrétien.

Ad IIIum. On ne saurait soutenir raisonnablement. que l’auteur s’exclut du nombre des apôtres quand il dit à ses correspondants : « Vos apôtres » ; la formule est toute naturelle même sous la plume ou dans la bouche d’un des membres du collège apostolique.

Ad 7Vum. Il est certain qu’il n’existait pas du vivant de saint Pierre une collection de toutes les épîtres de saint Paul. Mais, qu’avant l’an 64 des copies de quelques lettres de saint Paul aient été mises en circulation, la chose est pour le moins vraisemblable, étant donnés, d’une part, le prestige personnel de l’auteur et, d’autre part, les rapports qui unissaient les