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    1. PIERRE (SAINT)##


PIERRE (SAINT). [’Ie EPITRE, CONTENU

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kritische Einleitung in das.Y. T., p. 62 I sq. : un auteur

anoUyme se serait couvert du nom et de l’autorité de saint Pierre pour exploiter les idées pauliniennes au profil du parti judéo-chrétien. Trop de critiques ont démontré le caractère artificiel du système tubingien pour qu’il soit utile de réfuter une Fois de plus le principe générai et les applications de détail d’une théorie rangée définitivement dans le musée des antiquités. Comme l’a noté Harnack, Chronologie, t. 1, p. 156, la théorie de liaur et de ses disciples est particulièrement fausse en ce qui regarde la Pl’clri.

Parmi les exégètes et critiques contemporains, il en est un certain nombre qui croient pouvoir relever dans la PPétri des traces manifestes de l’influence de saint Paul. D’après Harnack. op. ri !., t. i, p. 451 sq., l’auteur était dominé par l’esprit du christianisme paulinien, auquel il a emprunté le fond de son enseignement. Jûlicher, II. -J. lloltzmann et von Soden sont du même avis. Ce n’est plus la thèse de la conciliation mais celle de la dépendance doctrinale, et la question qui se pose est la suivante : que trouvons-nous dans cette épître qui puisse être légitimement tenu comme spécifiquement paulinien ?

11 a été dit plus haut ce qu’il faut penser et conclure des ressemblances littéraires qui existent entre la /* Pétri et diverses épîtres de saint Paul, cf. eol. 1759. L’examen et la comparaison ne portent maintenant que sur le fond, c’est-à-dire sur les idées maîtresses en fonction desquelles est exposée l’économie nouvelle du salut par le Christ.

Tout d’abord, on peut affirmer que les thèmes majeurs de la théologie paulinienne ne se retrouvent pas dans la / a Pétri, même sous la forme la plus sommaire. Rien n’y rappelle l’enseignement de saint Paul sur le péché originel et l’empire du mal, sur le rôle et l’abrogation de la loi mosaïque, sur la libération du croyant vis-à-vis de la puissance du péché et vis-à-vis de la Loi, sur l’association du catéchumène à la mort du Christ dans le baptême, sur l’incorporation du fidèle à la personne vivante du Christ, sur l’activité du jrveûjia divin dans l’homme régénéré par la grâce, sur le salut déjà virtuellement réalisé, pour ceux qui croient, par la présence du Christ en eux, sur la justification par la foi et non par les œuvres, sur l’Église corps mystique du Christ, etc. Sans doute on pourra dire, pour expliquer ce silence, que l’auteur de la / J Pétri n’avait pas à traiter ces différents sujets dans une lettre d’encouragement à des fidèles persécutés ; mais on répondra à cette remarque que, pour un écrivain même simplement familiarisé avec la doctrine de saint Paul, il était bien difficile, sinon impossible, d’échapper à ce point a L’influence de la pensée paulinienne.

Quant aux rencontres et aux coïncidences que l’on peut relever dans les exposés doctrinaux et moraux, elles ne sont pas l’indice d’une dépendance de l’auteur de la PPétri vis-à-vis du paulinisme, mais tiennent à ce que, pour l’essentiel, l’évangile de Paul n’était pas différent de l’évangile de Pierre ; cf. Gal., ii, 1-9. Chacun sait que le conflit d’Antioche était né non d’une opposition de principes, mais de divergences dans la conduite pratique. Que dans le christianisme naissant ce qu’on appelle le paulinisme ait af>i à la manière d’un ferment puissant, tous les historiens des origines chrétiennes en conviennent, mais il reste que la /* Pétri n’est pas l’œuvre d’un pauliniste, car cet écrit représente la doctrine commune ou populaire des prédicateurs de l’âge apostolique, telle que nous la saisissons dans les évangiles synoptiques et dans le livre des Actes.

Deuxième épître de saint Pierre. — I. Le contenu et la forme de l’épître. 11. Occasion, but et destinataires (col. 1777 ;. 111. Contacts littéraires

(col. 177<|). IV. Unité et intégrité de l’épître (col. 17cSl). Y. Canonicité de l’épître et témoignage de la tradition (col. 1782). VI. Origine, auteur et date de l’épître ( col. 1 7, S 1), VII. Enseignement doctrinal (eol. ! 7cSS).

I. Le contenu et la forme de l’épItre. - 1° Le contenu. Dans la susciiption, i, 1-2, l’auteur se présente comme étant « Syméon Pierre, serviteur et apôtre de.Jésus-Christ » ; il déclare s’adresser à ci ux qui ont la même foi » et il formule à leur endroit le souhait traditionnel : « Grâce et paix vous remplissent en la connaissance de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus ! »

La première partie de la lettre, i, 3-21. est une exhortation à persévérer dans la foi. Les croyants, qui sont appelés à devenir « participants de la nature divine », doivent présenter < dans la foi la vertu, dans la vertu la gnose, dans la gnose la maîtrise de soi. dans la maîtrise de soi la patience, dans la patience la piété, dans la piété l’amour fraternel, dans l’amour fraternel la charité ». La pratique de ces vertus assure la connaissance de Jésus-Christ et prépare l’entrée dans son royaume éternel, i, 3-11. L’auteur tient à rappeler ces vérités bien qu’elles soient connues des fidèles, et il les répétera aussi longtemps qu’il sera en cette tente », c’est-à-dire en sou corps. Il sait que sa fin est proche, car Jésus-Christ le lui a révélé (allusion à la tradition qui se lit dans le IVe évangile, xxr. 18-19). i. 13-15. En annonçant les miracles et l’avènement de Jésus-Christ, il n’a point raconté de fables, mais dit ce que lui-même avait vu et entendu sur la montagne sainte, quand la voix céleste avait proféré ces paroles : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé, en qui je me complais «  (rappel de la scène de la transfiguration), i, 16-18. Que les chrétiens soient bien attentifs à la parole prophétique, car la prophétie qui procède de l’inspiration divine ne doit pas être expliquée arbitrairement, dès lors que « c’est mus par l’Esprit-Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu ». i, 111-21.

La seconde partie consiste en un développement contre les faux docteurs, ii, 1-m, l(i. De faux docteurs paraîtront (en langage clair : sont déjà parus) qui « renieront le Maître qui les a rachetés.. et ils’trouveront des sectateurs nombreux. Le châtiment ne se fera pas attendre, car si Dieu, qui a puni les anges rebelles, les contemporains de Xoé et les habitants de Sodome et Gomorrhe, sauve les hommes pieux, il condamne les criminels, ceux-là surtout qui souillent leur chair et injurient « les gloires ». Ces faux docteurs, semblables à des animaux sans raison, outragent ce qu’ils ignorent et ils promettent la liberté à leurs adeptes, alors qu’ils sont eux-mêmes les esclaves de la perdition. Il eût mieux valu pour eux qu’ils n’eussent jamais connu la voie de la justice, car leur fin lamentable rappelle le proverbe : < Truie lavée qui se roule dans la fange. » n, 1-22. L’auteur fait remarquer que cette lettre est la seconde écrite par lui pour remémorer les paroles dites par « les saints prophètes » et l’instruction du Seigneur transmise par « les apôtres » touchant l’apparition, dans les derniers jours, d’imposteurs qui diront : « Où donc est la promesse de la venue du Christ ? Nos pères sont morts et tout reste pareil depuis le début de la création ! » Ces moqueurs, qui ridiculisent ainsi l’attente de la parousie ou de l’avènement d Seigneur, ignorent que les hommes d’autrefois ont péri dans l’eau et que le monde actuel doit être détruit par le [eu. Quant au retard apparent de la parousie, les croyants se souviendront qu’un jour et mille ans sont une même chose devant le Seigneur et que le retard est en réalité un répit accordé pour la conversion. Le jour du Seigneur viendra comme un voleur : cieux et terre seront alors consumés. Donc que chacun se tienne prêt, tout en mettant à profit la patience divine ainsi que notre cher frère Paul, selon la sagesse qui lui a élé donnée.