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    1. PIERRE (SAINT##


PIERRE (SAINT, [re ÉPITRE, DOCTRINE

r

message évangélique, y apparaît en maints passages.

Quand l’auteur parie « le la communauté spirituelle

dont les croyants sonL les membres, il emploie des

images el « les titres honorifiques’hautement suggestifs,

empruntés à l’Ancien Test a ment. Ainsi il applique aux fidèles les paroles du prophète Osée aux Juifs repentants : « VOUS qui jadis n’étiez pas son peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu : vous qui n’aviez pas été pris en pitié, vous avez maintenant été pris en pitié, » ii, 10 ; cf. Os., i. 6, il ; ii, 2."). Il voit en eux l’Israël véritable, héritier des promesses et des laveurs divines dont l’Israël selon la chair a perdu le bénéfice : « Vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis en propriété », ii, 9 ; cf. Exod., xix, 6 ; Is., xt.iii, 20.

La société des chrétiens est appelée un « édifice spirituel », oïxoç 7tveyij.aTix.oc, ii, 5, dont Jésus-Christ est « la pierre d’angle », ii, 6-7, et dont chaque fidèle est une « pierre vivante ». ii, 4. Ces métaphores sont employées à dessein pour bien marquer comment l’union des croyants au Christ et entre eux est la première condition de la vie chrétienne et du progrès spirituel. Saint Pierre, ajoute que les membres de cette société ont à exercer les fonctions d’un « sacerdoce saint pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu ». ii, 5. L’épithète Trveu^aTixôç ; distingue ces sacrifices de ceux de la loi mosaïque et indique qu’il s’agit ici des bonnes œuvres personnelles que chaque fidèle est tenu d’offrir à Dieu.

Dans la société ainsi définie il existe une hiérarchie, certains d’entre ses membres ayant la charge de guider et de gouverner les autres. Le chef suprême est le Christ, pasteur et surveillant (nwx-qv xai STtïaxoTCoç) des âmes, ii, 25, berger-chef (àpyLTCoî[i.vjv) des brebis, v, 4, groupées dans le troupeau chrétien (7toî(i.vi.ov). v, 2, 3. Mais comme le Christ n’est plus présent de manière visible au milieu des siens, il exerce son autorité par le ministère de représentants humains qui sont les anciens ou les presbytres (TtpsaêÛTepoi) et auxquels les simples fidèles doivent obéissance, v, 5. A ces presbytres, dépositaires officiels de l’autorité du Christ, saint Pierre rappelle leurs devoirs et donne des conseils pour le gouvernement des communautés dont ils sont les chefs : « J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien comme eux… : Paissez le troupeau de Dieu confié à vos soins, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré ; non par cupidité, mais par dévouement ; non en dominant votre lot, mais en devenant les modèles du troupeau. » v, 1-3. Les mots 7coi[i.dcvaT£ tô T ; oL(i.viov toû 0£où rappellent la parole que le Christ avait dite à l’Apôtre lui-même : IToî|j.ai, v£ rà Ttp66aT-Jc p.ou. Joa., xxi, 16. Il n’est question dans l’épître ni d’évêques ni de diacres. Le terme èirtaxoTtoç est employé en parlant du Christ et dans son sens étymologique de surveillant ou gardien, ii, 25 ; de même, le verbe èiriCTXOTrstv à propos des presbytres. v, 2.

On ne saurait dire si les fidèles des Églises d’Asie Mineure étaient favorisés de ces charismes extraordinaires dont parle saint Paul dans sa correspondance avec les Corinthiens ; cf. surtout I Cor., xii. Saint Pierre mentionne bien l’octroi de dons surnaturels, répartis à chacun pour le bien de tous, iv, 10 ; il donne même des exemples pour montrer ce que doivent faire « de bons administrateurs de la grâce multiforme de Dieu : Si quelqu’un parle, que ce soit comme paroles de Dieu ; si quelqu’un sert, que ce soit par la force que Dieu procure », iv, f 1 ; mais il est peu probabie que les mots XaXeïv et Siaxoveîv visent l’exercice de charismes dans le genre de ceux que prisaient tant les Corinthiens.

8. Les vertus du chrétien. —— La foi, l’espérance, D’amour fraternel et le support patient des épreuves

sont les vertus qui paraissent caractériser la vie chrétienne d’après la f » Pétri.

Saint Pierre ne donne aucune définition de la foi. mais il emploie le mol rriarnç dans le même sens que l’auteur de l’épître aux Hébreux. « La foi, écrit ce dernier, est la conviction des choses qu’on espère, la certitude des choses qu’on ne voit pas… Il faut, pour s’approcher de Dieu, croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. » Hebr., xi, 1, 6. C’est une pensée identique qui a inspiré à l’auteur de la / J Pelri les lignes suivantes : « Vous aimez le Christ sans l’avoir jamais vu ; nous croyez en lui. bien que maintenant encore vous ne le voyiez pas ; vous tressaillez d’une joie ineffable et pleine de gloire, assurés que vous êtes de remporter le prix de votre foi. i I Pet., i, 8-9. Une telle foi n’est pas seulement le sens de la présence du Christ dans l’âme, mais la conviction que le salut vient du Christ et par le Christ. Cette conviction permet d’endurer les [lires épreuves ; elle gagne même à être éprouvée, tout comme l’or à être soumis à l’action du feu qui le purifie, i, 6. Ceux qui ont la foi sont gardés par elle, comme l’est une cité par une garnison (le sens de opo’jpeïv a ce sens précis), jusqu’à l’heure du salut, i, 5. L’objet direct de la foi est la personne et l’œuvre rédemptrice du Christ (eîç ôv… rtaTsiJovTsç) ; sa récompense est le salut de l’âme (to téXoç… dur r ( pîa’ji’r/wv), i, 8-9.

L’espérance accompagne la foi qui en est comme le fondement ou la racine ; les deux vertus sont inséparables et il arrive même que les deux mots, foi et espérance, semblent traduire une seule et même réalité : « C’est par le Christ que vous avez la foi en Dieu… en sorte que votre foi est en même temps votre espérance en Dieu. » i, 21. L’espérance chrétienne est dite « vivante », i, 3, non seulement parce qu’elle se manifeste par l’activité au service de Dieu ou parce qu’elle a la vie éternelle pour objet, mais parce qu’elle est fondée sur la résurrection du Christ et la vie du Christ ressuscité ; cf. i, 3, 21. Elle est orientée « vers cette grâce qui sera apportée le jour où Jésus-Christ apparaîtra », i, 13, c’est-à-dire vers la délivrance et la glorification. Elle est aux yeux des païens comme le sigre distinctif des croyants, ni, 15.

Tous les membres de la société chrétienne doivent être unis entre eux par le lien actif de la fraternité spirituelle. Aussi l’auteur, en parlant d’eux, les appellet-il des « frères », ii, 17 ; v, 9, et leur prescrit-il à plusieurs reprises la pratique de « l’amour fraternel ». r, 22 ; iii, 8 ; iv, 8.

Enfin le fidèle doit savoir souffrir courageusement et patiemment, imitant en cela l’exemple donné par le Christ ; c’est un point sur lequel l’auteur revient avec une insistance marquée, ii, 21 sq. ; iii, 17-18 ; iv, 13, ce qui s’explique par la situation des communautés auxquelles la lettre était destinée. Il ne suffit pas de contempler l’image du Christ souffrant, il faut accepter la souffrance comme il l’a fait lui-même, car c’est un modèle qu’il a laissé aux siens afin qu’ils marchent sur ses traces, ii, 21, et saint Pierre invite lechrétien à se réjouir dans la mesure même où il a part aux souffrances de son chef, iv, 13.

3° Le paulinisme de la « I* Pelri ». —. Il s’agit de marquer avec quelque précision dans quel rapport se trouve le contenu doctrinal de la 7 a Pétri vis-à-vis du paulinisme, c’est-à-dire des doctrines, des tendances religieuses et des courants d’idées, dont l’ensemble constitue ce que l’on désigne habituellement par ce nom.

F. Baur et les théologiens de Tubingue ont soutenu jadis que la 7 1 Pelri était un écrit de conciliation, composé vers le temps de Trajan, pour fondre en une synthèse harmonieuse ce que l’on appelait alors le paulinisme et le pétrinisme ; cf. Hilgenfeld, Hislorisch-