Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

I

1MKKHK SAINT). I re É1MTKK, DOCTRINE

1772

dont la grâce est déjà offerte aux croyants, i. 13 : pour

ceux-ci il y aura alors louange, gloire et honneur », 1. 7 : quand apparaîtra » l’archlpasteur », ils recevront la couronne qui ne si— flétrit pas. v, 4, car ce sera l’heure de la rétribution ou du jugement par Dieu,

On peut dire de cette perspective de la tin prochaine du monde qu’elle est connue l’horizon de l’épître : Le salut est tout prêt (êTot|iïjv) pour être révélé à l’heure dernière. i.."> ; pour un peu encore » (ôXîyov Kpfl) les fidèles auront à être affligés par des épreuves diverses, i, 6 ; Dieu se tient prêt ( tco èrotji.coç E/ovTt) à juger vivants et morts, iv. 5 : on est près de la fin (7Ô tsoç v/v’.y.ïvl, iv. 7 : la gloire du Christ va être manifestée ». v, 1. Quant aux recommandations que fait l’auteur, elles sont inspirées directement par les paroles du Christ sur la nécessité de se tenir prêt, de veiller et de prier : « Soyez donc prudents, écrit saint Pierre, et soyez tempérants afin de vaquer à la prière », IV, 7 : cf. Marc, xiii, 33 ; Luc. xxi, 36.

On remarquera que tous ces textes s’appuient mutuellement et témoignent d’une même pensée. Il serait puéril de chercher à en atténuer la signification en les détournant de leur sens obvie. Comme tous les apôtres et les fidèles de la première génération, saint l’ierre a vécu dans l’espoir que le Christ reviendrait et manifesterait sa puissance dans un avenir assez proche, bien qu’indéterminé. Proximité du retour ne veut pas dire imminence du retour, et il faut noter que l’auteur parle d’épreuves à endurer et de vertus à pratiquer, laissant entendre par là qu’un temps assez long pourra s’écouler avant la manifestation triomphale du Christ qui coïncidera avec la fin du monde présent. L’espoir d’une délivrance prochaine était permis, mais tous les fidèles connaissaient la parole de Jésus répétée par les prédicateurs évangéliques : « Quant au jour et à l’heure, nul ne les sait, pas même les anges du ciel, mais le Père seul. » Matth.. xxiv. 36. En outre, chacun savait que la proximité du grand événement serait annoncée par des signes avant-coureurs, cf. Matth., xxiv, 3 sq., et II Thess.. n. 1 sq., et saint Pierre, précisément, ne dit pas un mot de l’apparition de l’un ou l’autre de ces signes.

5. La justice et lu vie surnaturelle.

La conception de la justice reste ici dans la ligne de l’Ancien Testament : le juste est l’homme dont la conscience est droite et dont les actes sont en conformité avec la loi de Dieu : c’est le saddiq décrit en maints passages des Psaumes et des livres sapientiaux ; cf. iii, 12, avec citation de Ps., xxxiii, 16 : iv, 18, avec citation de Prov., xi, 31. Dans l’expression « souffrir pour la justice, ni. 14, le mot justice est pris dans son acception traditionnelle de volonté divine concrétisée dans la loi morale. Quant à la formule < vivre à la justice », ii, 24, elle doit s’entendre d’une vie où le péché n’a pas place, niais seulement les bonnes actions, l’homme libéré de l’esclavage du mal par la rédemption vivant exclusivement pour Dieu ; cf. Rom., vi, 19-20.

La vie chrétienne est conçue comme une vie nouvelle, radicalement différente de la vie de ceux qui n’ont pas reçu la sanctification de l’Esprit et qui n’ont pas eu part à l’aspersion du sang de Jésus-Christ, i, 2. I >ieu lui-même est le principe de cette vie nouvelle, car il intervient pour régénérer ( àvaysvvïjaaç) ceux qu’il a élus, i, 3. Cette iv%yhmaiç, se fait « non au moyen d’une semence périssable, mais au moyen d’une semence impérissable, au moyen de la parole de Dieu qui vit et qui demeure ». i. 23. La vie nouvelle ainsi produite aura son terme dernier et sa forme épanouie dans le salut de l’âme qui croit, i, 9, et tous les elTorts du fidèle doivent tendre à assurer le plein développement des énergies spirituelles déposées en lui eu résistant « aux désirs de la chair qui combattent contre l’âme ». ii, 1-2, 11 : iv, 2-.’i. Le concept paulinien de la

vie du chrétien uni au Christ dans le même corps mystique n’apparaît pas dans l’épître.

6. Le baptême.

Le baptême procure le salut : acô^et î3â7ma(jL3<. iii, 21. Cette formule, précise à souhait, répond à celle qui se lit dans la finale de l’évangile de saint Marc, xvi, 16 : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. » De ce que le baptême sauve l’homme, on peut conclure légitimement que le baptême est la condition même du salut.

Dans le contexte immédiat, l’auteur indique la nature vraie du baptême et le passage entier mérite examen à raison de son importance. Saint Pierre vient de parler des huit personnes qui, aux jours de Noé, furent sauvées au travers de l’eau (StsocôOyjaoïv &Y uSaToç) en prenant place dans l’arche, iii, 20. Par association d’idées entre l’eau du déluge et l’eau du baptême, il ajoute immédiatement : "0 xal û[iôéç àvTÎTU710v vùv aw^st 3dc7TTtc7 ; i.a, où aocpxôç aTrôôsatç P’Jttou, à>.Xà auvE18y]asa>ç àyaOrjç £T : £pojTr i [j.a eîç 0sôv. oV àvacrrâaEOjç Ttqctoù Xpicrroù. « Ce qui (ô) vous sauve, vous aussi, maintenant, c’est l’antitype, le baptême — (qui est) non un nettoyage de souillure corporelle, mais une interrogation de conscience droite (tournée) vers Dieu — par la résurrection de Jésus-Christ. » iii, 21. La construction de la phrase est quelque peu embarrassée et, de plus, il y a difficulté pour déterminer le sens de plusieurs mots. Les remarques suivantes faciliteront l’intelligence du texte : a) L’antécédent o paraît se rapporter non pas à uScop du verset précédent, mais à tô âiaawGîjvai Si’ûSxtoç.

— b) L’auteur appelle le baptême le pendant (àv-d-tu 7tov) du déluge, alors que, pour se conformer au langage courant, il aurait dû parler du déluge comme de l’antitype du baptême, le baptême étant proprement la réalité spirituelle ou le type (tùttoç) et le déluge seulement l’image ou l’antitype de cette réalité. On peut voir dans l’épître aux Hébreux, ix, 24, comment le temple de Jérusalem est appelé l’antitype du temple céleste. — c) Les mots où arxpxôç… sîç 0s6v constituent une parenthèse et la finale du verset (8V àvocaTaascoç’Itjooô XpiOToij) se rattache à awÇsi : le baptême opère le salut par la résurrection de Jésus-Christ.

— d) Malgré le parallélisme extérieur des deux formules Si’j8%-oç et Si àvacrrào-Ecoç Ty)oùû Xpia-roù, Sii semble employé dans un sens différent de part et d’autre : dans le premier cas au sens de « au travers de » et, dans le second, au sens instrumental de « au moyen de » ou n par la vertu de ». — e) La parenthèse se présente comme une explication touchant la nature du baptême : ce n’est pas un bain dans le genre des ablutions qui enlèvent les souillures matérielles ; la vertu du rite baptismal réside dans l’interrogation du catéchumène sur l’orientation de sa conscience vers Dieu, interrogation qui portait sur le repentir et la foi et qui, naturellement, était suivie d’une réponse. Telle du moins paraît être la signification des mots auvsiSr ; ascoç àyacGTjç È7îEpcÔT7jp.a sic, 0sôv.

En résumé, saint Pierre déclare dans ce passage que le baptême procure le salut à celui qui passe au travers de l’eau ; que le baptême tient son efficacité de la résurrection du Christ ; que l’immersion physique dans le bain baptismal a seulement une valeur symbolique et ne produit aucun effet par elle-même : que la vertu du rite est conditionnée par les sentiments de celui « lui s’y soumet, sentiments manifestés dans la réponse à l’interrogation. Il est intéressant de noter que le rapport élroit marqué entre la résurrection du Christ et le salut du croyant par le baptême rappelle au moins partiellement la doctrine paulinienne sur l’union du baptisé avec le Christ mourant et ressuscitant,

7. L’Église.

Le mot èxxXiqota ne se rencontre pas dans la /" Pétri, mais l’idée d’une société organisée et autonome, groupant tous ceux qui oui accepté le