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PIERRE (SAINT). 1™ ÉPITRE, DOCTRINE


xal toïç èv tpoXoucfj — veûu.xctiv ttopeuŒlç èx7)puÇev, i-ï’.tb-caaiv ttote ots à— sçeSî/îtq t ; toù (r)soô u.axpo6u(jl£o( èv r, ; jip xiz Nôe KaxaaxeuaÇo(Aévi)ç xiScùtoû, sîç r ( v ôMyoi, tout’sriT’.v oxtco O’jyai, StECKothrjCTXv Si’ûSsîtcç.

Le Christ est mort une lois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous conduire à Dieu, mis à mort en chair, mais rendu à la vie en esprit. Dans cet esprit il est allé prêcher même aux esprits qui étaient en prison, incrédules jadis quand patientait la longanimité de Dieu, aux jours de Xoé. pendant la construction de l’arche, dans laquelle bien peu, à savoir huit personnes, furent sauvées au travers de l’eau. » iii, 18-20. Ot 47îoS<î>oouoiv Xôyov to> £to[ij.coç s/ovti Kpïvst Zîovrxç xïi vsxpo’jç’et ; to’jto yàp xocl vsxpoù ; E07)YYeXla67], ïva xp16ôjen [i.sv xocrà àvOpo’jrro’jç aapxl, ^ôiat Se xarà Qsov — ve’i|i.aTi. « Ils (les païens débauchés ) rendront compte à celui qui est prêt à juger vivants et morts, ("est en effet pour cela que l’Évangile a été annoncé aussi aux morts : pour que, d’une part, jugés en chair selon les hommes, d’autre part, ils vivent en esprit selon Dieu. » iv, 5-li. Le contexte et le texte indiquent clairement que dans ces deux passages saint Pierre a voulu magnifier la miséricorde divine et la grâce de la rédemption. D’un côté, il est question des souffrances du Christ pour les pécheurs, du juste pour des injustes », souffrances endurées dans le but de conduire les hommes à Dieu ; de l’autre, il est parlé d’une prédication faite aux morts pour qu’ils puissent participer à la vie spirituelle. Sur ce point, il n’y a aucune difficulté. L’embarras commence quand on veut déterminer le sens des exemples donnés par l’auteur. S’agit-il ici d’une descente de l’âme du Christ dans l’hadès, c’est-à-dire dans le schéol ? Faut-il penser à un message de salut présenté à tous ceux qui étaient morts antérieurement à cette visite, ou seulement à certains d’entre eux ? Comment entendre les mots « esprits » (71ve’Ju.aT0c) de ut, 19, et « morts » (vExpol) de iv, G ? Autant de problèmes dont la solution n’est pas aisée, à en juger par le désaccord des commentateurs.

Pour éclairer le sujet et réduire au minimum les risques d’erreur dans l’exégèse de ces textes, le mieux est de commencer par fixer le sens des mots « majeurs » et cela dans l’ordre même où ils se présentent, cet ordre devant être celui du développement de la pensée.

in, 18. Les deux participes aoristes OavaTojŒlç et -Xi’j~’j’.rf)zlc, sont en rapport direct avec àTiiOocvE et visent des étals successifs : le Christ a été mis à mort, puis il a été vivifié. Les mots aocpxl et 7TV£Ô[i.ocTt, , dont le premier se rapporte à ftavarcoOslç et le second à ^wo770tr ; 0eîç, sont en opposition voulue. 2âp5 désigne manifestement la chair, le corps terrestre et périssable, l’élément inférieur du composé humain, comme dans i, 24 ; iii, 21 ; iv, 1, tandis que Tnsï>[iOL doit s’entendre de l’âme, du principe spirituel. Ainsi le Christ a été mis à mort en son corps qui a cessé de vivre et il a été vivifié en son âme humaine qui a bénéficié d’une indépendance complète du fait que toute limitation cessait pour elle sous le rapport de l’activité. Telle paraît être la pensée de saint Pierre en ce qui regarde cette vivifleation de l’esprit » du Sauveur, pour autant qu’on puisse fixer la signification d’une expression aussi rare qu’imprécise.

m, 19-2(1. C’est avec cette âme d (èv <o) que le Christ s’en est allé prêcher ». Le participe —opô’jŒîç marque une action antécédente par rapport à celle que traduit êxr, puÇsv : il est allé et il a prêché. — Quant au sens du verbe jtrjpoaœtv, il est indiqué par le contexte général qui traite de la miséricorde de Dieu et des effets de la rédemption : l’annonce faite par le héraut ne peut être qu’une annonce de bonheur ; l’hypothèse d’une prædicatio damnatoria paraît difficilement concluante avec h— thème et l’esprit de la péricope ; tout

porte à croire que XY)pûaa£(.v est ici l’équivalent de £’JayysXus[.v (annoncer la bonne nouvelle, prêcher l’Évangile) de iv, (i. — Le message heureux a été porté « même aux esprits qui étaient eu prison » (xocl roïç èv çuXaxîj 7tve’j|jt.otcr(.v). A moins d’indication contraire positive, le même mot doit être entendu de la même façon dans un même contexte : c’est le cas pour Tcveùp-oc qui figure au verset précédent : les v : iz^j.x~y. sont donc des esprits ou des âmes. — Jl est dit de ces Ttv£Ù[i.ocTOc qu’ils avaient été « jadis désobéissants » ou « incrédules » {àTzztàrpy.m) au temps où patientait la longanimité de Dieu, alors que Noé construisait l’arche. Faut-il les identifier avec les anges tombés dont il est question dans la Genèse, vi, 1 sq., dans l’épître de Jude, 6, dans la seconde épître de Pierre, ii, 4, et en divers passages du livre d’Hénoch, notamment evi, 13-17, ou bien avec les âmes des hommes qui, aux jours de Noé, avaient refusé de se convertir ? Il est permis d’hésiter entre les deux opinions, d’autant plus que 7rvE’J|.iaTa, dans la langue du Nouveau Testament, désigne tantôt, les esprits, anges ou démons — ce qui est le cas le plus fréquent — tantôt les âmes humaines. Cependant, la seconde opinion paraît plus probable pour les raisons suivantes : a) fl est parlé en divers écrits du bas-judaïsme soit de la patience divine â l’endroit des hommes pécheurs jusqu’au temps de Noé. soit de la prédication qu’aurait faite ce patriarche à ses contemporains ; cf. Pirkê Abboth, v, 2 ; Hénoch (traduction F. Martin), lx, 5 ; Josèphe, Antiq. jud., i, ni, 1 ; Oracles sibyllins, i, 129, 150-198 ; Midrasch Bereschith Rabba, xxx, 18 b ; dans II Pet., ii, 5, Noé est appelé « prédicateur de justice ». Or, la miséricorde divine ne pouvait s’exercer qu’en faveur d’êtres humains vivant sur terre, de même que Noé ne pouvait adresser ses discours qu’à ses semblables, b) Le contraste établi entre les huit personnes sauvées du déluge et les 7rvE’Ju.aT0c châtiés montre que les « esprits » en question sont à identifier avec des volontés humaines rebelles, c) Les « morts » (vsxpot), dont il est dit dans le développement suivant qu’ils ont reçu le message heureux, iv, 6, sont vraisemblablement identiques aux 7rv£ijij.a~a de iii, 19 ; or, nous verrons plus loin que les VExpol de iv, 6, sont les hommes dont l’âme a quitté ce monde. — Le mot çuXccxt ; désigne le schéol, l’hadès ; cf. Luc., xvi, 23, où les âmes qui avaient été désobéissantes étaient retenues comme dans une prison : cf. Apoc, xx, 7. — On notera le xocl du verset 19 : le Christ est allé prêcher même aux âmes qui avaient été incrédules dans les jours de Noé, ce qui suppose qu’il est allé aussi vers d’autres âmes qui étaient dans le schéol, cf. iv, 6 ; en outre, ce xocl fait ressortir l’ampleur de l’œuvre rédemptrice, car les rabbins juifs tenaient pour particulièrement coupables les hommes de la génération du déluge. — L’hypothèse d’une prédication que le Christ préexistant aurait faite aux contemporains de Xoé, par l’intermédiaire de ce patriarche divinement inspiré à cet effet, ne s’accorde ni avec le texte ni avec le contexte, et l’autorité de saint Augustin ne saurait faire accepter une explication qui fait violence au sens obvie. Pareillement, il faut rejeter comme arbitraire la correction proposée par Rendel Harris qui substitue’Evtôy à Èv d> xocl au début du verset lit et qui fait d’Hénoch le sujet de la phrase ; cf. Expositor, sér. N’, t. iv, p. 346 sq. ; t. v, p. 317 sq. Sans doute, les Juifs du I er siècle de notre ère attendaient le retour d’Hénoch pour le temps de la grande ; manifestation de la justice divine, mais rien n’autorise à introduire le nom de ce personnage dans un déve loppement sur la rédemption opérée par le Christ.

iv, 5. Les païens qui calomnient les disciples du Christ « rendront compte à celui qui est prêt à juger vivants et morts ». Le juge n’est pas autrement désigné ; d’après i, 17, ce rôle revient au l’ère ; mais, ailleurs, le